Pour cette première, j’aurais préféré avoir des choses plus sympathiques à dire sur la série que ce que vous vous apprêtez à lire. Mais bon, il faut bien faire avec ce qu’on a. Même quand, ce qu’on a, c’est un vieux qui perd la tête et des méchants terroristes irlandais baby-sitters.
Précédemment, dans Sons of Anarchy...
Il y a quelques mois, j’ai vu les deux premières saisons de Sons of Anarchy en une quinzaine de jours. Résultats, la semaine dernière, j’avais un mal fou à me rappeler des noms des personnages ou des intrigues encore en cours. Il ne me restait plus qu’une vague idée de ce qu’était la série. Un concept un peu flou. D’où une certaine difficulté à rentrer à nouveau dans l’univers de Charming.
Cette semaine, malheureusement, le problème ne vient pas de moi. Cette semaine, je me souviens que Clay s’appelle Clay et que Tara s’appelle Tara. Et je sais qu’ils valent mieux que ça.
C’est nul !
Je vous rassure tout de suite, je n’en suis pas encore à m’insurger du fait qu’il est complètement inadmissible que, après deux saisons de haut niveau, Sons of Anarchy ait osé commencer sa troisième année par deux épisodes moins enthousiasmants.
Non, la série n’est pas morte. Non, la série n’est pas nulle. Par contre, c’est sûr, j’ai un avis un peu mitigé sur ce début de saison, et je ne suis pas vraiment satisfait de ce que Kurt Sutter nous propose depuis deux semaines.
Pour essayer d’expliquer clairement mon problème avec ces épisodes, je vais revenir en arrière, au final de la saison 2. Après avoir adoré cette saison dans sa quasi-intégralité, après avoir enchaîné les épisodes à un rythme de plus en plus soutenu, le final m’a laissé un goût un peu amer.
Oui, les dix dernières minutes avec l’enlèvement d’Abel étaient parfaitement réalisées, étouffantes, pleines de suspense. Mon souci vient de la façon dont cet enlèvement a été justifié. Stahl tuant l’irlandais et faisant porter le chapeau à Gemma (qui trainait par hasard dans le coin pile à ce moment), ça me pose deux problèmes. Déjà une façon artificielle de créer du conflit sur un « simple malentendu ». Ensuite, je trouve que ça affaiblit considérablement le personnage de Stahl.
Après un coup comme ça, Stahl n’est plus du tout irréprochable. Sa quête pour faire tomber le Club en souffre. Jusque là, Stahl était une garce sans pitié, certainement, mais elle représentait la loi. On se sentait bien sûr plus proche des « méchants » de l’histoire, parce qu’on connait bien les Sons, mais Stahl était dans son droit. Ce n’est plus du tout le cas, et je trouve qu’on y a perdu au change.
Ceci étant dit, je comprends très bien l’intérêt narratif de l’enlèvement d’Abel. C’est une occasion parfaite de pousser Jax à bout (ce qui est bien fait dans le premier épisode, moins dans le second), et les irlandais qui parlent sans cesse de John Teller me font penser que cette intrigue va être l’occasion d’explorer le passer des Sons à travers leur relation avec l’IRA. Sur le papier, c’est une bonne idée, mon problème vient vraiment de la façon dont ça a été amené.
L’intrigue de Gemma chez son père comme celle de l’enlèvement d’Abel partent d’un point de départ bancal. Ce ne serait pas du tout gênant si le résultat était complètement enthousiasmant. Mais là, après un deuxième épisode entièrement consacré à la mise en place de la saison, sans grand-chose d’autre à se mettre sous la dent, je n’arrive plus à penser qu’à leur point de départ douteux aux défauts de ces deux intrigues.
Malgré tout le bien que je pense de Katey Sagal et de son personnage, Gemma isolée du Club perd beaucoup d’intérêt. Quant à Jax qui persuade deux personnages peu avenants de l’aider simplement en évoquant son fils enlevé... comment dire... Je comprends l’idée, l’honneur parmi les criminels, la famille avant tout, ok... La première fois, ça marche même plutôt bien. Mais deux fois en deux épisodes, ça perd nettement de son impact. Et s’il recommence la semaine prochaine, je risque d’avoir du mal à me retenir de rire.
C’est génial !
Ceci étant, et en dépit de la déception que je ressens face aux intrigues un peu molles de ce début de saison, il y a une chose qui fonctionne toujours autant dans Sons of Anarchy : ses personnages. Là-dessus, je n’ai pas le moindre reproche à faire.
Clay qui pousse discrètement Jax de plus en plus vers la violence, sous le regard désapprobateur de Bobby, c’est une dynamique parfaite dans la lignée des saisons précédentes, et qui utilise très intelligemment le kidnapping pour créer des tensions inédites dans le Club. Les meilleures scènes de Gemma cette semaine, ce sont celles qu’elle partage au téléphone avec Jax et Tara. Et bien sûr celle avec Tigg, toujours à la limite du grotesque, parfaitement déglingué, parfaitement hilarant.
J’étais très surpris, à la fin de SO, de la mort expéditive de Hale. Avec ce deuxième épisode, j’en suis venu à penser qu’elle fera sans doute du bien à la série. En effet, autant j’aimais beaucoup le personnage, autant je pense qu’on avait un peu fait le tour de sa relation avec SAMCRO : il les craint, il veut les voir disparaitre de sa ville, il reste honnête et droit, il se rend compte qu’ils sont un moindre mal... tout ça, on l’avait vu, et bien, et je ne crois pas qu’il y avait d’autres choses à explorer. Maintenant qu’il est mort, il nous reste Unser, de nouveau à la tête du département, et qui se rend compte, doucement mais sûrement, que les Sons ne sont peut-être pas la solution miracle aux problèmes de Charming, et qu’ils apportent plus d’ennuis qu’ils n’en évitent. Là, il y a du potentiel.
D’ailleurs, en deux épisodes, on se rend bien compte que la série a encore beaucoup de choses à raconter. Reste donc pour moi à faire preuve de patience face à deux intrigues actuelles mises en place de façon plutôt maladroite.
Oui, j’ai envie de passer à autre chose, car les nouveautés sont convaincantes, et l’attaque lors de l’enterrement de Half-Sack offrait un bon point de départ... même si j’ai un peu peur que Kurt Sutter ait dégainé trop tôt la carte « Nazi ». Tout le monde sait qu’ils font les meilleurs méchants du Monde, je suis donc curieux de voir ce qu’il va nous proposer en guise d’antagonistes pour cette troisième saison. S’il se contente des irlandais, il y a du boulot.
Enfin, dernière chose, je suis plutôt content que Sutter se soit abstenu de « choquer pour choquer » dans ces épisodes... même si, d’un autre côté, je ne peux m’empêcher de penser que le début de la deuxième saison était beaucoup plus efficace dans la mise en route de ses intrigues.
En espérant que le troisième épisode me face avaler mes mots...
