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Ma Semaine à Nous - Critique de l'épisode Semaine de la saison Semaine

N°63: Semaine du 24 au 30 mars 2008

Par la Rédaction, le 30 mars 2008
Publié le
30 mars 2008
Saison Semaine
Episode Semaine
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On approche de la fin de cette période de vache anorexique, mais il n’y a quand même pas grand chose à regarder... Un peu de Greek par-ci, de Vieille Christine par-là, une mini-série en sept parties de l’autre côté... Heureusement, la chaîne Sci-Fi a la bonne idée de faire des "documentaires" pour rappeler à notre bon souvenir qu’elle avait l’habitude de diffuser une série appelée Battlestar Galactica et qui, d’après nos archives, dépotait pas mal au début. On s’occupe aussi avec de la bonne vieille BD et une bonne vieille crise de jalousie de ces gens super talentueux qui savent écrire ET jouer. Ah les salauds. En attendant le retour des épisodes inédits, nous avons retrouvé une actrice de cette vieille série oubliée appelée BSG pour illustrer cette soixante-troisième semaine.

La meilleure série au monde
Conundrum nous dit que ce n’est pas Battlestar Galactica

Cette semaine, afin de préparer le retour de sa série phare, Sci Fi a diffusé deux documentaires sur Battlestar Galactica. ’Documentaire’ est bien grand mot au passage, le premier était un simple résumé pour se remémorer à quel point la série était réussie... il y a deux, trois ans, et le second aurait pu s’appeler "Oui, nous sommes des célébrités et comme vous, nous regardons la télé, mais notre avis est plus important que le votre car on anime The Soup et pas vous" ou "Ma femme, BSG et moi", vu que la plupart des intervenants a décidé que l’avis de leur femme méritait aussi l’attention des téléspectateurs. Si on met de côté l’intérêt d’avoir l’avis des potes de Seth Green ou de l’un de membres de Poison, on apprend que Battlestar Galactica est la meilleure série au monde depuis l’histoire de l’invention de la télé. Non seulement, ces gens ne prennent visiblement pas en compte Loin de ce Monde, mais ils ont sûrement oublié que ce titre doit revenir à The Wire, d’après ce que j’ai pu lire de la série.

Et si j’écoute d’autres sources, le fait de ne pas avoir vu (et pire, ne pas aimer) Six Feet Under mérite la mort, parce que "sérieux, c’est la meilleure série au monde, et ça parle pas de la mort mais de la Vie avec un grand V". Bien sur, ces sources n’ont pas vu The Sopranos, car évidemment, la télévision ne sera plus jamais la même sans cette œuvre majeure qui l’a révolutionnée. Pour les plus âgés, vous pouvez remplacer The Sopranos par Hill Street Blues, si vous voulez, ça marche aussi. Ensuite, il y a les variations sur les genres, si on remplace ’série’ par ’sitcom’, Battlestar Galactica devient Friends. Pour les teen shows, c’est évidemment My So Called Life ou Freaks and Geeks pour les plus jeunes.

Ah oui, parce que si votre série a une faible audience, a été annulée après une saison, ou est diffusée sur le câble, la force de votre argument est aisément multipliée par trois parce que vous faites partie de cette élite, de ceux qui ont compris, des Illuminés. Ensuite, au sein même de cette catégorie, il y a des degrés d’illumination. Il y a ceux qui aiment la série, qui sont poussés par ceux qui la vénèrent à se refaire une 43ème intégrale d’Arrested Development au lieu de perdre son temps avec Miss/Guided, une série sans aucun acteur d’Arrested Development dedans.

Je ne critique pas ces séries, je suis coupable d’avoir dépassé un nombre sain d’intégrale d’ADev et je les aime beaucoup pour la plupart (sauf BSG, mais je ne dois sûrement pas comprendre la série), et l’engouement des fans part d’une envie louable de partager une passion. Mais il n’y a rien de plus rédhibitoire que d’entendre au sujet de chaque nouvelle bonne série que c’est la Meilleure au Monde et qu’elle annule tout ce que l’avait fait avant elle. Cela tue l’effet de surprise d’une qualité insoupçonnée (je n’aurais pas autant apprécié In Treatment sans l’effet de surprise du format et de la qualité d’interprétation) et surtout, cela met une barre tellement haut que la série risque de décevoir.

