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Cagney & Lacey - Bilan des saisons 2 et 3 de la série Cagney & Lacey

Bilan des Saisons 2 & 3: Nicer Women

Par Jéjé, le 18 mars 2017
Par Jéjé
Publié le
18 mars 2017
Saison 3
Episode 7
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La saison 2 de Cagney & Lacey, dont la diffusion débute en septembre 1983, est celle qui voit les débuts de Sharon Gless dans le rôle de Chris Cagney [1]. Ce changement d’interprète sera le dernier. Mais si devant la caméra la constance est de mise, derrière, les choses sont encore loin d’être stables. La série va continuer de chercher ses marques pendant près deux ans au cours de trois périodes bien différentes.

La première couvre les 13 premiers épisodes commandés par CBS après le départ de Meg Foster.
On y découvre une brigade bien plus chaleureuse (deux épisodes se chargent de façon assez maligne de ré-introduire tous ses personnages secondaires) dans laquelle nos deux héroïnes semblent s’épanouir davantage que dans la saison précédente. Elles restent définies par leurs visions assez opposées de leur travail et du monde et leurs désaccords réguliers continuent d’offrir des commentaires intéressants sur les situations auxquelles elles sont confrontées, les épisodes les plus réussis étant ceux où les inégalités entre les classes sociales sont explorées.
Cagney ne manque donc pas d’occasion d’être en colère et d’exposer des points de vue radicaux, mais il est frappant de constater que la structure patriarcale de la société et les stéréotypes de genre ne font plus partie des sources de son irritabilité [2].
Absents de son discours et de ses répliques, ces thèmes ne sont abordés que dans deux épisodes au cours de cette période. Dans 2.08 - Conduct Unbecoming, qui s’intéresse à l’homosexualité supposé d’un policier de la brigade dont il est découvert qu’il a posé nu dans des magazines avant d’entrer dans la police, celui-ci déclare à Cagney et Lacey, qui ne peuvent plus travailler avec lui après qu’il a été suspendu : « Oh, I understand, you don’t want to work with a fag. Time would come to back you up, I might become hysterical and look scared… ». Elles semblent les seules à lui montrer de l’empathie, le reste de la brigade étant mal à l’aise, voire agressif avec lui.
C’est par cette unique intrigue que dans cette période la série aborde intelligemment (bien que de façon indirecte) la place des femmes dans un milieu où virilité et compétence sont traditionnellement associées car si 2.13 - Affirmative Action en fait son thème central (on y voit la brigade accueillir une nouvelle détective), le résultat est bien moins probant.
Diane, plus jeune que nos deux héroïnes, se révèle grossièrement incompétente et tente de masquer ses erreurs en se mettant en position de victime de la jalousie de ses collègues femmes. L’épisode manque une occasion d’analyser les rapports entre des femmes dont les obstacles professionnels ne sont pas les mêmes et se complait à faire vivre les tensions existant entre les trois femmes et à renforcer l’idée que les femmes ont du mal à travailler ensemble.
Cet épisode est d’autant gênant qu’il est écrit par la scénariste principale de cette période, April Smith, qui ne cache plus qu’elle ne se sent pas très concernée par les problématiques féministes [3].

Ce n’est pourtant pas pour cette raison qu’elle est débarquée quand CBS commande 9 épisodes de plus. En froid avec Barney Rosenzweig dont elle n’accepte pas les remarques sur les scripts de la « writer room » qu’elle a constituée, elle met dans la balance son départ quand il décide de ne pas renouveler le contrat de deux scénaristes (l’un d’entre eux est soupçonné de plagiat).
Rosenzweig ne tient pas à la voir partir, il reconnaît qu’elle a apporté une cohérence stylistique à la série, accentué le réalisme du quotidien des personnages (j’adore que l’argent des ménages soit une préoccupation essentielle de la série et que les Lacey aient été délocalisés de Manhattan dans le Queens) et est parvenue à briser quelques contraintes de la formule du cop show (Cagney & Lacey est une série dans laquelle les enquêtes peuvent ne pas aboutir à l’arrestation du coupable), mais il ne la retient pas.

