Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Friday Night Lights - Critique de l'épisode 5 de la saison 3

Every Rose Has Its Thorn: Thorn, la lettre de l’alphabet runique ?

Par tomemoria, le 4 novembre 2008
Publié le
4 novembre 2008
Saison 3
Episode 5
Facebook Twitter
Ecrire des reviews, c’est dur. Bien plus que trouver une phrase d’accroche qui n’a rien à voir avec le titre de l’épisode. Comme je suis flemmard de nature, je ne vais pas me fatiguer cette semaine à faire un plan par intrigues, me retaper tout l’épisode en prenant des notes en abrégé ni chercher Gracy Bell à chaque séquence pour avoir quelque chose à lui reprocher. En gros, cette semaine, vous allez avoir une review façon commentaire audio. Parce que j’aime m’écouter parler et que j’aime les commentaires audio, la review rendra hommage aux commentaires que vous trouvez dans vos DVD : elle sera linéaire et peu argumentée.

L’artiste qui sommeille rêve d’un ailleurs ?

La série nous comble de matchs cette année et on l’en remercie. Toujours au bord de l’annulation, il ne manquerait plus qu’elle ne nous serve que des histoires à chier avec Tyra. Commencer par un match est un bon moyen pour Katims [1] de ne pas affronter mon courroux.

Le match du pré-générique est bien ficelé, haletant et il comporte tout les éléments nécessaires à son bon fonctionnement. La tension est amenée par le manque de concentration des joueurs. Matt comme J.D. ont bien du mal à se mettre en place avant que le chrono ne retombe à zéro.
Pour une fois, ils n’ont pas montré Matt dans une situation d’échec, relégué par J.D. qui se débrouille comme un chef. De ce fait, on n’a pas du tout l’impression d’une facilité. La situation est difficile et aucun des deux n’arrive à la gérer.

Pourtant c’est à J.D. que revient le rôle décisif dans la partie. C’est lui qui permet à l’équipe d’avancer jusqu’au Touchdown que n’a plus qu’à exécuter Matt sans le moindre enthousiasme. Comme le « previously on » le rappelait très bien, donner le premier rôle à J.D. alors que Matt est en Terminale l’anéantirait. Matt n’est pas capable d’être heureux avec sa ville. Il ne peut pas célébrer la victoire des Panthers quand il sait que la ville ne lui doit rien.
Pour la deuxième fois dans cette saison, Matt reste sans joie face à la victoire de son équipe. Il semble désabusé par le football voir même désynchronisé avec les enjeux qu’il représente. Peut-être est-ce juste parce que J.D. lui vole la vedette. Sans doute n’y a-t-il que ça : qu’une simple jalousie lui enlevant la saveur d’un match remporté.

Mais en voyant Matt s’éloigner du tout Dillon en liesse, en l’observant les yeux fixés vers un ailleurs hors champ, sans même jeter un regard en arrière vers ce qu’il manque, je commence à me demander si le petit Saracen ne s’éloigne pas aussi du Football. La ville a une nouvelle coqueluche, il n’est plus que le second quaterback (que ce soit officiel ou non, c’est le cas dans l’esprit des gens), alors autant se tourner vers autre chose. Peut-être vers ce qu’il aime vraiment. Je ne sais pas ce que ça peut être. En saison 1, Jason parlait de lui comme d’un gars artistique, du genre à écouter du Bob Dylan et à faire des dessins en cours. On n’a pas beaucoup vu jusqu’à présent ce côté là de Matt. Et ce dégoût de l’esprit du football, cette mise à l’écart d’une ville aveuglée par la joie, cette disparition que personne ne semble remarquer, tout ça me fait me demander s’il ne va pas quitter l’équipe pour de bon cette fois.

Première partie

La première scène après le générique marque le retour de scènes qui me manquaient depuis un moment. J’avais hâte de retrouver l’ambiance familiale à la fois hilarante et turbulente des Taylor. Et ce, sans avoir à supporter les cris grinçants d’un bébé qui en a plein le cul. Ce n’était pas très crédible que Gracy Bell ne pousse pas un hurlement à cause de l’engueulade, mais je pardonne totalement cette oubli à la série.

Julie recommence à faire des siennes et se fait un beau petit tatouage sur la cheville. Lorsque Tami et Eric l’apprennent, ils sont juste hystériques. La mère tente de faire prendre conscience à sa fille de la gravité de la situation, du fait que son magnifique, MAGNIFIQUE corps est marqué à tout jamais, A TOUT JAMAIS.
C’est toujours très agréable (et très crédible) de mettre en évidence l’esprit étriqué des Taylor quant à la liberté qu’ils peuvent donner à leur fille. Et ce qu’il y a toujours de génial avec cette série – ce qui n’est pas le cas de certaines [2] – c’est que l’on n’a jamais l’impression d’entendre les scénaristes à travers les points de vue sévères des deux protagonistes.
Leur fille s’est fait un tatouage et en plus Tyra était là. C’est juste fascinant. J’adore quand les Taylor n’ont pas vraiment d’argument et qu’ils émettent des jugements à l’emporte pièce, mais seulement quand Julie leur renvoie leur propre phrase à la figure. « Ah oui ? C’est FASCINANT ? ». Rien qu’à voir la tête de Connie Britton, et contrairement à Eric, je réclame que Julie continue de faire la maligne le plus longtemps possible. Surtout si ça peut amener des conversations dans une chambre ou devant un champ, si criantes de vérité.

