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Ma Semaine à Nous - Critique de l'épisode Semaine de la saison Semaine

N°125: Sponsorisée par le Côte d’or aux amandes

Par la Rédaction, le 15 mars 2010
Publié le
15 mars 2010
Saison Semaine
Episode Semaine
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Cette semaine, nous abordons des sujets d’actualité très profonds : doit-on donner le pouvoir aux classes populaires de The Middle ? Doit-on abolir les privilèges dont certaines personnes vivant dans des paradis fiscaux semblent jouir ? Quid des valeurs familiales en déliquescence de Survivor ? Mais faut-il suivre Big Love et s’accorder à dire que le privé doit être public et politique ? Oui, c’est que ça cogite le dimanche soir dans la rédaction. La nouvelle saison de Breaking Bad va bientôt commencer, et comme Iris est la nouvelle meilleure amie de Bryan Cranston, on a décidé de le mettre à l’honneur cette semaine. Parce que grâce à elle, on a l’impression qu’il fait partie de la famille, et ça n’a pas de prix.

Not so big on love
Feyrtys regarde la vérité en face

Vraiment ? Rouge - blanc - bleu ?

Ça n’a pas été facile à admettre, mais la quatrième saison de Big Love s’est achevée dimanche dernier et elle m’a laissé un arrière-goût amer. Malgré tout, je ne vais pas rejoindre le clan des déçus de la saison 4.
Il est clair que Mark V. Olsen et Will Scheffer ont souffert d’une ambition presque aussi démesurée que celle de leur personnage principal, mais ils n’ont pas manqué de nous offrir d’excellents développements et un paquet de scènes qui me hanteront encore pendant longtemps. Et puis ils ont donné à Chloë Sevigny tout le matériel nécessaire pour briller, rien que pour ça je les remercie.

Avec un peu de recul, je me rends compte que cette saison était encore une fois bien trop courte et trop dense. J’aurais pu me satisfaire d’une saison uniquement orientée sur l’attirance de Margene envers Ben, sur Alby et son amant, sur les déviances eugénistes du compound, sur la gestion du casino par Barb et surtout sur la prise de conscience par Nicki des dégâts que la secte qui lui sert de religion a eu sur sa vie. Ça aurait largement suffit.

Je n’avais vraiment pas besoin de voir Bill mettre en danger toute sa famille pour satisfaire son ego, trahir les Blackfoot et Don, manquer de répudier son propre fils, abandonner son frère, et j’aurais pu me passer de le voir sauver son fils des griffes des Green, tout ça pour finir au sénat de l’Utah… Non vraiment, ce n’était pas la peine.

J’ai toujours eu du mal à supporter Bill, et j’ai souvent reproché à Big Love de ne pas avoir su le rendre suffisamment charismatique pour comprendre pourquoi trois femmes exceptionnelles l’avaient épousé. Qu’il soit détestable ne me dérange pas plus que cela : The Shield, Deadwood, Son of Anarchy (oui, j’ai cédé aux pressions de Jéjé), les Soprano, Breaking Bad (parmi d’autres) ont prouvé qu’on pouvait faire reposer une série sur les épaules de personnages vils et répugnants sans que cela enlève au plaisir les voir évoluer à l’écran. Mais Bill Henrickson n’est ni intelligent, ni charismatique, et les deux expressions faciales de Bill Paxton n’aident vraiment pas, c’est une évidence.

La série a toujours extrêmement bien dépeint la réalité d’une secte et de tout ce qui tourne autour, elle a continué à le faire cette saison : je frémis encore en repensant à la scène dans laquelle Nicki cherche sa fille dans ce motel minable. Mais ce qui m’a le plus gêné cette année, c’est de comprendre comment Bill peut vouloir faire passer un message positif sur la polygamie quand à ses portes se déroulent encore des viols organisés dissimulés sous des excuses de mariages arrangés ? C’était pourtant lui qui voulait faire tomber Roman la saison dernière pour ces mêmes raisons. Son ambition politique n’avait pas de base solide ni de justification en dehors du "j’ai reçu un appel divin, c’est ma destinée !", ce qui n’a pas suffi à me convaincre sur le long terme. Je n’arrive pas à croire une seule seconde que pendant la durée d’une campagne électorale, personne n’ait cherché à dénoncer la polygamie de Bill. Je ne vois pas non plus l’intérêt de se déclarer polygame le soir des résultats des élections, sans avoir fait ses preuves, sans avoir donné du poids à sa voix avant et sans avoir cherché à se faire respecter avant. A part se faire arrêter, je ne vois pas ce que ça peut apporter de bon.

