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Orange is the New Black - Avis très complet sur la deuxième saison de la série

Orange is the New Black: Bilan de la Saison 2

Par Tigrou, le 15 juillet 2014
Par Tigrou
Publié le
15 juillet 2014
Saison 2
Episode 13
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La saison 1 d’Orange is the New Black avait été une excellente surprise. Une de ces pépites dont on n’attend pas grand-chose, et qui se révèle, au fil des épisodes, aussi addictive qu’irrésistible. Elle avait quelques petits défauts, bien sûr… mais, face à un ensemble aussi charmant et singulier, personne n’avait envie de bouder son plaisir !

Le problème, avec ce genre de succès surprise, c’est qu’ils ne bénéficient pas de la même indulgence l’année suivante. Attendue avec impatience, la saison 2 aurait aisément pu décevoir… Heureusement, cette nouvelle fournée d’épisode confirme que la saison 1 n’était pas un accident : malgré quelques défauts, la série revient en pleine forme.

Une ouverture incroyable

La saison 2 d’Orange is the New Black commence par un morceau de bravoure : un épisode d’ouverture audacieux, qui casse la formule « chorale » de la série en se concentrant à 100% sur l’héroïne.

Si la série peut se permettre de laisser quasiment tous ses personnages de côté pour expérimenter dès son Season Premiere, c’est sans doute parce que cette année, Jenji Kohan et ses scénaristes savaient que toute la saison serait mise en ligne en même temps par Netflix (et que les téléspectateurs « frustrés » pourraient donc enchaîner directement avec le deuxième épisode, qui se concentre sur les autres personnages de la prison). Cet épisode sera le seul de la saison à s’appuyer sur la spécificité de son mode de diffusion pour essayer quelque chose de différent, mais j’étais ravi que la série se permette cette entrée en matière angoissante et déstabilisante, digne des expérimentations formelles de Breaking Bad ou de The Good Wife.

2 x 01 - Thirsty Bird

Suite au cliffhanger de la saison 1, on retrouve Piper en cellule d’isolement. Sans nouvelles du monde extérieur depuis des jours, elle apprend au milieu de la nuit qu’elle a été « transférée », et monte dans un bus, puis dans un avion, puis dans un autre bus…
L’épisode est une réussite, en grande partie parce qu’il prend le parti de limiter strictement son point de vue à celui de Piper : comme elle, on ignore où elle se rend, pourquoi on la transfert, et ce qui l’attend. Privé de tous les repères qu’on avait péniblement acquis en saison 1, on découvre avec elle son nouveau centre de détention (une prison haute sécurité qui ressemble plus à celle d’Oz qu’à celle de Litchfield) et ses inquiétantes camarades de cellule.

Une introduction brillante, qui nous replonge directement dans la série en nous forçant à nous identifier pendant 1 heure à son héroïne… Et une façon habile pour la série d’assumer les critiques de ceux qui lui reprochaient l’an dernier de montrer un aspect trop « angélique » du monde carcéral à Litchfield.

Une formule musclée

Après l’audace de cette ouverture, la série reprend sa formule habituelle... en la musclant un peu par rapport à l’an dernier ! Pour sa saison 2, Orange is the New Black renforce le côté « sérialisé » de ses intrigues, et démultiplie encore ses personnages et ses points de vue. La série ajoute également une tension supplémentaire en introduisant une nouvelle détenue : Vee.
Incarnée avec beaucoup de charisme par Lorraine Toussaint, Vee est au cœur de l’intrigue principale de la saison. Ambitieuse et imprévisible, elle va prendre le contrôle du dortoir afro-américain, mettre en place toute une série de trafics, et entrer en guerre contre Red et ses disciples. C’est une détenue plus dure, plus dangereuse que celles qu’on nous a présentées en saison 1, et sa présence va obliger un certain nombre de personnages à se révéler.

