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Cagney & Lacey - Bilan de la saison 5 de la série Cagney & Lacey

Bilan de la Saison 5: Such Complex Women

Par Jéjé, le 12 août 2017
Par Jéjé
Publié le
12 août 2017
Saison 5
Episode 24
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Pour sa saison 5, Cagney & Lacey renoue avec sa tradition d’une production tourmentée, même si sa commande au vu des audiences très solides de la précédente n’a jamais fait le moindre doute. Pourtant, à la fin du tournage de la saison 4, c’est la panique en coulisses : Tyne Daly vient d’annoncer qu’elle est enceinte tandis que s’agite le spectre d’une nouvelle grève générale des scénaristes à Hollywood.

CBS, qui se fait de moins en moins interventionniste au sujet des scripts des épisodes, tient tout de même à avoir une saison complète avec les deux personnages-titre dans tous les épisodes, une exigence qui ne peut être satisfaite si l’écriture et le tournage d’une partie des nouveaux épisodes s’engagent à la suite de la production de la saison 4.
Après avoir fourni les 9 premiers scripts de la saison, Terry Louise Fisher jette l’éponge et demande à être libérée de son contrat.
La grève est de plus votée début mars.

Si ces événements expliquent une structure moins fluide et moins homogène, ils vont permettre de créer une saison riche en expérimentations et toute aussi passionnante et satisfaisante que la saison précédente [1], d’autant que les tumultes de production se résorbent rapidement.

La grève ne dure finalement que trois semaines (les séquelles laissées par celle de 1981, de trois mois, causent de grandes dissensions dans les rangs des scénaristes) et Steve Brown, co-auteur de Terry Louise Fisher, seul à la barre de la writers room peut compter sur l’efficacité et le talent de Georgia Jeffries et Patrica Green, les étoiles montantes de la saison précédente.

Bousculée dans sa forme par un planning construit pour prendre en compte la grossesse et l’absence sur le plateau de Tyne Daly pendant quelques semaines, la saison se place cependant sous un thème général qui parcourt la plupart des épisodes, la filiation.

L’arrivée d’un nouvel enfant dans la famille Lacey, une fille, Mary Alice Christine, en constitue la déclinaison la plus évidente et l’une des plus réussies (même si elle est loin d’être la seule).
Elle est essentiellement dans ce cas utilisée pour le personnage de Mary Beth comme un moyen d’interroger son rapport à ses propres parents et plus particulièrement d’explorer les conséquences de l’absence de son père, qui, on l’apprend dans 5.03 - The Psychic, a abandonné sa femme et sa fille quand celle-ci était très jeune.
5.17 - Post Partum, l’un des plus beaux épisodes de la saison, présente une Mary Beth bouleversée par la nouvelle que son père cherche à la joindre. Elle va finir par le rencontrer et lui expliquer ce qu’est pour elle un parent, un rôle qui se construit chaque jour. L’impossibilité pour elle de se réconcilier avec lui et de lui offrir une petite place dans sa famille montre une colère et une souffrance qui donnent une dimension supplémentaire à l’importance que revêt pour le personnage depuis le début de la série d’être un bon parent. La façon dont elle envisage son rôle de mère n’est ainsi pas qu’une simple conformation au dictat de la famille traditionnelle, elle n’est pas une bonne mère parce que c’est la plus grande distinction à laquelle peut prétendre une femme, elle est menée par le désir de faire mieux que ses parents et d’assumer des responsabilités, responsabilités qu’elle a pu choisir.
Dans l’épisode, Mary Beth fait comprendre à son père, qui tente de justifier son départ, que sa mère, elle, n’a pas eu le luxe de finalement ne pas se sentir prête. Ce passage résonne avec celui de 5.06 - The Clinic dans lequel elle révèle qu’elle a décidé quand elle avait 19 ans de subir un avortement, à l’époque clandestin. Il fait ressortir à quel point pour elle avoir des enfants a été un choix et qu’elle souhaite l’assumer pleinement.
La difficulté de tenir son rôle de parent en étant guidé par une grande rigueur morale est au centre de 5.07 - Mothers & Sons, une des autres très grandes réussites de la saison. Lacey fait face à un fils qui refuse d’assumer ce qui est lui reproché (avoir lancé des pierres dans la vitrine d’un magasin) et à son mari pour lequel croire indéfectiblement en l’innocence de son fils fait partie de son rôle de père viril, et bien que torturée par la situation, elle reste ferme sur ses positions.
Ces développements d’une grande finesse humanise et complexifie un personnage qui reste aussi intéressant que celui de Cagney, qui par sa singularité initiale est plus enclin à déclencher chez le spectateur curiosité et sympathie.