Ceci étant dit, vous en êtes où de votre intégrale de Frasier ? Hein, que c’est mieux que BSG, My So Called Life, CHiPS, La Croisière S’amuse et Plus Belle La Vie réunis ?


Mort-vivants & co
Feyrtys… needs… brain… brain…

Ca vous est déjà arrivé de lire une BD et vous dire "mince, ça ferait une super bonne série" ? Joma a déjà parlé de Murena et de DMZ, Blackie des comics Buffy et Angel, je suis à peu près sûre qu’on vous a touché deux mots de Y, The Last Man ; il est temps de parler de The Walking Dead.

L’auteur, Robert Kirkman, résume très bien son oeuvre en ces mots : "I wanted a zombie movie that never ends. I wanted a zombie movie that allowed us to watch the characters grow and change over time. […] That’s something you can only do in a comic, or well, on TV. But I don’t do TV, I make comics." Vraiment, c’est bien dommage, on aurait peut-être eu une bonne série à se mettre sous la dent à la rentrée dernière !

J’ai découvert cette BD récemment (elle date de 2003 tout de même) et j’ai dévoré les trois premiers volumes parus chez Image, qui réunissent les numéros #1 à #36 (42 numéros sont sortis à ce jour).
Le point de départ est donc, vous l’aurez compris, une histoire de survie post-apocalyptique dans un monde envahi par des morts-vivants. Il n’y a pas beaucoup plus que cela à dire, si ce n’est que The Walking Dead prend l’excuse des zombies pour parler de ces sujets universels suivants : qu’est-ce qui nous différencie, au fond, des monstres qui cherchent à nous tuer ? de quelles règles une société a-t-elle besoin pour fonctionner ? quelles lois peuvent garantir justice et liberté ? à quoi sommes-nous prêts à renoncer pour nous sentir en sécurité ?

The Walking Dead n’est pas une BD colorisée mais habillée d’un astucieux dégradé de gris qui permet de ne pas trop s’attarder sur le côté gore de l’histoire (même si j’ai trouvé certaines scènes assez brutales et laissant un peu trop de place à l’imagination…).
Le scénario met en scène des personnages que le désespoir et la folie meurtrière dévorent peu à peu (parfois plus vite que d’autres) mais qui restent toujours incroyablement humains. Leur quête d’un endroit sauf, dans lequel ils pourraient s’installer résonne avec l’histoire de Battlestar Galactica (à l’époque des deux premières saisons) et avec Deadwood (le comportement anti-social, psychotique et violent des gens revient vite à la surface dans une société si éloignée de toute civilisation).
En plus de toutes ces qualités, le scénario est parcouru de cliffhangers qui vous donnent immanquablement envie de tourner la page…

Robert Kirkman, puis-je suggérer une rencontre avec un producteur de séries, un responsable des programmes d’une chaîne peut-être ? Si la BD ne paye pas, une reconversion serait-elle envisageable ?


They are a different people, a multi-talented people, [...] who are [...] the luckiest people in the world...
Gizz fait une crise de jalousie

