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Lost - Les Candidats ne sont pas des Numéros !

The Substitute: Les Murs Maudits des Maths

Par Ju, le 19 février 2010
Par Ju
Publié le
19 février 2010
Saison 6
Episode 4
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Ok, cette fois, c’était nettement mieux. Je ne sais toujours pas comment Lindelof et Cuse ont décidé de saupoudrer la dernière saison de Lost des gros bouts bien gras de réalité alternative, c’était clairement une connerie, mais au moins, cette semaine, c’était divertissant.

Le problème réside sans doute un peu là, d’ailleurs. Dans le pire des cas, comme par exemple l’épisode précédent, les interludes à répétition dans un Univers parallèle sont insupportablement chiants. Et dans le meilleur des cas, comme aujourd’hui, ils sont divertissants. Sans plus.

Dans l’état actuel des choses, tant qu’on n’en saura pas plus, et tant que les scénaristes se contenteront de se regarder le nombril avec leur petit exercice de fan-fiction grandeur nature, le mieux qu’ils puissent espérer, c’est de me divertir, sans qu’à aucun moment je me sente concerné par ce qu’il arrive à des personnages qui ne sont pas ceux que j’ai suivi depuis six ans.
Il y avait sans doute mieux à espérer à treize semaines de la fin de la série que de passer la moitié d’un épisode, vaguement amusé, très peu concerné, à attendre bien sagement de retourner à l’autre moitié.

Je crois que je n’avais pas ressenti ça devant Lost depuis la fin de la troisième saison.

Résumé Rapide, à 13 Semaines de la Fin

Dans l’Univers des gens coiffés bizarrement, Locke est toujours paralysé, pas trop piéton, plutôt pathétique, et s’apprête un peu à épouser la parfaite Helen, Katey Sagal, aussi connue par ici pour être la voix de Turanga Leela, la cyclope la plus sexy de la Galaxie.

Arf, vivement le retour de Futurama.

Pendant ce temps, sur Lildelost, Sawyer se fait enfumer (jeu de mot) par le mec qui se trimballe dans le corps de Locke, celui qui marche encore, pas celui en train de se faire bouffer par des crabes sur la plage.

Et dans les dernières minutes de l’épisode, on a la confirmation de ce dont on se doutait depuis très longtemps : vraiment personne n’aime Kate, même pas les ermites qui bouffent des cailloux et gribouillent dans les grottes.

De l’art de la répétition. De l’art de la répétition.

J’ai un peu peur que, tant que les scénaristes se borneront à ressasser sans cesse les mêmes histoires avec les mêmes personnages dans une réalité qu’ils ont créé rien que pour ça, je vais devoir continuer à rabâcher, semaine après semaine, les problèmes que ce choix narratif entraine. Heureusement, avec The Substitute, j’ai un peu de chance : ces petites distractions parallèles étaient très sympa. Ça m’évitera de trop me répéter.

Comme je l’ai dit brièvement dans mon introduction, je n’ai pas de problème majeur avec les flashs cette semaine, car je ne m’y suis pas ennuyé une seule seconde. C’était bien. C’était l’occasion d’admirer Terry O’Quinn jouer un Locke en fauteuil roulant, un Locke qu’on n’avait finalement que très peu vu dans toute la série, les flashbacks accordés au personnage se concentrant quasiment entièrement à sa vie pré-paralysie.

Le souci, c’est que ça fonctionnait uniquement parce que O’Quinn est un acteur beaucoup plus talentueux qu’Evangeline Lilly, et qu’il possède un personnage infiniment mieux écrit et engageant. Les problèmes propres aux flashs étaient toujours les mêmes, et toujours bien présents.
Tous ces pans d’épisodes restent désespérément anecdotiques. Plus que jamais, j’ai l’impression d’assister à un baroud d’honneur des acteurs de la série, et rien de plus. Alors oui, c’est toujours un plaisir de revoir Katey Sagal, mais le retour d’Helen, plus celui de l’enfoiré de patron, plus les apparitions ô combien « surprenantes » d’Hurley, Ben, et Rose, ça fait beaucoup. Ça fait tellement, en fait, que bizarrement c’est beaucoup mieux passé pour moi que la petite apparition d’Ethan la semaine dernière. Là, au moins, ils y sont allés franco, c’est limite ringard à chaque fois que la musique essaye de nous manipuler et de nous faire croire que les apparitions « surprise » ont un sens ou de l’intérêt, mais globalement c’était assez agréable.

