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The Real Housewives - Présentation des émissions sur les Vraies Housewives de Bravo

The Real Housewives: Tous des Real Housewives ?

Par Jéjé, le 5 août 2010
Par Jéjé
Publié le
5 août 2010
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Ah l’été ! La meilleure période pour prendre un peu de recul, rattraper les séries "incontournables" que l’on a oubliées pendant la saison, se faire une intégrale de The Good Wife pour écrire le dossier sur lequel on s’est engagé...

Et au final, comme à chaque fois, se faire envoûter par la real-tv et tenter de justifier avec des arguments plus ou moins valables sa nouvelle passion !

Toujours en retard

Etrangement, mes élans d’été (qui pour certains ont pu se transformer en relations solides sur le long terme) ne se portent jamais sur des nouveautés. J’ai découvert Survivor avec la saison 4 alors que venait de s’achever la première édition "All Stars", j’ai pris So You Think You Dance en saison 3, Project Runway et Kathy Griffin en saison 2, Top Chef en saison 4...
Cette année, c’est encore pire... Me voilà dépendant de The Real Housewives of New York City, en ayant été accroché par la saison 3 de ce spin-off d’une émission originale qui en est, elle, à sa cinquième saison.

Pour être précis, et c’est essentiel lorsque l’on discute de real-tv, ma première rencontre avec le monde des Real Housewives a eu lieu il y a un peu plus d’un an avec celles du New Jersey.

Quelques données factuelles

La série originelle, The Real Housewives of Orange County, a été lancée sur Bravo en 2005 alors que la vague "Desperate Housewives" battait son plein et que The OC faisait encore parler d’elle. On imagine que ses producteurs se sont dits que, si JJ Abrams avait réussi à s’inspirer d’une émission de real-tv pour créer une série à succès, il n’y avait pas de raison pour que ça ne marche pas dans l’autre sens...
Le principe est simple : des caméras suivent la vie quotidienne et forcément fabuleuse de femmes aux maris extrêmement riches dans un style pseudo-documentaire à la The Office. L’objectif des monteurs étant de caser un maximum de cat-fights, les femmes mises en scène en quête de temps d’antenne se débrouillent pour se retrouver le plus souvent possible et faire monter dans des proportions dantesques le moindre petit incident.
La formule a tellement bien fonctionné que Bravo a multiplié les éditions, trouvant des real housewives à New York, Atlanta, dans le New Jersey et à Washington.

Sceptique

Intrigué par cette "marque" télévisuelle, bien qu’un peu sceptique sur l’intérêt qu’il pouvait y avoir à savoir à suivre des "femmes de" dans leur univers clinquant, je décidai de bien faire les choses en regardant le premier épisode l’édition du New Jersey.

The Real Housewives of New Jersey, c’est une histoire de "famille".
A sens strict, d’abord.
La blonde et la rousse, à droite, sont soeurs. Et sont mariées à deux frères. La brune toute à gauche, avec son petit air "ravie de la crèche", c’est Jacqueline. Elle est mariée à une des frangins des deux dont on vient de parler.
A côté d’elle se trouve Teresa, la grande amie de la famille. Vous vous dites que son regard ne reflète pas sur cette photo la plus grande de vivacité ? Détrompez-vous, c’est la seule fois que vous la verrez avoir l’air plus intelligente qu’un tronc d’arbre.
Et enfin, au milieu, c’est Danielle, la méchante, celle par qui le "drama" arrive.

Et le sens large, alors ? Et bien, on ne sait pas trop ce que font leurs maris dans la vie. Juste que ce sont des entrepreneurs d’origine italienne... Et que la réplique culte de la rousse fut : "Let me tell you something about my family, we are as thick as thieves and we will protect each other until the end."
Carmela ? Janice ? Adrianna ? Où êtes-vous ?

