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Comme Jeanne d’Arc - Limetown, un podcast bien flippant.

N°2: Limetown, Les Autres Leftovers

Par Conundrum, le 7 octobre 2017
Publié le
7 octobre 2017
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Limetown est un podcast qui a fait beaucoup parler de lui. En l’espace de quelques numéros, Limetown s’est hissé à la première place des podcasts les plus téléchargés d’iTunes et figure souvent dans les listes des meilleurs dramas audio à écouter.

Le problème est que, comme pour Homecoming, ce succès a attiré l’attention de producteurs et d’éditeurs cherchant à capitaliser sur sa popularité. Résultat, près de deux ans après la diffusion de la première saison, la production de la seconde ne semble toujours pas avoir commencé. Le créateur du podcast, Zack Acker et les producteurs, Two Up Productions, ont préférés se concentrer sur un livre prequel, un pilote d’adaptation en série, et un nouveau podcast musical, 36 Questions [1]. Et l’attente devient un peu frustrante voire contreproductive.

Si l’agacement que provoque ce délai est si fort, c’est que cette première saison était vraiment très réussie et mérite amplement sa réputation. Le concept est très simple : en 2004, les habitants d’une petite ville des Etats-Unis, Limetown, disparaissent tous soudainement. Le seul indice dans ce mystère est un appel de secours reçu par la police à peine compréhensible mais qui suggère qu’un événement dramatique et violent en est la cause. Dix ans plus tard, Lia Haddock une journaliste de l’American Public Radio (Ah l’influence de Serial !) décide de revenir sur ce mystère et de découvrir ce qu’il s’y est réellement passé.

Limetown est présenté comme un podcast d’investigation qui montre l’avancée de son enquête. Mais le parallèle avec Serial s’arrête là. Si Sarah Koening prenait chaque semaine un aspect différent de son enquête, Limetown suit la chronologie des découvertes de Lia. Le podcast d’investigation est seulement le prétexte, un peu facile, de justifier la structure de l’œuvre. Il ne s’agit pas d’un roman lu ou d’une fiction audio avec un narrateur. Expliquer une scène doit passer uniquement par la description, la solution la plus simple pour gérer ce point de manière naturelle est le podcast d’investigation. Si elle est un peu facile, elle a le mérite de fluidifier la narration et de faire avancer rapidement l’intrigue.

Celle-ci se complexifiant rapidement, le podcast sied mieux à une écoute à la chaîne [2]. En effet, il a du être très difficile de suivre le podcast lors de sa publication initiale, les six épisodes de Limetown ayant été diffusés à un rythme irrégulier en 2015.
Suivre le podcast en direct a du être frustrant, mais les producteurs ont eu la bonne idée de produire des mini-épisodes teaser d’une minute qui rappellent où nous en sommes dans l’intrigue entre chaque épisode. C’est une petite trouvaille bienvenue qui facilite l’écoute car il peut être utilisé à la fois comme bande annonce du prochain épisode et résumé des épisodes précédents.
L’écoute à la chaîne permet de mettre en avant l’une des forces du podcast. En six épisodes, Limetown sait parfaitement gérer ses révélations. Elles sont logiques et permettent de déduire dans les grandes lignes ce qui a causé la disparition des habitants de cette petite ville du Tennesse, sans réduire l’impact des explications du podcast lorsque celles-ci sont dévoilées.

Limetown, en revanche, a la mauvaise idée de relier Lia au mystère central. L’une des raisons de son enquête est la présence, dans la ville, d’un membre de sa famille. Même s’il faut noter que ce point n’est jamais montré comme sa motivation principale et que Lia est présentée une journaliste qui veut comprendre un mystère qui a marqué sa jeunesse, cet élément apparaît comme artificiel, et à l’issue de la saison 1, n’apporte pas de plus à l’intrigue. Ce n’est pas un problème à l’écoute, mais c’est un peu dommage que les auteurs aient cédé à cette facilité scénaristique.

En revanche, un peu comme Homecoming, Limetown étant une fiction basée sur l’explication et la discussion, les rares moments où il y a de l’action sont bigrement efficaces. Malgré le jeu un peu limité de son actrice principale, Limetown est jolie production. Encore une fois, elle mérite amplement les louanges qu’elle a reçues. Si l’intrigue de la saison 1 se suffit à elle-même, elle est relancée de manière très organique et logique dans le dernier épisode. Cette réussite pose problème car la saison 2, bien que toujours prévue, ne pointe toujours pas le bout de son nez.

A l’époque, le podcast bénéficiait de son aura de pionnier du genre, mais la production sérielle audio se développe très vite. L’attente de la suite se fait aussi longue que les attentes de son auditoire grandissent. La saison 2 devra ne pas les décevoir et entrer en compétition avec d’autres œuvres gérant beaucoup mieux leur planning de production. Elle ne devra pas laisser plus d’un mois passer entre deux épisodes, quand des podcasts comme Homecoming arrivent à maintenir un rythme hebdomadaire, moins d’un an entre deux saisons, publier un livre en parallèle de sa saison 2 et gérer la production de leur série pour Amazon sans que le podcast en soit impacté.

Une petite lueur d’espoir est tout de même apparue ces derniers mois. L’équipe de production de Limetown a lancé un podcast qui enchaînera différentes séries de tout genre, Two Up Productions. Le premier podcast a été publié cet été, 36 Questions, à un rythme régulier, on espère juste que la saison 2 de Limetown va lui succéder rapidement.

Conundrum
Notes

[1Sur lequel nous allons revenir prochainement

[2Écoute gloutonne, Ju ? Écloutir ?