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Dexter - Critique de l'épisode 7 de la saison 2

That Night, A Forest Grew: Clusterfuck Creator

Par Blackie, le 12 décembre 2007
Publié le
12 décembre 2007
Saison 2
Episode 7
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Allez, je l’avoue, la Ann Coulter très mal cachée tout au fond de moi est ravie que CBS compte diffuser Dexter, en primetime qui plus est. Après un montage nécessaire virant toute scène comprenant de la nudité, de la violence et des mots pas très polis, sans compter celles où Astor et Cody encouragent l’obésité infantile en mangeant des donuts devant la télé, je pense que la chaîne pourra faire un superbe combo en coinçant la série entre Ghost Whisperer et CSI:Miami. Franchement merci CBS, je vais enfin pouvoir regarder Dexter avec ma grand-mère !

En attendant, sur Showtime, on peut toujours profiter des fesses dignes d’un Emmy de Michael C. Hall. Surtout lorsque l’épisode s’ouvre sur une scène de sexe entre Dexter et Lila, où le directeur de la photographie fait une fois de plus un superbe travail en créant des ombres semblant former des araignées géantes sur leurs corps. Rappel du Super Duo évoqué précédemment, symbole évocateur de leur nature ou bêtement un très joli effet, à chacun de se prendre la tête comme il veut. Mais le simple fait de chercher des significations ou des indices dans le moindre élément visuel ou sonore est ce qui rend la série d’autant plus jouissive à mes yeux. Son souci du détail permet au fan obsessionnel en chacun de nous de se libérer à chaque visionnage comme, allez au hasard, la bonne époque ou Whedon bossait à la télé. Cela ne m’aide pas à écrire ces reviews, mais en tant que spectatrice je m’éclate.

The Dark Defender vs Captain Bulldog

Parce que Dexter est un homme, un vrai, avec du poil (copyright Drum), il continue à prendre en main sa situation.
Non, ce n’est pas une métaphore.

Dex adresse d’abord une lettre à la police signée du Bay Harbor Butcher, afin de les mettre sur des fausses pistes et de créer le chaos. Etant donné que 80% de l’équipe de Lundy est composé de Trekkies et du seul asiatique de la télé au QI de moins de 160, le plan marche dans un premier temps. Ce qui nous vaut une fierté peu cachée, faite de regards dédaigneux dignes d’un perdusien.

Dexter se la pète grave et ça se voit

Mais c’était sans compter sur Batista, champion de nombreux concours Mickey Enigmes, et sur ce vieux routard de Lundy ! Eh, on la fait pas à un mec qui a déjà vécu deux guerres mondiales. C’est donc bien beau d’avoir des initiatives, mais le résultat n’est absolument pas celui escompté puisque Dex fournit aux flics un indice supplémentaire.

Nous qui sommes en permanence plongés dans les pensées de Dexter, il est tout de même étonnant de découvrir ce plan après son exécution. Notre Vengeur devient imprévisible jusqu’à nous cacher des éléments, nous qui sommes censés tout partager avec lui, et semble nous échapper. Le sentiment de dédoublement qu’il a encore est renforcé par cette sensation que le Dark Passenger a pris vie à côté. "Je ne sais pas ce que mon alter ego avait en tête quand il a écrit cette merde" dit-il. Il n’empêche que même en croyant faire n’importe quoi, le Dark Passenger révèle sa snobitude (si si, ce mot existe) mais surtout qu’il connaît les méthodes des forces de l’ordre. Ah bravo. Il est un peu boulet cet alter ego, il est joué par Ali Larter ou quoi ?

Dexter se débrouille bien mieux dans l’improvisation, comme lorsqu’il se sert d’une affaire d’homicide pour aggraver la réputation instable de Doakes. Excusez-moi de résumer vulgairement ce point de l’intrigue mais j’ai juste envie de dire : wow. La tension entre Dexter et Doakes n’a pas cessé de grimper cette saison, mais à petits pas, sans revenir forcément dessus à chaque épisode. Cet énorme pas en avant dans leur mésentente a donc le même effet que le coup de tête balancé par Dex.

