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Battlestar Galactica - Après la fuite, le ménage par la trappe

Collaborators: Amnesty Intergalactique

Par Feyrtys, le 3 novembre 2006
Publié le
3 novembre 2006
Saison 3
Episode 5
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La différence entre la justice et la vengeance est parfois difficile à déterminer, et aux lendemains de plusieurs mois d’une occupation violente, ceux qui se sont battus contre les cylons cherchent naturellement à se débarrasser de ceux qu’ils considèrent comme des collaborateurs. Un épisode au thème certes attendu mais un très bon épisode tout de même, qui réussit à être surprenant.

Première surprise : le Chief fait partie d’un jury, mais ce n’est pas celui de Project Viper.

Cette fois, Ron D. Moore le dit, les événements advenus en France au lendemain de la Libération ont inspiré cet épisode. Compte tenu des circonstances, la même chose pourrait se produire sur le Galactica, voilà le point de départ de "Collaborators". Nous avons eu des résistants, nous avons eu des collaborateurs, et nous avons eu des meurtres sous couvert d’occupation cylonne. La soif de vengeance est naturellement présente parmi la population, et en particulier parmi les leaders de la résistance.

Cependant, même si je m’attendais parfaitement à voir Tigh diriger les expéditions punitives, je ne m’attendais pas du tout à voir Tyrol y participer aussi activement. Et dans une première scène difficilement soutenable, le Chief, mon Chief adoré, décide de la mise à mort de Jammer, l’homme qui a sauvé sa femme, mais qui a fait le mauvais choix en rejoignant la force de police humaine sous les ordres des cylons. Jammer cherche le pardon, mais ne le trouve pas. A la place, il se retrouve face à face avec le vide du airlock...

Cinq anciens résistants ont formé un jury et curieusement, ils se cachent derrière un jargon légal pour se donner bonne conscience lorsqu’ils condamnent à mort des collaborateurs. Mais il n’y a ni tribunal, ni défense possible pour les accusés, ce qui rend le tout quelque peu grotesque. Le jury comprend Tigh, Tyrol, Anders, un nommé Connor qui a perdu son fils pendant l’occupation cylonne, et Jean Barolay, charmante jeune femme que l’on avait seulement entrevue jusque là.
Bien sûr, Tigh est le plus prompt à condamner à mort. Après tout, il a lui-même été le bourreau de sa propre femme. Il attend donc que toutes les personnes soupçonnées de collaboration subissent le même châtiment. Il ne pense pas une seconde qu’il puisse y avoir une alternative. Là où la série m’a surprise donc, c’est dans la participation de Tyrol à ce jury. Le Chief s’est toujours montré droit et (plus ou moins) honnête. Ici, il décide assez froidement du sort de Jammer, qui a été l’ami de Cally lorsqu’ils travaillaient sur le deck ensemble. Ce qu’a fait Jammer pendant l’occupation cylonne est certes condamnable, et l’excuse qu’il donne « what was I supposed to do ? » ne tient pas la route dans des circonstances pareilles. Mais Jammer n’est certainement pas l’exemple de la vilenie humaine. Il n’est ni bon, ni fondamentalement mauvais. Ses choix l’ont amenés à des situations déplorables mais le dernier geste qu’il a eu, celui de sauver Cally, aurait du compter pour quelque chose. Mais pas pour le jury. Pas pour Tigh, et même pas pour le Chief.

Pourtant, il faudra que Tyrol vive avec cette décision. Lui qui est tout sauf un tueur, tout sauf un exécuteur se retrouve avec du sang sur les mains. Le jury ne devrait-il pas se rendre compte de ça ?

Deuxième surprise : Anders n’est pas seulement le toutou de Starbuck, il a aussi un cerveau. Et une sacrée belle gueule quand on y fait attention !

Le seul qui ait un éclair de justice dans cette soif de vengeance, c’est Samuel Anders. Et ça vaut tous les essais de développement du personnage jusque-là. Il est le seul qui se lève contre les pratiques fortement questionnables du jury. Il est le seul qui se rend compte qu’il y a eu assez de morts comme ça, et qu’il est temps de passer à autre chose. Malheureusement pour lui, il est marié avec Starbuck, autrement appelée "la femme sans neurone mais avec beaucoup de testostérone". Kara a vite fait de remplacer la place vacante de son mari au sein du "jury" lorsque celui-ci en démissionne. Elle ne cherche qu’une seule chose : condamner un collaborateur et l’humilier, le battre, et appuyer sur le bouton d’ouverture de l’airlock. Elle est plutôt simplette Kara. Plutôt que de parler à Anders de ce qui ne va pas, elle préfère s’en prendre à ceux qu’elle considère responsables de sa torture sur New Caprica.

Seulement, elle a oublié quelque chose dans l’équation. La culpabilité. Starbuck se sent coupable de ce qu’elle a subi. Elle se sent coupable d’avoir été manipulée par Leoben. Elle se sent comme une collaboratrice... Et comme on le sait, les collaborateurs sont les plus violents, arrivée la Libération... Ils sont les plus avides de raser la tête des femmes qui ont couché avec des allemands et les plus prompts à pendre les hommes qu’ils accusent, plutôt facilement, de collaboration. Histoire de faire croire qu’ils sont du bon côté.
Kara n’en est pas à ce niveau de mauvaise foi, tout simplement parce qu’elle ne se rend pas compte de son état, mais la façon dont elle s’en prend à Gaeta explique bien comment elle se sent. De la même façon, sa rupture avec son rebel-rebel paraît inévitable. La scène est sobre, elle ne sombre pas dans la guimauve, et de toute façon, j’étais très contente de savoir que ce pauvre Anders serait débarrassé de son boulet de femme. Ce n’est pas que je l’aime beaucoup Sam, je ne le connais pas vraiment, mais Starbuck me porte de plus en plus sur le système, donc toute personne qui se désengage d’une relation sérieuse avec elle a ma sympathie et tout mon soutien.

