Pilotes et des Musulmans: Janvier 2007
Cet été, deux des séries qui faisaient le plus parler d’elle étaient The Class et Studio 60 on the Sunset Strip. Après une guerre intense, CBS et NBC ont réussi à obtenir les projets de créateurs de Friends et de The West Wing. David Crane et Aaron Sorkin avaient négocié des contrats très avantageux avec les deux chaînes pour garantir une place sur la grille de la rentrée. Six mois après, The Class voit sa saison réduite et tirera sa révérence bien avant la fin officielle de la saison. En plus de quoi, les scénaristes ont du revoir leur copie. Non seulement, certains personnages sont kelleyrisés, mais le principe même de la série est modifié. L’histoire se centrera sur la vie des trois couples de la série. De son côté, Aaron Sorkin s’est lancé dans un combat contre l’acharnement du LA Times sur la série, et avoue que la série a un côté hautain. Lui aussi veut recentrer ses scripts sur les vies personnelles de auteurs, acteurs et producteurs de l’émission à sketches. Et aux Golden Globes, premiers indicateurs de la saison, ce ne sont ni les qualités de The Class, ni l’intelligence de Studio 60 qui sont récompensées, mais les sympathiques Ugly Betty et Heroes, les vrais succès de la nouvelle saison.
L’excellent livre Desperate Networks montre la difficulté des chaînes US à prédire le succès d’une série. L’année où CBS a lancé sur terre l’un des quatre cavaliers de l’Apocalypse, C.S.I., la chaîne ne croyait pas vraiment en la série. Sa stratégie en cette saison reposait sur la nouvelle version du Fugitif avec Tim Daly dans le rôle du Docteur Kimble. Malheureusement, six ans après, ce ne sont pas des spin-off du Fugitif à New York et à Miami qui polluent l’antenne de CBS. C.S.I. a été le succès surprise qui a relancé CBS !
Pour savoir quelle série a le plus de chance de devenir le ‘nouveau Friends’ ou le ‘nouveau Lost’, les chaînes US ont recours à des focus group. Par elle-même ou des sociétés indépendantes, un panel de téléspectateurs est réuni et payé à regarder des pilotes de séries, puis à les évaluer. Pendant le visionnage, leurs réactions peuvent être examinées à leur insu pour connaître les moments forts de l’épisode. Ainsi, un excellent score à ces tests fut l’un des atouts des dirigeants de NBC pour vendre My Name Is Earl aux publicitaires lors des upfronts. La sitcom a été dès sa première saison une des meilleures audiences de la chaîne. Les focus group peuvent aussi permettre d’évaluer les erreurs d’un pilote. Parce qu’ils furent les personnages préférés du panel, Steven Bochco a laissé survivre deux personnages pourtant tués dans le pilote de Hill Street Blues. Le casting d’une série peut aussi dépendre de l’avis du focus group. ABC n’était pas sûre de vouloir de Bruce Willis dans le rôle-titre de Clair de Lune mais les résultats de ces tests ont ôté tous les doutes de la chaîne.
Evidemment, ces sondages sont loin d’être fiables à 100%. L’un des meilleurs scores obtenu par NBC est détenu par Emeril Lagrasse, un célèbre cuisinier US qui fut, en 2001, la star d’une sitcom dont il partageait l’affiche avec Robert Urich. La série n’a pas passé le cap des sept épisodes diffusés. A l’inverse, 7 à la Maison et Desperate Housewives ont obtenu de mauvais scores. Ces exemples sont souvent cités pour montrer les limites des focus group. Cet été, Bill Lawrence (Scrubs, Spin City) a posté sur YouTube son pilote Nobody’s Watching rejeté par la WB qui, à l’époque, lui a préféré Twins. Le succès en ligne de la série a relancé l’intérêt de NBC, la première chaîne à avoir développé le projet et diffusera dans les mois à venir une émission spéciale sur son antenne. Lawrence a récemment expliqué que pour reformater le projet, les avis négatifs postés en ligne lui ont été beaucoup plus utiles que ceux des focus group. Comme l’explique Jordan Levin, ancien président de The WB à Reuters, les personnes sélectionnées pour ces focus group manquent de sophistication. En effet, Lawrence explique que l’un des moments les mieux notés du pilote de Spin City est celui où Carla Guigino est en sous-vêtements, alors que la plastique de l’actrice, aussi agréable soit-elle, est loin d’être le point fort la série. Il va même jusqu’à proposer aux chaînes de mettre les pilotes en ligne afin de laisser les spectateurs donner leurs avis.
