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iZombie - Avis sur la première saison de la série de zombies de Rob Thomas

iZombie: Rob n’aime plus trop les femmes

Par Blackie, le 12 mai 2015
Publié le
12 mai 2015
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Vous pouvez blâmer Jéjé. Après qu’il m’ait accusée de traitrise envers mon sexe pour avoir osé apprécier Daredevil, il fallait bien que j’essaie de remonter dans son estime et celle de tous les lecteurs que j’ai déçus.

Heureusement, iZombie faisait déjà un peu sonner mon radar et mon super outrage n’a fait qu’enfler. L’idéal pour récupérer ma carte de Féministe Enragée, qui voit du sexisme partout et pousse les réalisateurs à quitter Twitter.

Feminist senses, ON !

Qu’est-ce que c’est ?

iZombie, c’est la nouvelle comédie fantastique de Rob Thomas et Diane Ruggiero, respectivement créateur et productrice exécutrice de Veronica Mars.

Cette première saison ne fait que douze épisodes, et est diffusée pour la mi-saison sur la CW, juste après Truc Flou.
Elle est vaguement inspirée d’une bande-dessinée du même titre. Mais je me suis suffisamment renseignée pour savoir qu’il n’y a aucun intérêt à la lire si on aime cet univers, vu à quel point elle s’en éloigne. Ne vous embêtez pas.

Accessoirement, elle est tournée à Vancouver avec plein de gens que je connais, et pourtant je n’ai pas réussi à avoir un seul jour de boulot dessus malgré mon harcèlement !
Aucune rancœur hein. Non vraiment, ça m’a rendu le visionnage plus facile.

De quoi ça parle ?

Liv Moore (…vraiment ?) est une républicaine de premier cru étudiant la médecine , quand une fête sur un bateau tourne au massacre et la laisse transformée en zombie. Une fois morte, Liv commence progressivement à devenir libérale, et il y a peut-être un sous-entendu là-dessous. Je ne sais pas.

Quoiqu’il en soit, bouffer du cerveau lui permet de maintenir son humanité plutôt que devenir une sauvage arriérée (le sous-entendu est subtil, si si). Cela lui donne aussi la mémoire et la personnalité de ces morts, lui permettant ainsi d’aider la police à élucider leurs meurtres. Oui, parce qu’elle travaille maintenant à la morgue, avec un type qui essaie de lui trouver une cure. Plutôt sympa de sa part.

Liv essaie donc de donner un sens à sa nouvelle vie particulière, au cœur d’une ville qui commence à se zombifier et menacer son entourage. Mais ne lui demandez pas de s’en rendre compte trop vite !

C’est avec qui ?

Un amas de testostérones.

Alors oui, il y a Rose McIver, qui était formidable dans Once Upon A Time et Masters of Sex. Elle est notre petite héroïne blonde qui résout des enquêtes et pourrait en rappeler une autre si on s’arrêtait là.
Mais il s’avère que sa vie évolue autour des hommes.

Coté enquêtes elle a son patron à la morgue, Ravi, joué par le petit nouveau Raul Kholi. Malcolm Goodwin (en tête de CV... Breakout Kings !) est Clive, le flic à la Criminelle.
Coté privé Robert Buckley (One Tree Hill) est Major, l’ex-fiancé parfait et source de hashtags hilarants. Et David Anders (adoré avec Alias, bousillé par OUAT) est Blaine, autre zombie et dangereux dealer. Le gentil ex et le connard de service… hmmm ça sonne familier.

Ça, c’est donc le cast principal. Les seuls à apparaitre sur la moindre photo promotionnelle. Personne d’autre.

Il y a un générique ?

Je suis ravie qu’on pose dorénavant cette question. Car oui, iZombie a un générique, et c’est mon favori de l’année ! (A peine avant Unbreakable Kimmy Schmidt). Il est franchement efficace et donne d’emblée envie de se plonger dans l’épisode.

Visuellement, non seulement la base de l’histoire est rapidement résumée, mais l’aspect comic-book plonge bien dans un univers fantastique et fun. (Les vignettes dans les épisodes-mêmes peinent un peu plus, avec leurs jeux de mots constants.) La chanson est aussi à la hauteur, énergétique et restant facilement en tête. “Na nanana ooh I’m already dead” se chantonne aussi bien que les paroles des Dandy Warhols. Je l’adore.

Pourquoi t’en parles que maintenant ?

Parce que j’avais du mal à me faire une opinion sur la série, mais on arrive quasiment en fin de saison, et ce qui me gênait au début ne s’améliore définitivement pas. Ces deux derniers épisodes ont un peu été la goutte d’eau.