Et puis ce qui m’a le plus manqué au final, et ce qui avait déjà disparu la saison dernière, c’est l’ambiance "famille nombreuse" de Big Love. Où sont les enfants de Nicki ? Où sont les bébés de Margene ? Où sont les femmes débordées, les réunions quotidiennes pour s’organiser ? Où sont les repas de famille ? Il est temps à mon avis que la série se recentre sur son propos : une série sur une famille polygame, entre désir de normalité et désir de reconnaissance.

Comment j’ai complètement one-uppé Ju et Megan Fox
Iris se la pète

Samedi soir, en bonne djeunz branchée et malade condamnée du coup à rester chez elle et à se coucher honteusement tôt après avoir pleuré devant un épisode de Gossip Girl trop émouvant sélectionné pour l’occasion au lieu de sortir et de se la jouer Serena Vonwhathsernameoodsen, je m’apprêtais à tweeter mon désespoir latent, quand un tweet contenant les mots "Breaking Bad" fit tintinnabuler mon coeur de geek.

Un chat vidéo avec Bryan Cranston était organisé par le site Malcolm France [1], l’occasion pour moi de satisfaire mon côté fangirl et d’avoir un bon prétexte pour me la péter et pour tenter de ridiculiser Ju et son regard échangé avec Megan Fox.
Pendant 2h, Bryan Cranston a donc répondu à des questions de fans sur Malcolm et, plus important, sur Breaking Bad, qui reprend d’ici une semaine, ce qui signifie que vous avez donc encore tout le temps de rattraper les 20 épisodes constituant les deux premières saisons si vous ne les avez pas encore vus.

Gizz, I’m looking at you !

J’en ai donc profité pour lancer sur le chat plusieurs questions improvisées sur le moment, prouvant une fois de plus si c’était encore nécessaire que dans l’urgence, je réagis à la perfection, quoiqu’en pense mon désormais paraplégique cousin, qui est décidément bien rancunier.

J’ajouterai, d’un air on ne peut plus dégagé et cool, que Bryan Cranston himself en a lues certaines. Et qu’il a même qualifié l’une d’elle ("Au fait dude (sisi), quel est le personnage que tu as joué dont tu te sens le plus proche, en tant que personne ?") de very interesting, avant d’hésiter plusieurs secondes en tentant d’y répondre.
Bien entendu, certaines personnes mal intentionnées me feront remarquer que poser des questions intéressantes n’est pas difficile quand on sait que parmi mes adversaires se trouvaient les passionnantes et tellement justifiées "Savez-vous qui est le président de la France ? Et sa femme, loliloul ?" ou "Qu’avez-vous pensé d’Avatar ?", mais ces personnes ne méritent tout simplement pas d’être citées dans cet article. Surtout quand on sait qu’elles ont interprété une chemise portée par Walt comme un Signe, et un ourson comme une métaphore.
J’ai également demandé s’il trouvait que Breaking Bad comportait des scènes inutiles, ou que la série avait fait des erreurs. Ce à quoi, étonnamment, il a répondu par l’affirmative, avant d’à nouveau longuement développer, d’une manière que le host du chat m’a malheureusement interdite de rapporter ici lorsque je lui en ai quasi-rhétoriquement demandé la permission.
Pour citer ce qu’un grand philosophe-théoricien sur Lost m’a dit, alors entouré de groupies lui faisant des massages et des pancakes, "Iris ! ça ne mène à rien, la politesse !".

Mais, le plus important dans cette soirée, c’est que Bryan Cranston himself aura apporté sa pierre au débat qui anime la rédaction, et qu’en tant que demi-dieu, son avis pèse plus que tous ceux contraires au mien :
Modern Family, c’est bien. Community, c’est bien. Mais The Middle, c’est vraiment naze.