Il la remplace alors par Terry Louise Fisher, une ancienne procureure qui débute dans le métier [4], et Steve Brown, son co-auteur.
Le duo redonne la série à son ancrage féministe.
Il est cependant différent de celui des premiers épisodes. Julie D’Acci le définit comme un « women’s issues feminism » : plutôt que de montrer et de dénoncer une société dans laquelle le sexisme est structurel (comme le faisait la peinture de la brigade des premiers épisodes) Cagney & Lacey va se focaliser sur des situations qui concernent (ou sont supposées concerner) spécifiquement les femmes [5] C’est désormais par la nature des crimes au coeur des intrigues policières (viols, violence conjugales...) et non par la mise en scène d’un machiste ambiant et des réactions qu’il provoque chez Cagney que va exister la dimension féministe de la série.
On pourrait le regretter, les deux formes auraient même pu cohabiter, mais cette nouvelle perspective reste tout de même une évolution intéressante au regard du début de la saison, évolution qui a la bonne idée de s’accompagner d’une nette amélioration de la qualité narrative des épisodes. Les enquêtes cessent d’être leur point faible.
Les scénaristes prennent le parti d’abandonner les whodunit, l’identification du·de la coupable cesse d’être l’enjeu fondamental des histoires policières au profit de l’exploration par exemple d’éléments particuliers qui peuvent jalonner une enquête (un point précis de procédure pénale, un dilemme moral, le comportement d’une victime…) L’épisode qui inaugure cette nouvelle période examine les conséquences sur la vie personnelle et l’état d’esprit
que provoque la succession de procès d’une victime de viol en réunion auxquels elle doit répéter les détails de son agression [6].
La série va également énormément s’attacher aux façons avec lesquelles le métier de policier agit sur ceux qui l’exercent : être afro-américain et policier, être un policier âgé, découvrir qu’un collègue bat sa femme, faire un burn-out et abandonner son poste sont quelques uns des thèmes qui parcourent cette fin de saison enthousiasmante (du point de vue du plaisir du spectateur) qui n’en oublie pas ces personnages, à commencer par les autres policiers de la brigade.
Jusqu’à présent utilisés en arrière plan comme éléments comiques ou pion indistinct de la masse patriarcale, ils n’avaient pas beaucoup d’épaisseur. On découvre enfin les fêlures de Petrie, l’officier noir toujours dans la maîtrise et les doutes de La Guardia, le policier vieillissant (qui retournera très vite dans l’ombre dans les saisons suivantes). Seul Izbecki reste l’archétype du mâle sûr et fier de lui, une figure caricaturale mais très réaliste qui garde son utilité dans la série.

Ce bon qualitatif n’empêche pas une érosion des audiences. CBS annule la série au printemps 1984.
Submergé par un flot massif de courriers de fans affligé·e·s par la nouvelle, Barney Rosensweig a l’idée de le rediriger sur CBS et de l’amplifier en faisant relayer cette action épistolaire par des journaux. Encouragée par de bonnes audiences pour les épisodes rediffusés durant l’été et l’Emmy de Tyne Daly à la rentrée, la chaîne commande 7 nouveaux épisodes pour le printemps suivant.