Cagney, elle, atteint ses 40 ans dans cette saison. La série cesse de se focaliser sur les réactions de son entourage à son célibat, toujours présenté comme assumé et épanouissant, et s’intéresse davantage aux liens familiaux qu’elle a jusqu’à présent entretenus, avec Charlie, son père, ou délaissés, avec Brian, son frère qui vit en Californie.
5.08 - Filial Duty, l’épisode dans lequel Charlie est hospitalisé et où il devient clair que son alcoolisme met sa vie en danger à court ou moyen terme, lance un arc introspectif pour le personnage qui va s’étendre sur l’ensemble la saison et les deux prochaines.
Cet événement qui va forcer des retrouvailles avec son frère (5.09 - Old Ghosts) va la confronter à la décision qu’elle a prise tôt dans sa vie de ne se définir que comme la fille policière de son père et à l’influence que ce lien d’exclusivité qu’elle a créé avec son père peut avoir sur sa vie, particulièrement dans l’exercice de son travail et dans son rapport à l’alcool.
Dans cette saison, les désaccords idéologiques et éthiques entre Cagney et Lacey sont plus prononcés. On se rend compte que Cagney reproduit le mode de pensée et de fonctionnement de son père et qu’elle considère tout écart potentiel comme une trahison d’un père dont elle estime qu’il a déjà été suffisamment abandonné (par sa femme, d’un milieu beaucoup plus aisé, et par son fils).
Dans 5.06 - The Clinic, qui évoque l’avortement, elle se positionne en fonction de la culture catholique irlandaise de son père, dans 5.13 - Act of Conscience, elle reproduit l’esprit corporatiste de son père à l’encontre de son nouveau partenaire qui a dénoncé publiquement la corruption de ses collègues, dans 5.05 - Entrapment, elle reprend à son compte la philosophie paternelle de « la fin justifie les moyens » pour tenter d’appréhender un criminel.

Évidemment que la série repose dès le départ sur les conflits créés par les opposés, c’est le principe même du « buddy movie » sur lequel a été construit la série, la mère de famille progressiste vs. la célibataire réactionnaire, mais il est remarquable que les scénaristes aient tiré avantage de la dimension feuilletonnante de leur format pour apporter à cette opposition formelle de départ un aspect psychologique et social d’une grande intelligence.

La thématique de la filiation se retrouve encore avec le nouveau flic de la brigade, Jonah Newman, dont l’arrivée s’explique en coulisses par le décès de Sydney Clute, qui incarnait Paul LaGuardia, et par le besoin d’associer Cagney à un nouveau partenaire pendant le congé de Lacey.
Et si Paul LaGuardia représentait une figure paternelle (bien qu’elle n’ait été que très peu exploitée, probablement, en raison des problèmes de santé de l’acteur), Newman, plus jeune d’une dizaine d’années que les autres se retrouve à l’autre bout du spectre de la famille professionnelle.
Sa présence est relativement discrète en début de saison, il est une figure très en retrait dont le rôle principal est d’agacer Cagney par son enthousiasme juvénile. Peu à peu, il va se révéler le personnage de policier masculin le plus intéressant de la série. Il n’a pas de difficulté à évoluer dans un milieu professionnel mixte, c’est même pour lui un état de fait positif et il ne semble pas avoir de problèmes avec l’autorité des femmes, mais dans le même temps, il est montré comme déterminé à faire partie des « gars » de la brigade quitte à mimer parfois des réflexes tribaux pas très malin de ses collègues. C’est vraiment le fils spirituel de Cagney.
Le congé de maternité de Lacey permet de lui donner un peu plus de place le temps au cours de quelques épisodes atypiques. Dans 5.10 - Power, Cagney prend la direction de la brigade, ce qui mène à un échange savoureux entre les hommes.

Petrie : Admit it, you have trouble taking orders from a woman. You all do.
Isbecki : You’ve got to be kidding. I love women. Ask anybody in my little black book.
Newman : Anybody who grew up with my mother and my four sisters had to become a feminist.
Petrie : Right. That’s why you mentioned Cagney’s eyes.
Newman : So I’m a feminist and a nice guy.
Petrie : It wasn’t nice Newman, I was ‘come on’.