Lutte de classe
Jéjé, bobo ou coco ?

Faut que je me fasse à l’idée. The Middle est moins drôle que, au hasard, Modern Family ou Community. Il n’empêche que j’ai autant d’affection, voire plus, pour la première que pour les autres. Parce que ça me plaît bien d’avoir une sitcom américaine ancrée ailleurs dans la grosse bourgeoisie (pardon pour l’expression, mais on est un soir d’élection, je n’y peux rien) qui truste la quasi totalité des univers des séries télé familiales.

Et ça me plaît aussi que pour une sitcom de "middle-class", le personnage du père ne soit pas le beauf’ de service habituel. Il est relativement rare que dans les séries familiales, l’image du père soit écornée, sauf lorsque elles s’intéressent à des familles dont les revenus annuels n’ont pas six chiffres. J’en veux pour preuve, Homer Simson, Al Bundy de Mariés, deux enfants et Al de Malcolm in the Middle, qui incarnent chacun à leur manière des pères au comportement la plupart du temps infantile et inconséquent. Notons que l’un des aspects les plus subversifs de Modern Family (oui, c’est marrant d’utiliser cet adjectif pour évoquer la série) est d’avoir utilisé ces caractéristiques pour caractériser un chef de famille "petit bourgeois".

Je suis quand même obligé de noter que le personnage de la mère reste la glu pragmatique de la famille, celle qui gère les problèmes matériels et quotidiens, celles qui fait vraiment attention aux enfants, celle qui reste la version 2010 des Marge Simpson et des Loïs ! Et oui, seule Christine Kimble peut essayer d’arriver à la cheville de Peggy Bundy !

Mais ce qu’il faut bien retenir au final, c’est "Go Sue Heck, die Serena van der Woodsen !"

Ju a tort et J.T. a deux papas
Conundrum

Ju, la semaine dernière, nous a offert une analyse symbolique pertinente de l’épreuve de Survivor. Totalement à côté de la plaque, mais pertinente quand même. Des corps huilés de filles en bikini qui glissent vers des boules apparaît, pour un esprit peu entrainé à l’analyse poussée des épreuves de télé-réalité, comme une expression érotique sexiste. Or, après mure réflexion, il apparaît que c’est tout l’inverse.

Une élimination change la donne de Survivor, ces corps glissent donc vers un monde nouveau et inconnu. Des femmes en douleur, et des hommes certes de côté mais qui les soutiennent, associés à l’idée pré-établie un peu plus haut nous pousse plus vers une image d’accouchement. Car, au fond, grâce à cette épreuve, n’assistons nous pas à la naissance d’une nouvelle alliance, la coalition Tom-Colby-J.T., plus connue sous le nom de "J.T. a deux papas" ?

Car ne l’oublions pas, l’idée de tribu est indissociable de Survivor et nous ramène à l’idée de la famille. Cirie, qui représente dans cette analogie la mère porteuse, est donc éliminée. Elle ne peut pas avoir de rôle dans cette nouvelle famille.

Un esprit motivé, mais limité dans son analyse, pourrait me rétorquer que l’élimination de la semaine va à l’encontre de ma théorie. Et bien, encore une fois, Ju aurait tort. J.T. l’enfant de la semaine dernière a grandi. Tiraillé entre l’influence de ses amis Amanda, James et Rupert, et l’amour pour ses parents Tom et Colby, il commence difficilement sa crise d’adolescence. Sa première décision majeure est évidemment d’aller à l’encontre de ses parents et d’éliminer Tom.

Le complexe œdipien s’ajoute donc à sa recherche d’identité.

Oedipe, version Survivor

Il est donc clair que Survivor, après 20 saisons, se montre de plus en plus riche et maitrisée.

La semaine prochaine, Ju vous donnera son analyse réfléchie sous le thème : "Le dégout de Colby pour du chocolat est la manifestation de son racisme envers James".

la Rédaction
Notes

[1Sur lequel vous pourrez prochainement vous rendre afin d’en lire la retranscription