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Bunheads - Critique du dernier épisode de la première saison de Bunheads

A Nutcraker in Paradise: The Real Return of Jezebel James

Par Conundrum, le 22 août 2012
Publié le
22 août 2012
Saison 1
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Pendant trente secondes, Amy Sherman-Palladino est retournée à ses premières amours. [1] Et on ne parle pas de la comédie stylisée de 22 minutes à la centaine de gags à la seconde. Non, on parle de le pure sitcom avec des décors aux couleurs criardes, aux acteurs qui parlent fort et au public dont les rires sont revus artificiellement.

L’expérience s’est très vite achevée. Une poignée d’épisodes produits, une partie diffusée, l’autre disponible sur Hulu, The Return of Jezebel James n’aura pas marqué le public. Et là, pas d’annulation honteuse d’une comédie qui a encore ses fans, entre indifférence et soulagement, la Fox a bien vite compris que The Return of Jezebel James ne fonctionnait pas.

Il y avait beaucoup de raisons à cela. Si le concept était attrayant – une jeune éditrice de livre pour enfants renoue contact avec sa sœur et lui demande de porter son enfant -, l’exécution laissait à désirer. La série n’était pas aussi drôle qu’on était en droit d’attendre de Palladino. Et malgré mon aversion pour le genre, il aurait mieux sujet à une dramédie. Le rythme était cassé par les rires enregistrés. Amy a avoué avoir eu des problèmes pour trouver des personnes talentueuses derrière la caméra.

Pour moi, le plus gros problème de la série est qu’Amy ne connaissait pas encore Sutton Foster.

C’est bien sympa cette review, mais Bunheads, dans tout ça ?

Amy a besoin d’une actrice principale à l’aise avec son matériel si particulier. Ça n’a jamais été le cas de Parker Posey. Dans Bunheads, Sutton Foster fait voler en éclat l’idée que seule Lauren Graham pouvait faire honneur aux scripts à plusieurs tomes d’Amy Sherman Palladino. Ce n’est pas un avis populaire, mais j’ai trouvé Bunheads très différent de Gilmore Girls.

Certes, c’est un drama de filles dans une petite ville excentrique des États-Unis. En partageant la même auteure, le rythme est similaire. Sur la forme, force est de constater que les séries se ressemblent. Mais ce qui me fait aimer Bunheads était totalement absent de Gilmore Girls.

Michelle – et par extension, Bunheads – est un pur produit des années 90, début des années 2000. Un comme peu comme Jaye Tyler de Wonderfalls, Michelle vient d’une époque où l’ambition était un mauvais mot, où on aimait traîner avec ses amis, où la créativité était plus importante qu’une carrière... mais à un moment, on se retrouve confrontés à ses choix de vie. Et la trentaine est la décennie faite pour cela.
En règle générale, lorsqu’une série s’intéresse aux routes non prises par leur héros, les regrets se portent sur le fait d’avoir privilégié une carrière au détriment de ses véritables envies ou de ne pas s’être donné les moyens pour honorer ses ambitions artistiques. Et lorsqu’on le héros suit sa destinée, il s’épanouit vraiment.
Je sais, c’est un cliché qui donne envie de vomir.

C’est le cas de Lauren Graham dans son autre série, Parenthood, où Sarah, la barmaid, écrit une pièce de théâtre à succès en une poignée d’épisodes. Et on tous d’accord, c’est insupportable à regarder.
La même Lauren Graham dans l’autre série d’Amy, n’a pas pu suivre des études supérieures à cause de la calamité qui allait porter le nom de Rory Gilmore. Elle suivra donc des cours du soir et réalisera ses rêves malgré l’adversité. C’est un peu moins insupportable mais ça baigne dans le bon sentiment bien gras.

Bunheads est une série plus sombre que Gilmore Girls. Pas uniquement parce qu’elle a un décès à son centre, mais par le message véhiculé par le chemin de son héroïne. Contrairement à Sarah dans Parenthood, Michelle s’est lancée dans le métier qu’elle aimait mais son ambition n’était pas à la hauteur de son talent.

Après dix épisodes, elle est une amie, un mentor, une associée mais au final, elle n’a pas changée. La série commence comme elle s’achève : Michelle fuit après un échec. Dans le pilote, elle rate son audition, et choisit la solution de facilité en suivant Hubble. Dans le finale, après avoir ruiné le couple de Fanny et le spectacle des danseuses, elle fuit de nouveau.

J’aime l’idée que Michelle soit une travailleuse, une meneuse, mais, au moindre problème, elle s’écroule. J’avais un peu peur que la série suive un schéma où Michelle arrive dans une petite ville et chamboule la vie de tout le monde.
Au final, quand on regarde cette saison une, on semble juste voir Michelle interagir avec les gamines, Fanny ou la sœur de Tyra de Friday Night Lights sans qu’il ne lui arrive grand-chose. Il a fallu attendre la finale pour que son arc avance enfin. C’est un choix un peu étrange mais qui fonctionne plutôt bien.

Il est résulte une quasi absence de réel conflit autour de Michelle. C’est là aussi la principale différence d’avec Gilmore Girls. Il n’y pas de relation conflictuelle avec Fanny (Kelly Bishop) contrairement à ce que le postulat de base laissait supposer. Ce n’est pas l’avis que Ju exprimait sur le forum, mais j’aime beaucoup les épisodes avec Bishop. J’aime cette idée que si elle ne peut pas être amie avec le quatuor de gamines et que la belle sœur de Tim Riggins soit un peu trop décalée pour forger une amitié solide avec Michelle, Fanny est la seule personne qui comprenne Michelle. Et jusqu’au finale, le contraire semblait aller de soi.

Le finale commence par Michelle qui surprend une Fanny difficile sur une chorégraphie de son spectacle le plus important, il s’achève sur la réalisation que Michelle a mis en danger le couple de Fanny. Mais là encore, il n’y a pas de réel conflit où Fanny renvoie Michelle, mais Michelle qui fuit alors que Fanny prend sa défense auprès d’une groupe de parents mécontents.

Dès son pilote, avec la mort de Hubble, Bunheads n’a cessé de me surprendre. Elle n’a jamais été ce que je pensais qu’elle ait être. Sous ses couverts de série sœur de Gilmore Girls, le résultat final est très différent.
Le seul reproche que je fais à la série est la scène onirique où Hubble parle à Michelle dans le finale. Je n’aime pas les scènes de rêves et celle-ci avec son « These four are fine » me paraissait bâclée. C’est dommage, car j’aimais beaucoup les scènes d’auditions de Michelle et surtout celle de Sacha sur « Istanbul (Not Constantinople) » des They Might Be Giants. Elles se suffisaient à elles mêmes, et ne nécessitaient pas qu’on enfonce une porte ouverte avec un rêve de Michelle.

Ah, et dernière chose, t’es gentille, Amy, mais maintenant que ta série est renouvelée, on est d’accord, tu le perds le numéro de Sean Gunn, hein ?

Conundrum
Notes

[1Tout comme Joss Whedon, c’est sur Roseanne qu’Amy a commencé, la sitcom.