D’un point de vue thématique, les scénaristes, les mêmes qu’en fin de saison 2, piochent dans tout le spectre des sujets traités dans les deux périodes précédentes : « women’s issues », inégalités entre les classes sociales, statut des policiers, enquête classique… Il en ressort un effet « best-of », qui s’entend au vu des conditions de production et permet de satisfaire l’ensemble des spectateurs·trices qui se sont mobilisé·e·s pour le retour de la série, mais qui à l’écran semble traduire un manque d’inspiration.
L’impression d’inconsistance de cette mini-saison est renforcée par des ajustements inattendus au personnage de Cagney.
C’est apparemment à elle que revient la tâche d’ajouter une touche de glamour à la série (on est dans la période faste de Dynasty et Dallas, les séries les plus populaires de l’ époque) qui passe en premier lieu par le renouvellement de sa garde-robe. Son intérêt inédit pour la mode s’exprime, hélas, de manière parfois un peu grossière (dans 3.06 - Partners, Cagney passe son temps à évoquer son désir de s’acheter une paire de bottes roses) et souligne une volonté manifeste de la série d’associer le personnage à des stéréotypes clairs et visibles de l’hétérosexualité féminine.
En second lieu, Cagney change d’origine sociale. Elle reste la fille d’un policier, mais on découvre que sa mère était issue d’un milieu bourgeois au sein duquel elle a passé toute son enfance, avant de couper les ponts avec cette partie de sa vie au début de sa vie d’adulte. Ce qui est une façon d’expliquer qu’elle puisse se permettre de s’acquitter de ses nouveaux frais vestimentaires dans une série qui s’est construite sur un certain réalisme dans la description de la vie quotidienne de leurs personnages.
Mais si dans cette saison, cette élévation sociale apparaît comme une incongruité supplémentaire, elle va permettre dans les années suivantes de complexifier la relation entre les deux femmes, notamment aux sujets de l’argent et de leurs rapports à leur métier.

Cette dernière période de tâtonnements et d’expérimentation, qui se suit, malgré toutes les réserves que j’ai pu exprimer avec plaisir, se conclut sur l’un des meilleurs épisodes de la série (dans lequel Cagney pense qu’elle est enceinte et qui interroge avec acuité la pression morale qu’impose la société aux mères célibataires), de très fortes audiences et un renouvellement pour 22 épisodes.
Pour la première fois, Cagney & Lacey ne va plus devoir lutter pour sa survie. Forte de cette sérénité, la série va (enfin) exprimer tout son potentiel dans les saisons suivantes.

Bilan des Épisodes

I - La période « April Smith »

2.01 - 25/Oct/82 - Witness to An Incident (Paul L. Ehrmann and April Smith & Robert Crais & Jeffrey Lane & Frank Abatemarco) B-
Un jeune policier tire sur un civil, un homme qui était à la poursuite d’un autre qui avait tiré sur un pharmacien. Cagney et lui sont persuadés l’avoir vu avec une arme à la main. Pas Lacey.

Un épisode sympathique, centré sur un désaccord profond entre les deux personnages principaux. Cagney qui explique à Lacey que son travail est important pour elle et plus qu’un moyen de payer l’orthodentiste est le moment clé de l’épisode.

On retrouve les poursuites du dernier acte, point faible de la série. Dans cet épisode, elle dure sans raison près de trois minutes et n’est pas franchement très bien filmée.

2.02 - 01/Nov/82 - One of Our Own (Robert Crais and April Smith) B
C&L enquêtent sur la mort d’un de leur collègue, abattu par un tireur isolé dans un restaurant.

Un épisode assez réussi, avec une scène inaugurale qui replace les bases de la série. L’enquête sur la mort (accidentelle) d’un collègue qui permet de revenir et d’approfondir le rapport qu’entretient chacune des deux héroïnes à son travail.

2.03 - 08/Nov/82 - Beauty Burglars (Robert Crais and April Smith) B+
C&L enquêtent sur une série de vol à main armée dans des salons de coiffures pour femmes riches.

Un peu de lutte des classes, non seulement grâce l’enquête mais dans la sous-intrigue, Lacey voit l’une de ses amies épouser un homme riche (et se sent mal à l’aise au dîner préparatoire quand son mari ne sent pas à la hauteur).
La réconciliation finale entre les deux amies montre l’attachement de la série à décrire des relations positives entre les femmes.
L’évolution du rapport de C&L avec leur chef, qui les soutient en coulisse à fond sans jamais l’admettre en public, se révèle une bonne idée (même s’il est emprunt d’un fort paternalisme à la Lou Grant).

