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Revenge - Avis sur la troisième saison de la série pleine de VENGEANCE !!!

Un Point sur la Série: Spider-Man dans les Hamptons

Par Conundrum, le 2 janvier 2014
Publié le
2 janvier 2014
Saison 3
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Dans les années 90, Marvel, la maison d’édition du comic-book Spider-Man, s’est rendu compte qu’il y avait peut être un problème avec son personnage phare. Si le Peter Parker des années 60, l’adolescent renfermé et timide, résonnait auprès du public, celui des années 90 était un photographe journaliste marié à un top-model.

Marvel a identifié un problème potentiel où le caractère si spécial de Spider-Man, un héros auquel on peut s’identifier contrairement à un Bruce Wayne ou un Clark Kent [1], risquait de disparaitre.

C’est alors que l’idée est venue de reprendre la fin ambiguë d’un ancien numéro où on découvrait que Peter Parker a été cloné et d’en faire la base d’une saga très controversée de la série : et si le Peter Parker que l’on a suivi était en fait le clone, et que l’original a cru pendant des années qu’il était le clone. En plus de l’excitation de la nouveauté, Spider-Man pouvait être à nouveau célibataire, ne pas se taper un mannequin et retrouver son image plus proche du peuple. Oui, mais voilà cette idée, non sans mérite [2], a subi l’intervention managériale de la maison d’édition qui a voulu prolonger un maximum la saga la rendant difficilement compréhensible et interminable jusqu’à son dénouement explosif pour revenir à un Peter Parker photographe journaliste marié à une top model. Le tout, bien entendu, en essayant un maximum de se rappeler de cette ère trouble.

C’est un peu ce qui s’est passé avec Revenge l’année dernière. Rappelez vous, en saison 1, c’était la sympathique petite série où une actrice mignonne mais très limitée avait décidé de se venger des personnes qu’elle considérait responsable du destin tragique de son père. En se dotant d’une nouvelle identité, celle d’Emily Thorne, d’un feutre rouge et d’une photo qui regroupe de manière très pratique tous les acteurs de la machination autour de son père, Amanda se vengeait de chacun d’eux, encerclait leur visage au feutre rouge et faisait une jolie croix une fois sa revanche exécutée.

C’était très bien, et on en demandait pas plus. Sauf que, en fin de saison 1, la vraie Emily Thorne arrive aux Hamptons et prend l’identité d’Amanda. Et puis, on découvre que la mère d’Amanda, que l’on croyait morte est vivante. Oh, il y a une mystérieuse conspiration autour d’un sombre collectif nommée The Initiative, un sensei qui guide Amanda dans sa vengeance, un triangle amoureux qui devient très vite un octogone de la passion, et un cliffhanger qui fait exploser un avion. Tout comme "Peter Parker n’est pas le vrai Peter Parker !!!", c’est bien excitant, mais cela donne une suite ennuyeuse et inutilement compliquée [3].

Tout ça pour avoir en début de saison 3, le même statu quo qu’avant que ce boxon ne commence.

L’Initiative ? Trop compliqué, on s’en débarrasse en moins d’un épisode en résolvant le cliffhanger de la saison qui blanchit Nolan.
La mère d’Amanda ? Mentalement instable, on vous demande gentiment de l’oublier.
La bisexualité de Nolan ? Trop compliqué, l’echelle de Kinsey, on oublie, il est gay, et il se tape Green Arrow de Smallville !
Le sensei asiatique ? Après le pire recasting possible entre la saison une et deux de l’acteur qui l’interprète, Takeda est tué en fin de saison deux.
Declan ? Mort, fallait bien qu’il paie pour nous avoir amené le Cylon du Pif et cette histoire de bar à la con.
La vraie Emily/fausse Amanda ? Morte des complications inutiles de son intrigue.
Ashley ? Après avoir autant de personnalités différentes en deux saisons que d’incarnations du Docteur en 50 ans de Doctor Who, on lui montre la porte de sortie en fin d’épisode d’ouverture de saison 3.

On doit quand même se coltiner un bébé, un anglais et un fils caché annoncée un an avant son arrivée à l’écran, hérités de la saison 2, mais c’est sur des bases plus simples que commence cette saison 3.

Que l’on soit clair, Revenge ne sera jamais un grand drama. Revenge aurait dû être plus qu’un soap aux scènes d’action bienvenues. Sous de meilleures mains devant et derrière la caméra, cela aurait pu être une bonne réflexion sur le concept d’anti-héroïnes sur un network. Les anti-héros, en règle générale, ce sont des hommes. Revenge était l’une des rares séries à mettre une femme dans ce rôle. Amanda cherche peut être à rétablir la vérité, le chemin qu’elle prend est condamnable. Elle peut attirer la sympathie du public par son histoire, mais elle n’était que trop rarement confrontée à la conséquence de ses actes.

La saison 1 voyait des mauvaises personnes payer pour ce qu’elles avaient fait et la satisfaction du travail accomplie de son héroïne en fin d’épisode.
Cette saison 3 a flirté avec la bonne idée de réveiller un peu son audience. Quasiment tous les personnages de la série, de ses alliés à ses ennemis ont quelque chose à reprocher à Amanda. Cette même Amanda cause même la mort d’un repenti.
Il y avait quelque chose d’intéressant dans cette approche cristallisée dans la scène d’ouverture de la saison : Amanda s’excuse à une personne hors champ qui lui tire dessus. Toute cette demie saison nous fait arriver à ce moment là.

Il n’y a pas de manipulation dans le visage d’Amanda, on la voit sincère, même si on réalise que son plan implique de faire croire à son assassinat, on sait que quelque chose a déraillé et que quelqu’un qu’elle a blessé veut la faire payer. Le public est alors forcé de réfléchir à qui Amanda a fait assez de mal pour être sincèrement désolée, et de ce fait, être confronté au fait que notre héroïne ne peut pas voir ses actions excusées par le traumatisme qu’elle a vécu. La découverte de l’identité du tireur est logique et bienvenue. Mieux écrit, cet épisode aurait été une bonne conclusion à la série.

Oui mais voilà, comme The Good Wife, Revenge change la donne de sa série. Amanda a dévoilé son plan à Victoria, le double jeu n’est plus possible. Et ce début de saison a loin d’avoir été à la hauteur de l’ambition de ses scénaristes. Il y a trop de mauvaises intrigues, trop de bonnes idées mal exploitées, trop de mauvais acteurs pour avoir confiance en la suite.

Revenge n’est plus une série que j’affectionne, c’est une série qui m’a plu et que je suis un peu par obligation, la suite risque d’être pénible, mais je dois avouer que j’ai été très satisfait de cette courte scène et des excuses d’Emily. J’aurais tellement aimé que la série soit annulée à ce moment là...

Conundrum
Notes

[1alter egos de Batman et Superman

[2Puisque une idée similaire donnera naissance à un sympathique Ultimate Spider-Man

[3Qui fera demander à ABC la démission du créateur de la série