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Spartacus - Pourquoi regarder la série et la saison 3 de Spartacus

En Attendant la Saison 3: 5 Bonnes Raisons de Regarder Spartacus

Par Tigrou, le 13 décembre 2012
Par Tigrou
Publié le
13 décembre 2012
Saison 3
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J’ai une dette envers Jéjé ! Sans lui, je serai sans doute passé à côté d’un de mes plus grands coups de cœur série de ces dernières années : Spartacus.

En effet, jusqu’à son article de cet été, j’avais injustement snobé la série. Les échos que j’avais entendus sur le pilote étaient catastrophiques et, sans avoir regardé un seul épisode, je considérais Spartacus comme une série dispensable et sans ambition, à mi-chemin entre les Tudors et 300.

Je n’aurais pas pu être plus loin de la vérité. Quand Jéjé décrit Spartacus comme « une des séries les plus abouties et les plus jubilatoires de ces dernières années », je ne peux qu’être d’accord. Spartacus une série épique, intelligente, forte, bien écrite et bien interprétée, à laquelle il est grand temps que tout le monde ici donne sa chance.

Pour ceux qui n’auraient pas été convaincus par la chouette analyse de Jéjé, voici cinq bonnes raisons de regarder la série en attendant le début de la saison 3.

1 Spartacus est phénomène rare à la télé : une série à la fois très audacieuse et très maîtrisée

Des séries audacieuses, j’en connais beaucoup. Des séries maîtrisées aussi. Mais des séries qui parviennent à mélanger ces deux qualités avec autant de brio que Spartacus, j’en ai assez peu en mémoire !

En terme de rythme comme de contenu, Spartacus gère ses intrigues avec une audace assez remarquable. C’est l’une des rares séries que je connaisse qui sait développer ses histoires sans jamais traîner trop longtemps. Alors qu’on attend l’arrivée de l’hiver (ou un rebondissement dans l’intrigue de Daenerys) depuis 2 saisons dans Game of thrones, Spartacus fait avancer son histoire vite et bien, sans temps morts et surtout, sans jamais rien économiser (personnage ou intrigue) pour la suite.

Ca ne signifie par pour autant que la série a adopté le même rythme (un peu fatiguant à la longue) qu’un Vampire Diaries. Spartacus sait prendre son temps quand elle a des choses à raconter, pour développer les relations entre les protagonistes notamment. Mais, chose rare, elle ne prolonge jamais artificiellement la vie d’une intrigue ou d’un personnage. Les scénaristes peuvent se permettre ce luxe : en 30 épisodes à peine, ils ont prouvé à plusieurs reprises qu’ils pouvaient jongler avec les fondements de leur série sans la « casser ».
Car c’est l’une des plus grandes qualités de Spartacus : ses créateurs osent la faire évoluer, sacrifier ses personnages avant qu’ils ne deviennent inutiles… et parviennent à tout faire fonctionner.

La transition entre les deux premières saisons est sans doute le meilleur exemple de cette audace maîtrisée des scénaristes.
A la fin de la Saison 1, dans un dernier épisode absolument jouissif, ils redistribuent les cartes et sacrifient la formule même de la série (des combats hebdomadaire dans des arènes) aux besoins de leur intrigue. Après seulement 13 épisodes, alors que Spartacus avait un peu tardé à trouver son rythme, il fallait oser.

Spartacus n’est pas la seule série à avoir osé casser une formule qui marchait (et qui risquait de s’épuiser). Mais, de mémoire, la plupart des séries qui ont tenté l’expérience avant elles s’y sont un cassé les dents. Alias a eu bien du mal à nous intéresser sur la durée après avoir sacrifié sa formule dans Phase One. La Saison 2 de Game of thrones a eu du mal à trouver ses marques en l’absence d’un personnage central courageusement sacrifié en Saison 1.

La Saison 2 de Spartacus ne souffre aucunement de ces problèmes. Les personnages disparus en Saison 1 sont remplacés intelligemment, et la série trouve vite un équilibre.
Mieux encore : avec la Saison 2, les scénaristes nous prouvent que la série est maîtrisée sur la durée. Alors qu’on pouvait se demander à plusieurs reprises s’ils n’improvisaient pas, ils bouclent dans le dernier épisode leurs intrigues d’une manière explosive, mais parfaitement cohérente avec l’ensemble de la saison.

2 C’est écrit par un ancien de Buffy et Angel

Avant de créer Spartacus, Steven S. Deknight a travaillé sur Buffy et Angel (et aussi Dollhouse et Smallville, mais passons). Il a été formé à la Whedon School of Writing… et ça se voit !

Déjà, parce que la série possède d’excellents personnages féminins, à qui elle offre de très beaux moments de « Girl Power ».
Le point le plus notable dans la Saison 2 de Spartacus, c’est le rôle plus développé des femmes. Même si elles n’étaient pas absentes dans la Saison 1, elles prennent leur envol en Saison 2, en adoptant des rôles moins traditionnels et plus audacieux.
Difficile d’en dire beaucoup plus sans révéler des informations cruciales sur l’intrigue, mais le développement de 2 personnages de femmes chez les esclaves en Saison 2 est une belle réussite, qui se conclut par une scène très forte dans le dernier personnage, quand l’une d’elle endosse le rôle qu’on attendait de voir un homme jouer (et qu’un homme aurait joué dans 95% des séries).

Autre trait très « whedonien » de la série : ses « méchants » extrêmement réussis.
Pas de fausse ambigüité morale dans Spartacus : les méchants sont très clairement identifiés, et font preuve tout au long de la série d’une rare perversité. Pourtant, sans jamais excuser leurs actions ou recourir à des facilités, Spartacus parvient à les contraster suffisamment pour les rendre attachants – ou tout du moins intéressants à suivre.

