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House of Lies - Kristen Bell, Don Cheadle, et Jean-Ralphio sont sur Showtime

House of Lies: En fait, c’est Hou$e of Lie$

Par Jéjé, le 12 janvier 2012
Par Jéjé
Publié le
12 janvier 2012
Saison 1
Episode 1
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C’est vrai que ça fait toujours un peu pitié les titres de séries avec des symboles à la place des lettres normales… Vega$, Numb3rs, Arli$$... Et ça donne rarement des bonnes séries… Remarquez, les Sopranos avait un petit pistolet à la place du "r" ! Allez, ça ne veut sûrement rien dire !

Qu’est-ce que c’est ?

Diffusée entre Shameless et Californication dans les dimanches "décalés" de Showtime, House of Lies est la nouvelle comédie de Matthew Carnahan, le créateur de Dirt et ancien scénariste de Fastlane .

C’est l’adaptation du livre homonyme d’un certain Martin Kihn, dont le sous-titre "How Management Consultants Steal Your Watch and Then Tell You the Time", qui n’a pas été conservé pour la télévision, est plus drôle et instructif que tout ce qu’il y a dans le pilote.

C’est avec qui ?

Don Cheadle.
Qui restera toujours pour moi le procureur de Pickets Fences et l’adversaire éternel de Douglas Wambaugh.
Pour Iris, c’est Rhodey d’Iron Man 2.

Et c’est aussi avec Veronica Mars.
Jean-Ralfio.
Et un Australien.

De quoi ça parle ?

La police d’American Horror Story faisait un tout petit plus travaillée quand même !

Consultant en management, vieux-beau et très satisfait de sa condition, Marty se ballade aux quatre coins des Etats-Unis avec sa petite équipe pour faire son métier : exploiter les angoisses des gros patrons des grosses entreprises pour faire du gros argent...

Mais est-il vraiment heureux ?

Et c’est bien ?

Ben non.
Clairement non.

House of Lies n’a qu’une chose à dire et à montrer : elle est une série du câble. Une série du Premium Cable et c’est uniquement ça qui est important.

La première minute de ce pilote est, à ce titre, édifiante.

1. Ca commence par le plan de deux corps nus tête bêche sur un lit.
Et hop, la nudité, c’est fait !

2. L’homme se réveille et prononce le premier mot de la série.
Le F Word est placé au bout de 19 secondes. On a compris. On n’est pas sur AMC ou FX, c’est bien du Premium Cable !

3. Il tente d’habiller la femme toujours endormie ou morte, on ne sait pas, se tape la tête sur ses fesses en tentant de lui enfiler sa jupe et jette alors un coup d’oeil à la caméra avec un petit sourire navré.
Du méta dès la 35ème seconde de la série… On est une série sophistiquée, qui n’a pas peur d’assumer son statut de fiction et de jouer avec son public.

4. La porte s’ouvre et un petit garçon habillé en fille salue son père. C’est la 55ème seconde.
On le voit, la série ne craint pas de jouer avec le genre sexuel des enfants !

5. On apprend que la femme n’est autre que la mère du petit déjà parti. La scène se fige au moment exact où elle reprend conscience pour que l’homme puisse conclure cette introduction : "Dont. Ever. Fuck. The. Ex. Wife."
L’anti-héros est misogyne ! Le politiquement incorrect est clairement assumé !

Ce festival de gimmicks aurait pu être amusant si sa ringardise et ses efforts désespérés de sophistication avait fait écho à des traits de caractères assumés du personnage principal.
Or, Marty Kaan (Don Cheadle) n’est pas le parasite clinquant et sans conscience d’un système abject qu’on était en droit d’attendre.
Le pilote s’acharne à vouloir provoquer l’empathie du spectateur à son égard et en faire un personnage "complexe" : Marty essaye tout au long de l’épisode d’accepter la différence de son fils (au contraire de son ex qui assume de ne pas y être attaché), Marty a une lourde blessure du passé (sa mère s’est suicidée), Marty a même un début de prise de conscience devant son miroir en fin d’épisode sur la vacuité de sa vie…
La série lui colle ainsi deux "experts" psy dans sa vie, son père dans sa vie domestique, son bras-droit dans sa vie professionnelle, pour pouvoir éclairer à l’aide de banalités de psychologie de comptoir sa personnalité.

Les effets de mise en scène n’existent alors que pour eux-mêmes. C’est d’autant plus tragique que ce mix indigeste de regards à la Jim de The Office (3), d’enfants à la Sam de The Riches (4) et d’arrêts sur image à la Zack Morris de Sauvés par le Gong (5) (merci l’originalité !) asphyxie l’épisode et en vient à dénaturer ses personnages (enfin l’unique personnage que la série essaye de creuser).

Pour le plaisir de montrer Don Cheadle briser le quatrième mur pour la n-ième fois et sortir des cartons expliquant les techniques les plus basiques du management consulting, Max Kaan passe pour un amateur dans son domaine : pourquoi appliquer des techniques qu’il sait inefficaces lorsqu’il essaie de ferrer un de ses plus gros clients ? Surtout qu’on nous l’a présenté comme le meilleur des meilleurs dans son domaine…
Domaine qui s’exerce dans un milieu professionnel peint si grossièrement que toute satire percutante est impossible. C’était déjà l’un des gros problèmes de Dirt, la précédente création de … Et celui de Episodes, sur la même chaîne.
Ainsi, le plan de sauvetage final, que la série nous vend comme révolutionnaire et incroyablement cynique, se révèle aussi plat et attendu que les campagnes de pub d’Allison et Amanda chez D&D dans Melrose Place

Il manque l’Australien... Comme dans cet épisode !

Et trop occupée avec ses effets et ses scènes sorties de nulle part (mention « félicitation du jury » pour la scène de sexe lesbien dans les toilettes du restaurant), elle oublie complètement tous les personnages secondaires, en particulier les trois membres de l’équipe de Max, qui sont quand même sur toutes les promos d’House of Lies.
Jean Ralphio et l’Australien ont à eux deux dix lignes de dialogues.
Kirsten Bell a la « chance » d’hériter d’un secret et d’être une femme. En plus de ses considérations psychologisantes, elle peut ainsi répéter quand elle n’est pas figée dans l’image qu’ « elle ne dira pas son secret » et qu’ « elle ne couchera pas avec Marty »…

Complaisante et médiocre, House of Lies est l’exemple parfait de ce qui se passe quand un scénariste n’a rien à dire et qu’il n’a aucune contrainte de forme et de budget.
Un ratage aussi complet, c’est assez rare…
Et assez fascinant…

Je crois que je vais me laisser tenter par un deuxième épisode !

Jéjé
P.S. Passée un peu inaperçue ici, Enlightened, diffusée sur HBO cet automne, pointe bien plus justement les dérives de l’Entreprise américaine. Il faudra que j’y revienne un jour…