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Dexter - Critique de l'épisode 5 de la saison 2

The Dark Defender: Featuring Trashy Tronche

Par Blackie, le 18 novembre 2007
Publié le
18 novembre 2007
Saison 2
Episode 5
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Defender, Dark Defender, Only chops serial killers… Vite, il faut que je trouve la suite de cette chanson, je sens que je tiens un musical d’enfer. Michael C. Hall chantant et dansant en spandex noir, ça fera un carton ! Ensuite, je lancerai Dexter On Ice et Kristen Bell interprétera son tube "He raped me !" pour le rôle de Rita. Je sens qu’on a là un filon inépuisable.

Voilà le genre d’épisode qui me fait grimper au septième ciel, et pas seulement parce que je suis une pauvre geekette surexcitée dès qu’on parle de superhéros. Non seulement cette partie de l’histoire ne ressemble en rien à un coup marketing pour attirer les djeunz, mais elle traite bien d’un sujet avec lequel la série flirte en permanence : Dexter serait-il plus un Héros qu’un Vilain ? Autour de ce thème déjà très riche viennent se greffer une bonne dose d’informations sur le passé de Dex, des personnages ressurgissent de l’ombre, des relations évoluent à pas de géant et la saison générale a clairement atteint son rythme de croisière. Surtout, l’ensemble suit une telle cohérence avec ce qui a été établit l’an dernier qu’il n’y a que de quoi ravir le fidèle spectateur. Allez hop, The Dark Defender entre directement dans mon Top 5 de la série !

Le justicier qui surgit hors de la nuit

Le public s’est dorénavant tranché en deux catégories : ceux qui condamnent les actions du Bay Harbor Butcher et ceux qui les acclament. Le sens du mot Justice n’est clairement pas le même pour tous. L’un de ses admirateurs a donc décidé de conter ses exploits dans une bande dessinée, dont la noirceur n’est pas sans rappeler beaucoup de personnages de l’industrie depuis quelques années. Alors que Dexter tente de stopper ses instincts meurtriers, voilà qu’il se trouve conforté dans ses actions par une partie de l’opinion générale, par des gens ’normaux’ et la joie évidente que cela lui procure fait un bel écho à l’ultime scène de la saison 1.

Ce nouveau statut, combiné aux paroles d’un drogué ayant réveillé le souvenir de sa mère, nous apporte une scène de rêve qui restera forcément dans les annales tant elle est absurde. Entre ça, les gouttes de baves, les réflexions sur le cuir à Miami et autre petites touches par-ci par-là, les fous rires ne manquent pas. Qu’est-ce que je disais sur cette saison trop sérieuse ? Des bêtises, sûrement. Ces scénaristes sont quand même forts de rendre l’un des évènements les plus tragiques de la série en une farce pareille. Surtout qu’il se cache derrière quelque chose de touchant, le simple désir d’un enfant de pouvoir remonter le temps et sauver sa mère, et lui-même avec.

Le pourquoi et le comment du meurtre de Laura Moser avaient beau avoir été expliqués la saison passée, il fallait que Dexter ressente un jour l’envie de savoir ce que sont devenus les responsables et leur applique son traitement spécial. Le face à face avec l’un d’eux manque malheureusement un peu de tension selon moi, car Dexter se montre trop cryptique et l’homme en face ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. De plus, la scène paraît très courte pour un moment aussi déterminant et attendu. Heureusement, il en résulte une conversation téléphonique entre un sponsor et son protégé prêt à replonger, dont l’écriture est assez fabuleuse… cela malgré la voix mielleuse de Jaime Murray me donnant envie de lui trancher la gorge.

La semaine dernière (celle de mon calendrier à moi), je rapprochais la relation de Lila et Dexter à celle qu’il avait avec son père. Mais avec cet épisode, j’avoue que cette impression s’est quelque peu modifiée. Lila me semble tenir différents rôles face à lui, selon le moment. Après Harry et Rudy, elle passe ici à la mère protectrice qui lui fait défaut, tout en suggérant parfois l’aspect sexuel de l’amante.
Pour le moment, le substitut maternel est principalement mis en jeu, et revenir sur le passé de Laura Moser en parallèle ne fait que renforcer cette idée. L’absence de pudeur et apparemment de soutifs dans sa garde-robe se rapproche plus de la mère hippie devant son enfant, qu’elle cajole sur son ventre afin de l’aider à s’endormir. Jamais le visage de Dexter n’a paru aussi enfantin que durant cette scène, même lors de sa première rencontre avec ’Biney’. Est-ce du désir lorsque Dexter la regarde se déshabiller ou de la fascination d’un autre genre ? Le jeu de Michal C. Hall est parfois si ambigu qu’il est difficile de le dire…

Comme Dex le dit si bien, Lila fait également office de sidekick, de partenaire dans le crime avec qui partager son ’identité secrète’. Elle est donc la seule à bénéficier du secret de la mort de sa mère et elle-même révèle avoir déjà tué par accident. Ce qui explique d’autant plus ses discours sur le côté sombre en chacun de nous, mais démontre aussi qu’elle peut devenir assez instable.