2.04 - 15/Nov/82 - High Steel (Rogers Turrentine) C-
C&L enquêtent sur la mort d’un ouvrier sur un chantier de construction.

Un épisode vraiment faible. L’enquête (minimale) n’est qu’un prétexte pour faire monter Lacey et son mari en haut d’un building en construction et créer un suspense couru d’avance (le mari va-t-il vaincre sa peur du vide pour sauver sa femme ?).
À côté de ça, le comique de répétition qui voit Cagney tenter de courir plus vite qu’un jogger est assez lourdaud.

2.05 - 22/Nov/82 Hot Line (Frank Abatemarco) C
C&L enquêtent sur la mort de jeunes femmes dont le point commun est de travailler pour une société de téléphone rose.

Un épisode assez poussif, où les deux héroïnes apparaissent un peu prudes et pas très ouvertes.

2.06 - 29/Nov/82 - Internal Affairs (Aubrey Solomon and Steven Greenburg) B
C&L sont obligées d’enquêter sur leurs collègues après une suspicion de fuite au sein du commissariat.

Un épisode assez réussi qui permet de refaire connaissance avec tous les membres de l’équipe (ce fut le premier script lancé).
La découverte par Cagney de la condamnation pour corruption de son père est un moment très bien amené.

2.07 - 06/Dec/82 - Mr. Lonelyhearts (Jeffrey Lane) B
C&L enquêtent sur la disparition d’une femme, qui se révèle être une ancienne prostituée qui escroque des hommes seuls en les épousant.

Un épisode réussi qui explore le sentiment de solitude, à la fois chez les victimes et chez Cagney, qui n’ose pas pousser plus loin sa relation naissante avec un homme qu’elle a rencontré.

2.08 - 13/Dec/82 - Conduct Unbecoming (Rogers Turrentine) B+
C&L enquêtent sur un trafiquant d’armes avec un officier suspendu (pour avoir posé nu dans un magazine gay) tandis que toute l’équipe attend les résultats du loto.

Un épisode étrange et très réussi. On passe les dix premières minutes dans les vies personnelles des membres du commissariat au sujet d’un ticket de loto, avant que l’épisode ne se focalise sur la sexualité d’un des officiers.
Le fait qu’il soit important de savoir si l’officier est gay (on ne le saura pas à la fin de l’épisode) pour certains policiers est montré comme négatif par la série qui a un véritable point de vue humaniste sur le sujet.
Il est impressionnant de voir à quel point l’argent (surtout le peu d’argent) que gagnent les policiers est essentiel dans ces épisodes.

2.09 (109) - 20/Dec/82 - I’ll Be Home for Christmas (Robert Crais) C+
Tout le commissariat est à la recherche d’un homme déguisé en Père Noël qui s’est échappé de sa cellule.

Un épisode de Noël plutôt amusant, même s’il force un peu beaucoup sur les bons sentiments. La fin où l’équipe donne de l’argent au fugitif pour qu’il réalise son rêve de nouvelle vie avec sa famille est un peu énorme.
Cagney est amoureuse, c’est amusant à voir, mais son personnage est assez surprenant en ce début de saison. Elle est beaucoup moins agressive et malheureusement moins prompte à dénoncer les comportements paternalistes et sexistes de la société.

2.10 (111) - 27/Dec/82 - Recreational Use (April Smith) A-
C&L enquêtent sur un marchand de sommeil avec un détective, qui est aussi le petit ami du Cagney (qui a un petit problème avec la cocaïne).