Sans surprise, ces femmes habitent des maisons immenses, décorées avec le goût de l’enfant caché de Donald Trump et de Walt Disney. Maquillées comme les voitures de leurs maris, elles affichent des seins flambants neufs, passent leur temps à acheter des fringues et des bijoux, se faire manucurer et parler de leurs enfants.
Danielle, fraîchement installée dans le voisinage, souhaite devenir amie avec les quatre autres et sa démarche fait office de fil conducteur pour la saison entière. Mais sa réputation sulfureuse ne facilite pas son intégration. Elle aurait été arrêté dans sa jeunesse pour kidnapping et aurait éviter la prison en dénonçant son amant de l’époque pour trafic de drogues. Rumeurs et dénonciation vont bon train au cours de conversations et de dîners qui semblent relativement forcés. Rien ne sonne vraiment juste et l’on sent tout le monde prêt à tout pour rajouter du drame. On peut s’amuser quand dans le dernier épisode, Teresa, pour réagir à un "Pay attention, Teresa" de Danielle dans une conversation qu’elle n’a pas suivie, renverse la table sur laquelle la troupe était en train de déjeuner en plein restaurant. Mais ces mises en scènes spectaculaires semblent tellement fausses qu’elles annihilent toute empathie du spectateur.

Le plus troublant dans cette chronique pseudo-documentaire concerne les enfants de ces femmes que l’on suit également dans ce quotidien peu engageant.
Teresa a décidé de faire de ces filles des stars du show business et alors que l’aînée n’a pas dix ans, elles sont toutes maquillées et habillées comme des... jeunes filles de Sunset Boulevard !

La fille de Jacqueline apparaît complètement demeurée, éduquée sans aucune limite, faisant ce qu’elle veut et traitant sa mère comme sa bonne.
Les filles de Danielle, une femme que l’on découvre vraiment instable, paranoïaque, complètement centrée sur elle-même, ont une maturité et un recul par rapport aux situations complètement disproportionnés par rapport à leur âge.
A chaque épisode, on ne peut que s’étonner de l’absence d’intervention des services sociaux dans chacune des familles.

Au bout d’une saison de sept épisodes, l’émission se révèle ennuyeuse, au mieux, quand elle ne tombe dans des travers voyeuristes vraiment nauséabonds.

Mais pourquoi continuer ?

Parce qu’enchaîner des épisodes de Breaking Bad, de Justified et de The Good Wife n’est pas suffisant pour surmonter la souffrance due à l’annulation de Old Christine... Une dose de trash est toujours nécessaire !

Certes, mais le déclencheur de ma rechute fut la lecture d’un article qui révélait que Teresa et son mari étaient endettés à la hauteur de la dizaine de millions de dollars. J’avais bien envie de voir si l’émission allait continuer comme si de rien n’était ou si leurs déboires financiers seraient exposés aux caméras.
Bien m’en a pris puisque c’est en jetant cette histoire à la figure de Teresa, Danielle crée une mini-émeute dans un gala de charité au cours duquel elle se fait littéralement arracher les cheveux par fille de Jacqueline avant que la police n’intervienne !
Marrant sur le coup, mais rien d’exceptionnel qui justifierait un article aussi long qu’une saison à soi ! Cependant, cette scène (qui s’étale tout de même sur deux épisodes) fut pour moi l’occasion d’en savoir un peu plus sur les autres éditions de la franchise et je demandai alors à ma référence ultime en matière de séries (et de vie aussi) si The Real Housewives of New York City valait le coup.
Feyrtys, car c’est bien d’elle qu’il s’agit, eu ces mots : "Je peux te le dire tout de suite : c’est moins trash NY. Y’a pas d’anciennes ’prostitute whores’ ni de filles qui s’arrachent les cheveux ou qui renversent des tables :p. Mais ça n’en reste pas moins amusant !"
Feyrtys, celle qui a reviewé Six Feet Under, The Shield, Carnivale et Friday Night Lights considère que Real Housewives est "amusant" ! C’était un signe suffisant pour me jeter immédiatement sur la version new-yorkaise.

Stop spreading the news !
Really ?

L’expérience "Real Housewives" va vraiment pouvoir prendre toute son ampleur.

Dans cette édition-là, comme dans les autres en fait, les femmes qui y participent sont des amies ou des connaissances qui se croisent régulièrement dans les événements mondains qui animent la vie sociale de leur ville. Et riches.

