VITE VU ...en septembre
Episode 3.01
Par Sullivan Le Postec & Séverine Barthes • 1er octobre 2008
On a vu. On a aimé. Ou pas. On vous dit tout. En bref !
Sont abordés ce moi-ci « Sévices Public », « Seconde Chance » et notre rubrique dans la rubrique, ‘‘si je regarde « PBLV » c’est, bien sûr, uniquement pour le boulot’’.

Vous avez dit sévices ?

Après « Brother & Brother » et « 8 Heures Cono », la troupe Brother&Brother revient sur Canal + avec un nouveau programme court, « Sévices publics ». Et le résultat est plutôt décevant si on juge les sketches proposés lors de la première émission.
Par Séverine Barthes.

Le concept de l’émission est simple : moquons-nous des fonctionnaires ! Il s’agit donc d’une version fonction publique de « Brother & Brother », symbolisée par le logo officiel de l’administration dont le silhouette de Marianne est remplacée par celle d’une sorcière. Les auteurs/acteurs auraient pu être drôles, ils sont juste affligeants.

Faire de l’anti-sarkozysme primaire ne suffit pas
Sur les sept sketches du premier épisode, deux ont pour sujet la politique actuelle : le premier porte sur la politique d’immigration, le second sur la suppression de la publicité sur la télévision de service public. Malheureusement, il en faut plus pour provoquer ne serait-ce qu’un sourire. Bien pire, on touche le fond quand une autre saynète met en scène un ancien otage colombien poursuivi par le FISC.

Une enfilade de poncifs plus qu’usés
En dehors de ces incursions vers l’actualité, on reste dans le registre des blagues éculées et des idées reçues habituelles sur les fonctionnaires.

Les personnages sont caricaturaux à l’extrême : deux sortent tout droit des années 70 (je suis sûre que nous les verrons bientôt en syndicalistes car, bien évidemment, un fonctionnaire est à la fois en retard d’une trentaine d’années et un syndiqué attardé), un autre personnage est une blonde qui semble un peu limitée intellectuellement. En outre, il fallait absolument un fonctionnaire issu des DOM-TOM, dont la mise en scène nous renvoie à la peu glorieuse tradition des minstrel shows : l’acteur s’est passé le visage au cirage et imite grossièrement l’accent antillais. À moins que nous n’ayons pas saisi un hommage rendu à Michel Leeb...

Les situations mises en scène ne sont guère mieux : un usager arrive plein d’entrain et se voit répondre un sec « Je ne sais pas » ; on ne peut pas délivrer le document demandé car il est est sur la pile « À détruire » et on ne peut plus le déplacer ; la saynète concernant la personne voulant changer de nom est (in)digne des blagues Carambar. Bref, que du déjà-vu assez mauvais.

Une lueur d’espoir ?
Le dernier sketch, cependant, fait preuve d’une réelle créativité : reprenant le motif bien connu du document demandé par un administration et qu’il faut aller chercher dans une autre (autrement dit, d’une certaine façon, la Maison qui rend fou des « Douze travaux d’Astérix »), il propose une histoire originale et la préposée trouve une solution inattendue et décalée au problème de l’usager en peine. Si seulement les six sketches précédents avaient pu être du même acabit...

Si je regarde « Plus belle la vie »,
c’est bien sûr uniquement pour le boulot

Des changements en coulisse bien gérés, un été pourri, une rentrée sur les chapeaux de roue, retour sur les derniers mois au Mistral.
Par Sullivan Le Postec.

Cela fait longtemps qu’on n’est pas revenu sur « Plus belle la vie » puisque cette rubrique n’a pas été très régulière en fin de saison dernière. Entre temps, la série est passée à une autre époque, puisque Olivier Szulzynger s’est retiré en fin d’année dernière, laissant le soap de France 3 entre les mains de Georges Desmouceaux. Mais cela, ce n’est pas en regardant la série qu’on aurait pu le savoir : le changement à la direction de l’écriture s’est fait de manière totalement transparente, et la série n’a rien perdu de sa personnalité.

