Il m’a fallu 10 ans pour pouvoir admettre qu’elle est une humoriste très drôle parfaitement à sa place dans Whose Line is it Anyway ? sans que ma mauvaise foi de perdusien n’altère mon jugement.
Melissa George ne se débarrassera jamais de son surnom de Dents de Cheval acquis pendant sa terrible participation à Alias. Mais grâce In Treatment et son sympathique film zarb’ à souhait, Triangle, le « Putain, y’a Dents de Cheval dans ce truc ! » lorsque je lis son nom dans les crédits d’une série ou d’un film se transforme en « Cool, y’a Dents de Cheval dans ce truc ! ».
Je n’ai jamais été un grand fan de The X-Files. Glen Morgan et James Wong, pour moi, sont les sympathiques scénaristes de Space : Above and Beyond. La mention de Frank Spotnitz ne provoquait aucun geekasme en moi vu que je n’ai jamais vraiment accroché à la série de Chris Carter. Mais maintenant que le type m’a agréablement surpris avec son reboot de Strike Back, quand j’ai appris qu’il avait développé sur une série d’espionnage britannique avec Dents de Cheval, je me devais d’y jeter un coup d’œil.
Hunted commence comme du Alias anglais qui se prend grave au sérieux.
Sam Hunter (Dents de Cheval), après une mission musclée au Maroc, donne rendez vous secrètement à son amant, espion lui aussi, pour lui annoncer, devant un thé à la menthe et des cornes de gazelles, qu’elle est enceinte. Mais, attaquée au café, elle est laissée pour morte. Elle réussit cependant à s’enfuir. Elle s’exile alors pendant un an pour reprendre des forces et se mettre en condition physique optimum. Persuadée d’avoir été trahie, elle revient travailler pour l’organisation privée qui l’a engagée, Byzantium. En effet, en dévoilant son existence au grand jour, elle espère provoquer une nouvelle tentative d’assassinat dans le but de démasquer celui qui a commandité son meurtre.
Pour sa première mission, elle doit infiltrer la maison d’un riche homme d’affaire, Jack Turner (Patrick Malahide) afin de saboter sa participation à un appel d’offre au profit d’un mystérieux client de Byzantium. Pour cela, elle se fait engager en tant que nounou de son petit fils et doit gérer un monsieur tout pâle et tout flippant qui volé l’identité d’un ingénieur hollandais et est ordonnée de tuer un de ses collègues qui s’est fait kidnapper dans le pilote. De plus, dès son arrivée, Keel (Stephen Dillane), son responsable, lui confie qu’il y a un traitre dans son équipe. Cela fait beaucoup pour un retour au boulot après une année sabbatique.
Et si la vie de Dents de Cheval n’était pas déjà compliquée, son enfance était tout aussi traumatisante. Au fur et à mesure de la série, on découvre qu’elle a assisté au meurtre de sa mère et qu’elle a été kidnappée quand elle a été gamine. Les épisodes suivants introduisent un homme à la balafre qui la recherche et une mystérieuse figure qui l’espionne de sa fenêtre. Et un mystère au nom de code prétentieux censé justifié l’horrible visuel du générique de la série.
Les missions sont périlleuses et Byzantium peut disposer de la vie de ses agents s’ils sont compromis. Un peu comme dans Strike Back, le danger et la paranoïa sont omniprésents., Hunted se prend juste beaucoup plus au sérieux. Et peut être un peu trop au sérieux. Surtout pour une série dont le nom est un jeu de mot sur le nom de son héroïne !
Il y a de l’action et sur le papier tous les éléments nécessaires à une bon intrigue sont là : espionnage, infiltration, bastons, trahison et organisation mystérieuse. Pourtant, la mayonnaise ne prend pas. On s’ennuie un peu devant un pilote qui manque de relief. Les épisodes enchainent action sans réelle intensité.

