26 juillet 2012
Episode Chronique
Sans les livres, le RER ne serait pas devenu le club de lecture des derniers Dan Brown ou Marc Levy. Sans les livres, Houellebecq serait juste un mot rigolo à prononcer.
Les livres, c’est la peste du 21ème siècle dont on n’arrivera jamais à se débarrasser.
Les seuls livres que j’affectionne sont ceux liés à la production audiovisuelle. Et si Top of The Pops [1] ne valait vraiment pas la peine de se réveiller une heure plus tôt pour le télécharger sur iTunes le jour de sa sortie, Is Everyone Hanging Out Without Me ? de Mindy Kaling a été une plutôt bonne surprise. Il faut dire que j’avais pris la déception du livre de Tina Fey comme une trahison personnelle, et je n’avais pas envie de lire le livre d’une humoriste qui ne me fait rire que deux fois par an dans un The Office sur la pente descendante.
A cela s’est ajoutée la crainte de ne pas faire partie du public-cible du livre. Le livre allait-il être un peu trop girlie même pour un type qui vient d’écrire trois chroniques d’affilée sur le manque de personnages féminins bien écrits, sur le sexisme de Sorkin et sur la nouvelle série de Shonda la Merveilleuse ? La réponse est un OUI bien criant. Le livre suinte l’oestrogène et sent la vanille tellement Kaling y parle de mode, de garçons et de régimes.
Cependant, Kaling n’est pas dénuée de talent. Contrairement à Sorkin, la forme fait parfaitement passer le fond. Son chapitre sur les comédies romantiques, qu’elle considère comme un sous genre de science-fiction, était très drôle et me fera mieux tolérer ceux que ma femme m’emmène voir au cinéma. Celui sur les différences entre elle et Kelly Kapoor, son personnage de The Office, m’a aussi rappelé pourquoi elle était un des meilleurs aspects et probablement le plus constant de The Office.
Is Everyone Hanging Out Without Me ? contient aussi des histoires de guerre du développement de sa série qui n’a jamais vu le jour sur la WB où les producteurs de la chaine ne l’ont pas choisie pour interpréter son propre rôle et bien évidemment, elle y parle beaucoup de The Office. Mais même si j’aime particulièrement les coulisses de productions télé quand elle ne sont pas écrites par Sorkin, ce n’est pas la raison pour laquelle le livre a été une excellente surprise pour moi.
J’ai aimé le livre comme j’aime lire ceux de Sédaris. On y retrouve cet amour de la culture blanche américaine. C’est une vision de l’extérieur d’une société qui fascine que je partage avec cet homosexuel grec d’une petite ville des États-Unis et cette fille indienne avide de shopping et pop culture. Ce n’est pas un mixage d’identité conflictuel mal ressenti comme ce genre de vécu est trop souvent représenté. Il s’agit de l’amour d’une société qui n’est pas exactement comme celle d’où vient avec un regard neuf et décalé tout en puisant les forces de ses origines. Le tout, sans aucun complexe.
Mindy Kaling a une nouvelle série à la rentrée sur la Fox, The Mindy Project que Ju déteste déjà. Il ne devrait plus y avoir de Kelly Kapoor dans The Office. C’est une femme drôle et ses projets méritent qu’on s’y attarde. Mais, je crains que ce dernier aspect, là où Kaling est la plus forte, soit mis de côté au profit d’une comédie romantique qui serait un bon compagnon à New Girl. Et ce serait très dommage que Kaling ne soit réduite qu’à cela, elle capable de beaucoup plus.
[1] Cet horrible léchage de bottes d’un ancien président de NBC