Les couples de psychopathes formés par Batiatus et Lucretia est un excellent exemple. Ils sont fascinants en Saison 1, et la série réussit même l’exploit de faire d’eux les vrais « héros » de son prequel, Spartacus Gods of the Arena, sans jamais tricher (pas de doute, on a bien les mêmes personnages qu’on haïssait dans la Saison 1 en face de nous, seul le point de vue et l’époque ont changé).

Le « Girl Power » est d’ailleurs présent aussi chez les méchants : le duo formé par Lucretia et Illythia (pour vous situer, imaginez une version overzetop et encore plus ambiguë de la relation d’amour / haine qui unissait Attia et Servilia dans Rome) est l’une des plus belles réussites de la série.

3 C’est la série la plus épique à l’antenne

A mesure que la première saison de Spartacus avançait, j’ai été surpris de constater à quel point la série était sombre.

Je m’attendais à une série pop-corn sur des combats de gladiateurs, avec une mort héroïque de temps en temps. Pourtant, très vite, la série prend de l’ampleur pour se concentrer sur la question de l’esclavage, et sur les horreurs qui l’accompagnent. Exécutions, meurtres, viols, mutilations, le tout sur un caprice du « maître »… rien n’est épargné au spectateur, et la série n’affaiblit jamais son propos pour proposer un happy end.

Si la série reste divertissante, c’est parce que Spartacus sait heureusement doser à la perfection les horreurs endurées par ses héros, en les alternant avec des moments de répits, des touches d’héroïsme et, surtout, en rééquilibrant l’ensemble par des scènes de vengeances cathartiques et sanglantes.

Dans ces moments, la série devient carrément épique. La fin de la Saison 1, l’attaque de l’arène, la bataille du Vésuve… ces épisodes de Spartacus ont un côté jouissif que je n’ai jamais retrouvé dans Game of thrones (dont ce n’est pas l’objet, je sais).
D’abord parce que, comme l’explique très bien Jéjé, en acceptant une imagerie parfois un peu cheap, ils peuvent mettre en scène des scènes d’action énormes sans autres contraintes que leur imagination.
Mais aussi – surtout – parce qu’après avoir vu toutes les horreurs endurées par les esclaves aux mains de leur maître, les scènes de vengeance sont absolument jubilatoires.

4 Il y a des scènes d’orgies et de bastons

Elles ont beaucoup contribué à la (mauvaise) réputation de Spartacus, ces scènes d’orgies qui viennent pimenter la série à coup de seins, de fesses et de pénis.

Pourtant, contrairement à celles de Game of thrones (par exemple) qui servent uniquement à aguicher le téléspectateur, les scènes de sexe sont loin d’être gratuites dans Spartacus. Elles servent en général de moteur pour relancer les intrigues ou développer les personnages (et, oui, admettons le, pour capitaliser intelligemment sur le physique pas déplaisant des acteurs)

Les orgies, c’est un peu l’équivalent dans Spartacus des dîners en famille dans Six Feet Under ou des accidents de train de Urgences. On en a une ou deux par saison, et c’est le moment où toutes les intrigues se rejoignent pour se terminer dans un bain de sang… Bref, ce sont les meilleures scènes. (En plus dans Spartacus, le « bain de sang » est littéral, et on voit les organes génitaux des acteurs au passage.)

Quand aux scènes de baston, si l’on met de côté les ralentis assez cheap (et pénibles) des premiers épisodes, elles se révèlent assez belles, bien chorégraphiées, et très prenantes.

Spartacus est une série ultra-violente, « gore », et assez inventive dans sa façon de tuer les personnages. Mais, comme pour les scènes de sexe, la violence n’est pas complètement gratuite dans la série. En ne détournant pas la caméra lors des scènes sanglantes, les scénaristes nous rappellent de façon assez efficace que ce qui se déroule dans l’arène des gladiateurs n’est pas un jeu ou un « sport », mais une pratique barbare.
Alors que nous avons été habitués par de nombreux films et séries aux exécutions ou aux scènes de torture esthétisées (voir érotisées), Spartacus n’embellit rien et nous « impose » des scènes dans lequel des personnages se font castrer, trancher la langue, arracher la mâchoire… Ne rien suggérer, dans Spartacus, c’est finalement une façon assez futée de remettre en perspective la violence et de ne jamais la minimiser.

5 C’est bientôt fini.

La saison 3 de Spartacus sera la dernière. Malgré les bonnes audiences, Steven S. Deknight et Starz ont décidé d’arrêter la série après 39 épisodes, pour ne pas trop tirer sur la corde en faisant traîner en longueur une intrigue connue de tous. Et c’est une excellente nouvelle.

Les 2 premières saisons écrites « à l’aveugle » étaient étonnement maîtrisées. En connaissant exactement le nombre d’épisode qu’il leur reste pour boucler leurs intrigues, les scénaristes ne peuvent que finir la série en beauté.

Par où je commence pour rattraper ?

Par le début Spartacus : Blood and Sand (la Saison 1) !

Ne vous arrêtez surtout pas au pilote, qui n’est pas très représentatif de la série, qui s’améliore très vite à partir du deuxième épisode. A partir du 5e ou du 6e, vous devriez être complètement immergé.

A noter : le prequel (très réussi), Spartacus : Gods of the Arena, doit être regardé idéalement entre la Saison 1 et la Saison 2 (c’est entre ces deux saisons qu’il a été diffusé). Il manquera d’intérêt si vous ne connaissez pas déjà les personnages de la Saison 1, et vous vous gâcheriez quelques surprises en regardant la Saison 2 avant.

Tigrou