Peut-être que je me monte la tête, mais j’ai sincèrement le sentiment que Lila aborde plusieurs visages avec Dexter et créé ainsi chez lui un sentiment de dépendance. Et bien sûr, il n’est pas rare de voir un accro se détacher d’une dépendance en s’en trouvant une autre. C’en est légèrement inquiétant pour son avenir. Mais jamais Lila n’incarne une sœur auprès de lui, seul rôle qu’elle est incapable de remplacer. Espérons que Debra est l’arme ultime pour l’éliminer.
Car ce que je pourrais dire aussi sur Lila est qu’elle est chiante. Chiante à s’émerveiller devant du sirop giclant sur des feuilles, chiante à se balader toujours à moitié nue, chiante avec son attitude flower power générale. La dynamique qu’elle créé est très intéressante, mais je ne dirais pas non à la voir mourir très vite.

Dear Momsie and Popsicle

Les relations parentales sont bel et bien au cœur de la saison : Rita avec Gayle, Debra avec Lundy, Dexter avec Lyla, chacune ayant ses déviances. Laura Moser et Harry Morgan viennent s’ajouter au tableau. Alors oui, on pourrait presque se croire devant un soap opéra. Mais n’est-ce pas ce que la série à toujours été au fond ? Un gros drame familial baignant dans le sang ?

Plus on nous en dévoile sur Harry et plus la noirceur du personnage apparaît, car rien chez lui ne semble très clair. Avait-il sa liaison avant ou pendant que sa femme développait son cancer ? D’ailleurs, avait-il vraiment une liaison ? Car il n’y a aucun indice dans ce sens, uniquement le témoignage d’un ancien dealer qui peut s’être trompé. Sans ses dires, l’attitude entre Laura et Harry durant les flashbacks ne paraît pas particulièrement suspicieuse. Je ne tirerais donc pas de conclusion aussi vite que Dexter et resterai dans le doute à ce sujet tant qu’il n’y aura pas d’autre preuve.
Si Harry se sentait coupable d’avoir amené Laura jusqu’à une mort affreuse (et il y a de quoi !), pourquoi ne l’être vis-à-vis que d’un de ses fils ? ’Voir dans ses yeux que Brian était irrécupérable’, mon œil oui ! Il a indirectement bousillé la vie de ses deux enfants, s’occuper de Brian même de loin aurait été vraiment juste.
Quant à se demander si Harry n’est pas le père biologique de Dex, je rappelle que c’est impossible puisque son vrai père a du être appelé pour une transfusion durant son enfance. Et je ne le rappelle pas parce que je ne fais pas confiance à vos mémoires d’éléphants, mais parce que cela m’a moi-même traversé l’esprit durant le visionnage. Bah oui, c’est loin 2006…

Ce que je trouve très étonnant, c’est que la rencontre dans le hangar était planifiée par Harry et qu’il savait parfaitement que Laura risquait sa vie, alors pourquoi est-il arrivé si tard sur les lieux ?(On sait que les petits ont baigné dans le sang durant des heures.) Il ne la surveillait pas, de loin ou par micro ?(Il a bien dit vouloir prendre les dealers la main dans le sac.) Ajouté au fait de l’avoir poussée malgré ses peurs à y aller, cette négligence le rend encore plus responsable de son sort. Et pourquoi Laura a emmené ses enfants avec elle pour faire face à trois hommes dangereux au lieu de les laisser à quelqu’un ? Est-ce de la facilité scénaristique ou y’aurait-il une explication toute bête (comme le kidnapping des Moser avant la date prévue de la rencontre) zappée dans le scénario ? Si je me prends la tête inutilement, merci de me le dire dans un prochain épisode.
Je vais chipoter encore un peu, mais dans les années 1970 on gardait son gosse sur ses genoux pendant l’enregistrement d’échanges d’informations confidentielles ? Y’avait aucun flic à côté pour le babysitter quelques minutes ?

Le rapprochement de Lila semble éloigner Dexter de Rita, mais encore plus de l’influence d’Harry. Il a eu beau avoir quelques désillusions l’an dernier, Dexter a continué de suivre le chemin tracé par son père adoptif. Son détachement, bien qu’amorcé, ne s’opère vraiment que maintenant. Dex atteint enfin l’âge de la maturité en cessant d’idéaliser Harry Morgan et en choisissant une méthode différente de la sienne pour régler ses problèmes. Bien qu’il troque un guide pour un autre, le fait d’emprunter une autre voie est un signe vers son indépendance.