Son arrivée à Litchfield est d’autant plus bienvenue que Piper, de son côté, s’est habituée à sa vie en prison : elle n’a plus peur des douches communes, et elle a compris depuis un moment que les autres détenues étaient loin d’être aussi dangereuses qu’elles voulaient le faire croire. La tension de la série aurait pu chuter suite à cette évolution, mais la menace diffuse que fait peser Vee sur Litchfield tout au long de la saison permet heureusement d’éviter cet écueil.
Dans l’ensemble, cette intrigue centrée sur l’arrivée de Vee est une réussite. Elle fait notamment une utilisation remarquable du casting de la série : quasiment toutes les détenues s’y trouvent mêlées à un moment ou à un autre, et ont l’occasion d’y briller.

Toutes les détenues… sauf Piper. J’y reviendrai.

2x12 – It Was the Change

De plus en plus machiavélique à mesure que la saison avance, Vee aurait pu être un personnage caricatural. C’est sans compter sur le charisme de son interprète Lorraine Toussaint, qui la rend fascinante à observer. Cet avant-dernier épisode, où une bonne partie des intrigues de la saison atteignent leur point culminant, achève de la révéler dans toute sa noirceur…

Pour ceux qui ne l’auraient pas fait, je vous conseille vivement de revoir ses flashbacks avec Taystee du 2x02 après les révélations de cet épisode : la scène où elle parle avec elle de la mort de son « frère » permet de mesurer toute la finesse du jeu de Lorraine Toussaint.

Beaucoup d’intrigues secondaires – pour la plupart très réussies – viennent compléter cette trame générale : une grève de la faim qui peine à prendre, une chimiothérapie, un concours de plan cul… On pourrait s’y perdre, et c’est parfois un peu le cas d’ailleurs… Mais, dans l’ensemble les scénaristes arrivent à croiser tout ça dans un mélange détonnant.

Une intrigue principale addictive qui utilise quasiment tous les personnages, des intrigues secondaires efficaces… Ça semble presque trop beau pour être vrai, non ? Eh bien ça l’est… un peu !

Car malgré leur réussite générale, les intrigues de cette saison souffrent, à mon sens, d’un gros défaut : l’héroïne de la série, Piper, leur est à peine intégrée.

Une héroïne trop en retrait ?

Beaucoup de gens aiment affirmer – avec une assurance un peu agaçante - que Piper est vraiment le personnage le moins intéressant d’Orange is the New Black. Je comprends une partie des critiques qui sont adressées à l’héroïne… Mais, pour être honnête, je ne suis pas sûr que la série fonctionnerait aussi bien sans Piper ! Elle est notre point d’entrée à Litchfield, celle par qui on accède aux autres personnages… des personnages à qui elle laisse suffisamment de place pour qu’ils prennent vie à l’écran !

Car Piper, quand elle est bien utilisée, est un catalyseur d’intrigue intéressant. Cette année, par exemple, dans les épisodes You also have a pizza (ou elle interroge des détenues sur leur vision de l’amour) ou Approprietely Sized Pots (où elle apprend qu’elle va bénéficier d’une permission pour voir sa grand-mère malade), elle donne l’occasion à beaucoup de personnages « secondaires » de raconter leurs expériences (et permet notamment ce très beau monologue de Sophia sur la mort de son père).

Même si j’adore le personnage de Taystee, force est de constater que, dans le second épisode de la saison, centré sur elle en l’absence de Piper, la série n’arrive pas à lui faire tenir le même rôle que l’héroïne. L’épisode est globalement réussi, et pourtant il semble lui manquer quelque chose : un ancrage, un point de vue…

Et puis, surtout, je trouve absurde qu’une partie du public attaque en permanence le côté « privilégié » du personnage de Piper… alors que la série se sert justement d’elle pour aborder la notion de privilèges ! Dans Orange is the New Black, l’origine sociale du personnage principal n’est pas un attribut de façade, une excuse pour la faire vivre dans un bel appartement. La série souligne et interroge les privilèges dont bénéficie son héroïne en permanence, et oppose toujours sa situation à celle des autres personnages.

Pour ne rien gâcher, Taylor Schilling est à nouveau impeccable dans son rôle cette année, à l’aise dans la comédie comme dans les scènes plus dramatique, dans lesquelles elle fait passer beaucoup d’émotion avec économie.