Sauf quand Rose nous apprend, de la façon la moins naturelle possible, qu’elle est toujours en train de mourir du cancer dont elle avait été guérie sur Lildelost. C’est évidemment une chose qu’on dit à un parfait inconnu quand on le rencontre (et qu’on a des manches qui écrivent nos dialogues).
Sans parler du fait que c’est vraiment pas de pot pour elle, ce cancer, tant tous les autres personnages semblent être beaucoup plus heureux dans cette réalité alternative.

Donc voilà, pour résumer ce que je viens de dire à ceux qui ont un peu décroché : c’était mieux, mais ce n’est toujours pas ça. Quant à la vraie raison qui m’empêche de m’impliquer dans les histoires accessoires qu’on me raconte, le vrai truc qui m’énerve dans ces considérations d’Univers parallèles, c’est encore autre chose.

Je n’ai toujours pas trouvé de traduction rigolote pour « flash-sideway ».

La Petite Partie Plutôt Pierre de Rosette

Vous le savez sans doute, « flash-sideways » est le terme utilisé officiellement par Lindelof et Cuse pour décrire les scènes parfaitement marginales et sans conséquence de cette sixième saison. Ce qui est plutôt dommage. Car, vous l’aurez remarqué, en plus d’être une expression plutôt lourde, « flash-sideway » n’est ni traduisible, ni utilisable telle quelle pour quiconque respecte un peu notre belle langue française qu’elle est tellement si trop belle.

Du coup, moi, depuis deux semaines, je réfléchis à une traduction potable. Sans succès.

J’ai commencé tout doucement, en cherchant une traduction un minimum en rapport avec l’expression originale. Soyons littéral, pourquoi pas flash-diagonal ? Pour faire court, flashgonal. Ou flash-bancal... flashdetraviole ?

Non, il faut autre chose. Quelque chose de mieux, quelque chose qui démontre un peu plus d’esprit que flashtruc, flashchose, flashmachin, ou flashàlarrache. Pourquoi pas une adaptation qui refléterait l’intérêt général du procédé, comme un élégant flashbof, ou flashnul, ou encore flashputainKatemerde ?

Non, pas moyen. Hmmm... flasqueback ?

Bon, en attendant de trouver, j’ai une petite citation à vous proposer. Ça risque d’arriver assez souvent cette saison, d’ailleurs, il m’en reste un paquet que je n’ai pas eu l’occasion d’utiliser dans ma tentative vaine d’article « à la Jéjé ».

C’est tiré d’une interview de Cuse et Lindelof faite en novembre 2006 [1], soit au tout début de la troisième saison, bien avant l’introduction des flash-forwards dans la série.

But you said we’re going to go back and find out what happened right after the hatch imploded or whatever.
Damon : Yes, we are. It might be a flashback, but we’re not going to tell you how that information gets relayed.
Carlton : It might be a flash-forward or a flash-sideways.

Oui, c’est incroyable, « flash-sideway » est une expression intraduisible depuis novembre 2006.

Les Aventures de Plocke, Sawyer et la Grotte des Maths

Mais il est temps de fermer cette petite parenthèse linguistique. Revenons en plutôt à la qualité globale de The Substitute, et plus particulièrement au fait qu’il était quand même vachement plus réussi que What Kate Does.

On a déjà vu que la partie Univers parallèle était beaucoup plus supportable en remplaçant Kate (Fugitive Taxi de l’Extrême !) par Locke. Le même résultat peut être observé sur Lildelost en remplaçant le Japonais Caricatural Pas Convaincant et son Temple qui guérit (parfois) les gens (et les zombifie les autres fois) par Plocke.
Et « Plocke », vous l’aurez compris, c’est le petit nom que je donne au Monstre dans le corps de Locke, « Pas Locke », « Plocke » pour faire court (et surtout parce que c’est rigolo à dire plein de fois de suite).

Rien que l’ouverture avec Lildelost vue des yeux du Monstre était plus forte que toutes les pilules vertes qu’on a voulu nous faire avaler la semaine dernière. Six ans après les avoir entendu pour la première fois, les effets sonores qui accompagnent les déplacements du Monstre sont toujours aussi efficaces, et le reflet de la Fumée dans la vitre de la maison de Sawyer apportait une touche finale assez appréciable.
Mais même en dehors de ça, la partie sur l’île m’a ravi par le travail qui est fait sur le « personnage » du Monstre dans le but évident de le transformer en autre chose qu’un simple Méchant Très Méchant qui serait tombé très vite dans la caricature. Et ça, les scénaristes ne peuvent pas se le permettre. Leur Japonais Caricatural Pas Convaincant remplit déjà le quota pour la saison.

