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Fil Info - Lazy Company

Lazy Company : interview des créateurs et d’Alban Lenoir (2ème partie)
le Mercredi 30 Janvier 2013
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Lazy Company : « L’important ? Ne pas faire semblant » (Interview) - 2ème partie, celle-ci a été publiée en premier sur le Daily Mars.



Le 18 janvier, Lazy Company, comédie d’aventures imaginée par Alexandre Philip et Samuel Bodin, a débarqué sur Orange Cinéma Séries. Résolument ambitieuse, cette série a de sérieux atouts pour apporter une vraie bouffée d’air au format 26 minutes en France. Rencontre avec ses deux créateurs, véritables amoureux de séries et de ciné.

Echanger avec Alexandre Philip et Samuel Bodin au sujet de Lazy Company, c’est un peu embarquer pour le « pays de CanGeek ». Un endroit où, comme dans tous les pays, on s’amuse (beaucoup), on pleure (mais on le cache) et on rit (surtout).
Là-bas, pas de fille avec des taches de rousseur ni de raton-laveur, mais des personnages qui font penser à Band of Brothers ou Inglorious Basterds, mais aussi Indiana Jones, Glee, Joss Whedon et Star Wars.

Lazy Company ? L’histoire de quatre soldats américains venus libérer la France en juin 1944, emmené par le sergent Chester (Alban Lenoir, Hero Corp) pour former la compagnie la plus maladroite de l’armée US. Une comédie d’aventures qui se situe au carrefour de la comédie télé façon Police Squad, du film de guerre et de la bande dessinée à gros traits. Une fiction dans laquelle on croise des personnages historiques, un traitre, une garce nazie, un supersoldat américain, une résistante dont on ne comprend rien de ce qu’elle dit et plein d’autres figures étonnantes.

Un missile potache ? Oui, un peu. Mais pas que : le duo de scénaristes multitâches à l’origine du projet (le premier, vu dans Vestiaires, joue le rôle du caporal Niels ; le second est aussi réalisateur des 10 épisodes) a trop vu de séries pour ne pas avoir envie de voir plus loin. Surtout, tous les deux semblent avoir compris que sans personnages crédibles, fouillés et portés par des intentions, la boîte à gags ne sert à rien.

Habités par un énorme appétit pour les dialogues bien sentis, déterminés à décrire des trajectoires pour chacun de leurs héros (de sorte qu’on les voit évoluer réellement entre l’épisode 1 et l’épisode 10), Philip et Bodin sont de vrais enfants des histoires. Sur petit et grand écran Leur bébé est à leur image : jusqu’au-boutiste, curieux de tester des choses et résolument sincère.

On peut ne pas être complètement sensible à leur propos (au sein même du Daily Mars, tout le monde n’est pas rentré dans l’histoire) mais force est d’admettre que, dans le droit fil d’une mise en images particulièrement soignée, Lazy Company tente de proposer quelque chose de différent dans l’univers moribond du 26 minutes français. Et quand on entend parler les deux papas du projet, on espère que l’aventure va durer. Pour voir jusqu’où ils peuvent aller…

« Au début, on voulait faire une shortcom »

Comment ce projet a-t-il débarqué dans l’univers de la télévision ?

Alexandre Philip : « Au tout début, nous voulions développer une comédie d’aventures qui se déroulerait pendant la Seconde Guerre mondiale au format shortcom. On a commencé à travailler dessus, posé des lignes et c’est à cette époque là que l’on rencontré Alban (Lenoir, NDLR) puis les équipes d’Empreinte Digitale (qui, produit, avec Six Pieds sur Terre, la série). On a même tourné plusieurs pilotes au format court ».

Samuel Bodin : « C’est d’ailleurs ce qui nous a permis de définir les personnages de la série… »

A.P. : « Après quoi, nous avons rencontré les équipes d’Orange Cinéma Séries qui nous a encouragé à développer ce projet sur un format 26 minutes, parce que c’est ce qu’ils recherchaient ».

Au fil des épisodes, vous passez d’un genre à l’autre, en empruntant parfois aux comédies de lycée américains, au film de guerre, à la comédie romantique… et ces ruptures de ton, on les retrouve aussi dans la mise en images. Je pense à l’épisode 3, et à la rencontre avec deux dangereux adversaires, qui est filmée comme un survival…

S.B. : « Sur ce projet, on a imposé une exigence visuelle que je ne veux pas lâcher. L’important, c’était de ne pas faire semblant. Dans cet épisode, on passe d’une scène, légère, qui fait très bande dessinée, à cette rencontre sous tension. La scène se passe dans l’eau et c’est moi qui ai insisté pour que ça se fasse comme ça. On l’a filmé en deux axes, en ralenti 50 images par secondes pour créer une rupture de ton forte. Pour nous, c’est une façon de grossir les traits, pour que l’on voit mieux les choses ».

« Il ne faut pas avoir peur des gros sentiments »

Grossir le trait, c’est aussi prendre le risque de laisser une partie du public à la porte de votre univers, non ?

