Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Hannibal - Avis sur la première saison de la série consacrée au petits plats d’Hannibal Lecter

Hannibal: Un vrai régal pour les yeux et les oreilles

Par Ju, le 5 juin 2013
Par Ju
Publié le
5 juin 2013
Facebook Twitter
Je suis con parfois. Con ! Cela fait plusieurs semaines que je lis des critiques élogieuses d’Hannibal. Apparemment, il s’agirait d’une très bonne surprise. Apparemment, il s’agirait d’une excellente série. Partout la même rengaine, des gens (dont je respecte l’opinion !) espèrent à voix haute que la série soit renouvelée pour une deuxième saison. Partout la même histoire, des gens (sympathiques !) qui se réjouissent que la saison 2 ait été finalement commandée.

Mais rien à faire, je n’avais aucune envie de voir Hannibal.

Parce que je suis con parfois. Con !

Pour ma défense, j’avais plein de bonnes raisons de ne pas regarder la série. Plein. Vraiment !

4 Bonnes Raisons de Ne Pas Regarder Hannibal

Pour commencer, Hannibal est l’adaptation d’une œuvre existante (ou presque) pour la télévision. Pire que ça, c’est un prequel, vous savez, une de ces histoires sans enjeux qui se déroulent avant les événements qui, eux, étaient suffisamment dignes d’intérêt pour en parler dans un roman.

Le troisième mauvais point était la chaine qui diffuse la série : NBC. La vieille NBC. La fatiguée. Une chaine de network, forcément limitée dans ce qu’elle peut montrer ou non, complètement à la merci de la censure et des associations familiales bien pensantes qui nous veulent du bien. Une chaine censée nous proposer ici les charmantes aventures d’un tueur en série cannibale.

Quatrième mauvais point, le sujet de la série : "Hannibal le Cannibale" lui-même.
Si j’ai bien vu le « Silence des Agneaux » il y a quelques années, ma connaissance du personnage s’arrête à ce film et à quelques clichés bien connus. Pour moi, jusqu’à maintenant, Hannibal Lecter était un personnage grand-guignolesque, le type avec une muselière qui fait des jeux de mots pourris sur ses goûts culinaires bien particuliers.

Je n’avais aucune raison de regarder la série, donc, et j’ai résisté pendant longtemps. Non, je n’allais pas regarder Hannibal. Peu importe si tout le monde disait que c’était bien, j’avais d’autre choses à faire, d’autres séries à regarder.
Jusqu’au jour où je n’ai plus eu aucune série à regarder. Pas un petit épisode à me mettre sous la dent. Rien. J’étais au pied du mur, bien forcé d’étendre mes horizons, bien forcé de me tourner vers Jéjé pour lui demander conseil. Dix minutes plus tard, c’était fait, j’ai finalement commencé à regarder... Zach Stone is Gonna Be Famous.

C’est seulement deux jours après ça que j’ai enfin vu le pilote d’Hannibal.

Puis le deuxième épisode, puis le troisième. Puis le cinquième, parce qu’apparemment NBC a fait sauter le quatrième et que certaines personnes ne sont pas foutues de numéroter correctement leurs... épisodes. Puis le sixième, le septième, et, si vous voyez où je veux en venir, le huitième puis le neuvième puis le dixième.

Hannibal, c’est vraiment trop bien.

Plein de Bonnes Raisons de Regarder Hannibal

La première chose qui m’a surpris, en fait ma première idée reçue qui s’est avérée être complètement fausse et qui rend la série bien plus passionnante que ce à quoi je m’attendais, c’est que le personnage principal d’Hannibal n’est pas Hannibal Lecter.

Non, le protagoniste, c’est un agent du FBI, Will Graham, interprété de façon vraiment épatante par Hugh Dancy, ou Monsieur Claire Danes. Ça pourrait être évident pour tous ceux qui ont lu les livres (« C’EST MIEUX DANS LE LIVRE ! » ... Hmmm), mais je ne m’y attendais pas. Non, je pensais me retrouver devant une série à la Dexter, où le gentil tueur en série affronte des méchants tueurs en série. Mais c’est bien mieux que ça.