Cependant, le public qui regarde les séries en ligne n’est pas représentatif de la population américaine. Dans le classement des séries les plus téléchargées sur iTunes, on retrouve à sa tête The Office. La série est loin d’avoir les audiences de Grey’s Anatomy ou de CSI, les deux plus grosses réussites de la télévision U.S. De la même manière, Arrested Development bénéficiait d’un soutien très vocal sur le net, FOX a donc maintenu la série à l’antenne trois ans, mais le public américain n’a jamais été aussi réceptif que les internautes. Une solution serait peut être de combiner l’avis de ces tests et ceux de la communauté online puisqu’ils sont, comme le souligne Greg Daniels dans TV Guide, d’excellents contrepoids.
Et même si un test efficace pour mesurer les qualités d’un pilote était mis au point, cela ne garantirait pas à la chaîne un succès à long terme. Once and Again a donné une des meilleures audiences d’ABC, pourtant la série, tout au long de ses trois saisons, a flirté avec l’annulation. The Nine et Veronica’s Closet ont eu de très bons pilotes qui n’ont du tout été représentatifs de la qualité de la série. Et à force de reformater leurs séries, ceux de Studio 60 et de The Class sont sur le point d’en devenir de bons exemples.
Bonjour, je m’appelle ‘drum, je suis musulman et j’aime 24.
La nouvelle saison de 24 a commencé ce mois-ci sur la FOX et, à nouveau, la menace terroriste vient du Moyen-Orient. Jack est appelé à l’aide une nouvelle fois, pour mettre fin à une vague d’attentats qui sévit sur le sol américain. Ce qui ne plaît pas à tout le monde, une représentante du ‘Council on American-Islamic Relations’ ayant déclaré :
"The overwhelming impression you get is fear and hatred for Muslims. (...)After watching that show, I was afraid to go to the grocery store because I wasn’t sure the person next to me would be able to differentiate between fiction and reality." (“L’impression principale que l’on ressent est la peur et la haine envers les Musulmans. (...) Après cet épisode, j’ai eu peur d’aller à l’épicerie car je n’étais pas sûre que la personne à coté de moi serait capable de différencier la fiction de la réalité” )
Je ne sais pas ce que c’est d’être musulman ou arabe (non, ce n’est pas toujours là même chose) aux Etats-Unis actuellement. Mais avoir peur de sortir de chez soi par crainte que son voisin ne réalise pas que 24, ce n’est pas le journal de Claire Chazal (ou plutôt Katie Couric, en l’occurrence), ça me parait un chouia extrême. Et un peu insultant pour la population américaine. Parce que si quelqu’un est assez débile pour penser que 24 est réaliste, ce n’est pas de la faute de la série, mais du psy de ladite personne, qui fait un très mauvais boulot. Même Heroes et Lost sont plus crédibles que 24 !
Alors oui, la représentante parle moins des faits narrés que de l’ambiance qu’elle perçoit anti-musulmane. Là encore, 24 a beaucoup de défauts, mais cette saison, en plus d’avoir un terroriste reformé qui veut croire en la méthode diplomatique, la série a au moins deux personnages musulmans qui combattent la menace extrémiste. Ils sont certes joués par une scientologue latina et l’ancien Chief of Staff de Geena Davis dans Commander in Chief, mais ils sont présents dans la série. Et pour moi, c’est beaucoup plus efficace qu’une annonce par The Kief avant chaque épisode qui explique que ‘non, tous les musulmans ne sont pas terroristes’ comme négocié par le même Council on American-Islamic Relation en saison 2.