A.P. : « Nous, on pense qu’il ne faut pas avoir peur des gros sentiments, du premier degré total. C’est la solution que l’on a trouvé pour ne pas tomber dans le pathos, ce qu’on voulait à tout prix éviter. Joséphine ange gardien le fait très bien, mais ce n’est pas ce qu’on cherche. Voilà pourquoi on n’a pas peur de grossir le trait. »

S.B. : « Ce qui nous importe, c’est d’aborder l’émotion avec sincérité. On se revoit régulièrement la fin de Doctor Horrible Sing Along Blog de Joss Whedon, avec ses 30 personnes dans une scène hyper bien foutue rythmiquement : c’est tellement sincère ! C’est de la débrouille, c’est sincère et sans excuse… et c’est génial. Dans l’esprit, on se dit « Si tu ne veux pas perdre, faut pas jouer ». Et c’est ça qui guide nos choix : c’est de cette façon que pour une scène sanglante, j’ai carrément apporté une bassine de faux sang. Pour aller au bout de ce qu’on souhaitait faire ».

A.P. : « C’est comme quand on doit salir nos uniformes avant une prise. Au début, tu prends un peu de boue que tu mets sur la manche de la personne en face de toi… et puis après, bon, tu y vas, tu trouves une bonne grosse flaque et tu te roules dedans ».

« On est tous des accidentés des relations humaines »

Et en même temps, à côté de ça, il y a aussi un gros travail rythmique sur les dialogues…

S.B. : « Oui, c’est ce qu’on aime aussi dans l’univers des frères Zucker. On aime beaucoup quand, dans Police Squad, un des personnages montre une tasse de café à un autre, qu’il lui dise « un café ? » et que l’autre lui réponde « Oui, je sais ce que c’est, merci ». Comme on adore l’univers des Monty Pythons et l’épisode du perroquet mort dans Flying Circus ou l’univers des Simpson. Mais, pour revenir sur les Monty Pythons, les personnages savent qu’ils sont dans des situations absurdes et nous, on ne peut pas faire ça. On cherche autre chose émotionnellement, pour que le spectateur puisse se projeter. Se retrouver dans les rapports de force ou d’autorité que l’on décrit. Comme dans les histoires d’amour dont on parle. C’est à nous de trouver la bonne voie ».

A.P. : « On est tous des accidentés des relations humaines et on a aussi envie de parler de ça. Ca fait partie de notre génération : on a 31 ans, on vit dans une coloc avec 13 lecteurs DVD et il faut qu’on mette des mots là-dessus. Là encore pour aller au bout de la démarche. Comme dans l’épisode de Bref où le héros embrasse Cette Fille et où la scène dure et dure encore, juste avant un montage hypercut dans lequel on voit le visage de Marla, le plan cul du héros ».

Je reviens sur la mise en images de la série. Comment est née cette identité visuelle si particulière ?

S.B. : « On n’a pas utilisé de filtre : on applique quelque chose à la colorimétrie à la base. C’est une technique d’étalonnage particulière, développée avec Gregory Tchanturia et que j’ai apprise en travaillant avec Julien Mokrani. Ensemble, on a fait un fanfilm Batman (Batman, Ashes to Ashes, en 2009 ; NDLR). On a fait aussi fait un clip de Gogira ensemble. C’est une méthode utilisée, à un autre niveau, par Scorsese dans Aviator. Ca a évidemment fait l’objet de question, puisque du coup, il n’ y a pas de vert. Là aussi, on a défendu ce choix. Je me souviens avoir dit « Les Simpson, ils sont jaune alors c’est jaune. Ben là, il n’y a pas de vert. Et la végétation, elle sera bleue ». L’essentiel, c’était d’avoir une identité immédiatement reconnaissable. Que dès que l’on tombe sur un extrait, on puisse se dire, « ça, c’est Lazy Company ». Sinon, oui, on est aussi shootés aux Simpson ».

A.P. : « Comme on l’est de l’univers de Leone ou de Spielberg, aussi. Notamment Indiana Jones dans tout ce qui est comédie d’aventures ».

« Dans la série, les femmes donnent une direction »

Les quatre premiers rôles sont tenus par des hommes mais les femmes tiennent une place importante dans le récit. Pour vous, c’était évident dès le départ ?

S.B. : « Oui, ça s’est imposé tout de suite. Que ce soit Henry qui parle de fidélité, de Niels qui drague dans l’épisode 2 et se prend une veste et de plein d’autres choses, on avait envie de parler de la fragilité qu’un homme peut ressentir quand il est face aux femmes. De tout ce qui fait qu’on peut être très maladroit sans le vouloir aussi. En fait, toutes donnent une direction dans la série et sans elles, nos personnages sont perdus ».

A.P. : « C’est quelque chose que l’on retrouve dans le cinéma de Judd Apatow par exemple, qui fait aussi clairement partie de nos influences. Notamment dans la capacité à combiner des moments particulièrement potaches et d’autres empreints d’une profonde sincérité ».

Auteur : Nicolas Robert
Source : Daily Mars

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