On constate bien l’ambivalence de Newman [2], une ambivalence d’autant plus compliquée qu’il commence à nourrir des sentiments romantiques envers Cagney. Ce développement donne lieu à un épisode doux-amer très réussi 5.11 - Play It Again, Santa dans lequel il se retrouve partenaire de Cagney sur une enquête.
Avec le retour sur le terrain de Lacey, la saison va délaisser le personnage.
Les variations autour de la formule que se sont autorisé les scénaristes ne vont pour autant cesser. Elles laissent une place de plus en plus grande à l’humour, voire le burlesque, avec plus ou de moins de réussite (si l’excursion de 5.20 - Capitalism de Cagney et Lacey à Los Angeles est très savoureuse, 5.18 - The Man Who Shot Trotsky est une parodie assez ratée des whodunits à la Murder She Wrote).
Newman prend une dernière fois une place importante dans 5.24 -Parting Shots, le dernier épisode de la série, qui retrouve un ton beaucoup plus sérieux puisque ce dernier y est tué.
Cet événement va permettre à la série d’avoir son season finale le plus réussi toutes saisons confondues.

Mais à partir de ce moment-là, il va manquer un petit quelque chose à la brigade de Cagney & Lacey.

Bilan des Épisodes

5.01 - 30 Sep 85 - On the Street (Cynthia Darnell) B
C&L recherchent activement une jeune fille de 15 ans dans une affaire de prostitution.

Un season premiere sympathique qui a la particularité d’annoncer sans trompette le fait que Lacey est enceinte depuis plusieurs mois (un choix judicieux des scénaristes pour éviter les scènes trop attendues de la découverte de la grossesse et pour pouvoir conserver Tyne Daly dans tous les épisodes de la saison) et qui offre à Cagney un reflet intéressant des motivations qui ont motivé ses choix de vie. La jeune fille, comme elle, est en rébellion contre sa famille et la vie rangée qui lui est préparée.

5.02 - 7 Oct 85 - Ordinary Hero (Robert Eisele) B
Lacey culpabilise d’avoir demandé une médaille pour la bravoure d’un serveur lors d’une arrestation, médaille qui a conduit les services d’immigration à l’appréhender.

Un épisode un peu trop didactique. Les échanges sur l’immigration entre C&L sont très tranchés (« on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » vs. « nous sommes tous des enfants d’immigrés ») et la famille d’immigrés un peu trop parfaite.
Les dix dernières minutes sont en revanche formidables. Quand le « héros » s’échappe de la garde des services d’immigration, il devient un fugitif. La brigade est complètement déprimée. L’épisode se termine sur un raid où Cagney découvre la famille et se tait.
Un peu de continuité : on retrouve le prêtre qui avait déjà aidé C&L dans une autre affaire avec des sans-papiers latinos.

5.03 - 21 Oct 85 - The Psychic (Debra Frank & Scott Rubenstein) C+
C&L sont forcées de travailler avec une voyante sur une affaire de disparition d’une femme.

Un épisode assez moyen qui ne vaut que par la fin « scoobidesque » qui démontre l’absence totale de surnaturel dans cet histoire (le mari avait engagé la voyante quand sa femme l’a quittée et quand elle est revenue il l’a tuée et a disposé son corps de façon à ce que la scène de crime corresponde à des indications évoquées par la voyante).
Il est assez amsuant d’entendre Cagney faire référence à la journée de 2.17 - Burn-Out de Lacey et de voir celle-ci se fâcher tout rouge.
Les discussions avec Harvey au sujet du père de Lacey qui l’a abandonnée sont le point de départ d’un arc très réussi de cette saison.

5.04 - 28 Oct 85 - Lottery (Steve Johnson) B+
C&L enquêtent sur une fraude aux tickets de loterie.

Un épisode beaucoup plus léger que d’habitude et très agréable. Une occasion d’explorer les aspirations des Lacey et une fois de plus de mettre à l’écran les problèmes d’une classe moyenne que l’on ne voit pas souvent.

5.05 - 4 Nov 85 - Entrapment (Kevin Sullivan) A
C&L se déchirent au sujet d’une erreur de procédure de Cagney qui risque de conduire à la libération d’un dealer de drogues.

