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Modern Family
4.24 - Un Point sur la Série
En Attendant la Saison 5. Si, si !
jeudi 5 septembre 2013, par
On continue à regarder la série plus par habitude que par réel plaisir, si on ne l’exclut pas de notre planning de visionnage. C’est le cas de Modern Family.
Lors de sa quatrième saison, un épisode de Modern Family, pourtant plaisant, m’a gêné.
Cam et Mitchell essaient de faire rendre à leur fille, Lily, les 100 dollars que la « Tooth Fairy », l’équivalent américain de notre Petite Souris, lui a donné par erreur lorsqu’elle a perdu une dent. J’ai été agacé d’avoir encore droit à des problèmes de gens riches et blancs. Et je dois avouer que c’était un reproche un peu stupide à faire la série qui n’a jamais caché ce qu’elle était : une comédie sur des gens riches et blancs. Parce que si la répétition modère notre enthousiasme, cela signifie aussi que la qualité des premiers épisodes est toujours présente. Et surtout Modern Family n’est pas qu’une sitcom sur la vie de gens aisés, lorsqu’elle est le plus réussi, c’est ce que la sitcom familiale fait de mieux.
Si elle semble faire un retour timide à l’écran, la comédie familiale est le sous genre qui a le moins bien survécu à l’hécatombe de la sitcom dans les années 2000. Elle avait déjà du mal à résister au cynisme et sarcasme mis au gout du jour par Seinfeld ou la vague des gens jeunes, beaux, blancs et névrosés lancée par Friends.
Pendant longtemps, Malcolm in The Middle a été le fleuron du genre en proposant à nouveau, dans un format innovant, ce fameux « single camera » (pas de public, pas de rires enregistrés), les tropes de la sitcom familiale avec un protagoniste qui parle à la caméra. Malcolm In The Middle a rappelé que la sitcom familiale n’était pas uniquement dirigée vers les plus jeunes d’entre nous ou pour un visionnage en famille.
Modern Family a suivi le chemin tracé par Malcolm In The Middle une décennie auparavant. Elle a, à son tour, reconditionné la comédie familiale dans un format plus contemporain, celui du faux documentaire qui nous a donné The Office. Mais l’ingéniosité de la série ne porte pas uniquement sur cette innovation, elle vient du fait que chacune de ces familles représente une variation du genre.
Jay et Gloria

Jay est le personnage le plus solide de la série, c’est un père de famille, peut-être un peu vieillot, mais qui accepte son rôle de père. Il cherche à inculquer des valeurs à ses enfants et pas à être leur meilleur ami. Il y a, bien sur, des erreurs, ce n’est pas un père parfait, sa vie de famille à l’époque de son ex-femme était plutôt chaotique, mais c’est un bon père pour Manny. Malgré la différence d’âge, il y a une vraie complicité entre Gloria et lui, et ils rappellent grandement les Huxtable de The Cosby Show.
Cliff, tout comme Jay, était un personnage de sitcom très drôle mais c’était une figure paternelle établie qui avait une idée précise sur la manière d’éduquer ses enfants. Ils n’ont rien d’extravagant (à part les pull overs de Cliff et le chien de Jay) et ne sont en aucun cas des bouffons prêts à amuser la galerie. Il s’agit, certes, de gens aisés, mais qui consacrent du temps à leurs enfants. C’est même à se demander s’ils travaillent vraiment. Quant à leurs femmes, si Clair était avocate, Gloria n’est pas une simple « trophy wife », elles sont toutes les deux des partenaires qui remettent en question leurs maris sans jamais les rabaisser ou les infantiliser.
Jay et Gloria représentent la comédie où on montre l’humour et la difficulté de parents, un couple uni, à éduquer leurs enfants dans la lignée d’un Cosby Show ou d’un Roseanne.
Phil et Claire

Si Jay est une figure solide, Phil est probablement celui qui pose le plus de problèmes. Tout cet aspect de la série représente la sitcom familiale facile des années 80 et 90 où le père est un éternel adolescent défini par sa joie de vivre et par son amour/crainte de sa femme. Le rôle de parent et de maitre maison est entièrement laissé à la femme. Elle en devient un personnage rude, empêcheuse de tourner en rond. Cette même femme, débordée et exaspérée, le considère à la fois comme un époux et comme un gamin de plus à élever à qui on ne peut pas nécessairement faire confiance.
Les enfants sont soit idiots, soit précoces et l’humour vient de souvent de la manipulation. Phil est une figure paternelle trop faible, et Claire est trop autoritaire. L’humour proposé vient trop souvent de ce déséquilibre qui peut être un moteur, il suffit juste de revoir l’épisode où la famille prépare Claire à un débat pour s’en rendre compte. Cependant, lorsqu’il est traité avec trop de légèreté par les scénaristes, il peut poser problème.
Phil et Claire, c’est la sitcom familiale où les enfants prennent souvent le pas sur leurs parents, une mère autoritaire et un père simplet. Même si c’est une donne difficile, Malcolm in The Middle, s’en est bien sorti sur ce terrain.
Mitch et Cam

Même s’il s’agit de la première famille homosexuelle centrale dans une comédie, le couple formé Mitch et Cam n’en est est pas moins une ancienne idée remise au goût du jour, celle de l’échange des rôles des sitcoms des années 80. Cameron est un père à la maison qui éduque son enfant pendant que son époux est très pris par son travail. Ce postulat d’une figure masculine qui s’occupe de la maison et des enfants est le principe de base de Quoi de neuf docteur ? ou le Dr Seaver [1] doit s’occuper de sa famille quand sa femme décide de retourner travailler et, bien évidemment, de Madame est Servie.
Ce couple, d’apparence innovant, n’a rien de nouveau. Et par certains aspects, il est même l’un des plus traditionnels. L’extravagance de Cam n’est pas sans rappeler celle de Lucille Ball et ses rêves de show business, Mitch, comme Ricky Ricardo, doit souvent calmer les ardeurs se son partenaire. En revanche, ils représentent aussi un système parental des plus honnêtes : ils ne sont jamais sûrs de la meilleure manière d’élever leur fille, ils se consultent et apprennent ensemble. Malgré leur approche différente ils découvrent en tandem comment élever leur filles, exactement comme My Two Dads, au final !
Dans ses moments difficiles, et il y en eu cette saison, il est facile d’oublier ou de dénigrer la sitcom, mais on a tendance à oublier que même si elle n’est pas exempte de défauts, Modern Family est un comédie ambitieuse dans un genre souvent mésestimé .
Elle jour sur plusieurs terrains. Elle ne mérite peut être pas tous ses Emmys (j’accepte celui de Julie Bowen pour Ed), mais elle mérite un peu plus de respect.
[1] Vous savez le père du type qui chante Blurred Lines.