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Smash - Marilyn Monroe, la comédie musicale, la série, le pilote

Smash: L’anti-Glee

Par Blackie, le 7 février 2012
Publié le
7 février 2012
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La saison 2011-2012 n’a pas été très folichonne en matière de nouveautés. Il y a bien eu quelques trucs sympathiques comme Pan Am ou 2 Broke Girls, mais rien qui nous enthousiasmera pendant de longues années. Avec son pilote, Smash donne déjà l’espoir de surpasser un visionnage mollasson.

Qu’est-ce que c’est ?

Smash n’est pas Glee. Dès le départ, on n’a pas trop l’air de se fiche de nous. La série est créée par Theresa Rebeck, qui a écrit plusieurs pièces de Broadway. Elle est co-produite par deux autres habitués des lieux, Craig Zaran et Neil Meron (Chicago, Hairspray), qui savent un petit peu de quoi ils parlent, ainsi que Mr Steven Spielberg. Ce dernier n’est peut-être pas un gage de qualité ces derniers temps, mais il est plus facile de lui faire confiance qu’à un taré fan d’eunuques assassins. En plus, il garantit ne pas avoir d’annulation trop rapide.

Smash est diffusée le lundi soir sur NBC dans un combo parfait avec The Voice, et semble être un bon choix pour contrecarrer les audiences de Castle en face.

C’est avec qui ?

Avec une sacrée brochette de vétérans, du cinéma, de la télé, et évidemment de la scène.

Debra Messing, qui n’a rien fait de remarquable depuis la fin de Will & Grace, partage l’affiche avec rien moins qu’Angelica Huston. Elles sont accompagnées par Jack Davenport, le roi du speech de Coupling, et Katherine McPhee, rejet d’American Idol reconvertie en actrice.
Les amateurs de musicals reconnaissent surement Christian Borle, notre chouchou de Legally Blonde et Spamalot, ainsi que Megan Hilty, l’une des Gilda de Wicked.

Bref, que des gens possédant des Emmys, Oscars et autres Tony Awards... Même Dylan Barker fait une apparition. Non, vraiment, on ne se fiche pas de nous.

De quoi ça parle ?

On suit l’évolution de la production d’une comédie musicale pour Broadway, basée sur la vie de Marilyn Monroe.

Alors qu’elle est sensée mettre son travail de côté pour adopter un enfant, Julia (Messing) développe cette idée sur un coup de tête avec son partenaire de longue date Tom (Borle), qui compose les morceaux. Très vite, la productrice à succès Eileen (Huston) vient se greffer à ce projet tout neuf, alors qu’elle perd tout ce qu’elle possède dans un mauvais divorce. Elle pousse Derek (Davenport), un chorégraphe talentueux mais borderline connard que Tom ne peut pas encadrer, à le mettre en scène.

La compétition commence pour incarner Marilyn. Tout se joue entre Karen (McPhee) la serveuse ingénue sans expérience, et Ivy (Hilty) l’habituée de la scène que son ami Tom essaie d’aider à percer.

Et c’est bien ?

C’est carrément bien. Certes, le concept de base est facile, exploite à fond certains succès du moment, et ne lésine pas sur les clichés. Mais c’est pas grave, ça fonctionne parfaitement quand même et fait un bien fou !

Le rythme est rapide, que ce soit pour trouver l’idée qui lance le projet jusqu’à obtenir tous les participants. Et on alterne facilement entre tous les personnages, pour que chacun soit correctement présenté. C’est efficace, les interprètes sont bons et l’entrain général est vraiment communicatif. Les chansons et numéros ne sont pas époustouflants, mais ils sont agréables et ont le mérite d’être originaux. Mais l’argument gagnant final, c’est peut-être de se retrouver devant des adultes dans une histoire d’adultes.

En gros, on se retrouve plongés dans le show business dans toute sa splendeur, où tout le monde rêve en grand avec des paillettes plein la tête. Un terrain idéal aux prises de bec entre egos surdimensionnés, ou chacun veut sa part du gâteau. La montée vers la gloire, c’est dur, mais pas trop quand même parce qu’on est sur un network où il faut plaire aux masses.

Smash s’adresse autant aux amateurs de Broadway, qui s’amuseront a reconnaitre des références et visages familiers (la copine d’Elle Woods !), qu’à ceux qui n’y connaissent rien. Le milieu du théâtre, les gens qui le composent, les étapes de la fabrication d’une pièce... découverte ou non, c’est un portrait clair et simple. Par contre, il vaut mieux aimer un minimum les grands spectacles et les gens qui chantent.

Le seul maillon faible est Katherine McPhee. Elle a une jolie voix, elle est mignonne, mais c’est une actrice très limitée et il s’avère difficile de comprendre l’admiration des personnages devant elle, tant son jeu tombe à plat. Sa scène de séduction face à Davenport est aussi ridicule que le speech de l’assistant pour se faire réengager. J’espère que la série ne fera pas l’erreur de lui donner trop d’importance et ne transformera pas cette histoire en celle de la création de Karen La Star. Sa particularité ne nous est pas suffisamment bien vendue. D’autant que la vraie star, en ce qui me concerne, est Megan Hilty. Haut la main.

J’avoue que je ne suis pas fan du prétexte Marilyn non plus, parce que je l’adore, et toutes ces représentations faciles m’énervent (sa vie était bien plus glauque que glamour). Mais il est vrai que la vie d’une star de légende est un sujet facile pour un faux spectacle et celle-ci a eu une vie assez riche pour remplir plusieurs saisons de chansons. Au final, le sujet passe bien et les parallèles dressés avec les deux apprenties-stars, bien que faciles, fonctionnent assez. Puis rien que ces quelques numéros ont plus d’intérêt que ce film atroce My Week With Marilyn (une histoire sur rien d’un type qui sourit niaisement devant une junkie pendant bien plus qu’une semaine).

Il est évident que NBC se sert à fond du succès de Glee et des nombreuses émissions à compétition musicale, et exploite au passage l’obsession retrouvée sur la vie de Marilyn Monroe (qu’était jamais partie bien loin). Tout laisse penser à un gros succès en devenir, et cela faisait longtemps que la chaine n’avait pas eu un drame avec un tel potentiel auprès du publique comme des critiques.

Bref, espérons qu’on tient là une série musicale réussie. Car elle démarre vraiment bien.

Blackie