Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Dexter - Critique de l'épisode 10 de la saison 2

There’s Something About Harry: Cage Chatting

Par Blackie, le 11 février 2008
Publié le
11 février 2008
Saison 2
Facebook Twitter
Après la note sur laquelle s’est terminé Resistance is Futile, on est en droit de s’attendre à une suite plutôt intense à en écorcher son siège. Avec un titre pareil, on peut espérer une mine de révélations douteuses concernant ce bon vieux padre Morgan. Et arrivés à ce point de la saison, on peut aussi me féliciter d’arriver encore à trouver des titres à mes reviews faisant honneur aux obsessions de Jeff Lindsay, parce que je me creuse vraiment les méninges.

Evidemment, la série ne déçoit pas quant à nos attentes légitimes et nous évite même de revoir des vieillards déambuler cul nus. Dire qu’il y a de quoi être amplement satisfaits par cet épisode ne serait vraiment pas lui faire honneur.

Indecision 2007

La raison première de cette réussite tient évidemment dans la confrontation entre Doakes et Dexter, que l’on retrouve exactement là on les avait quittés : le premier en cage, le second blessé à la cuisse.
C’est ainsi que le match verbal entre les deux ennemis peut avoir lieu tout au long de l’épisode, allant d’un résultat prévisible à une montée en puissance étonnante.

Sans trop de surprise, Dexter exprime la légitimité de ses meurtres avec brio face à un Doakes manquant de répartie. Qu’il ait raison ou non, il se montre le plus convaincant. Cette facilité d’expression est une force qui lui a toujours servit, tandis que la difficulté de communication de Doakes l’a justement enfoncé dans cette situation inextricable.
Il continue sur sa lancée en affirmant qu’ils se valent professionnellement, mais qu’il l’emporte haut la main côté vie privée. Laguerta pleurerait un bon coup la disparation de son ami, mais il n’est indispensable à personne.

Cela fait deux manches en faveur du Dark Defender.

Mais voilà, Doakes ramène le score à égalité en amenant sur le tapis la réputation cachée d’Harry Morgan, tout en commençant à saisir la personnalité ainsi que la logique de Dexter, à un point où tous deux sont au bord de l’épuisement mental.

Le point culminant survient lorsque Dex ramène un client casse-bonbon de Jimenez et décide d’en faire la dernière victime de "Doakes le Bay Harbor Butcher". C’est tout un plan très calculé, voyez-vous, qui consiste à se débarrasser d’un type qui ne pose pas vraiment de problème, afin d’incriminer encore plus un autre type ayant déjà une bonne tonne de preuves contre lui. Histoire de se compliquer un peu la vie. Mais c’est pas grave, ça permet de fiche la trouille au sergent en lui faisant croire qu’il va mourir et Miami se retrouve avec un vilain de moins.

C’est là que le jeu du plus malin prend fin du côté de Doakes, qui n’essaie plus de prouver ses torts à son ennemi. Il se retrouve finalement dans une attitude propre à une personne retenue captive : avoir peur, supplier, tenter de raisonner son bourreau. Sa propre vie en jeu était une chose, la perspective d’assister à un massacre en est une autre.
Bien que la vision des détails ne soit pas là, le bruit et le bain de sang à proximité suffisent largement à combler les trous avec son imagination. Pour vous donner une idée, le niveau d’horreur doit se situer entre entendre la roulette du dentiste et devoir regarder les clips dance préférés de Jéjé : difficile de ne pas être tétanisé devant un spectacle pareil. Doakes est visiblement traumatisé, il a vu le monstre tel qu’il est et de très près. Ce qui a pour résultat de l’humaniser d’autant plus en comparaison.

Le jeu de la caméra n’a pas arrêté de nous faire passer du point de vue de l’un à l’autre, chacun se retrouvant derrière la grille. En ce dernier instant, Doakes est sous le choc au premier plan tandis que Dex, dévoilant son Dark Passenger, est clairement celui enfermé. Au bout du compte, lequel des deux est le gagnant ?

