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Masters of Sex - Avis sur les premiers épisodes de la nouvelle série de Showtime

Masters of Sex: Tell me how you climax

Par Feyrtys, le 23 octobre 2013
Publié le
23 octobre 2013
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On ne peut pas dire que les séries de cette rentrée 2013 brillent par leur qualité. Entre le décevant Agents of S.H.I.E.L.D., les terriblement mauvais The Blacklist, Hostages ou encore Betrayal, les comédies lourdes et sans saveur, et les grands ratés que sont les nouvelles séries de la CW, il est difficile de ne pas s’apitoyer sur la production télévisuelle.

Masters of Sex sort du lot par sa qualité, mais ne parvient pas tout à fait à enthousiasmer.

C’est quoi ?

Masters of Sex , diffusé sur Showtime, raconte l’histoire de l’étude sur la sexualité menée par William Masters et Virginia Johnson à la fin des années 50, qui fit grand bruit à l’époque.

C’est avec qui ?

L’excellent Michael Sheen et la plus que parfaite Lizzy Caplan, pour qui tout pErDUSA a un faible depuis Party Down (ou Related, si on s’appelle Drum ou Jéjé). Margo Martindale fait une apparition dans le pilote, mais juste pour remplir son quota de personnage secondaire à l’année. Il est amusant de noter qu’on retrouve également dans Masters of Sex son mari dans The Millers, Beau Bridges, dans le rôle de mentor et supérieur de William Masters.
Les pilotes de cette rentrée nous ont fait subir tellement de performances "d’acteurs" médiocres que je me sens obligée de dire que Masters of Sex a le mérite d’avoir embauché de vrais acteurs, et des bons en plus de cela. On ne peut pas en dire autant des nouvelles séries de la CW, hein Reign ?

Autre information qui a son importance, on retrouve une femme derrière Masters of Sex, ce qui est suffisamment rare pour être noté. Michelle Ashford, c’est son nom, a d’ailleurs embauché de nombreuses scénaristes. Quand on lit les analyses des pilotes de la rentrée de Jéjé, on ne peut pas dire que ce soit un mal.
Ce pilote passe d’ailleurs haut la main de test de Bechdel, coïncidence ? I think not.

Et c’est bien ?

D’après l’entité toute puissante qu’est "Internet", Masters of Sex a tout de la grande réussite télévisuelle. Je crains n’être pas tout à fait de cet avis. La série a des qualités indéniables : son casting, comme je l’ai déjà dit, son écriture, la qualité de la production et même son thème sous-jacent, l’émancipation des femmes. Mais si je reviens sur mes impressions après trois épisodes, je ne peux m’empêcher de penser que le pilote va beaucoup trop vite, que le deuxième épisode ne m’a guère convaincue et que le troisième m’a tout juste donné espoir que les choses s’améliorent.

Ce qui me gêne le plus dans Masters of Sex, c’est de ne m’être attachée ni au personnage de Virginia (Ginny), ni à celui de Masters. Je sais, il reste encore du temps, mais avouez que c’est ennuyeux de regarder les deux protagonistes d’une série avec indifférence, après 3 épisodes.
Ce n’est pas parce qu’on présente un personnage féminin indépendant, intelligent et qui ne cherche pas nécessairement à trouver l’amour qu’on obtient pour autant un personnage intéressant, je suis la première à le regretter. Après trois épisodes, Ginny me laisse sur ma faim. En comparaison, je trouve Libby Masters et Betty bien mieux écrites qu’elle, ce qui est un comble quand on sait à quel point le personnage de Ginny semble avoir été créé pour satisfaire mes besoins de voir des personnages féminins révolutionnaires à la télévision.

Je pense que la faute revient en partie au personnage de Masters. Ginny lui voue dès le début une admiration sans borne. Ce que je peux comprendre, étant donné sa réputation. Mais rapidement, elle devrait se rendre compte, comme nous, que Masters est un parfait ignare dans le domaine de la sexualité féminine et que pour un spécialiste de la reproduction, il se montre incroyablement coincé pour tout ce qui touche au sexe. Je m’attendais alors à ce que Ginny le traite en égal, mais ce n’est pas le cas. Quand elle réécrit ses questionnaires pour qu’ils soient plus pertinents, j’attendais d’elle qu’elle s’affirme et qu’elle lui fasse comprendre que sans elle, son étude n’irait pas loin. À la place, elle continue à chercher son approbation, ce qui me chiffonne surtout parce que cela ne semble pas correspondre à la personnalité que la série tend à lui donner.
Quant à sa sexualité "scandaleuse", il a été reproché à la série d’avoir écrit Ginny comme un personnage féminin contemporain, post mouvement de libération des années 70, avec les mêmes pratiques sexuelles. Pour ma part, si je n’ai pas été surprise qu’elle offre une fellation à son partenaire sexuel dès leur première soirée, j’ai haussé un sourcil d’incrédulité quand elle s’étonne de voir que le Dr Ethan Haas, son fuck buddy du moment, a bien des peines à comprendre les bases d’une relation "sans engagement". On est au milieu des années 50 quand même. Alors oui, Ginny est en avance sur son temps, tant mieux, mais il lui manque la jugeote qui devrait aller de pair avec cette émancipation, ce qui en fait un personnage pour le moment anachronique.

Quant à Masters, j’ai l’impression qu’il a été écrit avec comme seul impératif d’être "complexe", le fardeau des personnages masculins à la mode depuis Don Draper. Connard une heure, héros la suivante. Prévenant avec sa femme le matin, lui faisant subir des examens médicaux douloureux et humiliants pour rien le reste de la journée. Odieux avec une prostituée à midi, voulant sauver son honneur à l’heure du goûter. Mais pour moi, Masters n’est ni complexe, ni profond. Il s’agit juste d’un type brillant, qui voudrait bien comprendre ce qui se cache derrière le désir féminin, comme s’il s’agissait du dernier mystère de l’humanité à percer. J’ai bien compris que la série ne cherchait pas à en faire un chic type, mais ce serait pas mal qu’il soit un tant soit peu attachant, ce qu’il n’est pour l’instant pas.

Mais heureusement, il reste les personnages féminins secondaires qui eux, sont très réussis. Betty, la prostituée lesbienne qui a des rêves d’enfants et de famille "normale" ; Libby, l’épouse dévouée qui souhaite plus de tout "offrir" un enfant à son mari. Toutes deux montrent des visages différents et sont bien plus "complexes" que Masters, ou même, j’en ai peur, Ginny.

Malgré l’aspect aguicheur de son titre, Masters of Sex ne sombre pas dans le voyeurisme, c’est une réussite de ce point de vue. Mais il lui manque encore quelque chose pour me donner envie de retrouver la série chaque semaine, comme l’approfondissement de la relation entre Masters et Ginny, pour l’instant un peu trop mise de côté.

Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit de la seule nouveauté qui ne donne pas l’impression d’avoir été complètement bâclée et pour ça, je remercie Masters of Sex. Tout n’est pas perdu...

Feyrtys