Je ne vais pas non plus mentir, ça me gêne un peu que 24 réutilise la menace islamiste, en tant que musulman. Et même si je perçois cela comme une solution de facilité, il faut bien se rendre à l’évidence : le terrorisme islamiste envers les américains existe et 24, qui se concentre sur une cellule antiterroriste et est à l’antenne depuis six ans, est bien obligé d’aborder le sujet de temps à autres. Mais ce qui me gêne encore plus, c’est l’absence de recul de ce communiqué. 24 a énormément de défauts mais c’est la seule série à l’antenne qui réfléchisse, à sa manière, sur les dérives du gouvernement et sur la manière aisée avec laquelle il peut basculer dans l’extrême (la série aborde de manière voilée le problème éthique des camps à la Guantanamo Bay), elle éduque sur la présence d’organisation de musulmans américains qui aide à déceler les cellules terroristes, et montre des arabes et des musulmans lutter, au sein et en dehors de la CTU, contre les extrémistes.
Encore une fois, je ne vis pas aux Etats-Unis, et je ne sais pas absolument pas ce que les arabes et musulmans américains ressentent au quotidien là bas, et je pense également que 24 pourrait faire un effort pour montrer les musulmans sous un meilleur jour. Mais au lieu (ou en plus) de se plaindre de la mauvaise représentation de notre religion dans 24, j’aimerais aussi qu’on souligne les (petits) efforts que la série prend, ou la mise à l’antenne de la sympathique sitcom Little Mosque On the Prairie qui montre la diversité des musulmans, et leur capacité à avoir du recul et d’humour.
Mais ce qui m’énerve encore plus, c’est que j’ai du prendre la défense de 24. Encore une fois.
Le guide pErDUSA de ce qui est fun et Kief’ Cool
Le site avec plein de trucs intéressants dedans
Tv Series Finale
Il y a beaucoup de sites qui relaient l’annonce de nouveaux projets mais peu de sites se focalisent sur l’arrêt des séries. Et encore moins de sites le font de façon aussi réussie que TvSeriesFinale.com. Il suit les annonces d’annulations, les rumeurs, les campagnes de sauvetage mais aussi celles de retour éventuel. Il revient aussi sur la fin des classiques (le dossier sur The Golden Girls est particulièrement réussi) et a même un podcast. Avec la fin de saison qui approche, TvSeriesFinale.com est à consulter régulièrement.
La chanson qui fait plaisir
Jason Mraz - The Beauty in Ugly
Pour certains, c’est John Mayer, pour moi, mon cœur de midinette aime la musique de Jason Mraz. J’ai essayé de le combattre, de le nier, mais c’est comme 24, je me suis résigné à aimer la musique du Geek in the Pink. Et j’ai été agréablement surpris d’apprendre que Jason signait la musique de nouvelle campagne promo d’Ugly Betty : Be Ugly. Il a adapté sa chanson Plain Jane aux rythmes latinos de la série pour devenir ‘The Beauty in Ugly’. Et elle est comme la série : un peu niaise, mais attachante et très sympathique.
Hamish Linklater est Kief’ Cool et le Monde doit le savoir
J’ai de la peine pour lui. Hamish Linklater est un acteur révélé par la série médicale Gideon’s Crossing. Mais le gars est aussi très doué pour la comédie puisqu’il était dans le pilote original d’Happy Family. J’aurais été triste de son remplacement, si Jeff Davies de Whose Line is it Anyway ? n’avait pas repris le rôle de Todd. Et j’étais très heureux quand j’ai appris qu’il avait trouvé du travail dans une sitcom avec deux mes acteurs préférés : Julia Louis Dreyfus et Clark Gregg. Ma joie s’est transformée en horreur lorsque j’ai vu le niveau de la série. De temps à autres, je vérifie si la série est devenue drôle, mais seul Hamish me fait rire et je ne peux pas supporter 22 minutes hebdomadaires des ‘Aventures vieillottes de la Julia périmée’ pour 3 minutes d’Hamish. Moi je dis qu’il faut le sortir de là, qu’il devienne scénaristes pour Studio 60 ou un des camarades de The Class parce que c’est pas avec Old Christine que le Monde va savoir qu’Hamish Linklater est Kief’ Cool !
