Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Go On - Avis sur le nouveau retour à la télé de Chandler Bing

Go On: Goon

Par Conundrum, le 13 août 2012
Publié le
13 août 2012
Facebook Twitter
Juste au moment où The Good Wife avait réussi à nous refaire aimer Matthew Perry, NBC essaie de ruiner cette initiative avec Go On, une nouvelle comédie qui est censée réussir là où Mr. Sunshine et Studio 60 on the Sunset Strip ont lamentablement échoué.

Et sur le papier, ça ne donnait tellement pas envie que même Iris s’est dégonflée pour écrire cette critique. Et la gamine n’a même peur de regarder une série avec Elijah Wood dedans, c’est pour dire !

Mais avant de commencer la fiche, on est d’accord pour rebaptiser la série, Goon ? Pas d’objection ? Et bien on peut commencer alors.

C’est quoi ?

Go On est le reboot de Community post Dan Harmon par NBC, où Matthew Perry incarne le rôle de Joel MacHale.

C’est avec qui ?

C’est lorsque l’on dépasse le « Starring Matthew Perry » que Goon montre son intérêt.

Si John Cho (Flash Forward) ne nous inspire pas confiance, nous sommes bien heureux de retrouver Tyler James Williams, le Chris de la trop sous estimée Everybody Hates Chris et Suzy Nakamura, une guest de sitcoms très solide qui a rejoint la distribution de Back to You en saison 2 dans un univers parallèle où la sitcom de la Fox n’a jamais été annulée. [1]

A l’écriture, Scott Silveri de Friends (ben voyons !), Joey (Aïe !) et Perfect Couples (su-per !) est aux commandes, et Todd Holland de The Larry Sanders Show (cool !), Malcolm in The Middle (Yeah !) et Wonderfalls (Boo-Yah !) est derrière la caméra.

Et ça parle de quoi ?

Matthew Perry est un journaliste sportif qui vient de perdre sa femme et qui doit suivre une thérapie de groupe s’il désire retrouver son poste.

Et c’est bien ?

À ma grande surprise, oui.

Parce qu’au fond si Liza Kudrow, Courteney Cox et Matt LeBlanc ont réussi à trouver une série qui fonctionne, Goon a le potentiel d’être le Web Therapy/Cougar Town/Episodes de Matthew Perry.

Et l’acteur suit le chemin de ses ancien collègues. Parce que si on ne possède pas la versatilité d’une Kudrow, la carrière d’une Aniston mais qu’on ne provoque pas l’aversion que seul David Shwimmer a le pouvoir d’inspirer, il faut jouer sur ce à quoi le public de Friends était réceptif.

Avec Goon, Perry propose une vingtième variation de Chandler Bing. C’est sans surprise, mais c’est efficace lorsque c’est bien écrit. Mais si on ne cherche pas à faire une sitcom juste pour le fun comme 30 Rock, une comédie se doit d’avoir un peu de profondeur. Du coup, dans Goon, Chandler est veuf. Mais, assez étrangement, lorsqu’on regarde la nouvelle série de NBC, on ne pense pas du tout à Friends mais à Community. Le sujet, un cynique qui trouve du réconfort chez des gens « différents », force évidemment la comparaison. Mais le plus étonnant est que la structure aussi. Le héros est obligé de se retrouver dans cet environnement , le héros est apprécié de son nouvel entourage mais il n’est pas là pour les bonnes raisons, une femme voit dans son jeu, lui fait la morale et lui donne l’occasion de quitter le groupe, le héros revient car il réalise qu’il a sa place dans ce groupe. Mais si le pilote de Community n’était pas 100% représentatif de ce que la série allait devenir, il fonctionne un peu mieux que celui de Goon.

Cela vient probablement du principe même de la série où Silveri s’est créé beaucoup d’impératifs d’équilibre pour que Goon puisse fonctionner correctement. Tout d’abord il faut établir le personnage de Matthew Perry tout en présentant les 50 autres acteurs qui composent la distribution de la série. Et ça, il faut l’avouer, ce n’est pas chose aisée. Les membres de la thérapie de groupe n’ont que très peu de temps d’antenne pour laisser leurs marques tout en remplissant leur rôle de faire valoir de Perry. C’est là la grosse différence avec Community. Un Danny Pudi, un Donald Glover ou une Gillian Jacobs comptent presque pour autant qu’un Joel McHale. Ici, on suit Matthew Perry, le boss de Matthew Perry et les patients de la thérapie de Matthew Perry. Les personnages n’existent que via Perry et sous les yeux de Perry. Et vu le nombre d’acteurs présents dans ce pilote, au générique de fin, j’étais incapable de lister tous les membres de la thérapie de groupe.

Et cela nous amène à la deuxième difficulté de la série. Pourquoi suit-on Perry à son travail ? La force de la série réside visiblement dans la thérapie, quel est donc l’intérêt d’avoir engagé John Cho dans le rôle du boss de Perry ? Visiblement, avec un acteur connu, Silveri pense pouvoir jongler entre des intrigues de bureau et celles du groupe mais je ne suis pas sûr que cela rende service à la série. [2] Just Shoot Me ! avait donné un colocataire à Laura San Giacomo. Face au déséquilibre d’intérêt et d’humour entre la vie au bureau et à la maison, Wally n’aura pas survécu à la première saison. De plus, il devenait impossible de mixer les deux mondes tout comme il semble difficile de faire intervenir le manager de Perry dans sa thérapie.

Le troisième impératif difficile à tenir, mais c’est probablement là où la série surprend et s’en sort le mieux, est de faire de Goon une comédie non dépressive. On parle d’un jeune veuf et de personnes qui ont connu des situations difficilement surmontables dans le vie. Pour que la comédie fonctionne, il faut que le partie dramatique soit bien établie sans tuer l’humour de la série mais sans que Goon ne sombre dans une sitcom à l’humour noir. J’avoue que Perry est doué pour véhiculer l’aspect dramatique de la série. The West Wing et The Good Wife l’ont montré, il est un très bon acteur dramatique. Si Aaron Sorkin avait été en meilleure forme, Studio 60 aurait pu mieux montrer au grand public cet aspect de son talent.

En tout cas, Goon est un bonne surprise à suivre sur la longueur. Mais bon, c’est aussi ce que je disais d’Episodes, et pensais de Mister Sunshine, alors...

Conundrum
Notes

[1L’actrice apparait dans les derniers épisodes de la série et devait intégrer le casting la saison suivante.

[2Et Silveri semble s’en rendre compte, l’actrice qui incarne son assistante est passée du rang régulière à guest star.