Un épisode assez génial.
À commencer par le fait qu’il est inhabituel, en 1985 comme maintenant, qu’un criminel soit relâché suite à une erreur d’un des deux personnages principaux de la série. Mais l’intérêt de l’épisode n’est vraiment pas là : il est dans le conflit éthique qui met en péril le partenariat des deux femmes. La fin justifie-t-elle les moyens et Cagney peut-elle demander à Lacey de mentir sous serment pour y arriver ?
À l’audition finale, on pouvait penser que Cagney dirait immédiatement la vérité pour protéger Lacey, mais les scénaristes sont plus redoutables. Elle donne la version qu’elle a préparée et c’est Lacey qui la soutient. À ce moment-là seulement, Cagney révèle son erreur.
C’est parfait.
La sous-intrigue qui teste le partenariat de Viktor et de Petrie est assez fine : ce qui agite les deux hommes est le fait que Viktor ait révélé des détails de la vie privée de Petrie (on apprend au passage que sa femme l’a trompé), des soucis de ragots que l’on a plus souvent l’habitude de voir entre deux femmes.

5.06 - 11 Nov 85 - The Clinic (Judy Merl & Paul Eric Myers) C+
C&L sont chargées d’escorter une jeune femme à une clinique qui pratique l’avortement encerclée de manifestants avant d’enquêter sur son incendie criminel.

Un épisode assez décevant. La femme voulant interrompre sa grossesse n’a aucune épaisseur, l’enquête pas vraiment d’intérêt et l’intrigue se « contente » d’opposer les vues assez réactionnaires (car catholique) de Cagney à celle plus progressistes de Lacey.
Le seul moment vraiment réussi est celui où l’histoire personnelle de Lacey prend le pas sur l’enchaînement de passages obligés sur le sujet quand elle révèle avoir été confronté à l’avortement clandestin et avoir réussi à aller dans un pays étranger.
L’intrigue avec le chef qui apprend que son fils s’est marié et dirige mal qu’elle ne soit ni juive ni blanche (elle est thaï) n’est pas franchement enthousiasmant et n’existe peut-être que pour offrir un contre-point à la vision réactionnaire de la famille qui montrerait que c’est bien beau de vouloir faire des enfants, c’en est une autre de les accepter…

5.07 - 25 Nov 85 Mothers & Sons (Frank South) A
C&L tentent de convaincre une mère d’arrêter de couvrir son fils lors des procès qui lui sont intentés tandis que les Lacey font face au refus d’Harvey Jr d’assumer une erreur de jugement.

Un épisode formidable. Pas forcément subtil dans le parallèle des deux intrigues mais génial sur la façon dont la série explore le rapport à la vérité des parents en ce qui concerne leurs enfants.
Harvey ne supporte pas que Lacey envisage que leur fils soit coupable du larcin qui lui est reproché (lancer des pierres dans la vitrine d’un magasin). On constate qu’il s’agit pour lui d’une question de virilité de croire son fils d’autant plus importante qu’il n’a pas de travail en ce moment. Lacey est exemplaire (mais complètement torturée) : elle sait que son fils ment et espère simplement qu’il va parvenir à assumer ses actes.
Une fois que les Lacey ont la preuve du mensonge de leur fils, c’est le père qui va parvenir à expliquer ce qu’est la différence entre se défendre « like a man » et se venger.
Il y a au début de l’épisode un formidable échange entre Cagney et son mari sur « agir comme un homme ».
L’intrigue C entre Cagney et Newman, le nouveau policier de la brigade est assez amusante. On voit assez vite qu’il voit clair dans le jeu de Cagney mais ce jeu est assez amusant.

Les petits bonheurs de la continuité :
Lacey : When was the last time you sit up in a court of law and lied for somebody ?
Cagney : That was different.
Lacey : Why ? ‘Cause that was in the line of duty or because I was lying for you ?

5.08 - 2 Dec 85 - Filial Duty (Richard Gollance) A
C&L enquêtent sur le meurtre d’une vieille dame tuée dans l’appartement de la famille de sa famille tandis que Cagney est confrontée à la vieillesse de son père et à sa santé déclinante.

Encore un formidable épisode.
L’enquête se révèle tragique : c’est le petit-fils de la famille qui a tué sa grand-mère pour mettre un terme aux disputes de ses parents liée à la présence de l’aïeule dans le petit appartement.
J’ai adoré que cette révélation s’avère trop douloureuse pour Lacey qui décide de se mettre en « desk duty ».
Le parallèle de cette intrigue avec le père de Cagney qui est hospitalisé et qui demande de le laisser quand il en ressentira le besoin de mettre fin à ses jours est très réussi.
La rivalité de Cagney avec Newman, le nouveau de la brigade, est peut-être ce qu’il y a de moins réussi dans l’épisode (même si une fois de plus il déjoue habilement les stratégies de Cagney pour qu’il se sente mal).