Car non, on ne se lasse jamais des références aux comédies musicales dans les titres de Ma Semaine à Nous. Cette semaine à l’affiche : les acteurs/scénaristes. Ces gens détestables, emprunts d’égocentrisme, qui ne pensent qu’à se mettre en valeur en écrivant eux-même les séries dans lesquelles ils n’envisagent rien d’autre que d’endosser le rôle titre...
J’ai toujours eu un problème avec ce que je voyais comme une envie de tout contrôler, un narcissisme un peu trop débordant (et la nécessité de refaire ses heures Assedic rapidement) l’étape première avant d’arriver à ce cumul d’emploi étant de se trouver suffisamment bon soi-même pour pouvoir mettre en valeur son propre texte.
Et puis, en découvrant peu à peu leurs oeuvres, j’ai dû me rendre à l’évidence : ils se le permettent car ils sont effectivement les mieux placés pour remplir ce rôle. Tout d’abord parce que dans la majorité des cas, le personnage qu’ils incarnent est quasi-systématiquement un égocentrique notoire qui a besoin d’envahir l’écran et de contrôler la situation autant que son double gratte-papier contrôle la séquence. Qui mieux que Ricky Gervais (oui, la quasi-totalité de mes exemples sera britannique) pour incarner le besoin de plaire de David Brent, ou qui mieux que Dylan Moran pour servir la misanthropie de Bernard Black ?
Ensuite, parce que l’écriture généralement subtile de leurs séries requiert un sens du rythme et du détail si précis qu’un scénariste qui connait son acteur comme lui-même est toujours plus efficace. Et pour ça, deux solutions : faire tourner ses amis, ou se faire tourner soi-même. Voire les deux ! Simon Pegg l’ayant très bien compris, s’entourant de ses habituels acolytes dans chaque film et série, et osant même le duo à l’écriture comme à l’écran avec Jessica Stevenson sur Spaced, menant à un des plus grands moments de complicité de l’Histoire de la Télévision (non je n’exagère pas, ce sont les majuscules qui font ça).
Autre point important, la ridiculisation. Ces acteurs/scénaristes sont toujours plus à même de se rendre détestables ou pathétiques, preuves à l’appui que sont Lisa Kudrow dans The Comeback, ou là encore Ricky Gervais dans The Office, qui arrivent à sombrer dans les abysses de la misère psychologique parce qu’ils n’ont aucune retenue à s’y fourrer eux-même.
Pour la caution culturelle, j’oserai même le parallèle avec les plus grands de l’époque du burlesque muet et son plus grand représentant, Buster Keaton (fuck Chaplin). Le fait de porter les casquettes de scénariste et de réalisateur sur les films dont il était la vedette (situation relativement courante à l’époque des balbutiement du cinéma, qui s’est perdue dans l’Age d’Or Hollywoodien et la sacralisation des acteurs) lui permettant de se mettre en danger et d’être son propre marionnettiste. Son personnage étant un des plus empathiques jamais créé. Je les appelle acteurs/scénaristes depuis le début de ce papier, mais je devrais d’ailleurs les dénommer scénaristes/acteurs, tant le second est au service du premier.
Tout ceci commençant à devenir un peu trop pompeux, retenez simplement que « Ricky Gervais, c’est un peu l’arrière petit-fils de Buster Keaton, en fait ». Et parce que je n’ai pas eu le temps de parler des quelques exemples qui me restaient en tête, je citerai juste les losers de Sunny Philadelphia, qui résument à eux-seuls ce qu’est une bande de complices casse-cou prêts à paraître pour les pires des salauds au nom de l’humour, et Tina Fey qui se donne toute entière à l’échec sentimental et professionnel de son personnage dans 30 Rock (mais qui malheureusement n’arrive pas à se débarrasser de son sex-appeal).
Rendons-nous à l’évidence, je les déteste parce qu’ils sont talentueux...


Just bend…and snap !
Blackie retourne à l’université

En cette période d’épisodes inédits au compte-goutte, apprendre que Greek reprenait cette semaine m’a vite convaincue qu’il s’agissait du moment idéal pour me rattraper la première partie de saison que j’avais bizarrement ignorée l’été dernier. Pourtant, ce n’est pas comme si je pouvais me tromper avec un teen show plutôt drôle situé dans le monde merveilleux d’Elle Woods.

Même en enchaînant les épisodes, la cassure entre les deux semestres se fait plutôt bien ressentir, tant le premier avait l’aspect d’un chapitre bouclé, et le nouveau s’annonce tout aussi prometteur en rebondissements. La relation entre Cappie et Rebecca est une excellente idée que j’ai hâte de voir se développer, malgré ma crainte d’un triangle amoureux un peu redondant avec Casey.

Je suis également assez contente des réactions mitigées du côté d’Omega Chi par rapport à l’homosexualité de Calvin, qui peuvent vraiment chambouler le parcours du personnage. L’acceptation immédiate de ces fratboys aurait sonnée un peu trop gentillet, d’autant que les dix épisodes précédents passés à redouter un rejet auraient parus bien inutiles. Calvin va peut-être enfin avoir droit à une évolution dans sa relation avec Heath, sans que cela ne tourne systématiquement à la crise d’angoisse de sa part. Bien sûr, rien ne peut valoir la scène du coming-out d’Heath, qui prouve une fois pour toutes que Kappa Tau est la fraternité la plus cool du monde.

