Par Dominique Montay.
Lorsque Sullivan a posté sa critique de « Survivors » (saison 1 & saison 2), je dois avouer que j’avais réellement l’impression qu’il m’avait enlevé une épine du pied. Déjà parce que ça me faisait une review de moins à écrire alors que j’étais en plein « Pigalle ». Et ensuite parce que, globalement, lui il a plutôt aimé, et moi, pas du tout. Définitivement, il valait mieux qu’il s’en occupe plutôt que je joue au sniper. Mais puisque le Quinzo est une bête qui permet aussi de donner un deuxième avis, je vais y aller gaiement.
« Survivors » [1], j’y suis allé sur les conseils d’un ami qui a globalement plutôt bon goût (la preuve, il m’a fait découvrir « Spaced »). Donc j’y suis allé les yeux fermés. Et j’ai été profondément déçu. Si la dynamique entre Aalim et le jeune Najid fonctionne plutôt bien, si le fait d’intégrer dans un groupe de survivants sympathique un assassin patibulaire (et accessoirement ancien petit ami de Mariah Carey dans le film « Glitter », je sais, maintenant il vous fait froid dans le dos, non ?) est diablement intéressant, sorti de ça on a plus grand-chose. Ah, si, Patterson Joseph serait crédible en jouant un concombre. Et c’est à peu près ce qu’on lui donne à jouer.
Passé le fait que le pilote se joue dans une cacophonie surréaliste (avec la musique à fond omniprésente qui ne sert qu’à surligner au stabilo les scènes d’émotion), une photographie d’image étrange et sans réel intérêt graphique (le procédé est de rendre terne et flou tout ce qui est au bord de l’image), ce qui est déjà pas mal en soit, son final est absolument stupide. Tout les survivants membres du cast régulier sont prêt à se séparer quand Abby Grant (Julie Graham) arrive à les retenir avec un équivalent adulte du “allez, siouplaaaaaiiiiiit…”. Cette union de fortune, fondement de la série et son aspect le plus captivant (si l’humanité était réduite à peau de chagrin, resterait-elle unie, et si oui, comment fait-on si tous les survivants ne sont pas juste des gentilles personnes) est basé sur un retournement de situation ridicule.
Le reste de la saison oscille entre le pas mal et le franchement mauvais, accumulant les personnages peu crédibles et (on a presque l’impression que c’est un hasard) quelques uns dignes d’intérêt, comme le personnage de Sarah Boyer, odieuse profiteuse, qui n’a qu’un seul talent (et qui s’en persuade tellement qu’elle n’arrive pas à sortir de son schéma), être jolie et draguer des protecteurs.
Trouver un défaut dans une série, puis plusieurs, ça déforme le visionnage, et chaque erreur de script, de cohérence ou de réalisme (petite information pour éviter l’augmentation des décès par arrêt cardiaque, contrairement au médecin de la série, ne pratiquez jamais la réanimation sur un matelas mou, car vous auriez plus de chance de donner la vie au produit Mérinos que réanimer celui qui est dedans) vous arrive en plein visage et vous empêche de voir le reste. C’est ce qui m’arrive sur « Survivors ». Donc, si je me met à regarder la saison 2, ça sera surtout pour les chercher, ces erreurs. Par contre, je n’en parlerais peut-être pas ici. Ou si. Si vous me dites siouplaaaaaaiiiiiit.
Par Émilie Flament.
Issue de la chaîne satellite Festival, elle est devenue France 4 lors de l’attribution des canaux TNT. Divertir, créer l’événement, faire découvrir, passionner, tels sont les principaux objectifs de la chaîne. Le 31 mars prochain, la petite dernière de France Télévision fêtera ses 5 ans. Les anniversaires étant souvent l’occasion de dresser un bilan, je vous propose un petit tour d’horizon extrêmement égoïste des raisons qui me font aimer France 4.
5 bougies, 5 bonnes raisons...
