Chers lecteurs, vous qui visitez le site régulièrement, que ce soit chaque mois, chaque semaine ou peut-être même chaque jour (ça, ce sont ceux qui aiment lire plusieurs fois les mêmes articles ;)) toute l’équipe du site est très heureuse de vous souhaiter une excellente année 2009. Souhaitons qu’elle soit aussi une année de fiction européenne ambitieuse et riche.
Cette année a donc commencé par un week-end au cours duquel notre attention fut toute entière portée sur l’Angleterre, qui révélait le nom du successeur de David Tennant dans le rôle de « Doctor Who ». Matt Smith endosse à 26 ans un rôle dont on lui parlera encore en boucle au moment de sa mort, qu’on lui souhaite très lointaine. Il en sera ainsi parce que « Doctor Who » est une institution anglaise. Mais surtout parce que ceux qui ont conçu sont relancement en 2004, après 15 années d’arrêt, en ont fait une des meilleures séries actuellement en production dans le monde. Une série qui, depuis l’effondrement qualitatif de « Battlestar Galactica » devance de très loin toutes ses concurrentes dans le genre de la science-fiction. Ce qui ne l’empêche pas d’être produite en Angleterre. Ni d’y être la série la plus regardée. Tant pis pour ceux qui, ici, maintiennent que la SF et le fantastique devraient être abandonnés aux Américains, oubliant que la France a produit de l’excellente fiction de genre jusqu’au début des années 80.
C’est d’autant plus intéressant de mentionner le cas de « Doctor Who » que la fiction télé anglaise de genre a connu un énorme passage à vide pendant les années 90. A l’époque où le sci-fi boom battait son plein aux Etats-Unis, dans la vague de « The X-Files », les anglais avaient perdu la recette et leur fiction s’était rapetissée ne brillant plus que dans la comédie et le drame historique. « Cosmos 99 » ou « The Avengers » semblaient loin. Là où en France on ne voit que deux options, à savoir baisser les bras ou bien copier/coller des recettes américaines, les anglais ont choisi la troisième. La bonne. Se replonger dans leur histoire collective et la réinventer pour notre époque. Les Russel T Davies, Steven Moffat et ceux qui avec eux qui ont fait du nouveau « Doctor Who » une réussite exemplaire ne sont autre que d’anciens gosses fascinés par les aventures du Docteur.
Après cette parenthèse d’un week-end, nous ne manquerons pas d’être ramenés à l’actualité française. Ce cinq janvier, la publicité va disparaître de l’antenne de France Télévision. Ce même cinq janvier, la loi qui permettra éventuellement de supprimer la publicité sur l’antenne de France Télévision entrera en discussion au Sénat. Cherchez l’erreur. Comme le Service Public de télévision va-t-il donc se financer ? L’Etat va « compenser ». Il s’y « engage ».
A ce stade, je pourrais me lancer et parler avec délice par exemple des péages d’autoroute, et continuer en listant un par un tous les « engagements » qu’un jour l’Etat a pris, et n’a pas tenu. On pourrait me faire le reproche de ne pas être vraiment dans le sujet. Et surtout je risquerais d’y passer la nuit. La vérité, en outre, c’est que le sujet n’est pas là. Avant cette réforme, France Télévisions avait déjà un problème sensible de sous-financement. Il y a 18 mois, Patrick de Carolis militait avec ferveur pour un moyen d’obtenir une rallonge budgétaire. Aujourd’hui il faut s’estimer heureux si la chute du budget n’est pas trop importante, dans un contexte où les dirigeants de France Télé auront à quémander chaque année la « compensation » à un Etat dont le Chef disposera de la capacité de les nommer et révoquer. Bref, la situation du Service Public de télévision est à peu près aussi stable qu’un château de carte bâti sur un trampoline alors qu’une compet’ est sur le point de commencer.
Le Service Public ne sait pas très bien de quel argent il dispose aujourd’hui. Il n’a à peu près aucune idée de l’argent dont il disposera demain. Il n’est pas difficile d’imagier les conséquences, quand bien même les dirigeants du groupe essayent de faire bonne figure en assurant que rien n’a changé du coté de la fiction. On sait pourtant que le budget de toutes les émissions de flux a été revu à la baisse à la dernière rentrée. Il est évident qu’il en a été de même ailleurs, avec les moyens à disposition : tourner une fiction l’année prochaine plutôt que maintenant, annuler tel projet en développement... Si la plupart des scénaristes et réalisateurs habitués à travailler avec France Télé sont actuellement occupés à chercher d’autres opportunités professionnelles, ce n’est pas un hasard.
Sauf que France Télévisions, c’est (c’était ?) 50 à 60% des commandes de fictions et de documentaires. Et ça, c’est encore moins facile à « compenser » que la suppression de la publicité.
Dernière mise à jour
le 5 janvier 2009 à 17h14