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Se sont donc succédés ces derniers mois une intrigue au cœur de l’actu, passage de la flamme olympique en France oblige, sur des statuettes mystérieuses et des militants pro-Tibet, une affaire de meurtres en série de prostituées ayant eu la très bonne idée de mettre en avant Maxime et son père (et la très mauvaise de se terminer n’importe comment) et une nouvelle intrigue d’été ratée au milieu de laquelle « PBLV » a fêté son millième épisode et remixé pour l’occasion son générique à la djeunz’.
A propos de cette intrigue estivale poussive, c’était tout de même, après les Mercœur et Vassago, la troisième année de suite. Au départ, pourtant, cette histoire qui se proposait de débusquer des secrets enfouis depuis 30 ans au Mistral avait du potentiel. Reste que dès l’instant où un meurtre est venu s’en mêler, et c’est arrivé vite, l’enjeu avait disparu : aucun des personnages principaux ne pouvait plus être coupable et le tueur devenait facile à deviner même sans que les scénaristes n’aient donné d’indices. Les semaines suivantes d’intrigue se sont donc contentées de tourner en rond, pratiquement sans rebondissements, de manière de plus en plus poussive jusqu’à faire un cliffhanger sur la demande en mariage de Roland à Mirta.
D’ailleurs, la série a une petite tendance à faire des cliffhangers faiblard ces derniers temps, c’est-à-dire sans grands enjeux ou se contentant de revenir sur une information déjà connue.
La bonne idée de la période aura aussi été de faire du personnage de Vincent un authentique salaud, alors que j’ai craint des mois qu’on sorte une histoire de jumeau diabolique ou une influence d’outre-tombe de Vassago. Dans l’ensemble, la distribution régulière était trop gentille, surtout que cela fait longtemps que Frémont ne fait plus peur à personne, le soap a bien tiré parti de cette évolution.

Par ailleurs, cet été poussif fut très vite oublié, puisque la cinquième saison est partie sur les chapeaux de roue. L’intrigue centrée sur le retour de Charlotte, amnésique, est dynamique et repose sur un mystère véritablement intrigant. Elle commence à patiner un tout petit peu depuis quelques jours, mais les éléments sont en place qui devraient lui permettre de vite rebondir. On croise les doigts pour que la résolution ne soit pas décevante. Cet arc donne le beau rôle à Hélène Médigue (Charlotte), dont l’enthousiasme a toujours été communicatif. Elle est en effet chargée de revenir dans la peau d’un personnage quasi-entièrement différent, et c’est un vrai succès. Visiblement, elle s’amuse depuis son retour sur les plateaux et, même si son personnage, lui, ne s’amuse pas, elle porte du coup très bien cette histoire sur ses épaules.

Forcer la chance

TF1 a lancé lundi « Seconde Chance », troisième série quotidienne à arriver en 2008, après « Cinq Sœurs » et « Pas de secrets entre nous ». Et sans doute la première qui ne sera pas un échec.
Par Sullivan Le Postec.

Le développement de « Seconde Chance », qui marque le retour de TF1 sur le terrain de la série quotidienne, a été long et laborieux. C’est que la chaîne ne voulait lui laisser aucune place, à la chance.

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Le résultat est la conséquence directe de cette approche faite de tournages d’épisodes tests et d’études de panels. C’est indéniablement efficace, mais tellement calibré qu’on peine à trouver quelque chose de naturel dans ces premiers épisodes. « Seconde Chance » ressemble finalement à ces albums pop surproduits qui abondent sur les marchés musicaux. C’est plein d’effets (split screen, transitions truquées), les décors sont tape à l’œil, les figurants flous au troisième plan sont aussi recrutés pour leur physique parfait... Très marqué, l’univers de la série est franchement outrancier, mais l’effet est recherché.
Les acteurs s’en sortent à peu près bien, le sur-jeu s’intégrant bien au ton du show. Et je dis ça alors que j’avais crucifié Caroline Veyt pour son interprétation dans « Juste une question d’amour » il y a dix ans.
Clairement, aussi, « Seconde Chance » est bien conçue. Là où « Cinq Sœurs » ne faisait aucune concession à sa case de diffusion, et où « Pas de secret entre nous » s’était retrouvée dans une case pour laquelle elle n’était pas faite et manquait cruellement d’unité et de personnalité, la série de TF1 est adaptée à son horaire qui a vu triompher « Le destin de Lisa », et développe des caractéristiques propres et faciles à identifier — par ailleurs complètement différentes de « Plus belle la vie ».
Un défaut majeur, tout de même : TF1 n’a pas renoncé à son éclairage standard, pleins feux, absolument hideux. L’appartement d’Alice, l’agence de pub, même le restaurant branché, tout est éclairé de la même façon et donne l’impression d’un monde reconstitué sous des néons de supermarché...