Un très chouette épisode qui explore un problème social contemporain (les immeubles à loyer fixe abandonnés, voire dégradés, par leurs propriétaires) tout en créant une dynamique formidable dans la relation entre les deux femmes.
Lacey a du mal à supporter que Cagney, si prompte à enterrer l’honneur de son père pour quelques pots-de-vin dans sa carrière, soit indulgente avec le problème de cocaïne de son petit ami.
Quand elle finit par s’en séparer à la fin de l’épisode, la scène de « réconciliation » dans les toilettes, sans que rien ne soit explicité (elles parlent d’histoires de serviettes et de peinture à refaire), est formidable.

2.11 - 10/Jan/83 - Hopes and Dreams (Frank Abatemarco) B
C&L enquêtent sur un groupe spécialisé dans le cambriolage des appartements pendant les enterrements.

Un épisode assez réussi. Cagney se lie d’affection pour la victime d’une victime en fauteuil en roulant et s’investit dans la récupération de son vélo.
Le chargé des relations publiques de la police aimerait médiatiser cette affaire sous un angle qui ne convient pas du tout à Cagney : elle ne veut pas qu’une femme policière soit montrée comme « naturellement » plus sensible que ses collègues masculins.
En écho, Lacey est plus femme d’intérieur que jamais. Son mari, pour l’aider, lui offre une femme de ménage… Qu’elle finit par renvoyer puisque ce n’est pas fait comme elle le souhaite. Une intrigue qui n’a pas l’idée de soulever la possibilité qu’Harvey pourrait faire lui-même le ménage !!

La scène la plus savoureuse de l’épisode a lieu quand Lacey se fait passer auprès des malfaiteurs venus en repérage pour la belle-fille d’un homme qui vient de mourir et Cagney pour la voisine compatissante. Quand ils s’en vont, elles se prennent dans les bras toutes contentes de la crédibilité de leurs prestations d’actrices.

PS : Le vélo n’est pas retrouvé ! Mais bon, tout le gang se cotise et en achète un autre...

2.12 - 17/Jan/83 - The Grandest Jewel Thief of Them All (Michael Piller) B-
C&L sont à la poursuite d’un gentleman cambrioleur.

Un épisode beaucoup plus léger que d’habitude avec ce jeu de chat de souris entre Cagney et un vieux gentleman cambrioleur qui ne vaut que par le fait assez rare dans une série policière de l’époque que la police ne parvient pas à arrêter le suspect.
La sous-intrigue avec le mari de Lacey qui retrouve une ancienne petite amie et qui est tenté n’a franchement pas d’intérêt.

2.13 - 24/Jan/83 - Affirmative Action (Jeffrey Lane) C
C&L ont un peu de mal à intégrer la nouvelle crue de la brigade, une jeune femme qu’elles n’estiment pas à la hauteur.

Un épisode très étrange dans lequel règne une ambiance cat-fight-esque inhabituelle.
La volonté de Lacey d’aller contre ses sentiments premiers et de laisser sa chance à Diane, la nouvelle recrue de la brigade, constitue la meilleure chose de l’épisode, mais l’incompétence patente de celle-ci pose un véritable problème. Diane n’existe pas comme personnage et ne semble exister que pour montrer que la série n’est pas une série féministe, qu’elle a conscience qu’il y a des femmes incapables de faire correctement leur travail et qui trouveront toutes les excuses possibles, et en premier lieu la jalousie supposée de ses collègues femmes plus âgées, pour expliquer leurs erreurs.

II - La période « Terry Louise Fisher Years »

2.14 - 31/Jan/83 - Open and Shut Case (Terry Louise Fisher and Steve Brown) B
C&L soutiennent une jeune femme épuisée par les nombreux procès auxquels elle a dû participer pour évoquer son viol en réunion et qui doit à nouveau témoigner suite à un vice de procédure dans l’un d’entre eux.

Un épisode très différent des autres qui ne se passe quasiment qu’au tribunal. Toute la partie avec la victime est sensationnelle. Je suis un peu moins fan de l’autre intrigue où DA et avocat participent à un procès un peu trop énorme pour vraiment nous impliquer dans l’histoire (même si j’adore sa conclusion où Lacey obtient du DA une décision éthique).