Rita n’est pas tellement mieux lotie avec l’envahissante Gayle, qui tente de virer Dexter de leur vie. Elle aussi tient tête à sa mère, défend ses choix et ne joue pas la carte trop répandue du "Mais maman, je l’aimeuh même si c’est un gros connard/violeur/meurtrier" de la pauvre fille aveugle. Rita a des arguments clairs et irréprochables : Dexter n’est pas Paul, pour telles et telles raisons. Elle-même a changé et ne compte plus se faire avoir. Good for you, girl. Malheureusement, même si elle a raison de penser qu’il ne fera jamais de mal ni à elle ni aux enfants, c’est une autre histoire pour le reste du monde…

A ce sujet Mama Bennett me déçoit assez car elle m’avait vraiment laissée penser que son super instinct de vieille routarde allait faire office de menace. Elle n’est finalement qu’une belle-mère protectrice comme une autre, gobant facilement le coup des drogues.
La scène finale, vision parfaite d’abord rassurante puisque Dexter rejoint Rita comme promis, envoie chier le texto de Lila et a la confirmation qu’il est une part inhérente de cette famille, se voit tâchée par l’annonce de l’emménagement de Gayle. Et au lieu de craindre pour les secrets du beau-fils, il n’y a que de quoi craindre un agacement moindre de sa part.

L&D, les candidats au spin-off

Parlons un peu de mon couple préféré, celui avec qui une scène de deux minutes en dit plus long qu’un roman de Tolkien. Un couple un peu coincé dans le triolisme pour l’instant, puisque Debra entame une étrange relation avec un homme qui avait tout du coup d’un soir. Apparemment, le Gabriel n’est pas qu’un paquet de muscles, c’est aussi une fillette de huit ans avec le fond d’un saint-bernard. Il est en tout cas bon de voir les différentes étapes par lesquelles Deb passe avec lui : du désespoir à la méfiance, puis la peur, avant d’atteindre une certaine confiance qui s’avère réparatrice. Une confiance retrouvée pour la gente masculine, dont elle avait bien besoin pour laisser Rudy définitivement dans le passé, et pour laquelle elle peut remercier Lundy son protecteur.

Un Lundy qui offre la seconde meilleure scène de cet épisode sur la marina, où ses airs de vieux sénile ne font que cacher ses trains d’avance sur sa jeune collègue. Il est calme, prend son temps, savoure tranquillement sa vie, mais son cerveau va plus vite que tout le monde. Ce n’est pas l’Agent Superstar pour rien et Debra commence déjà à le rejoindre à mi-chemin, bien qu’elle soit tout à fait consciente de son petit complexe d’Electre en faisant remarquer la ressemblance entre Lundy et Harry Morgan. Je ne dirais pas qu’elle emprunte le meilleur chemin pour guérir d’un traumatisme, mais elle se débrouille clairement mieux que son frère.

Pour ajouter à la perfection de cet épisode, Laguerta et Doakes ne font rien qui puisse me donner envie de les mépriser. Au contraire, les deux boulets ont beau être réunis en permanence, leurs scènes sont tout à fait correctes et supportables. La raison est simple : ils s’intègrent à l’intrigue principale et contribuent à la faire avancer. Sans soucis personnels les mettant à l’écart, ils redeviennent enfin des personnages décents.
Maria s’avère être le témoin principal de la dérive mentale de Doakes depuis des mois et elle risque bien d’aider Dexter à creuser sa tombe. En plus, elle peut se permettre de faire la morale parce qu’au lieu de revenir au point de départ qu’on lui connaissait, la voilà qui agit dorénavant en bon flic et ne se bouge pas les fesses que pour les journalistes. Dios mio, ces pénibles moments avec Pasquale ont vraiment eu une utilité !

Pour boucler le tout, ces deux-là se joignent au jeu des liaisons révélées. Ce qui n’a aucune utilité en soi, puisque leur partenariat durant des années expliquait déjà largement le lien solide existant entre eux. On a tous déjà vu NYPDBlue, on sait ce que ça implique, duh.

The Bay Harbor Butcher, Chapter 5

On en oublierait presque qu’il s’agit de l’enjeu principal, tiens. Donc, on en était restés aux fameuses algues de Masuoka et celles-ci conduisent à deux autres marinas en plus de celle de Dexter. Et pour les amateurs du moindre détail, on apprend que celui-ci a repris la place (voir même peut-être le bateau) d’Harry, ce qui signifie qu’une fois de plus le paternel a choisit un facteur idéal pour les activités nocturnes de son rejton. Le père omniprésent, je vous dis ! Cette info, on la doit à Debra, qui précise également que la moitié des flics du coin sont dans le même cas. Un détail qui ne manquera pas d’avoir son importance plus tard, même si je ne suis pas sensée le savoir (maudites vacances !).

La Lundy Team progresse à pas sûrs et bien que Dexter continue de contre-attaquer plutôt que de la laisser le rattraper, il commet encore des erreurs. Certes, la première du jour ne lui retombera peut-être pas dessus car le meurtrier de sa mère ne portera sûrement pas plainte, une enquête compromettant probablement son programme de protection de témoin (un programme visiblement au point vu la vitesse à laquelle un flic de base le retrouve). Mais vérifier son bateau à quai est incroyablement stupide de sa part, qu’il y ait ou non des caméras autour. Et comme on sait qu’il y en a, Dexter vient de se jeter bêtement, mais alors très bêtement, tout seul dans la gueule du loup.

Blackie
P.S. Et le prix de la scène la plus flippante revient à ’L’Attaque du Tatou chez les Bennett’. Sérieusement, ces choses sont affreuses et surréalistes.