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Fil Info - Soda

Simon Astier : "On a pas notre place sur une grande chaîne"
le Lundi 22 Juillet 2013
Medias

Lors de la Comic Con, on a pu avoir Simon Astier en interview pour lui parler de Hero Corp, qui arrive à la rentrée mais pas des pingouins au pôle sud (surtout qu'il n'y en pas). En tout cas, on vous souhaite une bonne lecture et pour ceux et celles qui veulent revoir les 2 premières saisons, France 4 organise deux nuits Hero Corp, l'une le 27 juillet et l'autre le 17 août dès 23h30.



AnnuSéries : Tu viens de présenter les premières images de la saison 3 d'Hero Corp. C'était une façon de rendre hommage aux fans que de présenter ces images en avant-première à la Comic Con ?

Simon Astier : Complètement ! C'était une douleur de ne rien pouvoir dire depuis des mois. La Comic Con, c'est là où l’on a pu rencontrer nos fans pour la première fois, là où l’on s'est rendu compte de l’impact de la série et pour nous, c'était évident que s’il fallait faire un événement pour la saison 3, c’était ici. On savait qu'on allait vivre quelque chose de grand, mais on pensait pas qu'on serait 13 000 ! Mais pour qu’on puisse continuer, il faut que les audiences suivent cette saison. Maintenant, tout le monde peut nous voir, vu qu’on est sur France 4 et en catch-up sur Pluzz, plus besoin de pirater pour voir la série. Là, on va pouvoir dire : il y a tant de personnes qui nous regardent donc on peut continuer l’aventure.

Comment s'est passée la reprise de la série par France 4 ?

France 4 faisait déjà partie de l'aventure Hero Corp vu qu'elle était diffuseur/co-financier sur les 2 premières saisons. Quand ils ont vu qu’on faisait 400 000 téléspectateur à minuit lors des rediffusions, ils se sont dits : il y a un truc à faire, c'est pas possible. Et je suis très heureux que ce soit eux qui l'aient compris en premier parce que c'est une chaîne qui nous correspond bien je trouve.

Faire du cross-media (la web-série, les comics), c'est une volonté de ta part depuis le début ?

Avec Seb, qui joue Doug, on a toujours voulu faire ça. La différence par rapport à 2008, c'est que maintenant c'est possible et en plus, il y a une attente de la part du public. C'est un vrai plus à mes yeux pour Hero Corp.

Être sur France 4, c'est un signe de stabilité pour toi ?

Non, je t'avoue que je suis traumatisé avec Hero Corp, la stabilité, je ne la sens pas. Et même quand on avait le feu vert de la production pour tourner, j'appelais tous les jours pour être sûr que tout était ok. Donc je ne me sens jamais rassuré avec ce projet parce que c'est un projet complexe. Autant on peut vivre une conférence avec 13 000 personnes, autant c'est dur à caser quelque part. Mais je me dis qu'on a plus de chances que ça se passe bien par rapport à l'époque où l’on était sur Comédie, qui nous a lancé, mais que tout le monde n'avait pas à la différence de France 4.



Avant, le budget était d’un million d’euros par saison. Est-ce que le passage sur France 4 a changé ce dernier ?

Non. La différence c’est qu’avant on était financé par Comédie et France 4 et maintenant, juste par France 4.

À l’époque, on avait pu observer un vrai fossé visuel entre la saison 1 et 2. Et de ce qu’on a vu aujourd’hui, ça semble être le cas pour la saison 3 par rapport à la 2. C’est dû à une meilleure maîtrise du budget ?

C'est exactement ça. Il faut rappeler que personne ne faisait des séries pour 1 million d'euros. Donc on a en payé les pots cassés et, avec le temps, on a appris.

Tu ne te sens pas bridé dans la communication de la série sur les réseaux sociaux par France 4?

On est pas bridé sur la com mais le truc c'est que moi, j'y connais rien. Je suis sur Twitter parce que je peux parler directement aux gens qui nous regardent mais ce n’est vraiment pas mon fort la com. Par contre, s’il y a un truc que j'ai appris avec ce métier c’est que, plus tu dilues, moins ça a d'impact. Si j'avais dit des choses avant, on aurait pas vécu un dixième de ce qu'on a vécu aujourd'hui. Un exemple tout con, actuellement il y a Stromaë qui sort 2 titres (Formidable et Papaoutai) et quand tu les écoutes, tu te dis : mais putain, c'est un truc de ouf ! Sauf que quand t'apprends que son album, il sort à la fin de l'année, t'as juste envie de te pendre parce que tu as téléchargé ses singles et tu les as déjà écouté 800 fois et tu veux le reste. Si on donne beaucoup aux gens, il faut pas leur dire : à dans 6 mois. Là, les gens repartent avec une application qui va être mise à jour pendant les vacances, à la rentrée ils auront la web série et ensuite la saison 3. En gros, ils vont avoir du Hero Corp jusqu’à Noël.

