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Elementary - La nouvelle adaptation série de Sherlock Holmes sur CBS

Elementary: Comparaison Impossible

Par Jéjé, le 11 septembre 2012
Par Jéjé
Publié le
11 septembre 2012
Saison 1
Episode 1
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En matière de séries, j’adore les remakes, les adaptations, les reboots, les suites. Parce que j’adore les comparer à leur matériel de départ. Je n’y peux rien, c’est comme ça, c’est ma nouvelle passion, ma version adulte à moi du jeu des sept différences. Ca doit venir de l’enfance.

Si je cède aux imprécations d’Iris et que je décide de regarder Wilfred, je dois d’abord voir un petit bout de l’original australien.
Je ne peux pas simplement être irrité par The Killing, je dois regarder l’intégralité de la première saison de Forbrydelsen pour m’assurer que les défauts viennent vraiment du travail d’adaptation.
Je ne peux pas seulement savourer les épisodes de In Treatment, je dois regarder au moins un épisode de Be Tipul en hébreu non sous-titré.
C’est comme ça.
C’est pour ça que j’ai sauté l’année dernière sur les reviews de Shameless, de Prime Suspect et même de Free Agents
Alors cette année, à la séance de répartition des pilotes de la rentrée, j’ai levé la main à m’en déboîter l’épaule pour prendre Elementary.

Qu’est-ce que c’est ?

Le nouveau "Procedural" des jeudis soirs de CBS, diffusé à la suite de Person Of Interest.

C’est avec qui ?

Jonny Lee Miller, monsieur le prophète Eli Stone, est Sherlock Holmes.
Lucy Liu est Dr Waston.
Et Aidan Quin est un flic irlandais. Transfuge de Prime Suspect, il passe de NBC à CBS sans avoir eu le temps de changer de costume ni de personnage.

Ca parle de quoi ?

C’est donc une nouvelle adaptation (joie !) des aventures de Sherlock Holmes. Première différence avec les écrits de Conan Doyle, elles ont été transposées dans un New York contemporain.
Deuxième différence, dans Elementary, Watson est une fille.
Troisième différence…
Euh… Mince… Je viens de me rappeler que je n’ai lu qu’une ou deux enquêtes de Sherlock Holmes. Quand j’avais dix ans.
Et la seule chose dont je me souviens, c’est que j’avais trouvé ça vraiment moins bien que le dessin animé. Et que, ah oui, pour moi, le vrai Sherlock Holmes, c’est un renard…

Comme il est trop tard pour ingurgiter les 60 bouquins, les 260 films et les 350 épisodes de séries télé (dont des russes) mettant en scène le Sherlock Holmes humain, je vais devoir faire avec ma minuscule culture sur le sujet pour faire des comparaisons.

Et c’est bien ?

C’est moins bien que Sherlock, dans le genre "transposition des personnages de Conan Doyle à l’époque contemporaine".
C’est moins bien que Southland dans le genre "série policière avec Lucy Liu dans un rôle inattendu".
C’est moins bien que Prime Suspect dans le genre "utilisation de la ville de New York et d’Aidan Quinn dans l’adaptation d’une oeuvre anglaise".

Et c’est très chouette dans le genre "Nouveau procedural de CBS".

Pour les raisons toutes simples que le duo Miller-Liu fonctionne bien et que le détricottage de l’intrigue policière (forcément alambiquée [1]) se suit avec plaisir.

Rien de révolutionnaire dans Elementary, mais c’est qui est très agréable, c’est que la série prend le temps de soigner ces deux éléments fondamentaux du genre là où la plupart des "procedurals" focalisent leur pilote (et souvent le reste de leurs épisodes) sur les talents et le passé de leur "bête-à-indices".
The Mentalist (dont Elementary prend la case horaire) passe, par exemple, sa première heure à expliquer qui est Patrick Jane, pourquoi il est trop fort, pourquoi il parvient à analyser si finement le moindre tressaillement de sourcil et pourquoi son passé si tragique est tellement tragique qu’il mérite que le spectateur s’intéresse à lui et à ses aventures. Dans la même veine, Perception, diffusée cet été sur TNT, perd tout le temps de son pilote à planter toutes les particularités de son schizophrène de héros et une révélation finale supposée être si incroyable qu’elle accrochera le spectateur pour toute la saison.
Au final, on obtient deux séries à enquêteurs "charismatiques" flanqués de potiches (et d’actrices limitées)bonnes à s’extasier sur leurs dons quasi-divinatoires et à s’irriter de leur manque de respect de la procédure où les enquêtes passent souvent au deuxième plan.

Pas besoin pour Elementary de s’attarder des heures sur le talent de son héros, c’est SHERLOCK HOLMES !

La série en profite donc pour développer le "side-kick" et lui donne à l’issue de ce pilote le statut de deuxième personnage principal, aidée en cela par une Lucy Liu formidable qui rend crédible l’évolution de super-nourrice désabusée en enquêtrice amusée par son partenaire.
Castle, procedural que j’aime énormément, avait elle mis plus d’une saison à installer son duo central, avant de tout flanquer par terre trois saisons plus tard en faisant un couple d’amoureux.
Je pensais sur-interpréter sur le moment peut-être un peu la scène [2], mais la déclaration d’amour d’ouverture de Holmes devant Watson semble indiquer (assez finement) qu’il n’y aura rien de romantique entre les deux.

C’est donc avec une certaine confiance que je vais suivre les prochains épisodes et que je finirais sûrement par aimer la série simplement pour elle-même.

Jéjé
P.S. Et question sur-interprétation, je me trompe sûrement, mais j’ai été amusé par le fait que Holmes fasse référence à son père avec un "Pa-paah" bien Downtonabbien !
Notes

[1Mais un peu moins que The Hounds of Baskerville du Sherlock de la BBC.

[2En fait, non, le créateur le confirme dans le EW spécial rentrée séries.