J’en arrive, du coup, au seul gros reproche que je ferai à cette saison 2 : à mon sens, Piper y est trop en retrait…

Encouragés par le succès, les scénaristes semblent avoir abordé cette nouvelle saison en se disant qu’ils n’étaient pas obligés de tout faire tourner autour de Piper, et que le public les suivrait s’ils s’intéressaient aux personnages moins « traditionnels » de la série. Cette évolution permet de consacrer plus de temps aux autres détenues, et c’est une excellente nouvelle… Mais, malheureusement, elle déséquilibre aussi un peu l’ensemble.

C’est probablement dans l’intrigue principale que ça se voit le plus. La lutte de pouvoir entre Vee et Red est au cœur de la saison, et les scénaristes font beaucoup d’effort pour y intégrer quasiment TOUTES les détenues. Toutes… Sauf Piper, qui est tenue à l’écart du conflit du début à la fin de la saison. Résultat : les intrigues de Piper et de Vee finissent par se faire concurrence à mesure que la saison avance.

C’est particulièrement criant dans le Season Finale, dans lequel Piper est complètement déconnectée de l’histoire principale… tout en occupant une bonne partie du temps d’antenne ! La résolution de ses intrigues amoureuses semble bien faiblarde dans un double épisode où les tentatives de meurtre et les trahisons se multiplient, et ce contraste vient affaiblir l’ensemble. C’est peut-être pour cette raison que, malgré de grand moment, la fin de la saison ne semble jamais décoller complètement.

C’est d’autant plus dommage que, malgré l’absence de Laura Prepon (Alex), la série a réussi à faire de belles choses avec son personnage principal cette année…

2x09 - 40 OZ of Furlough

Quand il avait été annoncé que Laura Prepon (Alex) n’apparaîtrait que dans quelques épisodes dans la saison 2, j’avais été déçu et inquiet… Au final, ce départ (provisoire) a été très bien géré par la série : le personnage ne manque pas, et son absence permet à Piper de prendre son envol.

C’est en particulier le cas dans ce bel épisode, dans lequel Piper obtient une « permission » et sort de prison 48 heures pour enterrer sa grand-mère. Les scènes hors de la prison sont un peu trop burlesque par moment (la série en fait des tonnes sur la famille de Piper, qui semble plus à sa place dans l’univers outrancier de Weeds que dans celui, plus nuancé, d’Orange is the New Black), mais l’épisode fait un joli travail sur son personnage principal. Confrontée au regard du monde extérieur, réalise dans quelques scènes touchantes que la prison l’a changée… et que ce n’est peut-être pas une si mauvaise chose que ça.

Des personnages secondaires approfondis

Qu’on aime ou qu’on déteste Piper, une chose est indiscutable : ce qui fait tout le sel d’Orange is the New Black, ce sont ses personnages secondaires. Âge, origine, orientation sexuelle… Non seulement la série met en scène des protagonistes féminins qu’on n’a pas l’habitude de voir à la télévision, mais elle leur insuffle une vie et une profondeur extraordinaire – loin des clichés habituellement associés à ce type de représentations.

La série continue à approfondir ces personnages dans sa deuxième saison, et un certain nombre d’entre eux passent même au premier plan. C’est notamment le cas de Taystee et Poussey, dont la relation est au cœur de l’intrigue cette année. L’idée est excellente sur le papier, et un tout petit peu moins réussie en pratique (leur éloignement traîne un peu en longueur, et nous prive du duo le plus drôle de la série)… Mais elle démontre que ces personnages, qui étaient avant tout utilisés comme des ressorts comiques en saison 1, ont largement l’épaisseur nécessaire pour tenir un rôle de premier plan.

Des personnages à peine esquissés en saison 1 sont également développés cette année. Rosa, la détenue malade du cancer qui avait à peine quelques répliques l’an dernier, est par exemple au cœur d’un des meilleurs épisodes de la saison.

La saison 2 donne également un rôle accru aux « Golden Girls », ces détenues que leur âge rend quasiment invisible au sein de la prison. Elles pourraient n’être là que pour illustrer la difficulté de vieillir en prison… mais on aurait tort de les sous-estimer, et leurs personnages nous réservent quelques surprises au fil de la saison.