La métaphore est efficace puisqu’il est bel et bien coincé dans une impasse, à devoir se décider à libérer ou tuer Doakes, mais aucune de ces possibilités ne paraissant envisageable. Le laisser partir entraînerait un manquement à la première règle ("Don’t get caught"), mais le tuer serait contraire au reste du Code. Les meurtres de Doakes peuvent être considérés tout aussi justes que ceux de Dex puisqu’il ne s’agissait pas de personnes innocentes aux yeux de la loi. Rappelons-nous que c’est pour cette même raison que Jeremy Downs, l’adolescent ayant tué son violeur en saison 1, avait été épargné une première fois. Faire justice soi-même, c’est plus être partisan du Code d’Harry que tomber dessous.

Bref, il faudra bien que Dexter prenne une décision concernant son captif à un moment ou un autre.
En attendant, il sait qu’il veut Rita et cela a quelque chose de réconfortant que d’être certain d’au moins une chose dans sa vie, surtout à un moment aussi chaotique. Ne pas vouloir griller sur la chaise électrique compte un peu, mais ce n’est pas nouveau.

La relation de ces deux là reprend donc doucement mais sûrement. Elle a tendance à mettre en avant l’excuse "C’est pour mes malheureux gosses sans cesse abandonnés" mais fait l’effort de lui laisser une seconde chance, tandis que lui continue de se confier assez rapidement au moindre tracas (en évitant les détails quand même). Sont-ils pas meugnons…

Flashbacks !

Rares sont les séries me faisant sauter de joie à l’idée de retours en arrière alors que la situation actuelle ne demande qu’à être avancée. Dexter est l’une des exceptions actuelles (avec MediuM, qui les exploite assez brillamment), les perruques de Hall et Carpenter étant à chérir autant que celles de Boreanaz à la bonne époque d’Angel ("oooh, Mandy..."). Comment ces acteurs ont pu être attirés l’un par l’autre en tournant avec des tronches aussi ridicules restera un mystère.

Un mystère à peu près aussi grand que celui qui entoure Harry Morgan : flic, père adoptif, entraîneur de serial killer. Ce qu’on nous montre nous amène à environ autant de conclusions que de questions.

Le Capitaine Matthews, autrefois collègue d’Harry et visiblement assez proche pour venir jusque chez lui discuter d’une enquête, fut le témoin de son comportement devenant erratique face aux failles du système. Et il affirme aujourd’hui que son vieil ami a délibérément fait une overdose de ses médicaments, car il ne supportait plus de voir autant de criminels s’en sortir.
Ce premier point est déjà très louche puisqu’on sait qu’Harry avait son arme secrète sous la main afin de soulager ses nerfs.

En fouillant très loin dans sa mémoire défaillante jusqu’aux évènements de l’épisode 1.03 "Popping Cherry", on sait qu’Harry n’était sortit de l’hôpital pour ses problèmes de cœur que depuis un an avec une forte volonté de vivre, notamment grâce au premier succès de Dexter avec l’infirmière. Personnellement, remettre les évènements dans l’ordre chronologique m’aide un peu mieux à cerner le tableau général.

Ce qui entre en jeu concerne surtout la réaction d’Harry devant un des cadavres à moitié découpé. Aurait-il vraiment été horrifié d’être mis face à ce qu’il avait créé ? Au point de se suicider et de laisser le-dit rejeton continuer son œuvre sans supervision, plutôt que de mettre un terme à cela ? Et il aurait laissé sa fille avec ce "monstre" pour seule famille ?

Au cas où mes interrogations ne seraient pas assez claires, je suis en train de sérieusement douter de ce pseudo-suicide, qui n’a pas l’air de coller avec d’autres faits et vient d’une source pas franchement fiable (Matthews est tout de même un type qui aime s’approprier tout le mérite des autres et a de toute façon, en toute objectivité, l’air d’un sacré connard). Tiens, c’est marrant, tout ça me rappelle une pseudo-liaison…

Apparemment, plusieurs personnages se sont donné le mot cette saison pour balancer tout un tas de rumeurs sur Harry, que Dexter s’empresse de croire sans jamais creuser pour les vérifier. Je lui concède qu’il est occupé pour le moment. On accumule donc les révélations qui n’en sont pas tout à fait, comme la pointe de l’iceberg qu’est l’Enigme Harry Morgan. Hmm, cela respire à plein nez le teasing pour une saison 3…

Une conclusion que l’on peut se faire est que Debra a davantage saisit la personnalité de son père, que le frangin à ses côtés en permanence. Elle a beau nourrir des ressentiments d’abandon, elle a parfaitement compris que le travail (ou plutôt l’envie de rendre justice) passait avant ses enfants. Son temps passé à former Dexter ne fait qu’appuyer cette réflexion, et le fiston voit une fois de plus la certitude de le connaître s’effondrer.

