Voilà, une saison télévisuelle de plus est passée, qui s’est terminée comme la précédente en apothéose par une couverture extensive de Comic Con Paris [1]. L’heure est venue de penser vacances et repos.

Comme l’année dernière, nous en profitons pour remettre en avant au fil des prochaines semaines une sélection d’articles écrits dans les douze mois qui viennent de s’écouler. Quelques-uns de nos préférés, à qui on donne une autre chose d’émerger du flot continu d’informations quotidien.

Notre Best-of d’été 2011.

Le créateur et rédacteur en chef du Village qui écrit ces lignes y trouve aussi l’occasion d’un retour en arrière plus ample. Le site a été créé il y a exactement cinq ans, même s’il n’est apparu en ligne qu’en février 2007 (cet anniversaire arrivera donc dans la saison à venir).

A la source du Village, une pincée de militance et l’envie de participer à la constitution d’une meilleure compréhension des milieux de la création audiovisuelle française et européenne, ainsi qu’à l’amplification d’une critique à la fois sérieuse et constructive.
Mais c’était aussi un acte qui reposait sur un espoir sincère. L’impression que les choses s’amélioraient, qu’un renouveau de la série française, après quinze ans de jachère, arrivait au bout du tunnel.

Je vais vous le dire franchement : aujourd’hui, je n’y crois plus. Parce qu’un cinq ans plus tard, au mieux les choses ont stagné. Dans certains endroits, comme Canal+, elles ont même régressées.
On pourrait toujours croire en des lendemains qui chantent, penser qu’ils ont simplement été un peu plus retardés. Mais cela fait maintenant vingt ans qu’on attend. Aujourd’hui, arrive à l’âge adulte la deuxième ou la troisième génération qui n’a pratiquement jamais regardé de fiction française de sa vie.
Surtout, il est illusoire d’imaginer préserver encore longtemps le statuquo.

L’ère de la télévision mondialisée est sur le point d’arriver sur nous. La télévision connectée, les séries étrangères déversées directement en France par des fournisseurs de contenus internationaux vont tout changer. Les responsables de chaînes françaises le savent. Quasiment tous, ils ont décidé que réagir demanderait un effort qu’ils n’avaient pas envie de fournir surtout que la réussite n’était pas certaine. Leur décision a donc été de presser le citron de la télévision hyper-rentable le temps que cela durera encore, avant de vendre ces chaînes quand elles ne rapporteront plus et qu’il sera trop tard pour les redresser.
En face, le Service Public Audiovisuel reste enfermé dans une étrange apathie. Arte essaye de bouger, sans avoir les moyens de changer le système lui-même à elle toute seule. Après un an, l’équipe Pflimlin nous a convaincu qu’elle n’avait pas pris la mesure, et n’était pas à la hauteur, des enjeux cruciaux de la fiction.

Alors la télévision française va mourir. C’est aussi simple que ça.

Mais ces cinq années auront aussi apportées leur lot de bonnes surprises. En 2006, la télévision britannique avait déjà commencé depuis quelques années à montrer des signes laissant entendre qu’elle relevait la tête, après une décennie passée à s’intéresser uniquement à son marché intérieur – avec le trio comédies, classiques en costume et soap/kitchen drama.
Mais je n’aurais pas imaginé que l’inventivité et l’exigence de qualité serait aussi spectaculaire. Je n’aurais pas imaginé que, comme c’est le cas depuis un an ou deux, les productions télévisées britanniques n’aient absolument rien à envier aux séries américaines non seulement sur le plan de l’écriture, mais aussi visuellement, malgré des budgets deux ou trois fois moins élevés.

Les britanniques ne sont pas les seuls. Les pays du Nord de l’Europe aussi ont fait leur révolution et exportent des « The Killing » — qui a bénéficié d’un certain buzz lors de sa diffusion sur Arte, mais a carrément été un gros succès d’audience en VOST en Grande-Bretagne ! — ou la série politique « Borgen » dont on parlera la saison prochaine. Les américains ont d’ailleurs tenté le remake de « The Killing » cette saison, pour un résultat bien inférieur à l’original.

Bref : on va continuer à voir de l’excellente fiction européenne dans les années à venir. On est simplement contents d’être déjà habitués à la regarder avec des sous-titres...

La rédaction du Village vous souhaite de passer un bon été et vous donne rendez-vous à la rentrée.