Autant le dire tout de suite, 12 Monkeys, le film, est certainement avec
Groundhog Day - Un jour sans fin mon film préféré de tous les temps. La barre était donc très haute.
Autant le dire tout de suite aussi, jʼai toujours été fasciné par les voyages dans le temps et je regarde dʼailleurs un nombre absurde de séries traitant de ce sujet (Doctor Who, Legends of Tomorrow, Timeless, Continuum pour nʼen citer que quelques unes parmi les plus récentes et pas forcément les plus malignes). Elles tombent dʼailleurs toutes très souvent (on peut même dire systématiquement) dans le même piège à éléphant qui consiste à ne pas savoir utiliser une machine à remonter dans le temps de façon intelligente (hop, on retourne chercher le sang du Christ en 1916 sur un champ de bataille alors quʼon pourrait y aller tranquillement nʼimporte quand avant) ou pire, à créer de la simultanéité entre deux scènes qui se déroulent à plusieurs siècles dʼécart (et où généralement il faut très rapidement faire quelque chose dans le présent-futur pour éviter quʼil arrive quelque chose à ceux quʼon a envoyé dans le passé-présent...). Or, si on a une machine à voyager dans le temps, on dispose de tout le temps quʼon veut.
Autre piège à éléphant classique : il ne sert à rien de "poursuivre" quelquʼun dans le passé pour lʼempêcher de modifier le passé. Une fois quʼil est parti cʼest trop tard. Ou si on considère que ça ne lʼest pas, à ce moment là, on nʼa pas besoin de se dépêcher. Dans un cas comme dans lʼautre, cʼest absurde.
Ce long paragraphe pour vous dire et expliquer pourquoi jʼaime autant 12 Monkeys, le film : cʼest à ma connaissance le seul film parlant de voyage dans le temps qui ne tombe pas dans ces travers (je ne compte pas La Jetée, dʼabord parce que je ne lʼai pas vu et surtout parce que cʼest lʼhistoire dont sʼinspire le film à lʼorigine). On y apprend que lʼon ne peut pas changer lʼhistoire. Il nʼy a pas de poule et dʼoeuf, pas de paradoxe temporel et autre.
Lʼhistoire est ce quʼelle est et cʼest tout. Cʼest implacable. Il nʼy a pas de "1985 alternatif" avec une ligne qui dévie de la ligne dʼorigine, selon le célèbre schéma (maintes fois recopié) de Doc Brown dans Retour vers le futur 2.
Voilà pourquoi jʼai mis beaucoup de temps avant dʼoser regarder 12 Monkeys, la série. Jʼaime tellement le film que jʼavais peur dʼêtre déçu, voire énervé. Et jʼavais surtout peur que la série tombe dans la facilité et permette au passé dʼêtre modifié.
Pour ce deuxième point, inutile de créer un faux suspens : jʼavais raison dʼavoir peur. Mais je lʼai plutôt bien digéré (après tout, toutes les autres séries citées ont le même défaut). Jʼai appris ensuite quʼun des auteurs de la série avait expliqué que le concept dʼhistoire figée, non modifiable, ne pouvait pas fonctionner avec le format "série"... Soit.
Alors bien évidemment, il mʼa été impossible de regarder le pilote sans comparer avec le film. Mais jʼai très rapidement pu mʼen détacher et apprécier la série pour ce quʼelle est : une très chouette série de voyage dans le temps.
Le point de départ est grosso-modo le même que le film.
En 2017 (cette année donc, quand je vous dis quʼon nʼa plus le temps !) un virus a tué lʼimmense majorité de la population humaine de la planète (93,6% pour être exact). En 2043 une scientifique, Katarina Jones, arrive à mettre au point une machine à voyager et envoie James Cole dans le passé (notre présent) pour retrouver Cassandra Railly, virologiste de profession, afin de trouver une solution pour prévenir lʼépidémie. Ils découvrent lʼexistence dʼun groupuscule qui souhaite que le virus soit diffusé et qui sʼappelle "lʼArmée des 12 Singes".
Alors sans plus attendre, 5 bonnes raisons de regarder "12 Monkeys" sans divulguer ni gâcher...
1 Cʼest une série sur le voyage dans le temps
Bon, si vous nʼaviez pas compris ça en arrivant jusque là cʼest que jʼai très certainement mal fait mon travail. Mais je vais faire le pari que vous aviez compris et en profiter pour ne pas avoir besoin de développer plus ni
dʼexpliquer pourquoi "voyage dans le temps" est une bonne raison.