5.09 - 9 Dec 85 - Old Ghosts (Georgia Jeffries) B+
Le frère de Cagney arrive à New York pour demander à Charlie de déménager avec lui en Californie pour sa convalescence au moment où Cagney est suspendue pour ne pas avoir gérer, selon un témoin, le braquage d’une épicerie.

Toujours très bon, même si les relations entre la famille Cagney sont un brin caricaturales. Il est à noter qu’il est agréable que Brian apporte le point de vue de la mère de Cagney dans cette histoire et que Lacey explique à sa partenaire qu’il est un peu problématique qu’elle se considère seulement comme la « fille policière » de son père et rien d’autre.
L’enquête est formidable. Lacey est « suspendue » par Samuels de ses tâches de bureau pour enquêter sur l’affaire dans laquelle Cagney est mise en cause et ne parvient pas à empêcher cette dernière de la suivre, ce qui crée une situation très amusante.
Le nouveau, Newman, se révèle une aide précieuse, même si son travail se fait hors champ.
Amusant également le fait que Harvey Jr veuille changer de prénom.

5.10 - 16 Dec 85 - Power (Patricia Green) A+
Cagney devient chef interim de la brigade tandis que Lacey est forcée de prendre un arrêt maternité.

L’un des meilleurs épisodes de la série.
On voit ainsi Chris Cagney assumer les fonctions de chef de brigade et se prendre les pieds dans le tapis. Elle se comporte tel qu’une femme imagine qu’elle doit se comporter pour se faire respecter des hommes, avec hargne et sans souplesse.
En commençant par forcer Lacey à prendre son congé de maternité (très joli dialogue sur le fait de faire vivre ce qui est un nouveau droit).
Elle est rapidement isolée, ne recevant même pas le soutien de Petrie.
Sharon Gless fait un boulot exceptionnel et on sent la terrible désillusion de Cagney d’imaginer qu’elle n’est pas à la hauteur de la tâche impossible dont il lui est demandé de s’acquitter.

5.11 - 23 Dec 85 - Play It Again, Santa (Deborah R. Baron) B
Cagney & Newman enquêtent sur la disparition de chanteurs de rue tandis que Lacey découvre qu’elle a l’obsession de pouvoir nager.

Un épisode assez amusant dans lequel on suit avec délice les déboires sentimentaux de Cagney avec sa résolution inattendue (Newman qui a développé des sentiments pour elle, oublié sur le trottoir).
Tout ce qui concerne Lacey est très touchant et réussi.
Seule l’enquête n’est pas très enthousiasmante et la contrainte d’y associer Noël la rend souvent artificielle. Il est amusant d’avoir Daniels demander à Cagney de la résumer en moins de 30 secondes.
NB : L’épisode est réalisé par Charlotte Brown, la showrunneuse de Rhoda.

5.12 - 6 Jan 86 - Rebukes (aka The Rapist) (Judy Merl & Paul Eric Myers) A
Cagney enquête avec l’aide d’une jeune policière sur une série de viol tandis que Lacey se prépare à faire un discours sur le congé maternité au sein du département de la police.

Formidable épisode, qui explore un nouveau partenariat entre Cagney et une jeune femme dont l’ambition est similaire à la sienne (Newman évoque avec amusement le fait que le département est en train de cloner Cagney). On découvre que l’implication de la jeune femme dans cette affaire est liée au fait qu’elle a été violée récemment et qu’elle culpabilise de ne pas avoir été capable de se défendre elle-même. Elle est suspendue mais la conclusion très sombre de l’épisode (elle tue le suspect, intouchable puisque blanc et riche) montre que le département est incapable de s’occuper de ses membres les plus fragiles.
L’intrigue plus légère où Lacey angoisse à l’idée de faire un discours fait cependant écho à l’histoire principale et traduit le fait que les mentalités évoluent très lentement quant à la place des femmes dans la police et que persistent l’idée que les femmes sont trop fragiles (force physique et grossesse) pour être des policiers à part entière.

5.13 - 13 Jan 86 - Act of Conscience (Frederick Rappaport) A+
Cagney est forcée de faire équipe avec un policier qui a dénoncé publiquement la corruption de ses collègues.

