LA LOI DES ARMES - 1.01 : L’Homme à la chevalière
Une série néerlandaise diffusée sur France 4.
Par Séverine Barthes • 5 septembre 2008
Un premier avis sur le pilote de La Loi des Armes, visible sur le site de France 4 avant sa diffusion.

Le pilote de « La Loi des Armes » est disponible en VOD sur le site de France 4 pendant une semaine avant sa diffusion le 7 septembre. Voici donc notre premier avis sur les promesses de ce pilote.

Le pitch

Dexter Parisius est un policier condamné, à tort, à six ans de prison pour le meurtre de son partenaire, Willem. Avec Rudy Teeuwe, un ami d’enfance, il possède une salle de boxe.

Une fois purgée sa peine, Dexter, qui a évidemment perdu son travail dans la police, et Rudy acceptent, pour se faire un peu d’argent, de résoudre, en dehors de toute fonction officielle, quelques « affaires criminelles ».

Le pilote

Le prégénérique pose l’événement fondateur de la minisérie : Dexter a rendez-vous devant un entrepôt avec Willem, qui arrive avec un autre collègue, Tijs van Dissel, et lui chuchote à l’oreille qu’il lui dira plus tard ce qu’il voulait lui confier. Van Dissel a une information selon laquelle cet entrepôt sert de laboratoire clandestin d’ecstasy. Sans renfort, les trois hommes investissent le lieu et se séparent, lorsque Dexter entend Willem supplier quelqu’un. Se dirigeant vers le lieu d’où viennent les cris, il trouve son ami, tenu en joue par Van Dissel. Dexter le menace de son arme, mais un quatrième homme, portant une chevalière, arrive derrière lui, l’assomme, prend sa main dans la sienne et le fait tirer sur Willem. Quand la police arrive, personne ne croit les explications de Dexter et il est condamné pour meurtre.

Le générique façon « The A-Team », n’est pas la chose la plus réussie de l’épisode. S’ouvrant, en voix off, par le texte suivant : « Dans un monde à la limite de la légalité, il y a certaines choses qu’il vaut mieux garder sous silence. Vous avez des problèmes… [plan sur une femme en pleurs : « S’il vous plaît, vous pouvez m’aider »] La police ne peut vous être d’aucune aide… [Autre femme pleurant : « Vous êtes ce que j’ai de plus cher »] Ils sont votre dernier recours ! », il enchaîne ensuite des plans d’explosions, de cascades et d’armes, sur une musique rock saturée. Bref, rien d’original, rien de séduisant et un hiératisme relativement mal venu.

L’épisode s’ouvre sur Rudy, qui reçoit la visite de son père. Ce dernier a un « service » à lui demander : récupérer une toile qu’on lui a dérobée. Rudy refuse d’abord, mais Alfons a quelque chose à lui proposer en échange : il sait où trouver Van Dissel. Cela ferait un beau cadeau pour Dexter, qui sort de prison le jour même.
Rudy va chercher Dexter à la porte de la prison et le ramène chez lui. Quand il lui parle de la mission que lui a confiée son père, Dexter refuse d’abord, puis accepte quand son ami lui révèle que, en échange de ce service, Alfons leur donnera Van Dissel. Dans la maison du voleur, outre la toile (qui se révèlera être bien plus intéressante qu’une simple toile d’art abstrait), ils trouvent le cadavre de Van Dissel. Le hasard ne peut pas faire aussi bien les choses. Dexter en est persuadé : on cherche à lui cacher ce que Willem voulait lui dire. Il ne reste plus, alors, qu’à trouver l’homme à la chevalière, le seul qui sache la vérité. Ils trouvent sur place une piste qui permettrait d’identifier le meurtrier de Van Dissel et de remonter jusqu’à l’homme mystérieux. Ils se rendent alors dans le bar à entraîneuses où travaillent Daisy, le troisième personnage récurrent de la série, et Lynn, l’informatrice de Rudy, la chanteuse du club (Lynn est jouée par Monique Klemann, très connue aux Pays-Bas, fondatrice du groupe pop Loïs Lane, dont la carrière solo a été relancée par la série).

Pour connaître la suite, c’est ici.

En guise de conclusion provisoire

La série a une structure devenue classique : des intrigues bouclées dans chaque épisode accompagnées d’un arc qui parcourt l’intégralité des épisodes (Que cache la mort de Willem ? Que savait-il de si important ? Qui est l’homme à la chevalière ?). On se laisse plutôt bien porter par l’histoire et la réalisation assez stylisée, mais loin d’être désagréable.

Les points positifs :
- Le scénario est suffisamment séduisant pour me donner envie de voir la suite.
- On est loin, très loin, de l’univers aseptisé des séries françaises (à ce titre, le pilote est déconseillé aux moins de 10 ans, le deuxième épisode aux moins de 12 ans : la brutalité de certains plans et de certaines thématiques abordées obligent de fait à une programmation en deuxième partie de soirée).
- Le personnage de l’homme à la chevalière est traité de manière intrigante, tant visuellement que dans sa construction.
- Au cours de l’épisode, la séquence de prégénérique est réutilisée de manière parcellaire, « mimant » la remontée de détails dans l’esprit de Dexter. Ces séquences travaillées visuellement, parfois retournées pour coller à l’image qu’en a désormais le personnage, sont intéressantes. Reste à savoir si le procédé ne va pas tourner, dans les épisodes suivants, au gimmick agaçant.
- Le rebondissement dans l’histoire de la toile volée, s’il est exploité par la suite et n’est pas qu’un coup, peut aussi présager des développements scénaristiques assez riches.

Les points négatifs :
- Une réalisation parfois un peu “lourde” : par exemple, le twist final de l’épisode se sent à des kilomètres, à cause de la longueur et de la dramatisation surjouée de la dernière séquence. Les relations qui vont se nouer entre certains personnages sont aussi annoncées par de longs plans de regards suggestifs. Bref, dans tous les cas, il faut être aveugle pour ne pas voir ! Le fait que l’épisode dure 50 minutes (nous sommes davantage habitués à des formats de 40 à 45 minutes) est peut-être à mettre en cause.
- Le générique frise un peu le ridicule (certes, il est court à l’échelle de l’épisode, mais nous le verrons douze fois, je ne sais pas si ce sera supportable).
- Quelques facilités scénaristiques (des « heureux hasards » dont je ne peux guère parler sans éventer l’intrigue) et, parfois, une caractérisation des personnages à la serpe (Rudy, par exemple, dont le trait définitoire le plus saillant dans ce pilote est qu’il ne prend pas de douche et ne fait pas le ménage… Sans commentaires.).

Au final, je vais regarder l’épisode suivant, en espérant que ce qui semble être des germes de développements narratifs ne sera pas abandonné en cours de route. La mini-série ayant reçu le New Film Television Maker Award 2005 (prix néerlandais récompensant chaque année un nouvel auteur de télévision), nous pouvons nourrir quelques espoirs.


« La Loi des Armes » sur le site de France 4.