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The Killing - Retour sur les débuts de The Killing sur AMC

The Killing: C’est bien. C’est pas HBO.

Par Blackie, le 21 avril 2011
Publié le
21 avril 2011
Saison 1
Episode 4
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Au vu du débat AMC vs HBO faisant rage sur le site, je me suis dit que s’il y avait un bon moment pour vous rappeler mon existence, c’était celui-là. Et si j’enfonçais le clou dans le biasement de pErDUSA envers AMC, la chaîne trop formidable aux séries qui claquent ?

Quatre épisodes, c’est généralement un bon nombre pour se faire une idée assez claire de ce que donne une nouvelle série, principalement si sa saison ne comporte que treize épisodes. Les personnages ont été définis, le rythme est bien lancé, et on est plutôt certain d’avoir envie ou non de continuer jusqu’au bout. Mad Men avait convaincu qu’elle était plus qu’une belle peinture vivante. The Walking Dead avait confirmée être un soap débile caché sous un super concept.

The Killing, elle, prouve que son sujet rabâché ne l’empêche pas de se démarquer des Twin Peaks, Murder One, et autres Veronica Mars.

Lourd, le cœur est lourd… (chanson populaire)

J’ai émis pas mal de réserves sur les deux premiers épisodes faisant office de Pilote. La série est superbe visuellement, là je pense que tout le monde est d’accord. Une photographie léchée est le minimum qu’on attend d’une série d’AMC et The Killing n’y coupe pas. Son rythme lent, sa pluie et ses nuages quasi-permanents qui donnent un environnement sombre et sans répit, ses costumes et maquillages aussi glamours que moi à 14 ans… tout cela confère une atmosphère unique et absolument réussie dès le début. Par contre, j’ai eu du mal à m’investir émotionnellement, malgré le drame qui frappe les personnages. Oui, Michelle Forbes sait très bien pleurer, mais c’est avec Linden que je suis l’histoire et le détachement de Mireille Enos me laissait très froide.
Jusqu’à maintenant.

Je le dis tout de suite : cet épisode est faible par rapport aux précédents et agace un peu sur certains points. Cela n’empêche pas de commencer à bien s’investir dans une intrigue qui se creuse de plus en plus. Ça y est, il me faut ma dose de pluie et de piano déprimant chaque semaine.

Treize jours après la mort de leur fille, il serait normal que les Larsen soient encore dans un état catatonique. Sauf qu’on est à la télé et que cela devient vite lassant à regarder. Le choix du cercueil, les réflexions religieuses qui n’aident pas, oui c’est triste, mais cela perd de son ampleur à répétition. Pour cela j’adorais le parti-pris de Twin Peaks de faire chialer tout le monde pendant les 90 minutes du Pilote, avant de passer à autre chose.

Ce que j’ai beaucoup aimé par contre avec les Larsen, c’est qu’ils se retrouvent (connement) face aux images des horreurs que Rosie a subi. Cela paraît ne servir à rien sur le coup, à part enfoncer injustement des personnages qui souffrent déjà. Sauf que Stanley semble avoir un passé violent, où un simple mot lui permettait de faire massacrer quelqu’un. Faire monter une rage aveugle chez lui pourrait être très intéressant, car apporter encore plus de chaos. De plus, l’image du gentil papa à qui il arrive un drame tombé de nulle part est ébranlée. Et c’est bien ce qui fait l’intérêt de ce type de série : découvrir tous les sombres secrets de l’entourage de la victime, puis deviner laquelle parmi les galères dans lesquelles elle était mêlée lui a été fatale.

On nous ajoute d’ailleurs une autre piste classique : la liaison de l’ado avec un adulte. Ou plutôt, un faux suspect de la semaine. Les devinettes vagues de la copine, le fait d’aider la même association, les lettres personnelles mais qui ne disent pas non plus « j’adore te tripoter après la classe », ou encore le fait qu’un prof connaisse son livre préféré (quel choc), c’est juste assez vague pour qu’on nous sorte la semaine prochaine que Bennet était juste son BFF gay. C’est rigolo toutes ces apparences trompeuses, mais faudra faire attention de ne pas en abuser.

La vérité sur la vidéo du pseudo-viol était tout de même pas mal trouvée, et je ne vais pas trop chipoter sur le fait que Sterling pisse trois litres de sang par le nez.

Saletés de cylons

Là où la série pêche principalement en ce qui me concerne, c’est du côté politique. J’aime voir Billy Campbell autant que n’importe qui, et la campagne électorale n’est pas désagréable à suivre. Mais que cela soit aussi détaché du reste me gêne. Il y a une ampleur à tout cela qui ne demande qu’à arriver, ce qui fait que cela me frustre. Depuis le lien avec la voiture dans laquelle Rosie a été retrouvée, tout ce qu’on nous file sous la dent est un pauvre poster dans des locaux associatifs où elle trainait, et des soucis financiers mis en parallèle avec ceux des Larsen. C’est faible.
On essaie bien de nous captiver à deviner le traître d’une équipe dont on ne connaît que trois composants, mais là ça frôle le ridicule. J’en demande plus.

Par contre, il y a eu du progrès côté flics. J’ai tout bonnement adoré l’engueulade qui commence à monter entre Holder et Linden. Enfin du conflit. Enfin des personnages suffisamment établis peuvent se permettre de sortir de leur moule. J’apprécie déjà qu’Holder en ai marre d’être le larbin de Linden, qui n’est même plus sensée être là. Quand c’est pour se rendre ridicule et bousiller l’interrogatoire de Kris (vu que Linden allait le prévenir qu’ils s’étaient plantés), là je jubile. Linden garde un peu de sa stoïcité, mais Enos fait bien passer qu’il ne faut pas la faire chier trop longtemps. Voilà, elle m’a conquise.

Malheureusement, la punition d’Holder fut de se taper un chemin en bus durant les trois quarts de l’épisode, et j’ai souffert avec lui. Son trajet étiré fut une perte de temps, une succession d’images inutiles pour arriver à un cliffhanger bien artificiel. J’aime ma dose de Kinnaman, mais là on pouvait éliminer une bonne partie de ses scènes au montage.

C’est comme toute la partie gâteaux de mariage avec le fiancé. De la fioriture dont je me passerais volontier. Que Linden ait une vie privée, c’est bien, cela la rend plus humaine face aux horreurs de son boulot. Mais son fiancé n’a aucune personnalité au-delà du râleur de service, qui va la faire culpabiliser en permanence de rester à Seattle. Certes, il m’a intriguée avec sa petite référence à une ancienne enquête de Linden. Mais je ne supporterai pas encore neuf épisodes à ce régime.

Mais sinon, si si, j’aime beaucoup The Killing. C’était pas clair ?

Blackie
P.S. Je n’ai pas mentionné la série danoise sur laquelle The Killing est pompée, pour la simple raison que je ne l’ai pas vue et que je me fous qu’il y ait des différences ou pas. Pour vous coltiner mes « pfff, stro pas comme ça à l’origine ! », retrouvez-moi plutôt cet été sur le topic de True Blood.