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Dexter - Critique de l'épisode 5 de la saison 3

Turning Biminese: Golf à deux et pêche en solo

Par Blackie, le 12 novembre 2008
Publié le
12 novembre 2008
Saison 3
Episode 5
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Alors, gros choc inattendu ? Excitation de voir vos suspicions s’avérer bonnes ? Ou simple lever de sourcil devant une révélation un peu trop vue venir ?
Personnellement, ayant été spoilée par cette idiote sans opinion de Kristin Veitch à cause d’un incident survenu sur le tournage, la surprise me fut gâchée. La scène en elle-même n’en fut pas moins intéressante, mais il n’empêche que les spoilers sont une plaie !

The Dynamic Duo 2.0, garanti sans rosbeef

Tout se joue cette fois-ci à cause de Miguel, véritable chef d’orchestre de l’épisode. Son comportement se fait étrange, à confier un peu trop son souci devant un meurtrier échappant au système, relatant bien les éléments du problème, mettant l’accent sur l’injustice que cela représente et sa rage face à cela… Si cela ne vous a pas rendu suspicieux une seule seconde, vous deviez être vraiment dans le pâté ce jour-là. Il revient constamment sur ce sujet, jusqu’à passer un coup de fil dans cet unique but et débarquer à la marina au moment où Dexter s’apprête à s’occuper du problème.

Dex, lui, n’est même pas montré en train de chercher lui-même la culpabilité du mec, ni de le confronter à ses crimes. Il ne se fie qu’à la parole de Miguel. Mais j’aime beaucoup la scène de l’exécution avec le petit rituel avec le plastique, le changement de vêtements, l’horreur des morceaux de cadavre jetés à l’océan venant rappeler la monstruosité de l’acte… un moment totalement familier et rassurant (ça sonne tordu, mais on se comprend). Les ellipses pratiques, les bons sentiments familiaux, les parties de golf et le sirotage au country club, ça va un moment. L’image du père de famille bourge qui trucide entre deux achats de pampers a besoin d’un vrai contrepoids.

La séquence durant laquelle Miguel révèle avoir compris les agissements de Dexter, sur lesquels il n’a pas simplement des soupçons mais a bel et bien enquêté, est parfaite dans sa tension. L’évidence du mensonge sur le visage et dans la voix de Dex sont si évidents et inhabituels qu’il y a de quoi suer. La peur s’apaise heureusement lorsque Miguel révèle l’avoir poussé dans cette direction et approuve son geste. Ce qui peut mener à se demander, durant un court instant, s’il est sincère et ne lui tend pas un piège. On n’est jamais à l’abri d’un twist.

C’est aussi que je ne trouve pas l’assistant du procureur extrêmement convaincant, même si c’est probablement plus dû au manque d’informations sur le bonhomme que le jeu de Jimmy Smits. Avoir eu un père abusif est traumatisant, mais pas forcément au point de transformer en meurtrier, en témoignent Cody et Astor. Cela n’est pas une explication aussi acceptable pour le spectateur (qui n’a pas forcément un diplôme en psycho en poche) que d’assister au massacre à la tronçonneuse de sa mère et baigner dans une flaque de sang durant des heures, qui permet de mieux croire comment les cerveaux de deux enfants peuvent être irréversiblement perturbés.
Miguel est aussi un homme de loi enragé dès que le système failli, mais ce n’est pas pour autant qu’on verra le Jack McCoy de Law&Order péter un câble du jour au lendemain. Qu’est-ce qui le rend spécial ? Qu’est-ce qui lui permet d’accepter plus facilement que les autres cette justice personnelle ? Le comparer à Dexter est sûrement une erreur, il ne vaut mieux peut-être pas le prendre au mot lorsqu’il affirme être identique. Il se rapproche très certainement plus d’Harry Morgan, dans le sens où il n’agit pas lui-même mais encourage quelqu’un d’autre à le faire. Doit-on en conclure qu’Oscar était peut-être aussi sa marionnette, qu’il envoyait tuer Freebo ? Cela expliquerait son besoin de remplacement, qui le fit s’accrocher à Dex dès le départ, en qui il reconnu un autre prédateur. On peut spéculer autant qu’on veut.

