Un repas chez Flunch, ce n’est déjà pas très glamour. Mais un repas Flunch froid, ça court franchement le risque de dépasser les limites du tolérable. Cela fait partie des problèmes de la fiction française.
Oui, je sais : pour l’instant, vous ne voyez pas trop le rapport. J’y viens.
On vient d’apprendre que deux nouveau Bleus, Gina Djemaba et Antoine Hamel rejoignent la distribution des « Bleus, premiers pas dans la police » dont les huit épisodes de la 3e saison sont en cours de tournage depuis la fin du mois de janvier.
Bizarrement, ce qui frappe le plus, à la lecture de cette brève, c’est qu’on n’a pas encore vu la couleur de la seconde saison. Les six épisodes de celle-ci traînent sur une étagère de M6, prêts à être diffusés, depuis six mois. L’anecdote est intéressante en cela qu’elle est loin d’être un cas isolé. La dernière mini-série de l’excellent réalisateur Bernard Stora (« Suzie Berton », « Le Grand Charles ») tournée pour France 2, « Elles et moi », nous l’avons vue aux dernières Rencontres Internationales de Télévision... il y a quasiment un an !
Or, une des attentes première du téléspectateur vis-à-vis de la télévision, c’est qu’elle lui parle, ne serait-ce que par allusion ou symbolisme, du temps présent. Comment voulez-vous que la fiction française assouvisse ce besoin quand ce qu’elle diffuse est finalisé depuis six mois à un an, a été conçu il y a trois, quatre ou cinq ans ? Le paradoxe, c’est qu’il n’est maintenant plus rare que les épisodes de séries américaines, dont il fallu attendre la diffusion aux Etats-Unis puis le doublage, arrivent à l’antenne plus rapidement après leur tournage que bon nombre de fictions françaises !
Non seulement les scénaristes de télé américains savent que leur travail sera diffusé dans un délai de quelques mois mais, la plupart du temps, ils connaissent précisément, au moment de l’écriture, le jour et l’heure de diffusion de l’épisode qu’ils écrivent. Ainsi, la série américaine peut s’inscrire dans l’actualité calendaire, et les contraintes de diffusion (pauses de quelques semaines, par exemple), peuvent être prises en compte dès l’écriture pour optimiser la narration aux conditions dans lesquelles la série sera reçue par les téléspectateurs. Anecdotique ? Ce serait négliger que ce type de choses participe fortement à la suspension d’incrédulité qui nous permet d’adhérer aux histoires racontées, mais aussi, et peut-être surtout que le succès d’une série repose énormément sur la possibilité pour le téléspectateur de voir évoluer des personnages auquel il s’est attaché au même rythme que lui.
Bref : il est temps que la fiction française cesse d’être servie froide. Cela suppose de faire preuve d’un peu de prévision, mais aussi que les unités de programmation ne soient plus des bunkers coupés du monde...
Dernière mise à jour
le 4 février 2009 à 17h13