Quant à l’arrivée de la vieille ZBZ coincée des fesses, son potentiel d’apporter des conflits de pouvoir au sein de la sororité m’intrigue, mais j’ai du mal à ne pas la voir autrement que comme ressort comique stressant pour le moment. J’espère en tout cas que la série continuera à explorer les autres maisons grecques entraperçues du campus. Car au-delà du simple plaisir procuré par le facteur soap, Greek m’intéresse grandement par sa façon de traiter des intrigues politiques dans le monde universitaire.


You’re like a stinky old cheese babe, just gettin’ riper with age
La Vieille Christine a beaucoup fait rire Conundrum (entre autres)

Quand on commence par des citations de comédies musicales, c’est signe qu’on aime une série à Casa pErDUSA.
Old Christine a eu un excellent épisode cette semaine. Il s’agissait de la deuxième partie d’un épisode plutôt faible, un peu prévisible et mal amené. Du coup, mes attentes étaient probablement plus basses qu’à l’accoutumée. Et pourtant, j’ai ri, j’ai hurlé et j’ai adoré.

Les scénaristes ont un sérieux problème avec l’inceste (c’est lors de ce passage que j’ai hurlé et fermé les yeux), mais qu’est-ce que c’était efficace... C’est un signe de force quand le personnage principal de la série peut se permettre de laisser la vedette à son cast secondaire. Et quand on a Hamish Linklter, Clark Gregg et surtout Wanda Sykes, il serait criminel de les laisser avoir des intrigues secondaires.

Contrairement à Seinfeld, Old Christine a du cœur, nous sommes attachés aux personnages, mais il n’y a rien de mielleux dans la série. Elle ne se repose jamais sur des intrigues "soapiennes" quand elle ne sait pas faire rire. Cette semaine, Old Christine aurait pu suivre cette voie, mais non, elle a fait ce qu’elle sait faire le mieux : ridiculiser ses personnages, nous faire rire sans jamais avoir recours à la corde sensible.

Et dire que tout le monde a parlé de Ta Mère cette semaine, alors que Old Christine n’est toujours pas renouvelée...


He doesn’t speak French !
Feyrtys aime beaucoup le Versailles de John Adams

Il y a toujours eu quelque chose de drôle et d’un peu agaçant dans les descriptions que les Américains ont fait des Français dans leurs séries, depuis le voyage de Donna et de Brenda (je vous laisse deviner dans quelle grande oeuvre télévisuelle) en France jusqu’au Paris des années 50 de la dernière saison de Gilmore Girls. Et bon, il faut bien l’avouer, Pépé le putois n’a pas aidé non plus à son époque.
J’attendais avec impatience que la nouvelle mini-série d’HBO nous montre la venue de John Adams dans le Paris pré-révolutionnaire, et je n’ai pas été déçue : les Français y sont présentés comme d’horribles dilettantes, des libertins obsédés par le sexe et la nourriture. Mais je n’en ai pas pris ombrage. Personnellement, cette description me convient tout à fait ! Et je dois dire que c’est cette image-là me semble bien correspondre à la réalité du Versailles de ce tordu de Louis XVI. Des hommes et des femmes imbus d’eux-mêmes, se complaisant dans la superficialité, les plaisirs de la chair et la moquerie. De vrais perdusiens en somme.

John Adams a donc marqué des points supplémentaires cette semaine en montrant son personnage principal incapable de se faire à la frivolité de la cour du Roi et de sortir de l’ombre de Benjamin Franklin, coqueluche de la France et fin diplomate. Si on oublie la mise en scène quelque peu déstabilisante (la caméra est toujours posée de travers), John Adams est une très bonne surprise et une série historique passionnante, malgré un premier épisode un peu long à se mettre en route. J’aime particulièrement le personnage d’Abigail Adams, femme de tête, féministe, en avance sur son époque, qui a toujours un bon mot pour empêcher son mari de prendre la grosse tête et se prendre trop au sérieux (il aurait eu besoin d’elle en France). Un personnage féminin comme j’aimerais en voir davantage à la télévision !

Donc, si les séries dites "historiques" ne vous font pas peur, John Adams vous ravira par son écriture soignée et sa pléiade de très bons acteurs. Moi qui ne connaissait rien du personnage de John Adams et qui, je dois l’avouer, me fiche un peu de cette partie-là de l’histoire américaine, je me suis laissée séduire par cette série.

la Rédaction