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Friday Night Lights - Critique de l'épisode 15 de la saison 2

May The Best Man Win: May Ben Silverman suffer in hell for all eternity

Par Feyrtys, le 20 février 2008
Publié le
20 février 2008
Saison 2
Episode 15
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J’ai bien fait d’attendre une dizaine de jours avant de me mettre à cette review. Sur le coup, j’ai détesté cet épisode. J’étais vraiment déçue, en colère, et surtout, j’étais sur ma faim. Mais avec quelques jours pour y réfléchir, et pour repenser à la série dans son ensemble, j’en suis arrivée à espérer que la série sera renouvelée. Je pense que les scénaristes ont encore des choses à dire sur Dillon, et sur leurs personnages.

J’en veux à NBC et à Ben Silverman d’avoir, comme j’en suis persuadée, fait pression sur la série pour qu’elle change de ton et se rapproche plus d’un One Tree Hill que d’un My So-Called Life. Sans oublier que si FNL avait bénéficié de la moitié du budget promotionnel de Craponic Woman, et de la même case horaire, il me paraît évident que la série aurait eu une vraie chance, et aurait pu faire de bien meilleurs scores que ce pauvre remake pathétique à la même place. NBC tombe vraiment de plus en plus bas, et ce n’est pas la mise à l’antenne de K2000 qui va me faire penser le contraire. Tina Fey doit se sentir bien seule…

La série méritait un vrai series finale. Ou au moins un vrai season finale, ce qui n’est pas le cas. Il aurait mieux fallu terminer la seconde saison sur l’épisode 2.14, qui était certainement ce qu’on pouvait espérer de mieux en temps de grève. Le ton y était doux-amer, la dernière scène déchirante, et cet épisode possédait toutes les qualités qui avaient conquis les nombreux fans de la série.

Le 2.15 est tout le contraire : maladroit, à la limite de l’over-the-top, comme si FNL essayait de recycler des intrigues vues et revues partout à la télévision, et sans beaucoup d’imagination. Le mari jaloux et son combat de coq très attendu entre Eric et l’ancien petit ami de Tami, le bébé surprise, l’amour non réciproque… Tout cela était, de mon point de vue, de trop. Il n’y avait donc que cette histoire-là à donner à Jason ? Vraiment ? Où est passée la tatoueuse ? Où est passé son entraînement au quadrugby ? Ses difficultés à retrouver sa place dans la ville de Dillon ? À peine entr’aperçues. On va tout de suite au plus facile pour le "drame" : la grossesse sortie de nulle part. Je ne dis pas que le thème ne peut pas, dans d’autres circonstances, être intéressant. Mais il ne peut pas être traité en un seul épisode. Et surtout pas lorsque le seul personnage que l’on connaît vraiment est celui de Jason et pas celui de la fille enceinte, qui n’a finalement pas de voix. Du moins, pas une voix qui compte vraiment… On tend naturellement vers Jason, puisque c’est lui que l’on connaît, c’est lui que l’on a suivi depuis le début. Si ça avait été Lyla à la place, période pré-Crazy Christian, l’implication des spectateurs aurait été toute autre et les questions soulevées auraient eu bien plus de poids. Du moins me semble-t-il.

Pissing contest in Dillon

Pas complètement mauvaise, mais inutile et franchement pas crédible, l’histoire de l’ex qui revient à Dillon et qui se rapproche un peu trop de Tami.
Peter Berg est un réalisateur doué, un bon acteur, un très bon scénariste, et c’est un type sûrement très sympa, mais il est tout sauf charismatique, et avec son chapeau de cow-boy et ses santiags, j’ai eu du mal à croire que Coach Taylor puisse en être jaloux un seul instant. Ou que Tami puisse avoir envie de dîner en tête-à-tête avec lui… On ne me fera pas croire que Tami n’est pas assez intelligente pour voir qu’il y a des tensions entre son mari et son ex petit ami et que faire porter son bébé à ce dernier pendant un match n’est pas forcément l’idée du siècle. Si au moins il avait eu le bon goût de la faire "accidentellement" tomber, la gamine… Mais même pas ! Bref, la Tami de la saison 1 n’aurait pas agi de la sorte, c’était puéril autant du côté des hommes que de son côté à elle.
La seule partie amusante de l’histoire est la gueule de bois (et de bleus) d’Eric le lendemain matin, avec Tami qui encourage Julie à crier le plus fort possible "au revoir" à son cher père.

