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Friday Night Lights - Critique de l'épisode 2 de la saison 4

After The Fall: La Revanche Des Pauvres

Par tomemoria, le 8 novembre 2009
Publié le
8 novembre 2009
Saison 4
Episode 2
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L’échec est un mot qui fait peur. Il en ressort un sentiment de frustration. Il semble résonner comme une fin. Voir les personnages d’un film échouer peut être déprimant, surtout s’il pleut des cordes là la sortie du cinéma. Mais l’échec dans une série comme Friday Night Lights, n’a pas du tout la même saveur. Ici, il n’est pas une fin, mais un commencement. D’abord l’échec. Ensuite, peut-être…

L’épisode démarre sur une aube teintée de douleur. Tim a dormi dans son pick-up, Eric se souvient du match perdu, des pancartes imbéciles sont plantées devant sa maison et Gracie Belle ressemble toujours à une affreuse sorcière. On a connu réveil plus réjouissant.
Pour autant, c’est en ce début que l’épisode nous offre ses plus beaux plans : celui du pick-up de Tim, avec rien d’autre à l’horizon que le vide et celui du réveil d’Eric avec un ventilateur en marche qui n’est pas sans rappeler le tourbillon auquel il doit se confronter tous les jours. C’est un plaisir de constater que la série cherche toujours à offrir un produit de qualité, à tout point de vue.

L’intrus

Cette semaine, nous faisons davantage connaissance avec Luke Cafferty, que l’on avait pu prendre pour une silhouette [1] dans l’épisode précédent. En regardant les photos promos, je m’étais dit qu’il apporterait un peu de concurrence à Tim dans la case « beau gosse ». Mais Luke est bien plus que ça et c’est avec surprise que j’ai assisté à a scène où le garçon fond en larmes en apprenant qu’il doit aller au lycée de East Dillon. J’ai été étonné d’être ainsi touché par le sort de cet inconnu, de sentir quelques larmes perler à mes yeux. L’acteur a mis tout son talent à exécution pour faire ressortir la détresse de son personnage, qu’il ne connaît finalement pas plus que nous. En quelques phrases, on ressent la détresse de ce gamin face à une telle injustice, on imagine tous les efforts qu’il a accompli pour arriver chez les Panthers, tous les sacrifices. J’étais presque étonné que Tami parvienne à garder son sang froid. Connie Britton a, elle-aussi, très bien joué cette scène où son personnage se doit de rester impartial, bien qu’elle soit profondément bouleversée par ce qu’elle fait subir au jeune homme.

Ne connaissant pas Luke, j’ai cru qu’il allait être fou de rage, insulter Tami et pester contre la Terre entière. Il faut dire que le parti pris de narration qui montre les Panthers comme une bande de dégénérés à peine plus évolués que des macaques, poussant des cris sauvages face à leur propre match, n’aidait pas à croire que Luke sortait du lot. Pourtant, Luke est un garçon gentil, poli, solidaire de son équipe et s’il continue à être aussi beau, aussi sympa et aussi bon joueur, il risque de devenir mon nouveau personnage préféré.

Par rapport à l’histoire de la boîte aux lettres sur un terrain vague, je ne suis pas sûr d’avoir bien compris le fin mot de l’histoire. Si le chantage et les manipulations lancés par McCoy et Tami m’ont paru un peu forcés, je ne peux pas dire que c’était déplaisant, bien au contraire. J’aime toujours autant l’hypocrisie dégoulinante de Tami et le fait qu’elle la cache à peine. C’est toujours très sympa de la voir faire sa gentille et aimable petite dame du sud qui vient juste dire quelques mots à McCoy, l’air de rien, alors qu’elle le met en porte-à-faux devant tous ses collaborateurs. Et Buddy semble tout aussi ravi, même si on se demande s’il va retrouver un rôle important dans la série.

Cette animosité et cette intimidation à laquelle Tami doit faire face au quotidien, dans les stades et les parkings, me rappelle l’intrigue du Jumbo Tron. Sauf qu’ici, les enjeux et l’impact sur les personnages sont plus graves, puisqu’ils viennent perturber la stabilité du couple Taylor. C’est tellement rare de les voir se crier dessus de la sorte que la scène en devenait dérangeante. Heureusement qu’ils font la paix en fin d’épisode, autrement j’aurais cru que les scénaristes amorçaient une implosion du couple.

Les pauvres

Je suis très content que la série limite ses scènes chez les gens riches aux maisons immenses. La voir aborder de front la dimension sociale plutôt que de s’en servir comme toile de fond est réjouissant.
Michael B. Jordan semble amener avec lui Baltimore et ses cités, ses mères junkie et ses noirs. Non vraiment, cela fait plaisir de revoir autant de noirs dans la série. Depuis le départ de Smash, les minorités se faisaient rare. Ce n’est pas Devin et son tribadisme expédié qui diront le contraire. Tout à coup, tous les noirs de Dillon refont surface et ont la parole. Voir Eric s’incruster dans cet environnement urbain loin des terrains tranquilles de West Dillon faisait presque étrange. C’est un peu dommage que cet aspect ait été tenu sous silence si longtemps. On savait qu’il s’agissait d’une ville pauvre, mais pour ma part, j’ai toujours cru que la population de Dillon équivalait à une population typiquement rurale. La pauvreté que la série affiche fait beaucoup plus penser à une pauvreté d’une ville comme Baltimore… Je me répète non ?