Go Anders go ! En plus, Ron D. Moore nous apprend dans son podcast que le rebel-rebel qui joue à la balle aura un rôle de plus en plus important dans la saison trois, ce dont je me réjouis, car, il faut bien l’admettre, l’est plutôt agréable à regarder le Samuel.

Troisième surprise : Zarek est Président des Colonies.

Genre le détail qui m’avait totalement échappé. Genre la fille qui regarde l’épisode et qui se dit « ah mais ouaaaaaaaaaaais, il était vice-président ce con ! Ca fait qu’il est président maintenant ! ». (Oui, je parle très mal dans la vraie vie.)
Il est non seulement président, mais en plus il est prêt à choisir Roslin comme vice-présidente, puis à démissionner pour lui laisser la place. La grande classe le Tom. J’en viens même à me demander s’il n’a pas un léger "crush" sur Laura... Un triangle amoureux Adama-Roslin-Zarek, voilà qui fait rêver la shipper en moi !
Mais Tom Zarek n’en a pas pour autant perdu ses valeurs si... particulières. C’est en effet lui qui a donné un caractère "légal" au jury de résistants. Il a signé tous les ordres de mises à mort pour la raison suivante : il veut épargner à Laura des années et des années de procès. Il pense qu’il est plus simple de les condamner rapidement et en oucedé. Ce à quoi Laura s’oppose formellement, ainsi qu’Adama (normal, avec un père avocat spécialisé dans les droits de l’Homme).

Et pour bien marquer son opposition, qu’est-ce que décide notre chère Présidente des Colonies ?

De prononcer une amnistie générale. Parlez-moi de courage ! Je ne m’attendais pas à cette décision. Je me disais que Laura mènerait les procès malgré tout, mais en s’assurant que tous les accusés bénéficient d’une vraie défense. L’amnistie apparaît comme la seule et unique solution pour aller de l’avant et mettre un terme à un cercle de violence sans fin. La réconciliation est la seule chose qui permette aux hommes de continuer à se battre contre les cylons.

Quatrième surprise : Baltar dort tout nu chez les cylons et se fait draguer par D’Anna.

En plus, il rêve de Laura. Il rêve que Laura lui avoue qu’elle l’a toujours voulu. C’est là qu’on a la confirmation qu’il s’agit d’un rêve d’ailleurs.
Sacré Baltar. Quand il est sur le Galactica il voit des N°6 en robe rouge sexy partout, et quand il est sur un vaisseau cylon, il rêve de Colonial One et de gagner le respect et même le désir de Laura. Il ne sait vraiment pas ce qu’il veut.

Gaius chez les cylons, c’est la meilleure idée de ce début de saison trois. Personnellement, plus je connais les cylons, plus j’ai envie d’en savoir. Voir un base ship de l’intérieur est, pour la geekette qui est en moi, une source de curiosité et d’excitation inégalée depuis l’épisode "Downloaded". Ont-ils un CiC ? Et qui pilote ? Qui est à la tête de l’équipage ? Y’a-t-il une hiérarchie ?

Apparemment, personne ne sait vraiment quoi faire avec l’ancien Président des Colonies. Même Caprica Six semble avoir des sentiments ambigus quant à sa présence dans la flotte. C’est d’ailleurs D’Anna qui rend une visite de courtoisie à Gaius, dans une petite robe blanche qui fait beaucoup d’effet. Elle essaye visiblement de le séduire. Dans quel but ? Celui d’être aimée (non pas encore !) ? Celui de manipuler Gaius ?

Nous apprenons en outre que seuls sept modèles ont pris part au vote concernant l’avenir de Baltar. Les cinq autres restent dans l’ombre. Parce qu’ils n’ont pas pris parti dans l’occupation de New Caprica ? Parce qu’ils ne sont jamais intervenus (à ce que l’on en sait du moins) dans l’histoire qui lie les cylons aux humains ? Ca ne tient pas vraiment la route... Sont-ils seulement des modèles qui ressemblent à des humains ? Peut-être s’agit-il de modèles différents qui ne voyagent pas et restent en dehors du « plan » global. Difficile de savoir, mais la question se pose. Et j’espère bien que cette troisième saison verra la révélation de nouveaux modèles et le développement de la société cylonne, qui m’intrigue cent fois plus que le régime que Lee vient de commencer.

Baltar est donc un prisonnier qui doit gagner la confiance de ses geôliers, avec qui il a eu des rapports plus que compliqués par le passé. Il pourrait presque être comparé à Sharon... Comment les cylons vont-ils le traiter ? Comme un allié ou un traître ?

Tout ça pour dire...

Que j’ai adoré l’épisode. Depuis l’éloignement d’Adama et de Tigh jusqu’à l’attitude royale de Gaeta (fataliste face à l’esprit de vengeance), en passant par la nouvelle relation de Laura et de Tom, tout dans cet épisode m’a plu. Oui, le sauvetage de Gaeta était attendu. On savait que Tyrol finirait par le reconnaître et l’innocenter. Mais ce n’est pas le plus important dans cet épisode...
Bien entendu, j’aurais aimé voir plus d’Adama et de Roslin. De vraies retrouvailles. Cela viendra peut-être par la suite... Encore quelques efforts, et Gropollo aura perdu ses kilos en trop et pourra redevenir un personnage à part entière, qui réglera peut-être enfin ses comptes avec Starbuck. Et on pourra passer aux choses plus sérieuses, comme « comment se débarrasser de ce boulet de Kara ? ».

Feyrtys