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Heroes - Critique de l'épisode 2 de la saison 3

The Butterfly Effect: Le pire contre-attaque

Par Gizz, le 28 septembre 2008
Par Gizz
Publié le
28 septembre 2008
Saison 3
Episode 2
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Cette semaine au programme : des révélations étonnantes, de l’inceste, des mystères, de l’émotion, des enfants cachés, des voyages à travers le Monde, de la drogue, des hommes dans des hommes, de la métaphysique, du sexe, des Héros et une tortue. Ca va être un beau bordel, restez branchés.

La vie de revieweur, débutant comme moi ou confirmé comme d’autres, est difficile. Parfois on ne sait pas comment aborder un épisode, on réécrit 50 fois son introduction, la page reste blanche et l’angoisse monte. Et parfois tout va très bien. Merci Tim, je te revaudrai ça en fin de saison.

Les intrigues, secondaires dans nos coeurs

Autant se débarrasser tout de suite de ce qui encombre (car le titre signifie “les intrigues principales qu’on aimerait très secondaires” pour ceux qui n’auraient pas remarqué la virgule), parce que mine de rien, j’ai beaucoup de choses à dire sur cet épisode. Un épisode d’Heroes est beaucoup plus riche en niveaux de lecture que deux saisons de The Wire, c’est scientifiquement prouvé, prenez-en au petit déjeuner.

La palme de l’intrigue inutile revient sans grand mérite à Matt Parkman et sa tortue. Il a été envoyé par Peter en plein désert pendant l’épisode précédent, et erre maintenant seul dans un monde de silence, n’ayant pour seule pensée à scruter que l’écho de son propre égarement spirituel [1] (oui, il s’ennuie, et nous aussi). Les seules personnes à avoir apprécié ces scènes sont les commerciaux de chez Sprint, ravis du subtil placement de produit de l’Homme Africain Qui Connait Britney Spears. Il est aussi un peu prophète, et fait des graffitis plutôt sympas, même si ce n’est pas spécialement une bonne idée de s’en vanter auprès d’un officier de police.

Plus loin, plus haut, plus fort, voici donc Hiro et Ando, les deux meilleurs amis du Monde destinés à s’entretuer. Et c’est tellement énervant à suivre, qu’on aurait bien envie que le futur soit pour tout de suite. Mais ils continuent leur bonhomme de chemin, et après avoir découvert sur les traces de Daphne des restes de fromage, un accordéon et une bouteille d’absinthe, le recoupement est rapidement fait : la voleuse habite Paris. Quelques déductions évidentes plus tard, à savoir que son appartement a forcément une vue sur la Tour Eiffel, et qu’elle habite rue St Jacques (c’est apparemment le seul nom de rue en français connu de l’équipe scénaristique, puisque Peter avait rendez-vous au même endroit à Montréal) et en avant Guingamp [2]. Tentative d’échange en vue de récupération de la formule. Raté. GPS. Berlin. A la semaine prochaine.

Tracy et Nathan se rencontrent enfin dans cet épisode, la première proposant au deuxième de devenir Sénateur. Linderman, coach discret de Nathan toujours caché derrière une porte trouve que c’est plutôt une bonne idée. Nous pas. Nathan pense qu’Ali Larter ressemble énormément à Ali Larter (qu’il connait bibliquement, précise-t-il), mais son coach dément. Nathan n’est pas très physionomiste.
De retour dans son parking souterrain préféré, Tracy est à nouveau harcelée par le journaliste de Voici. Elle n’est pas contente, et son interprétation nous glace tout autant que le pauvre homme. C’est vrai qu’elle ressemble à Ali Larter...
Retour chez Nathan et son coach, qui ont décidé de jouer aux échecs au milieu de la nuit à l’hopital. Les échecs dans un endroit désert étant le sport préféré des fantômes, Nathan aurait pu se douter de son hallucination. Un conseil, si un homme censé être mort depuis plusieurs mois vous propose de vous adonner à une quelconque activité avec lui, choisissez le tennis, il fera moins le malin.

where-is-my-pain.skyblog.com

Chers amis fidèles,
Depuis que Sylar m’a volée, je ne ressens plus rien.
La douleur est la seule chose qui me faisait me sentir humaine,
et il me l’a enlevée.
Si on est plus capable de souffrir, a-t-on vraiment un âme ?
(Lâchez vos coms)