Je me demande ce qui peut passer par la tête d’Eric quand il donne vingt dollars à la mère de Vince. Avec sa tête de déterrée et son regard vague, j’ai tout de suite pensé à la drogue. Et si c’est également le cas du coach, je m’interroge sur le bien fondé de son action. Finalement, sa démarche n’est-elle pas profondément égoïste ? J’étais content que Landry et les autres lui tiennent tête. Non pas parce que, comme eux, je considérais qu’il les avait laissés tomber en déclarant forfait mais parce qu’il était temps que quelqu’un le remette à sa place. Il a beau très bien crier et détenir un diplôme de mauvaise foi texane reconnu par l’Etat, je trouve souvent qu’Eric n’est pas juste dans ses actions.
Au départ, j’étais un peu outré que Vince ne daigne pas lui répondre lorsqu’il vient interrompre une partie de basket. Mais rétrospectivement, si le garçon savait déjà pour les vingt dollars, alors je suis parfaitement d’accord avec lui. Un homme qui donne de l’argent à une mère junkie juste pour reconstituer son équipe de foot ne mérite pas qu’on lui adresse la parole. Néanmoins, Vince a l’intelligence de venir s’expliquer avec Eric, ce qui est tout à son honneur. Cette fois encore, on sent que Vince a un bon fond. C’est lui qui entretient sa famille, même s’il doit pour cela enfreindre la loi. Et il n’est pas question qu’un coach donne de l’argent à sa mère juste parce qu’il en a les moyens. Dans le même temps, si ce coach veut à ce point le voir jouer dans son équipe, peut-être faut-il lui donner satisfaction.

La scène finale où l’équipe à nouveau réunie choisit de brûler les vestiges du passé pour recommencer d’un bon pied avait quelque chose de très poétique, à défaut de réaliste. C’est vrai que pour un lycée si pauvre, cette action symbolique semble un peu cher payée. Pendant ce temps-là, les livres de la bibliothèque de East Dillon doivent se compter sur les doigts de la main. Merci Eric !

Les chroniques des losers

Tim, un autre pauvre qui n’a peut-être jamais eu très bon fond, erre sans but dans Dillon. Depuis qu’il a jeté ses livres par la fenêtre, que son frère l’a jeté par la porte d’entrée et que Lyla l’a sûrement jeté à la poubelle, Tim en jette un peu moins.
Comme le soulignait malicieusement Becky « he used to be Tim Riggins ». Maintenant, ce n’est qu’un jeune texan qui travaille dans un garage avec son crétin de frère. Le rêve ! Mais comme nous sommes dans une série et que Tim ne peut pas rester célibataire et sans toit pendant toute une saison, il s’en trouve un chez son dernier coup et commence à se lier d’amitié, et plus si affinité, avec sa fille Becky.
Si Becky est pour l’instant moins attachante que Luke, il y a déjà plusieurs éléments qui dépeignent sa situation atypique. Elle semble habituée à ce que sa jeune mère couche à droite à gauche avec des inconnus et n’a pas l’air très liée avec elle. C’est en tout cas ce que laisse entendre la réplique de la mère, quand elle dit vouloir prévenir sa fille de l’arrivée de Tim, qu’elle ne connaîtrait ni d’Adam ni d’Eve. Si on ajoute à ça le fait que Becky ait choisi l’arrivée de Tim pour rentrer le linge en petite tenue, on peut commencer à croire qu’elle cherche à ce garder l’apollon aux cheveux gras pour elle. Toute seule. Coquine.

Aux rayons des pauvres qui ont des intrigues, on trouve un nouveau personnage qui n’a pas la langue dans sa poche nommé Jess Merriweather, M-E-R-R-I-W-E-A-T-H-E-R. Non contente d’avoir un père avocat appelé Eugène qui travaille désormais dans son propre fast-food, cette petite commence à fasciner Landry. Cela semble être un motif récurent chez le personnage : il est attiré par les filles qui l’agressent, n’ont aucune considération pour lui et qui crient fort. Ou les lesbiennes. Les quelques scènes de Jess n’étaient pas suffisantes pour se faire un avis, mais elles étaient suffisamment intrigantes pour avoir envie d’en connaître plus sur le personnage. Ça et le fait qu’elle danse dans le générique.

Quant à Matt, il végète un peu dans une intrigue un poil clichée où un artiste tout aussi cliché mais sûrement bourré de talent fabrique son art rouillé en slip vert. Je ne pensais pas que la série irait dans cette direction avec lui, puisqu’il restait à Dillon pour s’occuper de sa grand-mère. Mais la dimension artistique a toujours fait parti du personnage et c’est donc logique qu’il tente sa chance, même dans une école où les débouchés doivent être aussi riches que la mère de Vince. Pour l’instant, je n’aime ni l’indépendance de cette intrigue, ni le personnage d’« artiste » bougon qui sait tout mieux que tout le monde, mais j’attends de voir où les scénaristes veulent nous emmener pour vraiment juger.

Sinon, c’était quoi ce mentor cosmique rencontré à une station service ? En plus, il n’était même pas noir !

tomemoria
P.S. L’épisode surpassait le Season Premiere et ce même si Gracie Belle hurle comme une casserole pour réveiller son père. Et elle ne dit même pas bonjour à deux ans ? Sorcière autiste va !
Notes

[1un figurant qui a des répliques