2.15 - 14/Feb/83 - Jane Doe #37 (Peter Lefcourt) A
C&L enquêtent sur le meurtre d’une sans domicile tandis qu’elles mènent des stages de promotion des métiers de la police auprès des femmes.

Une franche réussite.
L’histoire de Cagney et de sa relation à la victime est très touchante : on la sent profondément affectée par le fait qu’une femme de 35 ans puisse vivre dans la rue sans que personne ne s’inquiète de son sort. On sent une connexion personnelle liée à son statut de femme célibataire.
L’ironie du sort veut que l’on découvre que cette femme était mariée et mère de deux enfants, portée disparue quelques années auparavant.
La sous-intrigue amusante (C&L sur le tournage d’une publicité pour la police et produisant des performances désastreuses, surtout Lacey) équilibre le tragique du reste de l’épisode.

2.16 - 21/Feb/83 - Date Rape (Steve Brown) C-
C&L enquêtent sur le viol d’une femme peu aimable qui aurait rencontré son violeur dans un bar.

Un épisode vraiment très étrange où tous les personnages semblent être dans la caricature. Christine, prompte à balayer d’un revers de la main les assertions de la victime, est la plus problématique.
Et ce ne sont pas les tours que se jouent les hommes de la brigade (inviter un travesti à un date avec Isbecky, demander à une prostituée de jouer une femme séduite par le chef…) qui permet d’équilibrer l’épisode.
Plein de bonnes intentions, j’ai l’impression, mais un échec sur toute la ligne.

2.17 - 07/Mar/83 - Burn Out (Del Reisman and Chelsea Nickerson) B+
Lacey, épuisée par les demandes de sa vie familiale et de sa vie professionnelle, disparaît et se réfugie au bord de la mer.

Une réussite.
L’absence de Lacey permet de très beaux échanges entre Cagney et son mari et une prise de conscience de la part des deux des fortes demandes qu’ils lui imposent.
NB : C’est pour cet épisode que Tyne Daly obtiendra son premier Emmy de la meilleure actrice.

2.18 - 14/Mar/83 - Chop Shop (Kevin Sullivan) B+
C&L recherchent Isbecky, kidnappé par un groupe de voleurs de voitures sur lequel il enquêtait sous couverture.

L’intrigue principale est finalement un prétexte et une respiration (Cagney et Victor finissent par se chamailler dans la minute qui suit son sauvetage) pour s’intéresser au statut de policier noir de Petrie.
Un moment assez génial où Petrie abat un jeune noir de 18 ans. L’attaché de presse de la police veut le prendre en photo pour apaiser les tensions inhérentes à ce genre de crimes. Petrie s’offusque que sa couleur de peau serve à minimiser la mort d’un jeune noir, il lui explique que si le suspect avait été blanc, il aurait peut-être été moins à prompt à tirer.
Autre moment formidable : Petrie qui raconte que dans sa jeunesse Harlem était le seul quartier où il se sentait à l’aise, et désormais, il regarde ça comme un bouge. Il a l’impression d’avoir trahi les siens et culpabilise d’avoir tiré, pensant que la couleur de peau du suspect a eu une influence sur son geste.
La dernière scène, déchirante, le voit aller discuter à la mère de la victime qui s’est rendue au commissariat.

2.19 - 21/Mar/83 - Let Them Eat Pretzels (Peter Lefcourt) B
C&L se trouvent en difficulté face à la protection diplomatique dont bénéficie un chauffard étranger.

Un épisode savoureux. Mes passages préférés sont tous ceux entre Lacey et sa belle-mère qui se sent seule.
La description des personnages du Moyen-Orient n’est pas très subtile, la musique arabisante récurrente n’aide pas non plus, mais l’épisode fait un joli travail autour de l’immunité diplomatique et des circonvolutions pour aboutir à une solution satisfaisante.

