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Kevin (Probably) Saves The World - Retour sur Kevin (Probably) Saves The World avant son dernier épisode.

Kevin (Probably) Saves The World (En Attendant la Fin) : Bye, Kev’ !

Par Conundrum, le 4 mars 2018
Publié le
4 mars 2018
Saison 1
Episode 15
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Cette semaine, une série va disparaitre de nos écrans, probablement pour toujours, dans une injuste indifférence. Et c’est bien dommage car Kevin (Probably) Saves The World méritait une plus grande reconnaissance. Côté production, la série d’ABC bénéficie d’une impeccable distribution mené par un Jason Ritter très en forme avec, entre autres, l’héroïne de Privileged et Gunn d’Angel. C’est aussi la nouvelle série de celles qui nous ont donné la meilleure série Marvel, Agent Carter, Michele Fazekas et Tara Butters.

Le fait que la série soit méconnue vient probablement d’un pilote qui pêche par sa forme et sa qualité face au reste des épisodes produits, mais aussi de son thème, la foi.
Oui, c’est vrai, Kevin (Probably) Saves The World, c’est…

Ed sur Les Routes du Paradis

Kevin (Jason Ritter) était un trader new yorkais arrogant, matérialiste qui négligeait sa famille. Il était aussi profondément malheureux ce qui l’a amené à tenter de mettre fin à ses jours. Suite à sa tentative de suicide, il est recueilli par sa sœur Amy (JoAnna Garcia Swisher), une professeure de physique récemment veuve, qui élève seule sa fille Reese (Chloé East). Il retourne donc vivre dans sa ville natale, retrouve son meilleur ami et sa copine de l’époque.

Une nuit, une étrange pluie de météorites s’abat sur Terre. Amy est alors convoquée d’urgence par une entité gouvernementale. Kevin et sa nièce en profitent pour aller voir un météore qui s’est écrasé près de leur maison. Lorsqu’il touche le rocher, Kevin tombe dans un état second de plénitude et ramène le météorite dans sa voiture parce que, pourquoi pas.
Le météorite se transforme alors en messager de Dieu, prénommée Yvette (Kimberly Hebert Gregory) : elle lui annonce qu’il est le premier des 36 Vertueux/euses, ces âmes qui doivent amener la bonne parole sur Terre. Kevin doit alors retrouver ses âmes en aidant son prochain. À chaque fois qu’il aidera quelqu’un, il aura un indice pour l’aider à trouver l’un des Vertueux/euses qu’il activera en le/la prenant dans ses bras. Et bien évidemment, il est le seul à pouvoir voir Yvette dont la mission est de le guider et le protéger. Encore une fois, parce que pourquoi pas.

La série véhicule des clichés un peu éculés comme la femme noire dont la sagesse guide le héros blanc ou encore que les gens des petites villes des États Unis ont des valeurs plus humaines et nobles que ces cyniques citadins New-Yorkais.
Mais, le message de la série, sa positivité et le charisme de sa distribution balaient rapidement les a priori négatifs qui découlent de son concept et de son traitement. Au final, on se retrouve dans une série où un type décrit comme « un mec qui a constamment l’air de sortir et de retomber dans le coma » se fait ridiculiser. Étrangement, la série trouve le traitement idéal où on ne se moque jamais de Kevin et on ne se dit jamais que son comportement pré-tentative de suicide justifie ses galères. Kévin, de par sa mission, est forcé d’interagir avec autrui. Il est obligé de comprendre le sujet de la semaine, mais aussi de comprendre l’impact de son attitude sur ses proches.

Kevin (Probably) Saves The World fonctionne comme une dramédie familiale grâce à une relation fraternelle complexe mais toujours montrée de manière positive. La série rappelle aussi l’ambiance de ces séries qui se déroulent dans une petite ville où tout le monde se connait sans jamais tomber dans la mièvrerie. Elle le réussit car son message simple est vendu avec des dialogues percutants, et, encore une fois, avec une distribution impressionnante de justesse.

Il est vraiment dommage que la série ait été à ce point desservie par son pilote, mal géré, qui laisse entendre une mythologie plus complexe, mais qui est, heureusement, vite mise de côté. Parce que si on parle d’envoyé de Dieu, la série parle de foi, et non de pratique de religion. Sous cette optique, Kevin (Probably) Saves The World, c’est...

Reaper dans The Good Place

Michele Fazekas et Tara Butters ont fait leurs premières armes sur la WB avec Reaper, une série où un jeune homme apprend que ses parents ont vendu son âme au Diable. À ses 21 ans, ce dernier (l’impeccable Ray Wise) lui explique qu’il doit stopper toutes les personnes qui se sont échappées de l’Enfer. Les deux séries, ont d’ailleurs au 14ème épisode, un cross over officieux et montrent qu’elles partagent plus que le même univers. Elles mettent en scène des héros qui sont enfermés dans une routine qui les rendent malheureux. Des protagonistes qui partagent une fermeture sur le monde et leurs proches. Il faut un événement surnaturel pour les réveiller et forcer à agir.

Ici, la récompense de Kevin est un état de plénitude, et la perte graduelle de ce mal être. Et la question de récompense est importante lorsqu’on parle de foi. L’argument a été fait que The Good Place était une série qui pouvait vendre une vision athée de la vie car une action n’est bonne que lorsqu’on attend rien d’elle en retour. Il n’y a pas de promesse de Paradis éternel. Kevin (Probably) Saves The World met en avant le même message sous une vision différente. Avoir la foi ne signifie pas agir uniquement dans le but d’une récompense divine et/ou éviter une punition éternelle. La récompense de Kevin, à court terme, est un état de plénitude. Il s’émerveille du monde qui l’entoure. Mais le réel bénéfice qu’il en tire est que, de semaine en semaine, il comprend mieux ses proches. Il découvre pourquoi sa nièce a du mal à s’ouvrir aux autres, comment son meilleur ami le perçoit, à quel point il a négligé son ex-petite amie, etc… Kevin découvre les autres, se découvre et son mal être disparait petit à petit.

Il y a beaucoup à dire sur la série. Elle aborde la mort de manière touchante et intelligente sans tomber dans le larmoyant. Elle parle de la dépression de Kevin sans que le thème n’envahisse la série. Et elle parle de foi. Pas de prêche (comme Seventh Heaven), pas de pratiques non autorisées ou acceptées par la société (Big Love), pas de dérives terroristes (Homeland) et pas de communautés croyantes (Little Mosque on the Prairie). Les séries pré-citées ne sont en rien problématiques, mais il est extrêmement rare de voir le thème de la foi et des bénéfices qu’on peut en tirer sans y accoler une religion ou une croyance particulière.

C’est bien dommage que le prochain épisode de la saison, avec Leslie Jones, soit probablement le dernier de la série. Mais si ce n’est pas le cas, j’espère qu’on aura l’occasion de plus se pencher sur cette très belle surprise de la saison.

Conundrum