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Lost - Critique de l'épisode 9 de la saison 4

The Shape of Things to Come: Le Docteur Ducon a Bobo Bidon

Par Ju, le 26 avril 2008
Par Ju
Publié le
26 avril 2008
Saison 4
Episode 9
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Si, de toute l’histoire de Lost, il n’y avait qu’un seul événement à retenir, c’est bien le moment où Damon Lindelof et Carlton Cuse se sont assis avec les dirigeants de ABC dans le but de s’entendre sur une date de fin pour leur série. C’est incontestable : savoir exactement quand Lost va s’achever a agit comme une véritable libération qui me permet désormais d’espacer remarquablement mes commentaires les plus incisifs et mes blagues les plus hilarantes, sans jamais vous donner l’impression de gagner du temps, et ainsi vous offrir les meilleures critiques possibles des saisons 4, 5, et 6 de la série.
Bande de veinards.

Quand j’ai appris, il y a peu, que The Shape of Things to Come avait été écrit par Drew Goddard et Brian K. Vaughan, deux scénaristes représentant mine de rien 50% des raisons pour lesquelles la grève devait s’arrêter, j’ai paniqué. Allaient-ils être à la hauteur de la réputation que j’essaye de leur construire ? Allaient-ils oser me décevoir ?

Suspens.

Cet épisode de reprise est très solide. L’intrigue (ambitieuse de tous points de vue) ne traîne pas, les questions fusent, les surprises sont nombreuses, les dialogues inspirés… Ces fourbes de Drew et BKV ont décidé de me rendre la tâche difficile et de m’obliger à dire du bien d’une série qui, inévitablement, finira par redevenir risible, transformant d’un seul coup mes quelques compliments en regrettables paroles passées venant hanter mes nuits les plus agitées.

Et - oui - je suis d’accord avec vous...
Il faudrait que j’étouffe vite fait le lyrisme prétentieux qui plombe les premiers paragraphes de cette critique... Mais je n’y peux rien… Moi, quand je n’écris rien pendant un mois, la conséquence obligée c’est une prédilection pour l’auto-analyse et les mots d’au moins trois syllabes.

RÉSUMÉ RAPIDE… TOUJOURS À 5 ÉPISODES DE LA SAISON 5

Sur la Plage des Cons, les Cons comatent connement en attendant qu’on vienne les reconduire chez eux. En dehors de leurs petits tracas du quotidien (« Le sable, ça gratte »), la vie plagiaire suit tranquillement son cours : Jin et Sun sont partis à la pêche, loin des caméras ; Bernard, les pieds dans l’eau, cherche en vain à se souvenir de l’endroit où il a laissé sa femme ; Kate s’apprête à bronzer topless pour attirer l’attention d’un Docteur Ducon barbouillé… quand elle est malheureusement interrompue par les flips flops incessants d’un cadavre venu s’échouer au bord de l’eau.
Et merde.

Le corps en question est celui de Ray, le docteur qu’on a rencontré plusieurs épisodes plus tôt sur le bateau, et qui est apparemment touché par ce que le diagnostique expert du Docteur Ducon appelle une « crise sévère de gorge tranchée ».
S’en suivent un petit passage à la MacGyver et un mensonge de Farfadet, à peine suffisant pour que me vienne une grosse envie de crier « FAILLE TEMPORELLE ! »… sauf qu’on ne m’y reprendra plus… même si, bon, effectivement, pour le coup… ça sent fort la faille temporelle avec le docteur mort sur la plage et encore en vie sur le bateau…

Pendant ce temps, dans Le Village de Les Autres, tous les personnages ne figurant pas au générique sont tués d’une façon ou d’une autre. Parfois même un par un, à une seconde d’intervalle les uns des autres, dans l’hilarité générale.

Et Ben a une porte secrète dans sa pièce secrète.

LE TRUC MÉCHANT (MAIS JUSTE) DE LA SEMAINE

Parce que je ne peux décemment pas me permettre d’écrire une review sans au moins une petite critique mesquine, il a bien fallu que je réfléchisse à un truc méchant à dire sur l’épisode… ce qui ne m’a pas pris trop de temps, au vu de la scène carrément ridicule où Sawyer traverse le camp de Les Autres à la recherche de Claire, avant d’assister aux morts successives de trois couillons de figurants pas foutus de se mettre à l’abri.

Au-delà de l’aspect overzetop de la mise en scène, et même si l’action en elle-même est plutôt cool, ce passage est quand même révélateur d’un plus gros problème inhérent à la série : Sawyer qui se soucie de Claire, moi, j’ai du mal à y croire, parce que ces deux personnages n’ont jamais été proches.
Le soucis, quand on enferme ses protagonistes dans des triangles amoureux ou un rapport invraisemblable avec un Hobbit toxico pour la plus grande partie de trois saisons, c’est qu’au final on n’aura exploité qu’une partie infime du potentiel relationnel entre sa galerie de personnages. Les scènes entre mecs autour d’un van Dharma ou en camping, c’était un pas dans la bonne direction, mais un pas trop isolé et bien trop tardif. Là, même si je veux bien croire que Sawyer et Claire se sont rapprochés durant leurs vacances dans le Camp de Les Autres, le problème c’est qu’on y a pas assisté… et que du coup, quand Sawyer l’appelle « Sweetheart » et qu’il risque sa vie pour la sauver, je n’y crois pas une seule seconde.