1. France 4 veut donner un coup de jeune au service public... et c’est nécessaire ! Arte passe pour une chaîne d’intellectuels, France 5 pour une chaîne pédagogique, France 3 pour une chaîne de vieux, et France 2 doit plaire au plus grand nombre tout en maintenant son image d’élève modèle. Et les jeunes dans tout ça ? Prenons l’exemple des émissions musicales : entre « Le plus grand cabaret du monde » et « l’Eurovision », il faut avouer que les gens de ma génération ne s’y retrouvent pas du tout ! Heureusement que France 4 a remis « Taratata » en prime pour nous ! Merci France 4 !
2. France Télévision est prête à transformer son pôle fiction en un véritable capharnäum pour aller vers son objectif de “BBC à la française“. Mais quand France 4 s’approche un peu trop du modèle BBC3, c’est le CSA qui monte au créneau pour lui rappeler que justement cette ligne éditoriale plus « jeune » ne correspond pas à la mission France Télévision : toutes les chaînes doivent être tous publics ! Devant une telle contradiction, je ne peux que soutenir ceux qui sont en bonne voie : Merci France 4 ! Vive la BBC3 française !
3. Revenons un peu au sujet qui nous intéresse le plus : la programmation série. France 4 vise à exposer la création audiovisuelle française et européenne. Certes, ça ne les empêche pas de diffuser également des séries US. Mais au moins, les séries britanniques y trouvent également leur place : « Doctor Who », « [MI-5] (Spooks) », « Six Sexy (Coupling) », « Robin des Bois (Robin Hood) »... Et les séries françaises y trouvent une seconde vie : « P.J. », « Fais pas ci, Fais pas ça », « Plus belle la vie », « Avocats et Associés »...et le tout en prime time ! Encore une fois ... Merci France 4 !
4. « Hero Corp » ! Rien que pour ça, France 4 doit être vénérée ! Pas besoin de plus de commentaires... Merci, merci, merci France 4 !
5. Cerise sur le gâteau que tout fan de « Doctor Who » ne peut que remarquer : France 4 a eu la décence de programmer l’épisode « The Next Doctor », épisode de Noël 2008, le 25 décembre au soir... Vu les programmations habituellement plus que questionnables des épisodes de Noël en France, je ne peux que saluer un si bel effort ! J’en ai presque eu la larme à l’oeil ! Merci France 4 !
Convaincu ? Et si je vous dis que les épisodes inédits du « Doctor Who » reviennent à partir du 27 mars sur France 4...
Par Sullivan Le Postec.
Pour le dernier numéro de la rubrique Vite Vu, j’ai regardé « Clem » sur TF1. Pour le premier numéro du Quinzo, j’ai regardé « Victoire Bonnot » [2]. On ne s’amuse pas tous les jours au Village.
« Victoire Bonnot » est un véhicule conçu pour Valérie Damidot, la miss déco de la chaîne, qui vient s’ajouter à la liste des animateurs devenus acteurs ces dernières années (Dechavanne, Reichmann, Boccolini...), ce qui est avant-tout un symptôme de la crise de la fiction française. (Ça marche tellement mal qu’on ne peut pas leur refuser, et qu’on est prêt à tenter même ça pour essayer de grappiller des points d’audience.)
Le plus frappant au premier abord, c’est à quel point le résultat fait cheap et amateur, depuis l’image épouvantable aux petites transitions musicales entre presque toutes les scènes, qui rappellent les heures noires de la série AB Production. Damidot fait ce qu’elle peut en l’absence manifeste de toute direction d’acteur. Avec du travail, elle pourrait devenir actrice. Pas sûre qu’il y aura jamais du travail sur ce projet là. Au rayon des bons cotés, on notera l’effort fait pour mettre en scène des ados éloignés de la profonde niaiserie de ceux de « Clem », qui mettait en scène des ados de 16 ans avec la psychologie de pré-ados de 12 ans, joués par des acteurs de 20 ans !