Hannibal n’est pas le personnage principal de sa propre série. C’est le sidekick. Si Hannibal était une comédie (sans doute intitulée « Hannibal ! »), le Docteur Lecter serait l’oncle amusant. L’original. Le voisin excentrique. Hannibal, c’est le Cody de Notre Belle Famille.
Et c’est foutrement bien comme ça. Parce que Will est un excellent personnage principal, et parce que la série prend son temps, du coup, pour nous présenter le « monstre Hannibal Lecter » tel qu’on le connait, et tel qu’on l’aurait découvert très vite, trop vite, dans une adaptation moins intelligente. L’effet n’en est que plus saisissant, et cette attente fait que le septième épisode, où on voit enfin Hannibal se comporter en monstre, celui où il est enfin au premier plan, est sans doute un des meilleurs que j’ai vu cette année, toutes séries confondues.

Sans aucun doute l’un des plus beaux.

Parce qu’Hannibal, c’est une série très, très jolie, un vrai régal pour les yeux et les oreilles.
Je ne suis pas un très grand fan de Bryan Fuller (disons que si j’ai beaucoup aimé Wonderfalls, j’ai compris très vite que Pushing Daisies n’était pas pour moi) mais il faut lui reconnaitre un sens poussé du détail, et une volonté évidente d’apporter un esthétisme particulier à ses séries. Par moments, Hannibal est éblouissante de beauté. De la composition des plans à la musique, du soin apporté aux décors et aux costumes, aux effets visuels et sonores omniprésents, il n’y a absolument rien à jeter. C’est beau. C’est beau, et c’est sur NBC. C’est une simple série de network. Soignée jusque dans ses moindres détails.

Même les cadavres sont magnifiques.

Pour le coup, on reconnait bien Fuller (qui reprend ici une idée utilisée dans Pushing Daisies) : chaque épisode ou presque amène Will Graham sur une nouvelle scène de crime. Et à chaque fois, la façon dont les corps sont disposés est à tomber par terre. Ou à vomir.
Oui, je crois que j’ai rarement vu un truc aussi dégueulasse que les « anges ».

Je n’ai toujours pas compris comment cette série peut être diffusée sur NBC. Malgré le petit avertissement « viewer discretion is advised  » en bas de l’écran, je n’arrive pas à croire que la chaine puisse diffuser des images aussi violentes et choquantes sans être sur le câble.

Balayés, mes a priori sur la censure et NBC vieillissante. Hannibal est un vrai risque. (Et encore plus quand on sait qu’elle a été renouvelée pour une saison 2.)

Mais une série jolie à regarder et gore ne serait rien sans un bon sujet et une bonne histoire, et encore une fois j’avoue que toutes mes craintes se sont révélées infondées. Hannibal est très bien écrite.
C’est un procedural, dans le sens la majorité des épisodes présente bien une nouvelle enquête et un nouveau tueur en série, mais un procedural assez novateur. Déjà parce que les enquêtes de la semaine n’ont parfois qu’une importance minime (quelques minutes à peine), et ensuite parce qu’elles donnent l’impression d’être cumulatives. Contrairement à Person of Interest, qui enchaine les épisodes indépendants en construisant en parallèle sa mythologie par petits bouts chaque semaine, les enquêtes de la semaine d’Hannibal participent activement au feuilleton. Elles ont un poids sur la psyché de Will. Elles ne sont pas oubliées. Elles réapparaissent sous forme d’images, d’hallucinations, ou au détour d’une conversation, et jouent un vrai rôle dans la façon dont Will perd peu à peu la tête au fil des épisodes... bien aidé par son « ami », Hannibal Lecter.

Je vais finir là-dessus parce que ça me fait bizarre de dire autant de bien, mais Mads Mikkelsen est simplement parfait dans le rôle d’Hannibal. Il arrive à passer du côté sophistiqué et bienveillant du personnage à l’horreur absolue le plus facilement du monde... bien aidé par ses yeux noirs, vides, en minimisant tant que possibles les jeux de mots foireux.
Ce que je veux dire, c’est que le mec fait peur.

Ce que je veux dire, c’est qu’Hannibal est une vraie série d’horreur, étouffante et angoissante, de la meilleure façon possible. Et putain, c’est beau.

Ju