L’un des meilleurs épisodes de la série.
Cagney et son nouveau partenaire (interprété par Michael Moriarty, Ben Stone dans Law & Order) se retrouvent à tenter d’obtenir du membre d’un gang le moins impliqué dans le meurtre d’un homme le nom de ses complices. Le discours de Cagney fait écho à la situation dans laquelle se trouve son partenaire, rejeté de façon très brutale par l’ensemble de la brigade.
Cagney en vient à se demander si sa dénonciation du harcèlement de son supérieur (dans la saison précédente) était finalement à-propos et a du mal à entendre Lacey lui expliquer que ces deux choix sont ceux de personnes droites.
La scène finale est glaçante et géniale. Le partenaire quitte plus tôt que prévu la brigade et tous les policiers, de Isbecky jusqu’à Newman, se mettent à frapper de façon répétitive et à l’unisson des objets contre leur bureau ou un mur. Cagney ne dit rien, Samuels s’enferme dans son bureau, jusqu’au moment où Cagney se lève et va serrer la main de son partenaire.
Cet épisode nous rappelle que la série n’a pas un regard complètement angélique sur le fonctionnement de l’institution policière et qu’elle est capable de pointer un corporatisme et un esprit clan néfaste à son rôle.

Cagney : May be in the end, only God knows… Yes, she’d know.

5.14 - 20 Jan 86 - DWI (Les Carter & Susan Sisko) B+
Lacey tente de faire annuler l’accord entre un chauffard ivre qui a renversé le fils de sa voisine et la bureau de procureur en mettant Cagney, en rotation de nuit, sur le coup.

Un très bel épisode, malheureusement gâché par des scènes supposées burlesques de la brigade la nuit au delà du poussif.
L’intrigue du chauffard ivre se révèle un très bon moyen pour la série d’explorer la consommation d’alcool de Cagney et de remettre la relation entre les deux femmes au centre d’un épisode.
Quand elle est un peu fatiguée de poursuivre l’obsession de Mary Beth, une dispute éclate entre elle au sujet de l’alcool. Une réplique au premier abord inoffensive va conduire Cagney à s’interroger Cagney sur son rapport à l’alcool. Dans une scène très réussie, elle évoque la découverte de l’alcoolisme de son père (Sharon Gless fait un boulot formidable).
Et une nouvelle fois, l’intrigue tient simplement par les dilemmes moraux auxquels sont confrontés leurs protagonistes. Dans celui-ci, il s’agit de convaincre une témoin, la maîtresse du conducteur, de rapporter ce qu’elle sait.

Lacey : Three drinks, that’s nothing for you, but that’s enough to be legally drunk.
Cagney : What’s that supposed to mean ?

Cagney : Sometimes you says things without really saying them.
Lacey : Sometimes you hear things that aren’t there.

5.15 - 27 Jan 86 - The Gimp (Norm Chandler Fox & Cynthia Darnell) C
Cagney enquête sur une série d’agression de personnes en fauteuil roulant tandis que Lacey va à reculons à une « baby shower » en son honneur.

Un épisode trop didactique, à mon goût. Pour Cagney, c’est « vis ma vie » en fauteuil roulant. La façon dont elle est séduite par le lobbyiste des personnages handicapées est attendue et peu crédible.
L’agressivité de Lacey n’apparaît pas non plus naturelle.
Dommage.

5.16 - 10 Feb 86 - Family Connections (Georgia Jeffries) C+
Lacey est sur le point d’accoucher tandis que Cagney et Isbecky font le point sur leur vie de célibataire.

Une intrigue policière réduite au minimum : Isbecky et Cagney essaient de coincer un délinquant avec des écoutes téléphoniques.
L’agression qui mène Isbecky à se poser des questions sur ses priorités dans la vie n’aboutit à rien de réussi : au lieu de lui apporter un peu de profondeur, il apparaît encore plus « douchy » que d’habitude.
La réaction au fait que Charlie lui ait caché la femme qu’il fréquente depuis quelques mois n’apporte pas non plus grand chose à Cagney. Quant aux gags qui veut que Cagney enchaîne les bourdes sur le trajet qui Lacey à l’hôpital, ils sont aussi convenus que le reste de l’épisode (le mauvais trajet, la panne sur le pont, l’ascenseur qui se bloque…) Seul le taxi que refuse de les prendre quand il découvre que Lacey est enceinte et le fait que cette dernière note sa plaque entre deux contractions est un moment réussi.
Il faut attendre les dernières minutes quand Cagney cède sa place à Harvey dans la chambre d’hôpital pour que les choses commencent à fonctionner.
Assez amusant de voir Cagney dans la salle d’attente discuter avec un clone de Michael de thirtysomething.
Et bon, le « This is Alice Christine Lacey » parvient à mettre la larme à l’oeil.