Cette semaine, Claire a décidé de se mettre au journal intime vidéo. Depuis que Sylar a fouillé son cerveau et l’a laissée en vie, elle est incapable de ressentir la douleur, ce qui pour elle devrait être une bonne nouvelle étant donné le temps qu’elle passe à s’automutiler.
Que nenni, la jeune cheerleader a décidé de s’en plaindre, et de se mettre au cinéma pour mieux geindre, avec notamment un remake de l’Arrivée du train en gare de la Ciotat des frères Lumière, mais sans la gare.
Heureusement, Peter volait par là, et empêche Claire de se faire tuer... euh, blesser... non... décoiffer par un train, brisant par la même toutes ses chances de dépasser le Star Wars Kid en nombre de visionnages Youtube. En conséquence, Claire est forcément énervée et geignarde, ce qui commençait presque à nous manquer depuis les 3 dernières secondes.

Pour lui remonter le moral, son père décide de lui montrer les mug-shots de ses anciens camarades de prison, ce qui est la meilleure idée de l’épisode étant donné qu’elle me permet d’enchaîner, avec la grâce d’un cygne et la légèreté d’un félin, sur le paragraphe suivant.

A long time ago, we used to be friends...

Paragraphe important, donc, puisqu’il concerne ceux qui donnent leur nom au chapitre de ce début de saison : les Vilains.
On en savait très peu lors du premier épisode, on en sait plus après celui-ci. Et il y a quelques raisons de se réjouir.
La grande révélation de l’épisode, pour peu qu’on puisse s’y fier, tient dans la deuxième scène de l’épisode, la vision d’Angela Petrelli.
Vision qui comporte les images plutôt explicites de la mort de Hiro, Matt Parkman, Noah Bennet, Peter et Claire. Et surtout les responsables de ces crimes, à savoir Papa Parkman, Knox, Tracy, Adam, et un petit “coucou, devine qui c’est” du grand blagueur qu’est Sylar.
Il était plutôt agréable de dévoiler d’emblée à qui les gentils allaient avoir affaire. Ca nous rappellerait presque le bon temps qu’était la première saison, où les évènements s’enchaînaient à un rythme soutenu sans qu’on ait le sentiment d’être pris pour de trop grands idiots.
Papa Parkman et Adam Monroe sortiront donc de leurs prisons respectives, Tracy sera du côté obscur de la force (en espérant que ça ne soit pas Jessica, et donc Nikki qui soit l’Ali Larter de cette vision).

Dans une des dernières scènes de l’épisode, après que nos 4 nouveaux affreux se soient échappés, Noah Bennet nous les présente donc brièvement, et je vais faire de même :

  • Benjamin Washington, alias Knox. Il serait presque aussi effrayant que Marlo, surtout quand on apprend que sa force est décuplée quand il absorbe la peur de ses victimes. Pouvoir éliminatoire pour intégrer le groupe des Gentils Héros.
  • Flint. Un pyrokinésiste, si ce mot existe. Il fait des jolies boules de feu.
  • The German. L’homme aimant. Bientôt en produit dérivé pour coller sur votre frigo
  • Jesse Murphy, alias StarAcMan. Notre bon vieux Weevil est capable d’envoyer des ondes sonores destructrices, pouvoir déjà détenu par Claire depuis la saison 2. Le duel s’annonce bruyant.

Au cas où les boules de feu, la force nourrie à la peur, le magnétisme, les ondes sonores mortelles et le fait d’être enfermés en section 5 dès leur première apparition à l’écran ne suffiraient pas à signifier subtilement au public que ces gens sont les méchants, Tim Kring a pensé à tout : dès leur sortie, notre joyeuse bande va gentiment faire brûler une femme innocente et voler une voiture. C’est assez clair pour vous maintenant ? ILS SONT VILAINS ! Ah, et apparemment Francis Capra a lu un livre :


Eh oui, Peter est enfermé dans le corps du grand méchant Jesse Murphy, grâce au Peter du futur qui n’a rien trouvé de mieux que l’enveloppe corporelle d’un dangereux criminel pour ranger son alter-ego. Et maintenant que la bande des quatre est libre, Francis Capra est condamné à nous apparaître seulement dans les reflets d’un Peter qui se demande ce qu’il fait ici et pourquoi il ressemble à ça. Code Quantum me manquerait presque.