Notez que « Victoire Bonnot » se vautre dans la caricature à plus d’une reprise, mais il y a de bonnes intentions.
Pour le reste, le scénariste a l’air d’avoir 15 ans... et c’est comme si on avait tourné son premier jet ! Le scénario n’a ni rythme, ni forme, les personnages sont inexistants et font ce que le prochain rebondissement exige sans égard pour un degré minimum de caractérisation. Palme du ridicule au moment où le blondinet aux dread-locks décide soudain qu’il ne peut plus rencarder Victoire sur Kevin, parce que depuis qu’ils se sont parlés pour la première fois la veille, ils sont super potes et tout, et tout.
On pourrait donc en rester là et se dire qu’on à affaire à un énième 90’ français à la fois très mauvais et inoffensif. Sauf que non. Parce que le discours proposé est à la limite du révoltant.
Le cadre posé est celui du héros citoyen français défini il y a vingt ans, avec la même absence de nuance. Victoire Bonnot, CPE dans un Lycée, est le personnage principal. Victoire Bonnot a raison et voit la vérité. Le monde se range en deux catégories. Les gentils savent que Victoire Bonnot a toujours raison. Les méchants font semblant de l’ignorer.
Mais Victoire Bonnot est une demi-folle aux méthodes ahurissantes ! Pour aider les gens, en 90 minutes, elle fouille le contenu du téléphone portable de plusieurs élèves, fait chanter un lycéen (en promettant de cacher qu’il a triché) pour qu’en échange il espionne un de ses voisins, s’introduit chez les gens, récupère un dossier médical, administre volontairement des arachides à un ado allergique, et fait avouer à une Lycéenne que c’est elle qui a entrainé sa copine vers la prostitution et mis les vidéos porno tournées sur internet tandis qu’elle retransmet cette conversation dans le gymnase où tout le Lycée (30 figurants, hein, de Tavernost a pas cessé d’être radin du jour au lendemain) est réuni... Et c’est elle qui 40 minutes plus tôt faisait la morale à l’assistante sociale du Lycée parce qu’elle évoquait le fait que les filles se prostituaient en salle des profs. Bref, pour elle, personne n’a le droit à une vie privée, surtout pas un ado, et personne d’autre qu’elle ne peut les aider : il est donc préférable d’être dans l’illégalité toutes les dix minutes plutôt que de chercher de l’aide auprès de services sociaux (qui auraient eu matière à intervenir dans le dossier de Kevin sans qu’elle ne soit obligée de l’empoisonner pour l’envoyer à l’hôpital) ou de la police (qui, avec son témoignage et le fait qu’ils auraient facilement découvert qu’Éric n’est pas drogué, aurait évité la séance d’humiliation publique de la fin d’épisode après laquelle Victoire n’a même pas un regard pour la mère de la gamine).
J’ai rien contre un personnage un peu border-line, mais Victoire Bonnot n’est écrite comme telle, mais bien comme une héroïne à l’instinct infaillible et qui ne se trompe jamais (sauf une fois, dans son passé, et l’image de l’ado qu’elle n’a pas su aider la hante donc dans des séquences d’un ridicule achevé).
Bref, si « Victoire Bonnot » est une fiction de son époque, c’est au final moins par ses portraits d’ados contemporains que par la manière dont elle illustre, sans même s’en rendre compte, le renoncement à toutes les libertés individuelles les plus basiques, remises entre les mains d’une figure dictatoriale totalitaire au jugement censément sans failles et qui a toute autorité pour déterminer le bien du mal et diriger à sa guise la vie des autres.
Ça a été la meilleure audience fiction de M6 depuis 2007, avec pas loin de 30% de parts de marché sur les ménagères. Le prochain épisode se tourne le mois prochain. Tous aux abris !
Dernière mise à jour
le 29 mai 2012 à 03h13