5.17 - 17 Feb 86 - Post Partum ( Liz Coe & Steve Brown) A
Mary Beth est bouleversée et pleine de colère quand elle apprend que son père cherche à la joindre tandis que Cagney joue les détectives privées sur son temps libre avec son petit ami avocat pour prouver l’innocence d’un jeune homme accusé de trafic de drogues.

Un épisode formidable.
Les scènes induites par l’arrivée du père de Mary Beth sont formidables : la colère froide dont elle fait preuve face à Cagney qui a donné l’information, non à elle, mais à Harvey, est splendide.
Celle où elle le rencontre, l’écoute et avec la même colère lui explique qu’une famille, ça se construit, est déchirante. C’est impressionnant et génial que la série aille jusqu’à refuser une réconciliation avec une figure paternelle. Et la façon de le faire est parfaite. Le personnage ne verbalise pas le fait que sa mère n’a pas eu le luxe de « ne pas se sentir prête » pour élever un enfant, la série nous le fait comprendre, c’est génial.
Mais la meilleure est celle de la fin quand Mary Beth parle à Alice et lui dit à quel point elle a aimé son père et à quel point son départ la fait souffrir.
L’enquête plus légère avec Cagney qui parvient à faire abandonner le DA ses poursuites est un joli contrepoint.

Cagney : « I hate when you act like me ».

5.18 - 3 Mar 86 - The Man Who Shot Trotsky (Peter Lefcourt & Kathryn Ford) B+
Cagney fait d’un jeune délinquant repenti un indic’ sur lequel elle met une grosse pression en vue d’appréhender celui qu’elle avait laissé échappé dans 5.05 - Entrapment tandis que Lacey et Harvey peinent à trouver du temps pour une soirée en amoureux.

Un formidable épisode, à l’exception de ce qui touche à l’intrigue titre, une vague de coup publicitaire d’un auteur de pièce de théâtre pas clair du tout.
Le reste est très bon : on revient à la problématique d’utilisation des indic’ déjà abordée en fin de saison 2 et voir Cagney enclencher la mort de son indic’ pour effacer une humiliation personnelle est vraiment dur.
L’image finale, son visage aux yeux embués à une cérémonie qui la distingue pour son efficacité, est terrible.

5.19 - 10 Mar 86 - Exit Stage Centre (Steve Johnson & Jeff Nelson) C
C&L enquêtent sur le suicide d’une actrice de Broadway.

Un épisode qui se veut une parodie des whodunit à la Arabesque mais qui se prend les pieds dans le tapis. L’épisode est aussi ennuyeux que la formule dont il se moque.
Quelques répliques amusantes, mais la quête de Samuels pour un date est gentiment machiste. Quand Cagney lui demande quel est son type de femme, il n’a aucun complexe à commencer par le fait qu’elle doit être belle et que si elle est plus jeune que lui, ça ne sera pas un problème…

Restent quelques répliques réussies :
Cagney : May be the next Pope will be a woman.
Cagney : Where is Mrs Marple when we need her ?
Cagney : Too bad there’s no butler !

5.20 - 7 Apr 86 - Capitalism (Frederick Rappaport) A-
C&L enquêtent sur le meurtre d’un immigré cambodgien devenu usurier au sein de sa communauté tandis que Cagney tente de rassurer Harvey dont le projet de construction est stoppé à cause du temps.

Un très bel épisode sur la dureté de la vie des classes pauvres et moyennes en milieu urbain. L’enquête montre à quel point l’exploitation des masses immigrées se fait de toute part (les privilégiés et à l’intérieur de leur communauté) et crée du ressentiment chez ceux qui s’en sortent à peine.
Du côté des Lacey, la précarité de l’emploi de Harvey, le bas salaire de Lacey mettent leurs espoirs d’amélioration à dure épreuve et conduit à une très belle scène où Lacey pointe à Cagney l’impossible compréhension que cette dernière pourrait avoir pour ses problèmes (avec son trust fund) et à une autre, géniale, où elle craque dans les toilettes de la brigade : elle est épuisée par le fait de devoir garder chez elle une apparence optimiste et de porter son mari à bout de bras quand elle n’y croit plus vraiment.
Et pendant ce temps là, Cagney tente de vendre sa voiture et à quelques scrupules à faire de l’argent avec un véhicule qui ne marche vraiment pas (jolie image où elle baptise chez elle au champagne la compression de sa voiture).