Kristen Bell

Si tu savais Kristen, comme tu es en toute chose
Merveilleuse et brillante, à chaque de tes scènes
C’en est trop pour mon coeur ! Mais qu’est-ce qui t’amène
Par un choix hasardeux à jouer dans Heroes...

Julien C., Collège Emile Verhaeren.

Si l’alexandrin a l’air d’avoir été conçu pour Kristen Bell, ce n’est pas vraiment le cas d’Heroes. la bonne mauvaise nouvelle, c’est que la belle est créditée en tant que Special Guest Star, ce qui la voue à un nombre limité d’apparitions, et à une mort certaine de son personnage.
Mais qu’importe, elle a déjà le temps d’être merveilleuse en quelques scènes, et la mort de son père ne fait qu’ajouter à mon bonheur. Pas par sadisme, mais simplement parce que même si j’appréciais grandement le personnage de Bob et l’acteur qui le sert, les scènes entre lui et Kristen Bell n’ont jamais été un modèle de psychologie subtile et d’intérêt.
Le directeur de la Compagnie est donc mort, et Sylar hérite du pouvoir trop génial de transmutation des métaux en or. Ce qui amène le face à face entre HRG et Elle d’un côté, et Sylar de l’autre. Confrontation qui se solde par une déflagration de Elle, la libération des vilains pour cause de panne de courant et la 72ème capture de Sylar.
Angela Petrelli est maintenant à la tête de la Compagnie, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Même si sa première décision est de virer Elle de la Compagnie, ce qui est aussi une bonne nouvelle. Une psychopathe affranchie du contrôle oppressant de son père et de son travail, avec un bon scénariste aux commandes, ça pourrait presque redonner goût à la série (j’ai décidé d’être positif). Bryan Fuller, reviens-nous !

Oh, Adrenaline, you’ve conquered me like Charlemagne [3]

Notre téléfilm érotique préféré est de retour cette semaine. La faute à la drogue.
En raison de la dose d’Héros-ine (ahah) que notre Docteur s’est lui-même administré, il est maintenant doté du pouvoir très enviable de Machisme. Celui qui fait que n’importe quel looser se transforme en obsédé sexuel persuadé que la gente féminine est à ses pieds. Et il en profite pour faire un petit bilan de santé de sa fidèle assistante.

"Mais, Mohinder, qu’est-ce que ?" "Du calme, ma petite, je suis médecin..."

Mais un grand pouvoir implique de grandes surprises le lendemain matin. Mohinder se réveille avec une gueule de bois monstre, une fille dans son lit et des écailles sur le dos. On peut aussi imaginer que les effets de sa drogue sont temporaires, et que les effets secondaires vont en empirant, ce qui donnera de grandes scènes où Mohinder se parlera à lui-même, tiraillé entre son intégrité scientifique et son besoin d’honorer ces dames.

The Peterfly Effect

Que fait Peter si loin du paragraphe des intrigues pas terribles, vous demandez-vous certainement. C’est bien simple, son intrigue apporte une profondeur telle à la série qu’il mérite amplement son espace à lui, avec son jeu de mot bancal personnalisé dans le titre.

Lui et sa mère tiennent en effet l’intrigue centrale de l’épisode.
On a beau avoir des superpouvoirs dans la famille, on en est pas à l’abri des sermons maternels sur “mais qu’est-ce que tu comptes faire de ton passé ?” que nous avons tous plus ou moins connu, et sur les conséquences de son geste, modifiant à jamais le futur qui est en fait son passé à lui. A cause de lui Sylar se régénère, Claire passe son temps sur Internet, et Francis Capra a un petit Milo à l’intérieur de lui.

Maman, laisse-moi étendre mon linge tranquille. Et puis je tire sur mon frère si je veux...

