On pouvait s'attendre à mieux d'une série signée OCS. Rares sont les ratés et on doit souligner que ce ratage est attristant, surtout avec un tel sujet.

Dans la constitution de la Vè République, l’article 7 stipule que si le Président de la République ne pouvait plus assurer ses fonctions, il reviendrait au Président du Sénat d’assurer l’intérim. C’est de ce postulat que démarre Alphonse Président, la nouvelle série d’OCS Signature, créée par Nicolas Castro.



Alphonse Dumoulin (Michel Vuillermoz), ancien professeur d’histoire campagnard, occupe une partie de sa retraite à Paris en tant que sénateur suppléant. A sa plus grande surprise, alors qu’il ne briguait en aucun cas le poste, il devient le Président de la Chambre haute. Pendant ce temps, le chef d’Etat est enlevé à cause d’une manigance du ministre de l’Intérieur (Jean-Michel Lahmi) et de son homme à tout faire (Michaël Vander Meiren), laissant la Première ministre (Nabiha Akkari) dans le plus grand désarroi. Tout ce petit monde doit essayer de cohabiter alors que la situation économique du pays est au plus mal…

Cette comédie présentait un concept certes déjà vu mais avec un certain potentiel. Malheureusement, elle se prend complétement les pieds dans le tapis.

Tout sonne faux, à commencer par les personnages. Si certains sont jouer par de grands acteurs comme des sociétaires de la Maison de Molière, il est dommage de voir que :

1° peu d’acteurs jouent de manière correcte et/ou juste.
2° les personnages ne soient ni attachants, ni bien écrits ; ils ne sont que succession de clichés : un Président passéiste et passéiste, un Ministre de l’Intérieur fourbe et se servant des services de renseignements pour espionner ses collègues/adversaires, des subalternes stupides (dont le garde du corps présidentiel de l'Elysée interprété par Alexandre Blazy) et un assistant ([perso=93383]Bruno Gouery[/serie]) martyrisé par sa supérieure. Même si les créateurs ambitionnaient de faire une sorte de vaudeville, les protagonistes sont tellement agaçants que le fait qu’ils ne soient que des fonctions (ce qui est requis dans ce type de comédie) ne marchent pas.



Le scénario extrêmement maladroit est non seulement pas drôle du tout (ressorts comiques prévisibles au possible, point culminant mal amené et retombant à plat avant même d’avoir pu s’élever, contexte flou où le spectateur se demande ce qu’il voit et pourquoi etc...) mais est aussi par moment sexiste et raciste.

En effet, si ces aspects peuvent s’expliquer par l’ultra-conservatisme de Dumoulin et sa mentalité « vieille France », certaines situations sont assez gênantes : les pays membres de l’Union Européenne sont appelés plusieurs fois par le Président par des noms tels que « casques à pointes » pour les Allemands. Autre exemple, la réplique d’Alphonse « mon discours […] ne doit pas être pondu par des communicants trop bronzés pour être honnêtes » est (à mon sens) à la limite du de l’insulte raciste. De plus, la seule femme importante de la série (chef du gouvernement tout de même !) est rabaissée à plusieurs reprises : le Président lui fait remarquer en public que le terme PremiERE Ministre est erroné car la fonction prime sur le genre de ce cas, on exprime explicitement entre deux personnages masculins que les femmes ne seraient pas faites pour de hauts postes et elle tombe très rapidement dans le stéréotype machiste de la femme n’ayant aucune pudeur et vendant son corps si nécessaire.



Tout cela aurait pu être éventuellement drôle s’il y avait de la délicatesse, de la richesse dans les dialogues, un sens de la justesse, de la subtilité. Il n’en est rien.

Ajouter à cela une mise en scène très basique ainsi que des décors et des effets spéciaux au mieux pas réussis, au pire ratés.

Beaucoup de mal se dit des séries françaises, ne rivalisant pas avec les américaines, les britanniques ou les scandinaves. Pourtant, nous sommes capables de faire de petites pépites : Ainsi soit-il, Les Grands, Kaamelott, Hero Corp… Mais Alphonse Président ne fait pas du tout partie de cette catégorie. Tout le monde n’a pas le talent d’un Desproges ou d’un Alexandre Astier.

Alphonse Président, à partir du jeudi 23 novembre, à 20h40 sur OCS Max.