5.21 - 5 May 86 - Extradition (Bob Rosenfarb) B+
C&L sont coincées en Californie après qu’un prisonnier qu’elles devaient escorter jusqu’à New York échappent aux locaux.

Un nouvel épisode différent de d’habitude, beaucoup plus réussi que 5.19 - 10 Mar 86 - Exit Stage Centre.
La vision de la Californie, un point forcée, est savoureuse et les réactions de Mary Beth, en newyorkaise de base, hilarantes.
On retrouve le frère de Cagney, on découvre sa fille dont on avait entendu qu’elle voulait devenir policière et le regard très dur de son père sur la vie de la soeur (avant réconciliation), on se ballade à Beverly Hills, et entre deux blagues sur la Californie on a un petit discours sur l’utilité de la prison ;-)
(Avec une happy end, le gentil délinquant n’est plus poursuivi à New York !)
Rigolo d’entendre Lacey mentionner le nom de l’actrice décédée dans l’épisode précédent.

La vendeuse : Are you in the industry ?
Lacey : I’m a detective.
La vendeuse : In what series ?

5.22 -12 May 86 - A Safe Place (Georgia Jeffries) B
C&L sont à la recherche d’un jeune homme qui a dérobé une valise rempli de plutonium tandis que les Lacey achètent une maison et Cagney « fête » son anniversaire.

Un épisode plutôt réussi sur l’incertitude de la vie. Le discours que tient Lacey à son fils sur le fait qu’on ne peut jamais savoir si ce que l’on va entreprendre va réussir résonne différemment quand elle se rend que la menace nucléaire peut toucher son propre quartier.
On s’en doutait dès le début mais on voit Cagney réagir avec anxiété au fait d’arriver à son 40ème anniversaire.

5.23 - 25 May 86 - Model Citizen (Hannah Louise Shearer & Patricia Green) B
C&L enquêtent sur la mort d’un syndicaliste au dessus de tout soupçon tandis que la nièce de Cagney débarque inopinément à New York et que Lacey se retrouve avec une nanny anglaise pour une semaine.

L’intérêt majeur de l’épisode vient de la découverte par Cagney de la difficulté d’agir en parent responsable pour une jeune adulte. L’angoisse d’être prise pour modèle par sa nièce est très bien amenée mais il est agréable de la voir mature et loyale envers son frère.
La sous-intrigue avec la nanny justifie l’intrigue policière principal (assez fade) puisqu’elle est montre que son travail rend Lacey un brin paranoïaque en la forçant à suspecter même les plus gens à l’abord le plus intègre.

5.24 - 26 May 86 - Parting Shots (Liz Coe) A-
La brigade gère difficilement la mort par balle de Jonah Newman, particulièrement Cagney sur laquelle se repose Samuels pour toute les démarches impliquant la famille de Newman.

Un épisode très réussi et sûrement le meilleur season finale jusqu’à présent.
Mis-à-part la réaction d’Al, le partenaire de Newman, trop forcée et probablement peu aidée par le jeu approximatif de l’acteur, tout fonctionne dans cet épisode, particulièrement les scènes de « décompression » humoristiques où certains éprouvent le besoin de rire au moment où d’autres sont à ce moment-là enfermés dans leurs tristesse et leur colère.
La façon dont Samuels se décharge sur Cagney est très bien vue, tout comme celle où Cagney a du mal à être le spectateur des rituels de deuil (exprimer à quel point la personne disparue était formidable, se remémorer des souvenirs…) avant qu’elle ne confie qu’elle n’apprécait pas Newman à Lacey dans la scène finale dans les toilettes.

Le chef du lieutenant : Then when you loose one cop, every cop is this country loses a brother. Or a sister.
Cagney : Great time to get enlightened.

Jéjé
P.S. Je crois bien que c’est ma saison préférée !
Notes

[1Cagney & Lacey obtient avec cette saison son 2ème Emmy de meilleure drama.

[2On constate également qu’à cet époque, en tant que personnage noir, Petrie ne peut être qu’exemplaire à tous points de vue et incarne une figure masculine idéale…