Je ne sais pas pourquoi mais c’est ainsi depuis ma jeunesse. La terrible malédiction a commencé avec Phil Hartman de Newsradio jusqu’à Michael Jackson et Whitney Houston plus récemment.
Du coup, je prends l’avion la peur au ventre. Non pas par crainte d’un crash ou d’oubli de demande d’un plat hallal lors de la réservation du vol, mais par peur qu’il arrive quelque chose à Paget Brewster ou Nathan Fillion.
Jusque-là, les victimes de cette malédiction étaient des personnes réelles. Cette année, alors que je regardais un épisode de Parenthood sous un soleil de plomb, une terrible idée m’est passée par la tête. Et si, cette fois ci, un personnage de série allait en être le sujet ? Le timing de l’intrigue du cancer de Kristina correspondait non seulement aux sweeps mais aussi à mon grand voyage. Je ne vous cache pas que j’étais très inquiet et pressé de rentrer.
De retour, je constate que Kristina est toujours vivante et une partie de moi me dit que, même si j’ai toujours voulu que Parenthood soit plus dramatique, la mort de Kristina pourrait être trop sombre pour la série. Le cancer dans les séries, c’est comme alcoolisme. Trop souvent, le cancer est utilisé comme une intrigue qui va occuper un personnage le temps de quelques épisodes pour être rapidement oublié, ou qu’on ressort le temps d’un ou deux épisodes lors des dernières saisons de séries. Et même si je suis très satisfait de la justesse d’écriture et de jeu des scénaristes et acteurs de la série, jusqu’à l’avant-dernier épisode, je n’avais aucun doute que Kristina allait survivre à son cancer. Et il n’y a pas de mal à cela.
J’ai une entière confiance envers la production de Parenthood pour traiter avec dignité cette intrigue, et voir Kristina survivre à son cancer serait une belle fin à une histoire touchante. Mais, récemment, j’ai réalisé que Parenthood est à son meilleur lorsqu’un des personnages fonce droit dans le mur. Avant son mariage, Crosby a trompé Jasmine tout comme Camille a trompé Zeke. Julia n’a pas réussi à adopter son bébé l’année dernière et les fiançailles de Sarah risquent de ne pas être un prélude au mariage.
Si Jason Katims a le courage de le faire, il a du sens à ce que Kristina ne survive pas à cette saison de la série. Je ne sais pas si toutes les personnes qui ont perdu un proche au cancer peuvent voir les craintes qu’ils ont eues en Adam. Dans mon cas de figure, l’entendre dire que quelqu’un sous chimiothérapie ressemblait à un fantôme n’a résonné que trop fort chez moi. Tout comme l’incompréhension lors de l’épisode dernier lorsque l’on annonce à Adam et Kristina que, même si l’opération s’est bien déroulée, les nouvelles ne sont pas bonnes pour autant. La confusion entre bonne et mauvaise nouvelle, entre le désir de s’accrocher à des statistiques qui ne sont d’aucune garantie et la réalisation que la situation est encore plus horrible que ce qu’on pensait a fait du traitement de cette intrigue l’une des meilleures que j’ai vu à la télévision.
Parenthood sait trouver le meilleur dans des situations de la vie quotidienne même si celle-ci est teintée de malheur. J’ai ri en voyant Kristina forcer de gérer Amanda Foreman et son mari, mais en voyant Adam au bar avec son frère m’a rappelé que Parenthood s’est totalement investi dans cette intrigue. Le cancer n’est juste pas l’idée assignée Kristina et Adam cette saison pour les voir dans autre chose que les parents d’un enfant autiste.
Voir Adam, Maddie et Max gérer la mort de Kristina serait très difficile à voir. Mais ce serait aussi très honnête car c’est le quotidien de bien trop monde. Ce serait aussi une belle histoire de voir la famille survivre à cet événement et se reconstruire, parce qu’il s’agit aussi d’une conséquence du cancer. Etant donné que Jason Katims n’a pas peur de se séparer de ses acteurs et semble vouloir donner plus d’ambition à Parenthood cette saison qu’être une version (à peine) plus réaliste que Modern Family, je commence à me dire que Monica Potter ne sera peut-être pas au générique de la saison prochaine.
24, Alias ou Buffy m’ont un peu anesthésié face à la mort dans une série. Elles sont souvent motivées juste pour choquer le téléspectateur ou n’ont pas de caractère permanent. Si Kristina survit au cancer, je serais vraiment heureux pour le personnage et amplement satisfait. Mais si Parenthood a l’audace de la faire succomber à la maladie, ce serait l’une des morts de série qui me toucherait vraiment. Et je n’arrive pas à me rappeler de la dernière fois que c’est arrivé.
J’ai déjà dit que sans cette intrigue, Parenthood nous donne une belle saison, mais pour être honnête, Amber et Julia sont de sympathiques distractions lorsqu’on ne parle d’Adam et Kristina. J’aime être aussi investi dans le visionnage d’une série, ça ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. Et Parenthood n’est pas une série avec des vampires ou avec une mythologie complexe, ce n’est pas une sitcom tendance au rythme soutenue. C’est juste une belle série que je ne pensais plus les chaînes américaines capables de produire.
En attendant, je suis content que voir que Kristina encore vivante et voir que, peut-être la terrible malédiction est levée. Je m’en vais de ce pas, fêter cela en allant rattraper les quelques épisodes de Fringe que j’ai loupé.