C’est la plus grande qualité d’Orange is the New Black, à mon sens : la série ne s’arrête jamais aux apparences. Elle dépasse les stéréotypes pour nous offrir des personnages complexes et universels. Il faut d’ailleurs souligner qu’il n’y a pratiquement pas, dans la série, de personnage « représentatif » à eux seuls d’une communauté. Chaque détenue est unique, et la plupart des thématiques (la maladie mentale, l’âge) et des communautés (les lesbiennes, les latinos, les afro-américains…) y sont représentées par une multitude de personnalités et d’attitudes.

2x08 – Appropriately Sized Pots

Rosa, qui vient d’apprendre que le système carcéral refusait de lui payer l’opération qui pourrait la sauver de son cancer, se lie d’amitié avec un ado insupportable pendant ses séances de chimio. Un épisode touchant, drôle, profond, et porté par une actrice très solide… L’un des plus réussis de la saison à mon avis.

Une trentaine de personnages, ça fait beaucoup même pour des épisodes d’une heure… Certains regretteront sans doute que leurs détenues favorites soient plus en retrait cette saison. Mais même si elle ne met pas tout le monde au premier plan, la série fait en sorte de réserver des moments forts pour chacun. Sophia, notamment, n’a pas d’intrigue propre cette année, mais la saison lui réserve quelques très belles scènes.

Et si les Latinas sont également un peu plus en retrait (d’autant que les seuls flashbacks les concernant, ceux de Gloria, sont assez décevants), Maria – qui avait accouchée en saison 1 – a une petite intrigue très touchante avec le père de son enfant, et Maritza et Flaca s’imposent, en l’absence de Poussey et Taystee, comme le duo le plus drôle de la série.

Le seul vrai ratage de la saison, au fond, c’est Larry. Je n’ai rien contre Jason Bigg, et je dois reconnaître que ses scènes étaient souvent drôles. Mais son intrigue, complètement déconnectée des autres par son contenu comme par son ton, et ne semblait à aucun moment avoir sa place dans la série.

2x10 - Little Mustachioed Shit

L’épisode est riche en rebondissement, mais il m’a surtout marqué pour ses deux scènes de parloir qui développent des personnages secondaires. L’une, simple et touchante, amorce une réconciliation entre Sophia et son fils. L’autre, éprouvante confronte Morello à son « fiancé » Christopher dans un échange d’une violence terrible.

Face à ces deux rencontres chargées en émotion, la scène où Piper devine que Larry a couché avec sa meilleure amie fait un peu pale figure, forcément… (malgré une interprétation comme toujours impeccable de Taylor Schilling)

Une critique du système plus concrète

Non contente de muscler ses intrigues et de creuser ses personnages, la saison 2 d’Orange is the New Black s’attaque également de façon beaucoup plus directe que la précédente au système carcéral américain.

La saison 1 formulait déjà de nombreuses critiques, mais celles-ci ciblaient la société dans son ensemble (en montrant par ses flashbacks que la plupart des femmes se retrouvaient enfermées suite aux échecs du système américain, et en racontant comment leur sortie de prison se révélait difficile sans soutien ni encadrement). Quand la série visait le système carcéral, c’était avant tout pour dénoncer son côté déshumanisant (la prison consistant surtout, pour Piper, à découvrir la fin de ses privilèges : être soumise à l’autorité arbitraire d’un gardien, perdre son droit à l’intimité…). Mais, entre le film du dimanche et le spectacle de Noël, les conditions de détentions en elles-mêmes n’étaient pas si terribles. Dans l’une des intrigues de la saison, Taystee choisissait même de revenir à Litchfield après avoir passé quelques semaines « perdue » dans le monde extérieur suite à une libération conditionnelle !