Lost, la seule série qui au bout de 4 saisons n’a toujours pas trouvé l’occasion de faire travailler tous ses acteurs les uns avec les autres.

LE PORTEUR DE PARKA DU SAHARA

Le premier flash-forward de Ben nous offre l’élément mythologique le plus intrigant depuis bien longtemps. Non, je ne parle pas du fait qu’il utilise le même bâton de combat que l’agent 355 dans Y, The Last Man, mais bien de sa téléportation très, très probable, à travers l’espace et le temps.

C’est toujours plus crédible qu’un médium, en ce qui me concerne.

Ben arrive donc, désorienté, dans le désert Tunisien, possiblement près de là où Charlotte l’anthropolomorphisteuse a découvert les ossements d’Albert l’Ours Polaire. Non seulement Ben n’est pas sûr de la date (FAILLE TEMPORELLE !), mais en plus il porte un joli blouson Dharma. Sur la doudoune, le nom Halliwax, pseudonyme sous lequel se présente Marvin Candle dans la vidéo d’orientation présentée en Juillet dernier par Lindelof et Cuse.
J’en déduis donc, de façon tout à fait logique, que… la téléportation et le voyage dans le temps… sont les moyens par lesquels Ben va prochainement quitter Lildelost assiégée (probablement avant la fin de la saison) pour arriver directement en 2005 dans le désert tunisien.

Après un truc comme ça, il faut mieux enchaîner rapidement.

Un reproche que j’avais lu à propos de The Economist (l’épisode centré sur Sayid en début de saison), était que sur ses cinq flash-forwards, seuls le premier et le dernier étaient vraiment important, le reste tenant plus du remplissage que d’autre chose.
Si j’en reparle aujourd’hui, c’est justement parce que les scénaristes ont évité de tomber dans le même piège avec cet épisode. Ici aussi, l’arrivée de Ben en plein milieu du désert et son face-à-face avec Widmore sont les flash-forwards les plus importants. Sauf que cette fois Drew et BKV ont réussi à donner de l’importance au reste de l’intrigue en répondant à quelques questions restées en suspend sur les motivations de Sayid. Ca ne leur a rien coûté, ça aurait été idiot d’y consacrer un épisode entier, et c’est plutôt une bonne idée d’avoir fait d’une pierre deux coups. Bravo.

BENJAMIN LINUS EST… UN CHIC TYPE ?

La rédemption de Ben.
Jusqu’à la toute dernière scène, l’épisode semblait avoir été construit autour de cette idée. Alors certes, Ben est toujours présenté comme un menteur, un assassin, un grand manipulateur, et un beau salaud, mais en un instant, l’exécution d’Alex, notre vision du personnage est transformée.

Je n’ai absolument pas vu venir la mort d’Alex.
Pour Ben de mystérieuses règles… semblaient la mettre à l’abri, pour moi c’était les règles de la télévision qui faisaient le même boulot. Une prise d’otage ? Cliché ! Un compte à rebours ? Cliché ! Forcément, le Monstre Fumeux allait intervenir au dernier moment et sortir les personnages d’une situati… ok, elle est morte.
C’est choquant, les dernières paroles qu’elle entend n’ont rien de plaisantes, et bon sang, un peu de noirceur, ça fait drôlement du bien. Après ça, forcément, Ben est transformé, et à partir de cet instant le téléspectateur n’a qu’une seule hâte : qu’il se venge… Du moins jusqu’à ce qu’on comprenne exactement en quoi consiste sa vengeance.

J’avoue que c’est un très bon retournement de situation, de nous avoir fait apprécier Ben de plus en plus pour, au final, le mettre en opposition avec Penny… un de seuls personnages que absolument personne n’a envie de voir mourir. Les scénaristes de Lost n’ont réussi que trop rarement à mêler le destin de leurs personnages de façon organique, alors pour une fois qu’ils y arrivent, je ne risque pas de me plaindre.
A la fin de ma critique de The Constant, je me demandais ce qui allait encore bien pouvoir arriver à ce pauvre Desmond pour que sa quête de Penny se poursuive pendant encore deux saisons. Je ne m’attendais pas à avoir la réponse aussi vite, et surtout pas de cette façon.

Ju
P.S. La semaine prochaine, je vous demanderai de choisir entre les affectueux Doctor Dumbass et Doctor Dickhead pour l’adaptation internationale de mes critiques.
Et on parlera un peu de Lost.