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Community - Avis sur la saison 4 de la série après deux épisodes sans Dan Harmon

Paranormal Parentage: Ben voilà, c’était pas si mal !

Par Conundrum, le 18 février 2013
Publié le
18 février 2013
Saison 4
Episode 2
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Je n’ai jamais caché que le départ de Dan Harmon de Community avant la saison 4 ne me dérangeait pas tant que cela.

Les changements de showrunners, c’est fréquent, et une série n’est pas le travail d’un seul homme. Et puis, j’avais entière confiance en la nouvelle équipe en place qui a déjà travaillé, entre autre, sur Happy Endings et Happy Family.

C’était bien heureux, avec mon air hautain et moralisateur, que j’ai regardé le premier épisode de la saison 4, et fouyah que je n’étais fier pas de mon coup. Tout n’était pas à jeter dans ce premiere, mais il faut être honnête, il n’y avait pas grand-chose à garder à part peut être le gag de Fred Willard dans le rôle de Pierce sur la sitcom d’Abed.

J’avais prévu de garder profil bas, et que, noyé dans mes critiques de Parenthood, personne n’allait retrouver le texte qui montrait à quel point j’étais confiant à l’époque. Sauf que ce deuxième épisode de l’ère Post Harmon a largement remonté le niveau, à mes yeux, et me permet de reprendre un peu mon avantage moral.

Le premier bon point est le traitement d’Abed : il n’est que très peu utilisé dans cet épisode. Une mention à Cougar Town d’un côté, une autre vers « lalalalala, notre vie est une sitcom » de l’autre, et on n’en parle plus. La série peut alors se concentrer sur d’autres personnages et ce n’est pas plus mal. L’erreur principale du season premiere est de s’être concentré rapidement et fortement sur Abed, le personnage le plus complexe à gérer sans Harmon.

L’écriture de Dan Harmon diffère de celle d’une Palladino, d’une Shonda, la Merveilleuse ou d’un Sorkin dans le sens où tous ses personnages ne parlent pas de la même façon. Le rythme et la façon d’écrire un personnage sont similaires à tous ceux de la série. On reconnaît aisément un habitant de Stars Hollow, un médecin du Seattle, ou un politicien idéaliste de Washigton à sa manière de parler. [1]

Community ne rentre pas dans ce schéma, chaque personnage est clairement défini avec son rythme et identité propre. Il est alors plus facile de prendre le relais sur Community en suivant le cahier des charges des trois saisons précédentes, que celui de Palladino sur Gilmore Girls ou Sorkin sur The West Wing. Mais Abed était le personnage qui canalisait le plus Harmon, c’est le personnage le plus complexe et qui marque le plus. L’épisode de la semaine dernière a montré qu’il était aussi très facile de louper totalement ce qui fait sa force. Et c’était un message fort de rater ainsi son entrée en matière.

Je pense que la nouvelle équipe aurait du prendre plus de temps avant de se lancer sur un épisode fort en Abed. Cette semaine, on reprend des schémas plus simples à gérer comme l’innocence de Troy, les prouesses de psychanalyste de Britta, on réussit même à ne pas trop détester Pierce et à donner du matériel solide à Shirley. Ces deux derniers points étaient de sérieux problèmes de l’ère Harmon, avouons-le.

Sans être exceptionnel, l’épisode arrive à donner une version de Community que je suis prêt à suivre. Pour être parfaitement honnête, j’espérais qu’avec la nouvelle direction en charge de l’écriture de la série, nous allions retourner à une série plus proche de ce qu’elle était à ses débuts où le gang suivait des cours ou avait des problèmes plus ancrés dans la réalité. Le nouveau Community continue dans la lignée de l’ambiance des saisons 2 et 3. Une nouvelle mouture plus linéaire, moins ambitieuse, qui a ses problèmes qui lui sont propres (Abed, Abed, Abed) mais qui réussit à corriger quelques défauts présents dans les épisodes précédents (principalement Shirley et Pierce). Elle reste aussi clairement mois rattachée à l’ambition d’être une comédie sympathique dans une fac aux États-Unis.

Community n’est plus une série unique en son genre avec ses exercices de style et son humour noir percutant, et il est compréhensible que si l’écriture d’Harmon résonnait fortement en soi, cette saison 4 doit faire mal. Harmon maîtrisait avec une incroyable facilité le fait de trouver l’humour dans des situations très noires. Mais cet épisode montre que la série a encore quelque chose à offrir au reste de son audience, moins investi dans la série.

J’en fais partie, et j’ai hâte de voir la suite. C’est un gros virage à 180 degrés par rapport à l’horrible épisode de la semaine dernière.

Conundrum
Notes

[1Ce qui demande un talent particulier des acteurs et qui explique pourquoi on retrouve des visages similaires dans les séries de ces trois auteurs.