En saison 2, la série s’intéresse plutôt aux lacunes concrètes des établissements carcéraux. Elle s’attache, en particulier, à nous montrer comment la prison manque à ses devoirs vis-à-vis de ses détenues les plus vulnérables : les plus âgées (les Golden Girls), celles qui sont en mauvaise santé (Rosa), celles qui souffrent de troubles mentaux (Susan, Pennsatucky, Morello)… Ces détenues se débattent dans un système qui n’est pas adapté pour prendre soin d’elle sont au cœur des intrigues les plus marquantes de la saison.

La critique est parfois un peu didactique (les insuffisances de la prison sont mises en parallèle tout au long de la saison avec une intrigue révélant que la directrice de l’établissement détourne de l’argent)… Mais, même si la démonstration est parfois un peu appuyée, il est difficile d’en tenir rigueur aux scénaristes. Après tout, combien d’autres séries s’intéressent aujourd’hui au sort des « oubliées » de la société ?

2x07 - Comic Sans

Je m’attendais, depuis quelques épisodes, à ce que l’intrigue de Cavanagh, une détenue atteinte de la maladie d’Alzheimer, atteigne une résolution tragique. Mais la conclusion de cet épisode était pire que tout ce que j’avais pu imaginer…

Une critique appuyée mais efficace, qui part d’une situation individuelle pour dénoncer le cynisme du système tout entier.

Une seconde saison plus sombre

Pour moi, les flashbacks n’étaient pas le point fort de la saison 1. Ils n’étaient pas déplaisants à regarder, mais ils semblaient avoir pour vocation principale d’humaniser les détenues, en montrant à quel point les actes qui les avaient entraînés en prison étaient plus compréhensibles qu’on aurait pu le penser. La démarche était intéressante, mais la formule avait un côté assez répétitif… Et, surtout, un peu redondant, puisqu’il était clair après quelques épisodes que ces femmes n’avaient pas besoin de ces flashbacks pour être humaines et attachantes (« Crazy Eyes » et Taystee n’en avaient pas, et elles faisaient partie des personnages les plus marquants de la saison…).

Mais j’avais quand même adoré un épisode flashback l’an dernier : celui qui était centré sur Pennsatucky, la « folle de Dieu » de la prison. Contrairement aux autres, cet épisode ne cherchait pas à adoucir son personnage. Au contraire, il surprenait en révélant une dimension plus sombre de la détenue… qui la rendait, paradoxalement, plus attachante.

Je ne sais pas si les scénaristes ont consciemment choisis de décliner ce modèle, mais plusieurs flashbacks en saison 2 m’ont fait penser à celui-ci, et notamment ceux de Morello et Sœur Ingalls, qui comptent pour moi parmi les plus réussis de la saison. Malicieux et bien conçus, ces flashbacks ajoutent une dimension supplémentaire aux deux femmes, en nous révélant un aspect plus trouble – et surprenant – de leur personnalité.

2x04 – A Whole other Hole

Un épisode remarquablement construit, dans lequel Morello échappe quelques heures à la surveillance de ses gardiens, et décide de s’enfuir pour aller retrouver son fiancé. Les allers retours entre le présent et passés nous induisent en erreur, et la série réussit à être touchante tout en montrant l’un des personnages les plus sympathiques de la série sous un jour plus inquiétant. Un des plus beaux épisodes de la saison.

2 x 11 – Take a break from your values

Je m’étais toujours demandé ce qui avait entraîné Sœur Ingalls en prison… Et ça valait le coup d’attendre 24 épisodes pour le savoir, tant ses flashbacks gagnent en puissance en étant mis en parallèle avec la grève de la faim qui agite la prison.

Un autre épisode qui rend son personnage plus attachant en nous dévoilant sa part l’ombre, et une autre très belle réussite.

L’arrivée de Vee contribue également à assombrir la série. En entraînant Taystee, Poussey et Black Cindy dans ses machinations, elle permet notamment d’approfondir leurs personnages en les sortant du rôle léger auxquelles elles étaient cantonnées dans la première saison.
Mais sa présence permet surtout à la série de faire un très beau travail sur Susan, alias « Crazy Eyes ». Luttant contre une maladie mentale mal diagnostiquée dans un système qui n’est pas adapté pour l’aider, Susan était l’un des personnages les plus attachants de la saison 1. En saison 2, sous l’emprise de Vee, elle devient littéralement terrifiante … Mais la série est subtile : les scènes qui nous montrent la violence dont Susan est capable ne la rendent pas moins attachante. Au contraire : elles lui ajoutent une vulnérabilité supplémentaire, et achèvent d’en faire un personnage à part entière.