En saison 3 à New York, les anciennes meilleures amies de l’émission, Jill, la rousse (au milieu) et Bethenny, la brune (à gauche) n’en finissent pas de se déchirer. Cette situation crée deux équipes d’Housewives, toutes prêtes à sauter sur la moindre occasion pour s’offusquer des agissements de celles du clan ennemi.
Les rencontres entre tout ce monde ne semblent pas moins forcées que dans le New Jersey et on sent bien que par contrat elles sont obligées de se côtoyer devant les caméras. Elles ont cependant une verve plus acérée et plus fine que leurs consœurs d’à côté qui rendent leurs chamailleries souvent amusantes. Les épisodes sont ainsi bien plus agréables à suivre, d’autant que leurs enfants n’apparaissent que rarement à l’image et paraissent plutôt équilibrés.
Mais soyons clair, l’intérêt de l’émission se situe ailleurs.

Ces femmes ont la situation sociale, l’argent, les connections, l’amour (pour la plupart). La célébrité est la seule chose qu’elles ont à gagner en plus avec cette émission.
Et elles vont l’assumer et la gérer en coulisses de plus en plus publiques.

Sur les blogs officiels de la chaîne.
Au détour de l’exposé de leur point de vue sur l’épisode de la semaine, elles évoquent le montage, précisent certaines indications données par la production et vont jusqu’à analyser les motivations médiatiques de certaines actions de leurs consœurs.
Pour Bethenny, si Jill fait une apparition surprise à la fin d’un séjour sur une île paradisiaques auquel ne participaient que quatre des Housewives, ce n’est pas pour le motif officiel de tenter un rapprochement avec son ancienne amie. La transcription à l’écran de ces vacances allait s’étaler sur trois épisodes, Bethenney suppose donc que sa consoeur ne supportait pas d’envisager d’avoir moins de temps d’antenne pendant cette période.

Jill came to St. John because she wanted a grand entrance and to ensure that she wasn’t absent in three episodes. Her excuse that she came to see me was laughable. St. John is very difficult to get to and I literally lived a block away from her. Stopping by my building would have been infinitely easier. You all know the real story there.

Dans la presse new-yorkaise.
Les tabloïds les plus populaires remplissent leurs pages "divertissement" des rumeurs les plus extravagantes sur les célébrités locales. La page six du New York Post est le fer de lance de ce type de journalisme.
On apprend ainsi que Bethenny aurait fixé sa date de mariage en fonction du planning de tournage de l’émission.

"If she’s a heavily pregnant bride, she’ll get more attention," an insider quips.

On peut supposer que l’"Insider en question" n’est autre que Jill, déjà coutumière du fait puisque le première épisode de la saison 2 tournait autour d’une de ses déclarations assassines sur le mari d’une autre Housewive.

Sur le plateau de Bravo.

A la fin de la diffusion de chaque saison, la chaîne réunit les protagonistes en studio et leur demandent de réagir aux événements passés.
La réunion de la saison 3 de New York fut un exemple de tentative de gestion d’image. A l’écran, Jill ne semblait n’avoir qu’une motivation : se réconcilier avec Bethenny. Elle s’est excusée pour son comportement dans ce qui avait été montré dans la saison avec toutes les justifications possibles.
Mais les Housewives n’étaient pas prêtes à jouer le jeu de la "réalité télévisuelle". Bethenny a commencé par dénoncer son personnage du moment, estimant que son repentir n’était du qu’au fait qu’avec cette saison Jill avait perdu son statut de "Housewive favorite des spectateurs" et que leur brouille était due au fait que Bethenny avait eu son propre spin-off sur Bravo.
Surprise et dénégation de Jill.
Alex lui demande alors pourquoi cette dernière a donc contacté toutes les Housewives pour leur proposer de ne pas apparaître dans le spin-off.

C’est ainsi que toute une histoire parallèle se met en forme, une lutte de pouvoir et d’image dans laquelle les épisodes de l’émission ne sont qu’une partie des indices la révélant, une histoire où la réalité et l’image de la réalité se confondent davantage.
La suivre peut paraître une occupation relativement vaine, mais elle est à mon sens le reflet fascinant à grande échelle de la partie que l’on joue chaque jour dans la société des apparences.
Comme les accros de Facebook développent leur personnage, cette version améliorée d’eux-même vendue à coups de mises à jours de statuts et de photos soigneusement sélectionnées, les housewives construisent et tentent de maîtriser leur image sur des plates-formes publiques plus larges.

Alors, tous des Real Housewives ?

Jéjé