2.20 - 28/Mar/83 - The Gang’s All Here (Lee Sheldon) B-
Toute la brigade assiste impuissante à un braquage dans le bar dans lequel elle passait la soirée.

Un épisode sympathique, qui aurait fait un joli season finale puisque tout le monde, y compris Harvey, se retrouve autour d’une table avec le sourire à la fin.
Pour la première fois, LaGuardia sort de l’arrière plan et l’épisode s’intéresse à son statut d’ancien (ou de trop vieux).

2.21 - 02/May/83 - A Cry for Help (Terry Louise Fisher and Chris Abbott) B+
C&L enquêtent sur une arnaque à destination des économies de vieilles dames tandis qu’elles découvrent que la femme d’un de leurs collègues est battue par ce dernier.

On apprend dans cet épisode que Christine Cagney a eu une histoire avec un homme violent. Cette révélation intervient lors d’une scène un peu étrange où Lacey tient des propos qui ne cadrent pas vraiment avec son personnage et qui sont plutôt l’expression de l’avis de son mari (on ne connaît pas le contexte, si elle reste, c’est qu’il y a une raison…)
L’épisode a l’intelligence de faire du mari violent le flic calme et sympa du duo avec lequel C&L doivent travailler.

2.22 - 09/May/83 - The Informant (Larry Konner and Ronnie Wenker-Konner) C
C&L utilisent à contrecoeur un informateur pour démanteler un traffic de drogues.

Un épisode assez faible pour conclure la saison et qui apparaît très daté. Les discussions entre les deux femmes sur la pertinence d’utiliser des criminels et de leur obtenir des passe-droits pour faire tomber de plus gros poissons semblent très naïves.
La scène où c’est le fils de Lacey qui y celui qui ne comprend pas comment un criminel peut être laissé libre même pour aider la police et qui fait ouvrir les yeux de Cagney est la plus emblématique de cet épisode très faible.

III - Back by Popular Demand

3.01 - 19 Mar 84 - Matinee (Chris Abbott) B-
C&L enquêtent sur la mort d’une femme au foyer bourgeoise.

Un épisode qui souffre de la mise en scène très datée, voire ridicule, du milieu (club de strip-tease masculin) dans lequel se situe l’intrigue policière.
Heureusement qu’il est axé sur l’histoire personnelle des personnages. On découvre que Christine a vécu une enfance dans une banlieue bourgeoise avec sa mère et son frère, à qui elle ne parle plus depuis le décès de sa mère lorsqu’elle avait 19 ans.
On suit Samuels et ses déboires avec son fils, arrêté pour vol de voiture. Une scène déchirante dans laquelle il lui explique que s’il n’a pas été présent, c’est parce qu’on lui apprend à être un homme d’une façon qui n’est plus d’actualité. La non-communication entre les deux est touchante.

3.02 - 26 Mar 84 - A Killer’s Dozen (Peter Lefcourt) B+
C&L enquêtent sur un tueur de femmes tandis que Petrie n’arrive pas à faire le travail des policiers en uniforme en grève.

Un formidable épisode qui montre le talent d’enquêtrices de C&L et leur rapport à l’action collective.
J’aime beaucoup que ce soit Petrie qui au nom de ses convictions met son travail en péril.

3.03 - 16 Apr 84 - Victimless Crime (Peter Lefcourt) C
C&L enquêtent sur la mort d’un acteur porno tandis qu’un policier français vient observer le fonctionnement d’un commissariat américain.

Assez perplexe. Je n’ai pas bien compris ce que voulait dire l’épisode sur la pornographie. Lacey semble très remontée contre cette production, mais ce sont surtout les dérives qui sont montrées.
Est-ce à dire que ces dernières sont inhérentes à ce genre de production ? L’épisode n’est pas clair et la fin très claire - l’actrice tabassée se décide à porter plainte contre le réalisateur - semble pencher pour cet argument.
La sous-intrigue avec le policier français, qui incarne la quintessence de tous les sétérotypes sur les Français « Mariage is hard that it takes 3 people to make it happen », est délicieuse.