Le retour de Jason et Herc m’a fait plaisir et pour plusieurs raisons. Déjà j’adore le discours toujours politiquement incorrect de Herc. C’est vrai, à quoi bon jeter les magazines porno sous prétexte qu’un bébé arrive : les seins et les vagins lui feront se sentir comme à la maison. « Ce sera comme une carte postale ! » Pertinent autant qu’impertinent, Herc m’avait manqué.
Le nouveau personnage de cette intrigue, c’est bien le bébé. Et autant dire que Gracy Bell ne tient pas la comparaison. Celui-ci est adorable avec ses grosses petites joues et son air endormi… Je vous avais prévenu pour la review linéaire avec commentaires insipides.

Et à mesure que j’avance dans l’épisode, je réalise que cette review va être immense et peu palpitante pour vous comme pour moi. C’est dans cet esprit de mauvaise foi et de toute puissance, que je reviens à mes premiers amours : la review par intrigue.

Acheter une maison à plusieurs

Le retour de Jason est l’occasion pour le personnage d’interagir une nouvelle fois avec Tim et Buddy. Si je ne suis pas fan de l’intrigue de Riggins avec le gros dealer de la saison 2 et son flingue qui a tendance à être dégainé, c’était tout de même plaisant de retrouver l’amitié de ces deux personnages.

Jason étant le personnage qui touche le plus, il est normal que ses scènes soient celles qui suscitent le plus d’émotion. Je ne sais pas laquelle est ma préférée : celle où il convainc Buddy de lui vendre la maison parce qu’il a besoin de s’occuper de sa famille ou bien celle où il se fait plaquer juste après avoir obtenu la maison ?

Qu’elle lui dise qu’il peut rendre visite à son fils quand il le désire laisse fort à penser qu’il quittera Dillon pour se rapprocher d’eux. Je me demande maintenant ce qui va lui arriver avant son départ. Les conséquences de son intrigue en fin de saison 2 sont réglées dans cet épisode et ne serviront certainement qu’à son départ, alors que se passe-t-il pour lui à présent ?
J’imagine qu’on va revenir sur sa relation avec Eric, comme on l’a fait avec Smash. Et sans doute aura-t-il l’occasion de recroiser Lyla avant son départ et peut-être de tout mettre à plat. C’est curieux de constater que rien de nouveau n’est arrivé à Jason pendant l’entre-saison contrairement à Smash et son genou (ou Tyra et son Landry, mais ceci est une autre histoire.)

La vérité

On met la pression à Eric pour qu’il dise la vérité à Matt. Celle qu’il connaît déjà. Celle qu’il fuyait au pré-générique. Si j’analysais Friday Night Lights comme j’analyse du Wong Kar Wai (et en l’occurrence, c’est ce que je vais faire), je dirais que l’omniprésence du bruit de train lorsque le coach vient annoncer à Matt qu’il va titulariser J.D. ne trompe pas : Matt va probablement quitter l’équipe.

Il fait des menaces dans cet épisode parce qu’il est en colère, parce qu’il se sent trahi. Pour autant, j’ai l’impression que le personnage va progressivement considérer cette éventualité comme une bonne chose. Ça ne m’étonnerait pas de le voir s’intéresser de plus en plus aux dessins, ou bien de vouloir écrire des chansons pour le groupe de Landry.
Matt a une richesse que n’avait pas Smash, et ce depuis les débuts de la série. On se souvient des épisodes où il mentait à Waverly pour lui faire croire que le Smash aimait aussi les films intellos et la poésie. Matt n’a pas besoin de mentir là-dessus.

Je suis content que Shelby soit là pour lui offrir des conseils avisés. Elle pense d’abord à ce qu’il y a de mieux pour son fils, et pas pour cette ville. J’imagine que dans sa vie, Shelby a souvent pris les décisions qui étaient dans son propre intérêt et a refusé les compromis. Elle a sans doute très tôt compris que la clé de son bonheur était de ne pas reléguer ce qu’on aime au second plan pour plaire aux autres.
C’est peut-être égoïste comme réflexion, mais c’est exactement ce que Matt à besoin d’entendre en ce moment.

En deux mots

Parce que je ne pardonne toujours pas le traitement du personnage de Tyra ainsi que l’arrivée de Cash et de son intrigue à cachets, je dirais juste que Tami ferait bien de sortir Tyra de cette mauvaise pente sur laquelle elle glisse.
Si elle continue, je sens qu’elle va finir sa vie à Dillon à regarder les chevaux mettre bas et qu’elle se souviendra combien ce spectacle l’avait émue, la première fois, et combien il l’a fait chier, maintenant qu’elle l’a vu des centaines de fois.

tomemoria
P.S. Toujours un épisode de bonne facture. Les mauvaises intrigues se font plus discrètes et la série poursuit son bonhomme de chemin sans se soucier de plaire à un public formaté. Gracy Bell a disparu de la circulation : elle se fait sûrement châtier pour ses crimes. Et c’est bien fait pour elle !
Notes

[1réalisateur de l’épisode, oui madame

[2voir Privileged et écouter Podcast n°23