Pour être claire d’emblée : j’aime bien iZombie .
Oui, malgré ce que je vais dire par la suite, j’y trouve quand même un charme très divertissant. Le côté purement zombiesque maintient bien mon intérêt, du mystère des origines sur le bateau à l’entreprise de Blaine, en passant par les répercutions sur tout l’entourage de Liv. Cette forme particulière de zombisme permet à l’histoire d’explorer différentes directions inattendues, et c’est pourquoi la morsure de Ravi réussit parfaitement à m’inquiéter.

Cela tient aussi au fait que le duo de Ravi et Liv, à la fois collègues et amis, est une des réussites. Il y a une acceptance simple et directe entre eux qui est vraiment agréable, et leurs réparties humoristiques sonnent drôles et justes. Major est aussi une bonne surprise, s’étant révélé être autre chose que le rappel constant du passé du Liv, maintenant qu’il prend une part active dans les événements.

La série réussit plutôt bien son côté feuilleton, avec d’excellentes idées comme la copine zombie piégée. Malgré un petit manque d’équilibre, le problème du rat relance une excellente sensation de danger. Les découvertes de Major vont également dans ce sens, et apportent un impact émotionnel bienvenu au milieu des magouilles grotesques de Blaine (qui a complètement perdu de son charme initial).

Les enquêtes de la semaine sont par contre décevantes. Totalement plates, elles ne possèdent aucune ingéniosité dont Veronica Mars était capable. Le duo d’enquêteurs pourrait à la rigueur apporter un peu de saveur, si on n’avait pas collé à la pauvre McIver un acteur dénué de charme, à la voix exaspérante, dans le rôle déjà peu original du flic black très sérieux qui rend service.

Et puis au milieu de tout ça, il y a ces éléments qui me font plisser des yeux.

Je veux bien que l’ancienne Liv soit un produit de son éducation (la représentation de sa mère en dit long), pour mieux contraster avec la façon dont sa nouvelle vie la change. La mort la rendue plus libre, son esprit s’ouvre grâce aux différentes personnalités qu’elle absorbe, et sa perspective évolue. Très bien.
Mais ce n’est pas une excuse pour avoir le seul personnage principal féminin, en tête d’affiche de surcroit, s’adonner au sexisme ordinaire à base de remarques ou insultes qui la font rire avec ses amis mâles. Car pas une seule fois la série ne semble la critiquer sur cet aspect.

Pour prendre un exemple, la semaine précédente, le cerveau d’une femme enceinte lui faisait hériter d’un aspect maternel se traduisant par l’envie de faire un sandwich, et la remise en place de cheveux par la salive. Je n’exagère pas. On y parlait aussi de "friendzone", et il fallait la personnalité d’un gay pour qu’un couple hétéro puisse passer une soirée à rire et parler. Est-ce qu’un môme de quatorze ans a écrit ça ?

Dans cet épisode, Liv hérite du cerveau d’une star de la radio spécialisée dans le sexe, qui la fait constamment analyser tout le monde. Bien qu’elle manque de tact, Liv subit le même verdict que la morte, que ce soit par un animateur sexiste ou Ravi (notre équivalent de Bambi) : c’est une connasse. Une morte qui émettait aussi des jugements envers ses auditrices consistant à “Femmes, c’est de votre faute”.
On peut toujours essayer de me faire croire que la série pointe méchamment du doigt l’horrible animateur, mais je suis bien plus gênée par les sous-entendus qu’on trouve ailleurs dans l’histoire.

C’en est décevant d’apprendre que cet épisode est écrit et réalisé par deux femmes. Qui nous ramènent Peyton cinq minutes, pour que Liz puisse papoter sur les mecs et juger sa meilleure amie pas assez bien pour le gentil Ravi. Comment dire...

Peyton est un personnage essentiel, qui renvoie une image de femme ayant sa vie en mains, et ne pas la voir parmi la distribution principale me laisse perplexe. Contrairement à Ravi, qui ne connaissait pas Liv avant son changement et lui porte une certaine fascination, Peyton est sa seule amie à avoir des inquiétudes personnelles. C’est ce qui lui permet de lui dire ses vérités et la pousser à retrouver son humanité. En plus elle est jouée par Aly Michalka (ah, c’était chouette Hellcats) ! C’est pourquoi j’ai un peu peur de la voir réduite en simple challenge amoureux d’un rôle principal.

Au final, Jéjé va peut-être m’en vouloir de penser “Si je mets de coté l’aspect sexiste, c’est pas si mal”, alors que cet aspect m’énerve clairement. Mais c’est parce que Thomas et Ruggiero m’ont démontrée qu’ils valent bien mieux que cela. Cette maladresse ne se manifeste pas tout le temps et peut être facilement rectifiée en saison 2. Ce serait dommage de continuer à gâcher bêtement une série globalement chouette.

Blackie