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The Shield - Critique de l'épisode 9 de la saison 6

Recoil: Pescuela Ex Machina

Par Feyrtys, le 5 juin 2007
Publié le
5 juin 2007
Saison 6
Episode 9
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Une grande leçon de « toutéliage » dans cet épisode mémorable. Ou comment des événements et des informations, que l’on croyait oubliés depuis longtemps, refont surface pour mieux nous prendre au dépourvu et nous entraîner dans une spirale pour le moins infernale.

Qui aurait cru que l’affaire d’Aceveda reviendrait le hanter ? Qui aurait cru que l’homme qui l’avait forcé à lui faire une fellation avait effectivement envoyé à d’autres la photo qu’il avait prise avec son téléphone portable ? Et qui aurait cru que cet odieux personnage d’entrepreneur véreux mettrait sa main dégoulinante de sang dessus ? Pas moi en tout cas. Et de la même façon, je n’aurais jamais cru que Vic se retrouverait mêlé à ça, alors qu’il se doute de l’implication de Cruz dans l’affaire des meurtres de San Marcos. C’est plus que surprenant, c’est littéralement à vous faire tomber par terre de stupeur.

Et ce n’est pas tout. Parce que de son côté, Shane finit par faire une connerie grosse comme son orgueil. Après avoir joué dans la cour des grands avec une certaine finesse, ce qui devait arriver arriva : il panique et dévoile à Diro, la fille du boss arménien, l’implication de Vic dans le vol du Money Train... Au moment même où les mots sortent de sa bouche, il se rend compte de son erreur. C’est trop tard. Et Diro, on le sait déjà, n’est pas là pour rigoler. Elle est la digne fille de son père, le digne successeur de son business. On ne vole la mafia arménienne sans conséquence, et il n’y a pas de péremption en la matière.

Comment Shane en est-il rendu à cet aveu ? Vic, encore et toujours. Lorsque Shane ramène Diro au Barn pour la présenter comme témoin privilégiée des affaires plus que louches d’un mafieux arménien (un des prétendants à son trône) en se faisant passer pour une gentille et naïve comptable, Vic voit tout de suite au travers de ce subterfuge. Il cherche immédiatement à comprendre ce qui se passe, et dans le doute, s’empresse tout de même d’expliquer à Diro que Shane n’est pas un homme de confiance. Ca fonctionne, évidemment. Shane se retrouve coincé, Diro ne voulant plus avoir à faire à lui. Au lieu de laisser tomber, au lieu de se retirer avant d’être un peu plus dans les emmerdes, il s’enfonce. C’est la signature de Shane, sa nature profonde. Un trou ? Oh, et si je creusais un peu plus pour m’enfoncer au lieu d’essayer d’en sortir ? Oh tiens, un tracto-pelle vient reboucher le trou dans lequel je suis, comme c’est étrange ! Je vais quand même continuer à creuser, juste pour voir jusqu’où je peux aller...

Shane, Shane, Shane... Tu ne retiendras donc jamais ta leçon ?

Vic se retrouve donc directement menacé par cette révélation, et il aura un nouveau feu à éteindre s’il veut rester en vie, et pas seulement s’il veut sauver sa carrière. Ca fait une sacrée différence. Et une sacrée pression supplémentaire. Comme si mon petit coeur avait besoin de ça.

Depuis le début de la série, Vic s’est retrouvé à maintes reprises au milieu du champ de bataille à esquiver les balles, tout en mettant en place sa contre-attaque. On l’a souvent cru perdu, plaqué contre un mur, sans option. Mais Vic a toujours trouvé une façon de s’en sortir. Pourtant, là, tout de suite, après avoir vu l’épisode, je me laisse encore avoir par les scénaristes : je suis sûre qu’il est mort, fini, out. Je suis sûre qu’il n’a aucun moyen de se débarrasser de la mafia arménienne. Sont forts ces scénaristes quand même...

Alors qu’il apprend de la bouche du ponte avec qui il avait un accord que sa carrière ne peut être sauvée, ni par lui, ni par personne, Vic ne baisse pas les bras. On se demande bien ce qui va pouvoir le sortir de là... Quand intervient l’homme que Vic soupçonne d’être impliqué dans les meurtres abominables de San Marcos. Il s’agit de Cruz Pescuela, l’entrepreneur derrière la campagne d’Aceveda pour la mairie. Le type le plus louche de cette saison, le plus manipulateur et le plus antipathique qui soit, parce qu’il prend des airs de « je veille sur ma communauté » pour nourrir ses ambitions, dont on ignore encore tout, mais que l’on soupçonne bien crasseuses. Le type est gluant. Et Aceveda s’est jusque là laissé faire, comme un bleu, aveuglé qu’il est par ses propres ambitions. Il commence à ouvrir les yeux lorsque Cruz insiste pour retirer Mackey de l’enquête... Mais il est déjà trop tard. Lorsqu’Aceveda s’offusque de cette demande, Cruz décide de mettre en place l’opération « A mort Aceveda » et il choisit Vic pour mener l’attaque, en sachant très bien que Mackey est prêt à tout pour sauver sa carrière. De plus, l’avoir à ses côtés vaut mieux que de l’avoir dans son dos, un couteau entre les dents. Good thinking, mais très dangereux à mon avis...

L’intensité incroyable de cet épisode est maîtrisée jusque dans les intrigues plus secondaires, comme celle qui lie Dutch, Billings, Tina, Hiatt et Danny. Dutch fait « chanter » Billings avec cette histoire de distributeurs depuis un moment déjà, et ce n’est certes pas très intelligent ni sympathique de sa part, mais la réaction de Billings va au-delà de la cruauté... L’incompétent notoire du Barn met en place un plan machiavélique qui a pour but d’humilier Dutch au plus haut point, le mettant face à face avec un ultime échec romantique. Ca fait un moment qu’il tente de séduire Tina, et, qu’il joue de cette aura de Pygmalion « like there’s no tomorrow », pour reprendre l’expression de Billings, et il ne mérite pas de se retrouver comme un con devant la fenêtre du salon de Tina, abasourdi par la vue de sa protégée et de Kevin en pleine action (et quelle action, si je peux me permettre).
Il avait déjà perdu Danny contre Vic en saison 1, et c’était déjà douloureux de le voir se prendre une telle gifle. Mais alors là, ça dépasse absolument tout. Non seulement avait-il de très faibles chances de conclure avec Tina, mais l’arrivée de Kevin a proprement anéanti le moindre de ses espoirs. Dutch y croyait toujours cependant. Il manque un peu de discernement quand il s’agit de sa vie sentimentale, le pauvre. Il a beau être un profiler très doué, il est incapable de voir ce qui se passe sous son nez...

Pas un seul temps mort en cette fin de saison, et des pions qui se mettent en place sans cesser de nous surprendre. La série est maîtrisée, ses personnages sont parfaitement utilisés (si on oublie que Julian et Danny ont été mis de côté depuis un petit moment...) et les acteurs sont à la hauteur de l’excellence des scénaristes. The Shield reste, après six saisons, une des meilleures séries encore à l’antenne. Et cet épisode en est la preuve.

Feyrtys