Libre
Décembre 2007
Par Sullivan Le Postec • 10 décembre 2007
Bienvenue au Village.

« Bon, et bien vous avez la case du samedi soir un peu après minuit, 300 000 Francs, faites... ce que vous voulez. »

La phrase a quelque chose d’invraissemblable, et pourtant elle fut prononcée il y a exactement dix ans. Et il ne s’agissait pas d’une obscure thématique perdue sur le câble, mais de la deuxième chaîne de France.
Nous sommes à une époque où les animateurs producteurs sont les rois du service public. Jean-Luc Delarue, parmi d’autres, a négocié un contrat incroyable mais vrai. Pour l’avoir sur son antenne, France Télévisions doit forcément acheter X heures d’antenne à sa société Réservoir Prod. En clair, si une émission de la société de production de l’animateur est arrêtée, il faut obligatoirement commander un volume horaire équivalent d’une autre émission à sa société, mise à l’abris de tout risque. Des closes assez scandaleuses, communes à l’époque mais totalement disparues aujourd’hui.

C’est ce contexte qui donna naissance aux « 30 Dernières Minutes », une série de fiction qui fut un territoire d’expérimentation tous azimuts. Tout le monde se fiche de ce qu’ils font et de toute façon, l’écriture se fait à flux tendu : une quinzaine de jours seulement peut séparer le tournage de la diffusion. Dans ces conditions, impossible à quelque direction de fiction que ce soit d’imposer de multiples réécritures et changements.

La liberté de création nourrit les énergies créatives. Confiée à des gens avec un minimum de talent – c’était le cas de Kad & Olivier et de leur équipe – elle aboutit plus souvent qu’à son tour à la qualité. A l’heure où elle s’apprête à ouvrir une case régulière de fiction en deuxième soirée dédiée à l’innovation, on espère que France 2 s’en souviendra...