2 Ce nʼest pas un remake
Et cʼest peut-être le plus important quand on aime le film comme je lʼaime. Cʼest pour ça que jʼai pu très rapidement me détacher et ne plus comparer.
Cʼest aussi pour ça que la série a un intérêt réel.
On a vu que le point de départ était le même. Le développement lui est totalement original. Lʼhistoire est intelligente avec de beaux twists et de beaux méchants.
3 Cʼest une série "écrite à lʼavance"
Cʼest clair en regardant les deux premières saisons, les scénaristes savent dʼoù ils partent et où ils vont. Ils nʼavancent pas à lʼaveuglette en trouvant des idées au fur et à mesure. Une fois la saison 2 finie, on se rend compte que cʼest une évidence. Tout a été écrit et pensé, chaque pièce du puzzle trouve sa place. Ce nʼest pas une série qui a été construite pièce après pièce dans lʼespoir de former une image qui ressemble à quelque chose à la fin.
Cʼest une image qui a dʼabord été dessinée et qui a ensuite été découpée en plusieurs pièces. Pièces quʼon ne nous présente pas forcément dans le bon ordre dʼailleurs.
Tout cela a été confirmé par les auteurs et le fait que lʼon sache dʼores et déjà que la série se finira par une quatrième saison en 2018 est très rassurant.
Dʼautant que ces mêmes auteurs ont dit depuis avoir planifié les trois premières saisons dès le départ, s’être rendu compte dès la deuxième saison quʼil leur faudrait 4 saisons pour raconter toute lʼhistoire et savoir dès le début comment la série finirait.
4 Cʼest une série qui fourmille de détails
Des détails et particulièrement des "petits détails quʼon oublie". Un exemple : dans un épisode de la deuxième saison un téléphone sonne. Le personnage décroche et il nʼy a personne au bout du fil. Lʼépisode suit alors son cours et on ne reparle plus du tout de ce coup de téléphone de lʼépisode. On lʼoublie totalement car il nʼa rien à voir avec lʼintrigue principale. On y revient plus tard, dans un autre épisode, on suit une autre intrigue et tout à coup, ce coup de téléphone silencieux est expliqué. Ça donne une cohérence totale à lʼensemble.
Et des petites choses comme ça, 12 Monkeys en regorge...
5 Cʼest une série pleine de références et de clins dʼoeils
Notamment à travers le personnage de Jennifer Goines (qui reprend le rôle du personnage joué par Brad Pitt dans le film) qui en saison 2 passe du statut de boulet au statut dʼincontournable et qui agrémente ses interventions de références drôles et plus ou moins subtiles : des allusions assez inévitables (Groundhog Day - encore lui) ou assez éculées mais toujours efficaces (le discours de Independance Day) aux plus obscures (étant fan de Genesis, entendre le personnage citer les paroles dʼune chanson méconnue de 1973, I Know What I Like ("Iʼm just a lawnmower, you can tell me by the way I walk") mʼa surpris, étonné, marqué, mʼa fait réaliser que jʼétais chanceux de comprendre cette référence et que du coup je devais être passé à côté de beaucoup dʼautres).
Alors bien sûr tout nʼest pas parfait. Et le plus gros problème de 12 Monkeys reste son interprète masculin principal Aaron Stanford (qui joue James Cole, Bruce Willis dans le film). Cʼest forcément dommage mais on oublie relativement rapidement et on sʼhabitue à lui. Jʼavoue ne pas savoir sʼil est vraiment mauvais ou sʼil nʼest tout simplement pas Bruce Willis. Mais contrairement au film il nʼa de "principal" que le nom : il est très très bien entouré par un cast impeccable. Notamment par Amanda Schull (Cassandra Railly, la virologiste) qui crève lʼécran.
Autre défaut sensible : certains épisodes, particulièrement en première saison, sont un peu en dessous du reste et on se demande quel était leur intérêt parce quʼil ne font pas avancer lʼhistoire. Rien de méchant cependant, surtout lors dʼun vigloutage où ils passeront quasiment inaperçus.
Et puis, on est bien loin de la grenouille de Sawyer ou des tatouages de Jack... (oui, toutes ces années après, je suis toujours traumatisé). Rien qui ne devrait vous empêcher dʼapprécier 12 Monkeys donc...