Il faut dire que les intrigues individuelles de l’équipe de Sam passionnent difficilement. Les dilemmes moraux de Deacon (Adewale Aki...ouais, Monsieur Eko, hein !) ou la vie personnelle de Zoe (Morven Christie), engagée juste pour montrer régulièrement une paire de seins à l’antenne, sont des distractions dont la série aurait pu se passer. Elles peinent à rendre intéressants les membres de l’équipe de Byzantium et le temps qu’on leur consacre aurait pu être alloué à rendre la mythologie moins brouillonne.
Il y a trop d’éléments balancés rapidement à la figure du téléspectateur, mais au lieu de nous intriguer, l’enchaînement de questions sans réponses agace un peu. Il faut attendre la seconde partie de la saison, avec le cinquième épisode et le premier épisode vraiment réussi de la série, "The Ambassadors", pour enfin voir le potentiel de la série. Et il se résume en une question entendue dans la série : "Who do you work for ?".
Cette question s’applique littéralement à Byzantium, dont les membres de l’équipe ignore l’identité de leur client. Elle s’applique au traître de l’équipe et aux différentes personnes à la poursuite de Sam. Mais elle a un sens plus large. En s’attelant à l’espionnage industriel, et non pas au MI:5 comme dans Spooks ou MI:6 comme dans Strike Back, on ne sait pas si les espions agissent pour le bien de la société. La notion de bien et de mal sont bien plus floues et du coup, plus pertinentes.
Dans la plupart des séries d’actions, le téléspectateur est conditionné à vouloir que son héros réussisse sa mission. Si Jack Bauer torture, c’est un mal pour un plus grand bien. Sydney Bristow est un agent double qui travaille, au final, pour la CIA. En basant sa série dans le secteur privé, Frank Spotnitz pose une question bien plus intéressante : sachant que la sécurité de la nation ou empêcher un acte terroriste n’est pas le but de la mission, jusqu’où les héros de la série peuvent aller pour réussir leur mission ?
Malheureusement, lorsque la série a l’occasion d’aborder le mieux ce point, elle est moins efficace. L’idée est esquissée dès le pilote où Sam questionne l’impact de sa mission sur le petit fils de Jack Turner qui vient de perdre sa mère. Le problème est abordé de manière frontale par Deacon, un homme religieux engagé pour tuer des innocents en tant que dommage collatéral, mais est rapidement mis de côté à cause d’une mythologie trop étouffante et mal gérée sur huit épisodes. C’est bien dommage car, hors mythologie, c’est le seul aspect intéressant de tout ce qui se passe à Byzantium.
En revanche, l’intrigue familiale des Turner est le fil rouge de la série qui ne déçoit que rarement. Les performances de Stephen Campbell, dans le rôle de Stephen, et surtout Patrick Malahide aident beaucoup. La relation tendue et ambiguë entre les deux hommes est de loin ce que la série propose de mieux. Spotnitz a su tirer des leçons de Strike Back. Tout comme sa série d’action, les personnages secondaires de chaque mission ne sont jamais négligés, au point où, dans les deux séries, ils volent la vedette au personnages réguliers qui ne sont pas les héros de la série. Si dans Strike Back, les missions se déroulent sur deux épisodes, sur huit épisodes les Turner marquent vraiment Hunted. Au point on nous sommes un peu déçus de savoir qu’il ne seront pas dans la suite de la série.
Cette suite risque d’avoir une identité très différente puisque la BBC s’est retirée sur projet et c’est Cinemax, la chaine qui coproduit et diffuse Strike Back aux États-Unis, qui a commandé une mini-série dérivée sous qui portera le nom de Sam Hunter.
C’est une bonne nouvelle car il reste beaucoup à explorer dans l’univers de la série à l’issue de cette première saison, cependant il y a aussi beaucoup de choses qui n’ont pas fonctionné. Espérons que Spotnitz saura revoir sa copie et proposer une série mieux maitrisée et plus efficace, parce que Hunted a le potentiel d’être bien plus intéressante que ce que ces huit épisodes qui nous ont été proposés.