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The Good Fight - L’autre Upside Down World

Day 492: Vivre ensemble ou pourrir seul

Par Nico, le 3 juin 2018
Par Nico
Publié le
3 juin 2018
Saison 2
Episode 13
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Un bébé, des micros, des menaces et une belle bande d’idiots… The Good Fight conclue adroitement une saison audacieuse mais parfois frustrante.

C’est la seconde fois cette saison que je chronique un final de saison. C’est aussi la seconde fois qu’il y est question d’un accouchement. Et… c’est la seconde fois que je le visionne deux fois avant de martyriser mon clavier.

Pas parce que l’épisode m’a semblé excessivement complexe à critiquer mais parce qu’il est relativement dense. Avec quatre lignes narratives explorées en un peu moins d’une heure, il y a tout de même pas mal de choses qui font réfléchir.

Diane dans la cible

Débutons par l’intrigue au centre de laquelle se retrouve Diane. Je n’ai pas toujours été convaincu par la trajectoire de l’avocate cette saison. Explorer le mal-être de l’intéressée à coups de micro-dosing, de séquences où Baranski dit des gros mots et éclate de rire de façon incongrue ne permettait pas toujours de prendre la mesure du malaise. Ou d’être touché·e par ce qu’a traversé le personnage.

Dans la seconde partie des épisodes, Diane est davantage au centre de l’action et c’est autrement plus intéressant. Comme il me semble que les intrigues étaient mieux construites. Plus exactement qu’elles exploitaient plus souvent leur potentiel pour aller au fond de leur propos.

Je crois que Day 492 s’inscrit précisément dans cet esprit. D’abord parce que l’histoire connecte des points disséminés ça et là dans la saison. Notamment The PeePee Tape et le dossier d’Impeachment de Trump. Alors, non : tous ces points n’étaient pas toujours d’une subtilité folle (le couple de voisins qui fait l’amour avec des masques…) mais le tout permet à Diane et à la série de revenir au coeur du récit. Le combat, ce pour quoi on se bat. Ce pour quoi, surtout, on peut tout perdre.

Espionnée, acculée, lâchée par le Parti Démocrate, Diane comprend qu’elle est plus que jamais une cible. En début de saison, elle l’était par son statut d’avocate ; ici, elle l’est parce qu’elle fait figure d’opposante politique. Et qu’elle évolue désormais dans un monde où les faits et les gens sont largement manipulables. En résumé, un monde où le jeu n’a plus vraiment de règles.

Adrian, Julius et les quiches républicaines

L’absence de sens. Cette question, au coeur de l’actualité américaine depuis maintenant de longs mois, se retrouve aussi dans l’intrigue d’Adrian et Julius, invités à participer à un comité de lutte contre la violence dont les avocats sont la cible. Une initiative louable sauf que tous les deux se retrouvent à discuter avec trois grosses quiches proches des Républicains.

Ici, l’absence de sens permet de donner un ton satyrique au récit. Un exercice dans lequel Michelle et Robert King sont souvent très à l’aise. Ce qui est encore le cas cette fois. La réunion est une vaste blague et puisque le sujet n’est pas vraiment pris au sérieux par le monde extérieur, autant pointer avec humour le fait que l’un des seuls remparts qui restent debout, la loi, oblige à composer avec des gens aussi peu fiables et médiocres que manipulables.

Sur la durée, utiliser ce genre de ficelles peut s’avérer dangereux. Un peu comme lorsqu’Aaron Sorkin opposait des adversaires en carton à Will McAvoy et sa bande dans The Newsroom. Mais pour l’instant, cela fonctionne plutôt bien parce que les King ne tombent pas dans ce piège. C’est ce qui donne à l’intrigue une conclusion satisfaisante.

Lucca, Maia et Marissa, un touchant trio

Il n’y a cependant pas que la loi qui reste debout. Pour Diane comme pour Lucca, ce qui compte désormais, ce n’est pas seulement contre quoi on se bat mais avec qui on le fait.

L’intrigue de l’accouchement de Lucca est, à ce titre, réussie. Elle permet de montrer le chemin parcouru par le personnage depuis deux saisons. Lentement, de façon quasi imperceptible et pourtant réelle, celle qui faisait figure de soliste brillante fait désormais pleinement parti d’un groupe, avec Maia et Marissa.

Quand, au détour de son audition avec le FBI, Diane dit au sujet de Marissa qui s’étale de tout son long dans le couloir alors qu’elle part rejoindre Lucca à l’hôpital, « c’est sa meilleure amie », j’ai un peu tiqué. La formule me semblait excessive. Peut-être qu’elle l’est toujours. Dans les faits, pourtant, le rapprochement du trio est évident. Et c’est ce qui fait que l’on croit à la chaleur des retrouvailles des trois femmes à la sortie de la maternité. Au terme de cette deuxième saison, il est incontestable qu’elles peuvent compter l’une sur l’autre et sur l’autre. Elles sont définitivement liées. Comme sont liés Diane et Kurt.

Diane, Kurt et la fidélité

Cette saison, le triangle amoureux de l’avocate avec les deux ex-vices présidents de Jed Bartlet m’a très moyennement intéressé (pour être poli) mais la façon dont le couple traverse l’orage des révélations est assez finement mise en scène et crédible. Le public sait que Kurt n’a pas toujours été irréprochable vis à vis de Diane. Mais il ne peut pas non plus douter de la sincérité de ses sentiments. Et de sa fidélité, d’une certaine façon.

La série montre qu’il n’y a pas une mais plusieurs façons d’être fidèle à quelqu’un, et ce sans jamais remettre en cause ou minimiser la tristesse ou la douleur suscitée par une trahison sentimentale, fût-elle petite ou grande.

Kurt et Diane ont une longue histoire ensemble depuis la saison 1 de The Good Wife. Et ils ont une longue histoire tout court. Dans un univers plus que jamais incertain, où il est facile de se perdre, ils savent qu’ils peuvent compter l’un sur l’autre pour faire face à ce qui les attend. Tant mieux parce que l’avenir s’annonce sombre.

Au final, nul ou génial ?

Au bout du compte, Day 492 fait plutôt bien son job au terme d’une saison pas toujours satisfaisante. Les King ont fait le choix de coller au plus près de l’actualité américaine et j’ai le sentiment que si cela a parfois bien marché, certaine intrigues de fiction ont parfois été escamotées pour mieux rester sur cette ligne.

Cela s’est parfois fait au détriment des intrigues bouclées et parfois au détriment des personnages. Maya principalement. Mais je continue à penser que les King ne savent pas toujours quoi faire de Diane, indépendamment de tout ce qui lui arrive encore cette année.

Il y a sans doute un meilleur dosage à trouver pour que le rebond à la réalité serve la fiction et non l’inverse. Parce que c’est à ce prix que la série pourra avancer de façon probante dans le temps. Et c’est à ce prix qu’elle vieillira bien, supportant ainsi l’épreuve d’un revisionnage détaché de son contexte de production.

Nico
P.S. The Good Fight, saison 2, c’est fini sur pErDUSA. Merci à Drum, Max’ et Jéjé d’avoir été là pour la chroniquer. Merci de l’avoir suivie par ici et n’hésitez pas à donner votre avis sur le forum. (Mais si, il existe toujours !). Et à bientôt pour de nouvelles aventures.