Celui-ci arrête enfin de faire semblant face au sergent, sort des catchphrases jouissives du style "I own you" (j’ai envie de citer des dialogues aujourd’hui) et la bagarre qui en résulte est un avant-goût d’une confrontation attendue fébrilement. Parce qu’il est impossible de faire un réel choix entre eux, l’excitation quand à l’issue est à son comble. Bien que Doakes perde cette fois-ci, ils sont finalement sur un pied d’égalité en intelligence comme dans leurs faiblesses. Là où la peur fait commettre des erreurs à Dex, c’est la colère qui est fatale au sergent. Même si celui-ci mérite des points en moins pour avoir été naïf au point de croire que l’animosité entre eux ne viendrait pas se mettre en travers du travail d’analyste, il les rattrape avec la meilleure réplique qu’on lui ait jamais donnée : "Bullshit, I never laugh." James, je vais finir par t’apprécier si tu continues.

The British Bitch with Trashy Tits

Les scénaristes nous placent une fois de plus le cul entre deux chaises (comme avec à peu près tous les éléments de la série, hein) en ayant parfaitement calculé le moment de l’union entre Dexter et Lila. Celle-ci a apporté des bouleversements bienvenus et permis de transformer significativement notre anti-héros dans sa façon de penser et d’agir. La félicité du couple Dex/Rita du début de saison n’était pas franchement excitante à regarder, voir ce schéma bousculé est forcément plus passionnant.

En même temps, elle débarque à un moment de la série qui la met directement en compétition avec un personnage bien installé. Rita est plus que son contraire, elle est associée comme la moitié de Dexter depuis une saison et demi, ayant ainsi eu le temps de gagner l’affection du spectateur, qui l’a vue considérablement évoluer à ses côtés. Il est évident que les sentiments mitigés que l’on peut avoir face à Lila n’auraient absolument pas eu le même effet si elle était arrivée il y a un an. Le parcours suivit par Lila est donc clairement écrit pour qu’elle devienne antipathique. En plus d’être anglaise, une tare quasiment impardonnable, elle a constamment le mauvais rôle, celui de la femme qui débarque et s’impose, et c’est ainsi que Debra perçoit également la situation.

Debra ne connaît rien d’elle, à part qu’il est plus que probable qu’elle soit à l’origine de la rupture entre son frère et la femme qu’elle considérait comme une belle-sœur. Son attitude visiblement décomplexée et peu impressionnée par le statut de Debra (lécher les bottes de la famille est toujours important !) la pose d’autant plus en antithèse de Rita en moins de deux minutes. En engueulant son frère, Debra exprime les sentiments et les inquiétudes du spectateur.

C’est pourtant maintenant que la caractérisation de Lila se modifie et qu’elle cesse un peu d’être la ’femme étrange et mystérieuse’ de service. Son art jusque là personnel s’avère digne d’intérêt aux yeux du monde, son côté rentre-dedans devient drôle lors d’un dîner romantique, et elle offre une conclusion réconfortante à Dexter sur son addiction, mettant ainsi une sorte de terme à son rôle de sponsor. Lila en petite-amie banale semble tout à coup plus sympathique.
La chute n’en devient que plus forte lorsque Dexter réalise ce qui nous était suggéré depuis longtemps : Lila aime littéralement jouer avec le feu et est prête à aller très loin pour obtenir ce qu’elle veut. Qu’elle comprenne Dexter a un autre niveau est une chose, mais qu’elle le manipule autant que lui manipule les autres devient un problème. N’oublions pas que Dexter aime être celui qui a le contrôle et si Lila a le potentiel d’être un bon compagnon de jeu, le traiter comme un pantin est une limite qu’elle ne peut franchir.

Contrairement au sergent Doakes, Lila se dirige grandement vers la catégorie des personnages sans autre issue que la trucidation. Etre anglaise, contrairement aux fautes de langage, ça ne se pardonne pas.