Là où les voyages spatio-temporels dans Heroes sont extrêmement ludiques, c’est qu’on a toujours l’impression de passer plus de temps que les scénaristes à se demander si tout ceci a une quelconque logique. On peut dire que notre grand Tim n’a pas dû réfléchir longtemps à sa façon d’envisager l’espace-temps (voir corde à linge).
Dans ce même épisode, on nous sert donc les élucubrations de Hiro, qui s’est maintenant juré de ne pas modifier le passé (il a décidé de laisser mourir son père l’an dernier pour cette raison). Là où mon sentiment de m’investir un peu plus (et beaucoup trop) dans la série que son propre créateur, c’est que j’ai longtemps cru qu’Hiro ne voulait pas modifier son passé, car il était maintenant convaincu qu’il n’en était pas capable. C’était pour moi la leçon de toute l’intrigue au Japon médiéval, car la légende de Kensei faisait finalement toujours référence à sa propre histoire, le passé ayant déjà été changé avant même qu’il n’y retourne. Toute tentative de modification est donc vaine, car l’espace temps est déjà écrit, mais chaque tentative est nécessaire parce qu’elle est elle aussi écrite (vous suivez ?). Ca aurait expliqué bon nombre de choses, comme le fait que la légende de Kensei se soit propagé alors que ce dernier n’était qu’un ivrogne incompétent avant de devenir un supervilain. A moins que, comme présenté, Hiro ne soit le responsable du changement de camp de Kensei, ce qui aurait voulu dire qu’Adam n’était pas le grand méchant enfermé par le comité des vieux dans le présent avant modification (ce qui rendrait la série incohérente, ce que je me refuse à croire). Quand je vous disais que c’était ludique.
Mais soit mon analyse est bancale (venez me le dire en face), soit Hiro se trompe quand il pense qu’il influe réellement sur le passé.

De l’autre côté de New-York, le héros du futur venu faire sécher ses slips, et sa mère précognitive (non, ce n’est pas une maladie de vieux) nous arrosent de la désormais célèbre théorie du chaos déterministe, ou pour les fans d’Ashton Kutcher : Effet Papillon.
La cruelle Angela Petrelli borde donc son fils et décide de lui lire la petite histoire de Kao le Papillon. Nul ne sait encore pourquoi, sa version évoque la mort du pauvre lépidoptère, tandis que les Contes de Lorenz ne mentionnaient qu’un simple battement d’ailes. Depuis qu’il s’amuse à ouvrir et refermer le crâne de ses personnages, Tim Kring est devenu proprement sadique.
Je reprends donc pour les deux du fond : de ce qu’on a pu voir dans ce début de saison, et de ce que Ma Petrelli nous explique, le temps est fragile, et le moindre changement apporté par un élément extérieur peut avoir des répercussions énormes, voire même dramatiques sur le Monde et les coupes de cheveux de notre avenir à tous. De quoi ravir tout fan de Retour Vers Le Futur et Day Of The Tentacle [4] (soit toute personne avec un minimum de goût), mais perdre ceux qui comme moi optaient pour la voie de la prédétermination.

Non, notre Scénariste Qui Ose n’est pas schizophrène. Comme tout bon scientifique il confronte les différentes théories, et laisse nos esprits vivaces et pleins de curiosité décider par eux-même de la meilleure hypothèse. Il faut l’avouer, c’est tout de même vachement bien foutu, Heroes.

En conclusion, et parce que je ne sais pas où le caser dans mon plan de review très étudié, rappelons l’information de la semaine : Angela Petrelli est la mère de Sylar, qui est donc l’oncle de Claire (qu’il a métaphoriquement violée dans l’épisode précédent) qui est déjà la nièce de Peter (dont elle est amoureuse, sans aucune métaphore à l’horizon).
La semaine prochaine nous apprendrons qu’Adam Monroe est le père de toute la clique, et qu’Hiro est son propre ancêtre. J’ai hâte.

Gizz
P.S. Ce que vous avez pensé de l’épisode :
Devant des gens doté de deux hémisphères cérébraux, ou en l’absence de conséquences sociales, vous pouvez avouer avoir trouvé ça nul et risible. Vous auriez presque envie d’arrêter là votre visionnage, mais la présence de Kristen Bell à l’écran vous ôte toute pensée négative et vous pousse à continuer.
En cas de nécessité de mesurer votre propos de peur de conséquences fâcheuses (patron, parents, propriétaire, etc...), jouez sur les mots pour faire passer la pilule. A votre humble avis, cet épisode était moins bon que le premier, les personnages et la série ont un peu perdu en cohérence, et vous le regrettez amèrement.
Vous vous permettrez tout de même de les taquiner en leur demandant s’ils sont plutôt partisans du prédéterminisme fataliste ou du chaos déterministe, le débat s’annonce passionnant.
Notes

[1c’est pour un concours inter-sites de grandes phrases pompeuses, mais je ne suis pas certain de gagner

[2Yataa, en français

[3tiré d’un film merveilleux où Kristen est merveilleuse

[4retournez y jouer tout de suite, c’est un ordre