Mauvaises paires

En parlant de Debra, j’éprouve de plus de mal à voir sa relation avec Lundy évoluer dans un sens ou dans l’autre. Si son admiration de départ avait quelque chose d’adorable et que Carradine a un sacré charisme, les voir actuellement ensemble sonne parfois très faux. Il manque une certaine alchimie entre les acteurs et le facteur de la différence d’âge n’aide pas. Quelque part, le départ de Lundy après l’enquête serait triste à cause de la projection paternelle qu’elle lui porte dessus, d’autre part cette relation tourne au malsain et n’a aucun avenir. Si encore Deb avait un plan à la Anna Nicole Smith, là je comprendrais, mais il n’a sûrement pas un rond !

On peut au moins remercier le vieux monsieur d’avoir aidé Debra à être en harmonie avec ses sentiments, qu’elle exprime beaucoup plus facilement. Cela permet à sa conversation avec Laguerta, concernant l’appel téléphonique de Doakes, de ne pas virer à la confrontation comme l’an dernier. Au lieu de continuer à jouer à celle qui adoptera l’attitude la plus dure-à-cuire, les deux femmes se montrent compréhensives l’une envers l’autre et misent sur un ton plus doux. Maintenant qu’elles ont cessé de vouloir chacune s’imposer dans le terrain masculin où elles évoluent, elles peuvent enfin s’entendre. C’est beau, j’en verserais presque une larme.

Parallèlement, la moitié de cet épisode passe sans la moindre mention de l’existence de Lila.
Comme cela fait du bien…

Parce qu’on la retrouve avec une intrigue secondaire tout ce qu’il y a de plus pitoyable, où elle décide de prendre du GHB après avoir passé la nuit avec ce malheureux Batista.

Je le redis pour tous ceux qui ne lisent pas le forum, mais le plan de Lila est l’un des plus cons qu’il m’ait été donné de voir, même pour le personnage. Quelqu’un a dû piquer l’idée à un scénariste de Smallville, je ne vois pas d’autre explication. Qu’elle soit désespérée de regagner l’affection de Dexter au point de faire des trucs invraisemblables, je trouve cela normal de sa part. Qu’elle utilise un ami de Dexter pour le rendre jaloux, pas de problème non plus. Mais pourquoi ne pas simplement faire une ’légère overdose’, attirer ainsi la pitié de son ex et lui demander son aide pour la sortir de ses vieilles habitudes ? Vous voyez le topo, quelque chose de classique et qui aurait une infime chance de marcher.

Mais non, Lila pense sincèrement qu’elle pourrait faire croire à quelqu’un que ce gros ours de Batista, qui plus est flic respecté de son état, l’a violée. Soit. L’agneau cache parfois un loup. Il aurait aussi utilisé une drogue parce qu’elle se serait débattue et il n’aurait pas pu lui écraser facilement tous les os de son corps maigrichon. Okay… Et accuser d’un crime l’auto-proclamé meilleur ami de son ex, celui-là même qui court comme une andouille sur la plage pour faire rire les gamins, est une façon parfaite d’attirer la pitié de ce-dit ex. Non, vraiment ? Ce même mec qui va forcément l’amener à l’hôpital, où il sait qu’elle subira un examen de toxicologie ? Il doit être très con, en plus, son violeur.

Quand on a un plan déjà foireux au départ, on ne choisit pas comme cible le type super sympa que tout le monde adore. J’ai une liste assez longue de reproches concernant le personnage, mais je ne l’avais jamais trouvée stupide auparavant, au point de croire qu’elle avait une chance de ramener Dexter dans ses bonnes grâces avec des magouilles pareilles. Elle s’est toujours plutôt montrée comme une calculatrice douée et cette intrigue secondaire m’agace plus qu’autre chose.

Heureusement, même la vilaine anglaise ne réussit pas à gâcher l’excellence générale de cet épisode.

Blackie
P.S. Plus que 2 et je suis débara... et c’est la fin, zut !