Donc oui, en plus d’avoir un nouveau surnom hyper cool qui sonne trop bien, Plocke a aussi une personnalité. Le virage était déjà amorcé avec son « Vous m’avez tous énormément déçu ! » lancé à Les Autres il y a deux semaines, complètement sorti de nulle part, et ça se poursuit tranquillement dans The Substitute avec deux éléments très étonnants.
Le premier c’est quand Plocke se ramasse en poursuivant un Gamin Fantôme de la Jungle dans la jungle (le naze), le second c’est lorsqu’il balance un « Don’t tell me what I can’t do ! » (© Vrai Locke) très énervé, toujours en direction du Gamin Fantôme de la Jungle.

Je le comprends, en même temps. Ils saoulent les Gamins Fantômes de la Jungle, toujours à courir dans la jungle, toujours à parler en énigmes dans la jungle... Foutus Gamins Fantômes de la Jungle !

Un comportement assez inattendu de la part d’un très Vieux Monstre de Fumée Noire Hallucinatoire qui Juge les Gens, une utilisation plutôt intrigante de phrases copyrightées, j’ai hâte d’en voir plus.

En compensation de ces moments assez peu glorieux dans l’absolu, Plocke regagne nettement de sa superbe avec ses deux discours de recrutement. On avait déjà eu le droit au discours hyper convaincant basé sur la personnalité de celui à qui il s’adresse quand Plocke essayait de convaincre Ben de tuer Jacob dans le final de la saison 5, et il remet ça cette semaine, avec le même talent mais un peu moins de résultats, pour Sawyer et Richard la Fillette.
Une minute de silence pour Richard l’Autre au Mascara, complètement ridiculisé dans une scène de trente secondes où il sort le nez d’un buisson pour avertir Sawyer sur un air affolé du danger qu’ils encourent, lui, ses amis, et toute sa famille sur les huit générations à venir, avant d’arrêter au milieu d’une phrase et de retourner se plaquer comme une fillette. Adieu, Richard l’Autre au Mascara. Bonjour, Richard la Fillette.

La majeure partie de The Substitute repose donc sur Plocke essayant de convaincre Sawyer de le rejoindre. Les deux acteurs font du bon boulot, ils se baladent dans la jungle, c’est chouette, mais au fond, tout ça n’est qu’une excuse pour arriver à la fin de l’épisode, d’une efficacité rare... quand on oublie, très vite, la descente de la falaise en image de synthèse. Le coup de l’échelle devait être sympa sur papier, mais dans l’exécution c’est un peu ridicule.
Tout comme Plocke qui jette son caillou dans l’océan de façon honteusement théâtrale (© GOB Bluth).

Non, ce qui est bon, c’est la révélation du pourquoi de la présence de tous les personnages sur Lildelost. Ils ont été amenés parce qu’ils étaient candidats à la succession de Jacob, dans le rôle très convoité de Protecteur de Lildelost.

Sauf Kate, qui a été amenée pour faire jolie.

La révélation en elle-même est intéressante, mais c’est surtout la façon dont elle nous est présentée qui est remarquable. Cinq minutes de monologue par Terry O’Quinn (avec Sawyer qui le relance discrètement par séries de trois mots) sur une musique de Michael Giacchino.
Impossible de se planter avec ça.

Le Choix de Katie

Mine de rien, les enjeux de la saison ont été mieux posés en une scène que dans les trois premiers épisodes réunis. J’ai, seulement maintenant, vraiment l’impression d’être entré dans un nouveau chapitre de l’histoire, le dernier. Il était temps.

Les nouvelles questions posées par la fin d’épisode sont nombreuses, et c’est pour cette raison qu’il est impératif d’écarter tout de suite ce qui n’en est pas une. Il n’y a aucun mystère derrière le fait que le nom de Kate ne soit pas inscrit sur les parois de la grotte, alors qu’on a vu Jacob la toucher. La raison est simple, évidente, immédiate : Kate est une grosse conne, et personne ne l’aime.

Connaissant la série, l’autre explication possible à son exclusion est que Kate est une femme.
Et protéger Lildelost, c’est un boulot d’homme, pas de gonzesse. Le boulot de la femme, c’est de se faire toucher pour le plaisir, de rester à la grotte, et de peser des cailloux sur une balance. Ou alors, un peu plus sérieusement, le boulot de la femme c’est de choisir celui qui deviendra le Protecteur de Lildelost.

Alors, Kate, tu choisis qui ?

Jack ou Sawyer ?

Putain de série...

Ju
P.S. La semaine prochaine, j’attribuerai des numéros aux gens que je touche.
Et on parlera un peu de Lost.
Notes

[1Cf. TV Guide, 08/11/2006