You’re out, auf wiedersehen !

Tous les prénoms commençant par un G sont priés de dégager !

J’aime beaucoup JoBeth Williams, je n’ai rien de particulier contre son personnage, mais elle n’a pas apporté autant de conflit que je l’espérais. Certes, elle nous en a appris un peu plus sur la vie de Rita en dehors de Dexter, a rappelé les faiblesses de sa fille autant que la force qu’elle a développé depuis un an, et lui a permis d’exprimer son point de vue à quelqu’un d’autre qu’à son porte-manteaux. C’est aussi une femme stressante, dont le rôle de prof froide et autoritaire ne s’arrête jamais et il est facile d’imaginer le genre d’enfance qu’a eu Rita. Il est d’ailleurs bon de voir que celle-ci ne nous sort pas les mouchoirs à cause de sa rupture et en profite pour enfin envoyer balader sa mère pour la première fois de sa vie.
Tout ça c’est bien, mais on n’a plus tellement besoin de toi maintenant, Gayle. En plus tu fais grimper le taux de vieillards dans la série et Lundy est bien suffisant.

Les Bennett ne restent pas très longtemps en dehors de la vie des Morgan, ce qui aurait été franchement ennuyeux, grâce à Astor et Cody. Ils viennent remettre en mémoire qu’ils sont une part importante de l’ancien couple Rita/Dexter, n’ayant jamais été pour lui ’que’ les enfants de sa petite-amie. Alors qu’il se servait au départ de Rita comme d’une façade de vie banale, ses enfants ont toujours été les premiers à faire ressortir sa part d’humanité difficilement accessible. Même si le Dexbot a quasiment disparu depuis, Astor et Cody ont toujours une place privilégiée, un lien indispensable que Lila ne pourra jamais réussir à briser simplement parce qu’elle ne peut lui fournir d’équivalent.

Celui qui se retrouve out également, à ma plus grande joie, c’est ce cher Musclor. Lorsque je parlais de la fin de la relation entre Debra et Gabriel dans ma review précédente, c’était bien sûr sur un plan émotionnel, et pas du tout parce que je me mets à confondre les épisodes, oh non. Je suis bien trop pro pour cela voyons, c’est comme les phrases un peu vagues pouvant confusionner, j’en suis incapable !

Bref, jamais Debra n’a aussi bien formulé ses peurs, ses envies, ses certitudes, et cela sans ne plus attendre de conseils en retour. Qu’elle rompe avec Gabriel ou avoue ses sentiments à Lundy, c’est avec tact, douceur et intelligence, sans oublier une bonne dose de jurons qui nous font l’aimer encore plus. Il est d’ailleurs bon de relever ses propos lors de la rupture : Gabriel a toutes les caractéristiques idéales, sous-entendu par rapport à Lundy, mais n’est pourtant pas la personne dont elle a besoin. L’enchaînement de cette scène sur le couple Dexter/Lila n’a rien d’anodin. Le fait est que Dexter, lui, navigue plus que jamais dans le chaos et ne peut ainsi pas réaliser que malgré tout ce qui pointe Lila comme la compagne idéale, quelque chose cloche.

Debra et Lundy deviennent donc le parfait contrepoint. Leur premier baiser est une scène idéale pour tout shippeur dans mon genre car d’une tendresse incroyable. Ils se parlent en toute franchise, s’embrassent, puis finissent chacun leur sandwich sur leur petit banc. S’enchaîne ensuite l’exposé de Cody où Dexter retrouve un instant sa place au sein de la famille Bennett. Le calme revient également pour lui et son appréciation du moment n’a rien de feinte. Son ancienne façade de vie idéale était belle et bien devenue une réalité sans qu’il s’en rende compte. La perdre aura peut-être été le moyen de le réveiller. "The truth speaks from a peaceful place." Ils sont quand même un peu bons ces scénaristes, vous ne trouvez pas ?

Blackie