3.04 - 23 Apr 84 - The Bounty Hunter (Steve Brown) C-
C&L se retrouvent confronté à un chasseur de têtes à la poursuite d’un fugitif.

Un épisode assez poussif où le jeu du chat et de la souris entre le Brian Dehenny et Cagney est assez vain. On ne comprend pas bien les motivations de cette dernière et si tension sexuelle il doit y avoir entre les deux elle ne se ressent absolument pas.
La sous-intrigue avec le benjamin de Lacey qui ne sait pas lire est, elle, plutôt réussie.

3.05 - 30 Apr 84 - Baby Broker (Terry Louise Fisher) B
C&L enquêtent sur un traffic de nouveaux-nés.

Un épisode très social dans lequel on découvre des conséquences terribles de la pauvreté organisées par des vautours sans foi ni loi.
Tyne Daly est formidable durant tout l’épisode mais Cagney n’est pas en reste. Sa sous-intrigue - elle se voit forcée de rejeter l’attention d’un acteur qui méprise son travail - est très touchante. Voir Victor refuser ses avances est une façon intéressante de créer une dynamique moins caricaturale entre les deux personnages.
Pour l’instant, le meilleur épisode de cette mini-saison qui peine un peu à décoller.

3.06 - 7 May 84 - Partners (Patricia Green) B+
Cagney est blessée par balle lors d’une interpellation. Le nouveau partenaire de Lacey ne lui convient guère.

Un très chouette épisode dans lequel Lacey prend la place de Cagney dans le duo de flics (impatiente, ultra impliquée…) Comme d’habitude, la série dépasse les clichés et le nouveau partenaire se révèle plutôt utile en fin d’épisode.
La réaction inattendue du père de Cagney (qui se noie dans l’alcool au lieu d’aller voir sa fille) est assez touchante.
Parfois, la série en fait un peu trop avec Cagney pour souligner son hétérosexualité en la faisant embrasser sans vergogne les stéréotypes traditionnels de son genre (la voir complètement enthousiaste pour des bottes roses est assez étrange).
Malgré tout, un très bon épisode

3.07 - 14 May 84 - Choices (Terry Louise Fisher) A
Cagney pense qu’elle est enceinte et s’interroge sur sa vie.

Un très bel épisode, intime et intelligent. L’affaire consiste uniquement à réussir à faire accepter à la témoin d’un crime de dire ce qu’elle a vu, et toute cette partie participe de la réussite de l’épisode.
Christine Cagney est un personnage très fort et très fragile.
On se rend compte que le poids du mariage dans la société est à ce moment là extrêmement fort puisque les deux femmes y font allusion comme une évidence pour une femme enceinte.
Un épisode où il ne se passe rien mais où se joue l’essentiel.

Jéjé
Notes

[1La jaquette de son coffret DVD sorti débuts des années 2000 porte la mention « Saison 1, the true beginning »...

[2La façon dont la série aborde la notions des genres et la représentation des femmes et de la féminité constitue le sujet d’un livre passionnant de Julie D’Acci, Defining Women : Television and the Case of Cagney and Lacey : Television and the Case of Cagney & Lacey, 1995, University North Carolina Pr.

[3Elle vient pourtant de l’école MTM et vient de passer plusieurs saisons sur Lou Grant.

[4Elle créera quelques années plus tard La Loi de Los Angeles avec Steven Bochco.

[5"The representation of feminism changed, in other words, from a criticism of institutional inequities (sexism, racism, and to a lesser degree, classism) to an examination of women’s issues (or what the industry imagined as such issues) that had the potential for dramatic intensity and exploitability.", in Defining Women : Television and the Case of Cagney and Lacey : Television and the Case of Cagney & Lacey, 1995, University North Carolina Pr.

[6Terry Louise Fisher n’a pas oublié son ancien métier, l’épisode se déroule quasiment entièrement dans un tribunal.