Il faut une certaine finesse pour réussir à révéler les mauvais côté des personnages sans aliéner les spectateurs. Orange is the New Black réussit ce numéro d’équilibriste haut la main, sans jamais tomber dans l’excès ou la caricature (et sans céder à la méthode Lost, qui veut que tout le monde – pour être intéressant – doit avoir tué au moins une fois quelqu’un dans son passé). Ces aspérités nouvelles, sur des personnages parfois un peu trop angéliques en saison 1, contribuent à les rendre plus vrais et, aussi, plus touchants.

2x13 – We have manners. We’re polite.

Avec Piper en retrait, Susan est LA star de ce Season Finale. Après avoir été magistrale toute la saison en montrant une facette violente et terrifiante de « Crazy Eyes », Uzo Abuda bouleverse dans ce dernier épisode par la vulnérabilité qu’elle arrive à insuffler à son personnage.

La série s’attache aussi, à l’inverse, à nous montrer certains des personnages les plus antipathiques de la première saison sous un meilleur jour. Les scénaristes auraient très bien pu faire de l’odieux et misogyne conseiller Hailey un « méchant » qu’on aime détester. Cette année, ils s’efforcent au contraire de le montrer sous un meilleur jour, dans une belle intrigue qui met en avant ses aspirations, sans jamais gommer ses insuffisances et ses défauts.

Même chose pour Pennsatucky, qui est plus en retrait cette saison, mais se révèle émouvante quand elle essaye d’apprendre à contrôler sa colère.
Aucun personnage n’est laissé de côté par la série : même les plus détestables, comme Vee, le garde Pornstache et la directrice de la prison Fig, ont une vulnérabilité qui, par moment, les rend touchants.

Cette volonté de dépasser les apparences pour atteindre l’humanité des personnages est la plus belle qualité de la série. Par sa générosité et son refus des clichés, Orange is the New Black est la petite sœur pop et légère de The Wire.

Un ton parfait

Enfin comment parler d’Orange is the New Black sans s’enthousiasmer pour son ton parfaitement dosé, toujours à cheval entre l’humour et le drame ? La saison possède des intrigues extrêmement drôles (le Career Fair du second épisode, le concours de plan cul entre Nicky et Big Boo), et pourtant aucun personnage n’est cantonné à la comédie : le drame n’est jamais loin, et peut affleurer à tout moment.

« Soso », une nouvelle détenue new age, est l’illustration parfaite de cet équilibre. Introduite comme un ressort comique au début de la saison, son personnage naïf et un peu illuminé aurait vite pu devenir agaçant... Mais il est peu à peu nuancé par la série, et son intrigue, au fil des épisodes, se révèle touchante et beaucoup dramatique qu’on aurait pu le croire.
Pour finir, comment parler d’Orange is the New Black sans s’enthousiasmer sur ses dialogues ? Les scénaristes excellent toujours à trouver des voix distinctes et fortes pour chacun de leurs personnages. Leurs dialogues qui mélangent les langues, les accents et les niveaux de langage sont à mon avis les plus inventifs et les plus dynamique qu’on peut entendre en ce moment à la télévision.

Un petit reproche en guise de conclusion

Je n’aime pas le mode de diffusion Netflix.

Bien sûr, je suis bien content de pouvoir regarder ma série d’un coup, dès qu’elle sort... Je ne suis qu’un homme.

Mais ce mode de diffusion a un vrai inconvénient : les gens enchaînent les épisodes au lieu de parler de la série ! A peine quelques commentaires polis sur le forum de pErDUSA, quelques articles par-ci, par là sur Internet... Pour House of Cards, ça passe encore. Mais pour une série aussi riche et politique qu’Orange is the New Black, c’est vraiment dommage…
Sur ce coup de gueule : vivement la saison 3 !

Tigrou