Miguel est si enthousiaste, si optimiste dans sa façon de s’exprimer qu’il dégage une impression décalée, comme s’il ne saisissait pas l’impacte de ce qu’il dit. Mais il est aussi très séducteur dans son approche, donc doué pour berner les autres. Difficile à cerner, c’est ce que je disais. C’est évidemment beaucoup plus facile de saisir une personnalité psychopathe lorsqu’on a un regard ténébreux et une voix caverneuse, plutôt que des airs de Teletubby prêt à applaudir en sautant pour féliciter Dexter. Eh, au moins on n’a pas de Rudy 2.0.
La saison semble en tout cas enfin avancer avec ce nouveau partenariat d’assassins.

Côté bébé, pas trop. Dexter réalise ce que laisser tomber son appartement signifie. Dexter imprègne qu’il va être père d’une petite boule de chair rose informe... Hmm, c’était pas déjà fait depuis un bail ?
En voyant son comportement, tout ce que je me suis demandée est ce que Rita fiche encore avec lui et ce qui peut bien la pousser à l’épouser. Cela avait du sens en saison 1, mais même avec les progrès qu’il a faits, il est encore largement en décalage par rapport à elle, et qu’elle ne s’en rende pas compte me surprend. C’est sûrement les hormones, ça rend pas super malin. J’aurais préféré qu’elle perde le bébé, à ce point cela n’aurait pas changé ce qui amené concernant l’évolution du couple. Avoir une fausse alarme pour obtenir une épiphanie, c’est un peu trop convenu.

Je tiens à ajouter à ce paragraphe, parce que ça ne va pas ailleurs, que les apparitions d’Harry Morgan me sont de plus en plus pénibles. Elles ne sont que des manifestations des questionnements de Dexter au même titre que sa voix off, ce qui me paraît n’être qu’un artifice de plus inutile et une simple excuse pour donner quelque chose à James Remar. Je n’ai plus aucun plaisir à le voir. Non mais, sérieusement, Harry qui passe de la crème sur le dos de Laura ? Qu’on me rende des flashbacks à perruques ou rien du tout !

Sans aucun rapport avec les X-Files

La troisième victime du Skinner est retrouvée, mais comme il s’agit cette fois-ci de l’affaire du Département du Shérif (me demandez pas pourquoi), une coopération se fait avec la Miami Metro Police. L’important là-dedans est que Ramon sert comme par hasard de liaison avec la MMP et que Masuka découvre que la dernière victime n’est qu’une copie du mode opératoire du Skinner. Conclusion à en tirer ? Tout pointe vers la culpabilité de Ramon, qui aurait monté ce coup pour être enfin au milieu de l’investigation liée à Freebo. Ils ont l’air de bons petits gars les Prado. Donc cette saison on remplace la drogue par le danger des immigrés, j’ai bien compris ?

On suit également les tentatives d’interrogation par Debra de Wendell, le gamin qui garde la maison de Freebo et fait rentrer les clients. Tentative échouée probablement par la faute de Quinn, qui grave à jamais le mot "connard" sur son front lors d’une pseudo-défense de Debra à vomir. Il n’empêche, l’influence de ses méthodes empathiques fonctionnent bien et elle retire de lui au moins une chose positive.

Je vois bien que la déprime de Masuka est sensée le rendre plus attachant et son moment héroïque mettre du baume au coeur. Après tout, il fait partie de l’univers au même titre que les autres et mérite autant de traitement. Mais cela ne m’a pas intéressée une seconde et je préfère le garder comme distraction comique occasionnelle.
Même chose pour Batista qui, bien que je l’adore, ne suscite aucun intérêt dans sa poursuite ultra-prévisible de l’inspectrice Gianna.

Enfin, sans grande surprise, Debra et Anton flirtent. Et encore sans surprise, la jalousie de la jeune femme est réveillée lorsqu’elle surprend une femme chez lui. Mais Deb, ne t’inquiète pas, c’est soit un gros malentendu parce que c’est sa cousine, soit un coup d’un soir qu’il utilise pour nier ses sentiments envers toi, voyons !

C’est bien gentil tous ces états d’âme, mais qui espionne Wendell ? Hein, enfin un peu de suspense. Est-ce le Skinner ? Nous avons quatre suspects en tête cette saison : Miguel, Ramon, Quinn, et Anton. Et comme je fais rien comme tout le monde, je mise sur Yuki Amato, elle a l’air vicieuse. Si, si.

En bref, pour tous ceux qui sautent en fin de page : un épisode ultra-prévisible et parfois ennuyeux sur beaucoup de plans, mais qui se rattrape très bien avec sa scène finale. Il n’y a plus qu’à espérer que cela décolle à partir de là.

Blackie