J’en arrive à la conclusion que le couple des Taylor n’a pas besoin d’intrigues à part entière. Tout ce qui a tourné autour de Gracie The Monster Bell était raté et paraissait forcé. Là où ils sont les meilleurs, là où on les aime le plus, c’est lorsque qu’ils s’engueulent pour savoir comment parler à leur fille, savoir qui sort la poubelle ou pourquoi il y a 50 personnes dans leur jardin pour un barbecue surprise. Les Taylor sont bons dans le bête quotidien, celui des gens biens, celui des gens qui sont dans un couple solide, qui ont de l’humour et qui savent où ils vont. Ils n’ont pas besoin de drames artificiels pour être intéressants. Je n’ai aucune envie de les voir dans des problèmes de garderie, de soeur qui débarque, de jalousie… Ça ne fonctionne pas. Ou alors, à toute petite dose, quelques allusions par-ci par-là, une ou deux minutes dans un épisode. La série est peut-être centrée sur leur couple (Tami dans un rôle de substitut de mère des adolescents d’un côté, Eric en substitut de père de l’autre), mais leur couple ne doit pas être au centre de la série. Il ne doit être qu’une façon de parler du Texas, de Dillon, de l’adolescence, du sport, et de cette Amérique moyenne un peu oubliée à la télévision. La série perd de son charme quand elle consacre trop de temps à essayer de compliquer leur relation.

Quant à Lyla et à Tim Riggins, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi les scénaristes ont voulu insister sur cette relation de cette façon. Tim a beau être amoureux de Lyla, je le vois mal prendre tous ces râteaux et continuer à lui courir après. Je ne sais pas, ça ne colle pas avec le personnage… Surtout qu’on ne nous a laissé aucune preuve que Lyla aime toujours Tim. Au contraire. Elle semble être passée à autre chose, de façon adulte et sans drame. Sa relation avec le blondinet issu de la parfaite petite famille d’aryens me donne peut-être la chair de poule, mais c’est une relation qui semble solide. Et elle y semble trouver son compte. Sauf au niveau sexuel, mais ça, ma vieille, fallait un peu s’y attendre. En plus, comment dire… On s’en fout ? Si au moins le personnage de son copain avait été développé… Mais non ! Tout va trop vite, tout est effleuré et les vrais moments de vérité qui submergeaient l’écran l’an dernier sont rares et remplacés par des intrigues érodées et recyclées sans aucune créativité. Ça nous donne deux minutes de plans inutiles sur la famille du Crazy Christian au ralenti…

Le seul qui s’en sorte, dans cet épisode et finalement dans toute la saison, c’est Smash. Son intrigue "tout s’écroule autour de moi" continue et le voilà en train de supplier des entraîneurs de lui donner une chance pour l’université. Sans succès. Il trouvera de l’aide en la personne d’un coach aperçu dans le pilote, ami de longue date d’Eric Taylor et sorte de Yoda du football. Ce n’est pas une grande université, ce n’est pas la gloire qui attend Smash, mais une équipe humble, dirigée par un homme droit et plein de compassion. On ne pouvait pas rêver mieux pour lui. L’épisode donne de très bonnes scènes à Smash et sa mère, comme d’habitude. Ces deux-là ont sauvé une bonne partie de cette seconde saison.

Lune de miel, lune de fiel

En parlant de saison… Pourquoi pas un petit bilan vite fait ?