Quand tu vois le succès du crowdfounding pour le film noob qui s'élève à plus de 500 000 Euros, comment expliques-tu le côté encore hermétique des grandes chaînes face aux univers fantastiques et geek ?

Hero Corp sur une grande chaîne, personne n'en voudra parce qu'on est complètement libre. Les grandes chaînes, leur but c'est de faire un faire un maximum d'audimat le soir pour vendre de la pub pour payer leurs employés et des fictions. C'est pas des mecs qui se réunissent avec des capes dans des caves en disant : on va niquer tout le monde. Et quand ces chaînes-là, arrivent encore à faire 8 ou 9 millions avec des séries qui sont très mainstreams, je suis désolé mais ils ont raison de fonctionner ainsi. On a pas notre place là-bas vu qu'on fait beaucoup moins.

Mais est-ce que ce comportement sans prise de risques n'est pas un peu bête au final ? Quand on voit les audiences que fait Doctor Who sur la BBC, on est en droit de se poser des questions non ?

Oui mais Doctor Who, c'est un exemple un peu chelou parce que c'est une institution là-bas. La TNT a ouvert la voie à ces prises de risques, mais après il y a ceux qui ont décidé de signer avec le diable et qui diffusent des meurtres à Marseille et des gars dans des villas et il y a France 4 qui essaye d'être un laboratoire et du coup, ça ouvre la porte à des gens comme nous.

Tu n’as pas peur que la série ait du mal à capter un public vu que vous êtes en access à 20h ?

C'est vrai que notre case est casse-gueule parce qu'on est en face de Scènes de ménage, Soda, le JT, Plus Belle La Vie et autres. Mais le public d'Hero Corp n'est pas vraiment représenté par ces programmes-là donc ça peut jouer. En plus, il y a les rediffs le week-end où il y aura tous les épisodes la semaine et il y a le replay sur Pluzz à prendre en compte. Après, j'ai forcement les jetons parce qu'être en face de grandes marques comme celles-ci, c'est chaud. Mais en même, je suis fier, parce qu'on est l’une des premières séries qui rend hommage aux cultures de l'imaginaire à cet horaire sur une chaîne nationale.

Tu viens de parler du fait que tu auras 5 épisodes par semaine puis la rediffusion en un gros bloc le samedi. Comment as-tu géré ce format lors de l'écriture ? Tu n'as écrit que des épisodes de 7 min ou des blocs de 35 min que tu as divisé en 5 parties ?

J'ai pensé encore plus global que ça. Tous les soirs, il y a un petit enjeu pour faire un départ franc et un cliffhanger pour lancer l'épisode qui suit mais tu vas récupérer des bouts d'intrigues des semaines précédentes dans l'épisode et bien sûr, tu auras des scènes de temps en temps qui traitent de la grande intrigue globale. Chaque épisode à un rôle dans la narration parce qu'il y a 7 arcs sur la saison, soit un arc par semaine. Je pense que c'est encore plus feuilletonnant qu'avant au final.

Ça ressemble beaucoup au format comics.

C'est ce qu'on m'a dit tout à l'heure et c'est vrai. J’ai eu très peur au début parce que c'est hyper dense. Mais en même temps, t'as pas l'impression de mater un programme court avec des temps morts parce que tu suis une histoire. En plus, il y a départ canon en début de saison pour qu'on soit directement dans l'action.

Tu es complètement dans Hero Corp ou tu as d'autres trucs en tête actuellement ?

J'ai d'autres projets mais ma priorité, c'est Hero Corp. Mon but ultime serait de faire un coup Hero Corp, un coup autre chose, un coup Hero Corp. Là, je suis sur une série qui aurait, je pense, sa place à la Comic Con, j'ai aussi une BD, 2 long métrages, et encore plein d’autres trucs. En faisant Hero Corp et en vivant cette conférence, je me rends compte que les autres projets ont la pression parce qu'il faut qu'ils soient aussi sincère qu’Hero Corp, sinon ça marchera pas. Je peux faire des projets où je m’amuse un peu mais je vibre moins sauf que maintenant, je veux faire que des projets où je vis des trucs de fous comme aujourd’hui.

Propos recueillis par Alain Ouedraogo lors d'une table ronde en présence d'autres professionnels.

Auteur : Alain Ouedraogo
Editeur : Carine
Source :

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