Vous avez déjà connu ce genre de relation, celle où tout est magnifique au début, où vous êtes persuadés que vous êtes faits l’un pour l’autre, où chaque petite chose à propos de l’autre vous émerveille, où vous fantasmez d’une vie à deux avec un chat et des vacances en Toscane ? En général, si Cupidon fait bien son boulot, ça dure quelques mois, un an tout au plus. Après la lune de miel, vient le temps des dures réalisations : il n’est pas foutu de repasser une chemise. Elle fume comme un pompier. Il ne se lave pas les dents avant d’aller se coucher le soir. Elle est bordélique. Petit à petit, vous vous demandez si vous avez changé ou si c’est l’autre qui a changé. Si finalement, c’était une si bonne idée que ça… Mais vous vous accrochez. Vous continuez à avoir de bons moments ensemble, et comparée aux autres relations que vous avez eu avant, vous vous dites que celle-là n’est pas si mal que ça au fond.

C’est un peu ce que j’ai ressenti cette année avec Friday Night Lights. Le souvenir de la première saison a fait autant de bien que de mal à la deuxième. Du mal, parce que je n’ai pas vraiment retrouvé la série que j’avais adoré (ou trop rarement). Du bien, parce que sans cette première saison proche de la perfection, je n’aurais pas peut-être pas continué à aimer la série comme je continue à le faire. Car malgré les intrigues de meurtre, de foi chrétienne, de dépression post-partum, d’entraîneur incompétent, de trafiquant d’amphétamines, de bébé, malgré tout cela, Dillon et ses Panthers resteront un excellent souvenir pour moi, s’il ne devait pas y avoir de suite. Il a suffi de quelques scènes bouleversantes dans une poignée d’épisodes, de quelques échanges poignants et de quelques regards amoureux pour que j’oublie tout ce que je n’ai pas aimé cette année dans FNL.

La série reste un exemple de simplicité quand elle se l’autorise. Un exemple d’écriture réaliste, d’acteurs doués, de mise en scène maîtrisée.
Ce que je lui reproche, c’est d’avoir voulu enchaîner les intrigues les unes après les autres et d’y avoir apporté des conclusions hâtives et souvent maladroites. Les personnages ont donné l’impression d’être compartimentés dans des intrigues sans jamais interagir avec les autres. La série a perdu cette atmosphère unique qu’elle avait su créer en saison 1. On avait alors l’impression que tous les personnages avaient comme point commun d’habiter dans la même ville, cette bonne vieille Dillon, dans ce bon vieux Texas. Il y avait une chaleur qui s’en dégageait. Le football y était aussi important que la religion, voire plus. La ville entière vibrait pour son équipe. Et l’équipe faisait vivre cette ville. En saison 2, on a perdu de vue cet aspect essentiel de la série, pour se concentrer sur des intrigues accessoires. Ces dernières sont devenues petit à petit, sans qu’on s’en aperçoive vraiment, le moteur de la série.

C’est dommage, c’est frustrant, et je ne sais pas si j’aurais envie un jour de regarder à nouveau cette seconde saison, mais en attendant, je garde un très bon souvenir de la série. Ses personnages resteront des personnages aimés inconditionnellement. Aucun n’a été terni par les erreurs commises, et ça, c’est déjà un petit miracle en soi. Buddy Garrity en est même ressorti grandi. Smash et sa mère sont devenus parmi mes personnages préférés à la télévision. Et j’espère revoir Gaius Charles très vite, tellement son jeu m’a impressionné. Je ne reviendrai pas sur Tim Riggins et le culte dont il est à l’origine, ni sur le côté éminemment aimable de Landry, démontré dans chacune de ses apparitions. Matt a eu la scène la plus déchirante de toute la série. Julie a connu le plus de changements mais est l’adolescente la mieux écrite de FNL. Lyla a perdu de son intérêt au fur et à mesure de son éloignement avec les autres personnages, mais elle reste profondément humaine. Jason a été sous-utilisé… Mais son intrigue à Mexico était réussie. Les personnages de la série sont restés forts, attachants, aimables malgré leurs défauts, et c’est pourquoi FNL continuera à être une série précieuse et rare à la télévision.

Feyrtys
P.S. En attendant de savoir si elle sera récupérée par une autre chaîne, ou si l’on aura droit à un vrai season/series finale, je garde Friday Night Lights dans ma liste de séries préférées. J’espère simplement que je ne suis pas la seule.